Maladie de Chagas : On ne tuera pas toutes les punaises!

À défaut d’autres moyens d’action contre la maladie de Chagas, les programmes sanitaires en Amérique du Sud ont privilégié les campagnes de désinsectisation visant à éliminer des maisons les vinchucas, punaises qui transmettent la maladie. Une stratégie efficace ? Un reportage multimédia.

Paru sur le site de Science Actualités le 12/08/2010

 

Une zoonose parasitaire ignorée

Prévalence de la maladie de Chagas en Amérique du Sud (chiffres 2006) Dans le Gran Chaco, zone transfrontalière Bolivie-Argentine-Uruguay (zone hachurée), une personne sur seize est atteinte… D’après Outlook «Chagas Disease», Nature, 24 juin 2010. © DR

Avec près de 50 millions de personnes vivant dans des zones à risque et 9 millions de personnes infectées, la maladie de Chagas est bien plus répandue que le paludisme en Amérique latine. Elle reste pourtant ignorée de nombreux guides touristiques… et des programmes de recherche. Cette zoonose parasitaire est due à un protozoaire flagellé Trypanosoma cruzi (T. cruzi) transmis par les excréments de vinchucas (grosses punaises suceuses de sang) contaminées. Logiquement, le contrôle de la maladie de Chagas devrait donc passer par une lutte sans merci contre les vinchucas. Et, de fait, dans les pays concernés par la maladie, c’est-à-dire tous les pays d’Amérique centrale et du Sud, depuis le Mexique jusqu’au nord de l’Argentine, les programmes de lutte contre la maladie consistent en des campagnes de désinsectisation.

Qu’est-ce que la maladie de Chagas ?

La maladie de Chagas ou trypanosomiase américaine est une maladie parasitaire qui se transmet notamment à la suite d’une piqûre de punaise. Après avoir prélevé sa ration de sang chez sa victime, la punaise doit « lâcher du lest » pour espérer s’envoler à nouveau vers d’autres cieux… Or ses déjections sont contaminées par des colonies de Trypanosoma cruzi (T.cruzi), le protozoaire flagellé responsable de la maladie de Chagas. Se gratter au point de piqûre est une opération à haut risque car la victime favorise ainsi la pénétration des déjections contaminées de la punaise dans son sang, ou, plus indirectement, récupère des fécès de vinchucas sous ses ongles risquant alors, rien qu’en se frottant les yeux, d’introduire le parasite dans son organisme par la muqueuse conjonctivale. La maladie peut également se transmettre par d’autres voies : grossesse, transfusion, voie orale…

La primo-infection peut être totalement asymptomatique ou ressembler à un syndrome grippal. Il existe des tests de diagnostic sérologiques permettant de confirmer l’infection et un traitement anti-parasitaire qui donne d’assez bons résultats, pour peu qu’il soit administré suffisamment tôt. Lorsqu’elle n’est pas létale (la maladie est mortelle dans 5% des cas), cette primo-infection passe relativement vite, mais la maladie de Chagas peut aboutir, après des années de silence (jusqu’à trente ans !) au développement d’une forme chronique, affectant principalement les tissus nerveux du cœur (troubles de la conduction) et du système digestif. La forme digestive entraîne, après plusieurs années d’évolution, la constitution de méga-organes, notamment un méga-œsophage et un méga-côlon.

Des vinchucas et des hommes

Triatoma infestans Les populations sauvages de cette punaise bolivienne réinfestent régulièrement les maisons. © Clara Delpas

Les campagnes de désinsectisation sont globalement efficaces, au vu du nombre de personnes malades qui semble avoir diminué de près de moitié au cours de ces vingt dernières années, passant de 17 millions à 9 millions (dernières données épidémiologiques disponibles, OMS 2006 pour l’Amérique du Sud). Avec ses 9,7 millions d’habitants, la Bolivie continue cependant d’être le pays le plus touché : près de 1,5 millions de personnes, soit 15% de la population, sont infectées. Ces chiffres, qui reposent sur les estimations nationales, sont vraisemblablement en dessous de la réalité puisque le seul moyen d’établir précisément combien de personnes sont atteintes serait de procéder à un diagnostic sérologique systématique de l’ensemble de la population, ce qui n’a jamais été réalisé.

La Bolivie reste en 2010 le pays le plus pauvre d’Amérique latine (1). Pourtant, depuis 2003, la maladie est considérée comme une priorité nationale : le Programme National de Chagas (PNCH), mis en place par le ministère de la Santé de Bolivie, repose sur de vastes campagnes gratuites de désinsectisation. Un programme de santé publique salué au départ mais qui, année après année, semble s’épuiser : malgré tous ces efforts, les vinchucas continuent d’envahir les maisons. La raison en est simple : les logements ne sont pas toujours accessibles aux équipes de désinsectisation. Et ce, pour des raisons qui n’ont pas toujours à voir avec les contraintes logistiques. Par exemple, dans la région de Sucre, l’une des régions les plus contaminées de Bolivie, certaines populations indiennes vouent encore à ces punaises une véritable fascination, au point de fermer leurs maisons aux autorités responsables de la désinsectisation ! « À force de cohabiter avec, ils ont appris à aimer ces insectes sélectifs qui se nourrissent de sang avant le chant du coq. Ils les ont fait entrer dans leur vision cosmologique et s’en servent même pour l’élaboration de breuvages fortifiants ! », explique le Dr Alfredo Caballero Zamora, de l’université San Francisco Xavier de Chuquisaca, à Sucre (2).

Il y a aussi certainement un problème d’éducation sanitaire des populations qui ont coutume de laisser traîner autour de leur domicile tas de pierres et autres abris possibles pour les punaises, lesquelles peuvent ainsi échapper aux produits de désinsectisation tout en restant à proximité des maisons. Mais il existe aussi une autre raison, biologique celle-là : en Bolivie, leur terre d’origine, les vinchucas, déjà là du temps des dinosaures, comportent dix-sept espèces différentes. La plus commune et également la plus dangereuse, Triatoma infestans, est domestiquée dans les maisons de pratiquement toute la zone d’endémie. Mais, ce qui incite le plus au pessimisme est que cette vinchuca subsiste encore à l’état sauvage. Les populations sauvages restent tout simplement inaccessibles aux campagnes de désinsectisation, tout en restant un véritable vivier pour des réinfestations futures.

Vinchucas des villes, vinchucas des champs

Migrations modernes Le 15 août, à l’occasion de la fête de la Vierge d’Urkupiña, les pèlerins cassent des rochers qui abritent des vinchucas sauvages… et les rapportent chez eux. © François Noireau / IRD

Le Dr François Noireau, de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), traque l’insecte depuis plus de dix ans en Bolivie, après l’avoir pisté au Brésil. Pour lui, « il ne fait aucun doute que ces vinchucas sauvages participent à la réinfestation des maisons ». Ce que semblent confirmer les témoignages des habitants qui voient, à la nuit tombée, les vinchucas voler depuis les rochers voisins en direction de leurs maisons, attirées par la lumière. Mais, à l’heure de la biologie moléculaire, ces observations pleines de bon sens doivent être confrontées à l’épreuve de la génétique. « Aujourd’hui, constate François Noireau, les relevés de terrain et les analyses génétiques semblent bel et bien prouver que ces populations sauvages existent dans une grande partie de la Bolivie et qu’elles sont susceptibles de réinfester les maisons. »

Ces études sont complétées par des observations d’ordre sociologique, telles que celles réalisées à l’occasion des fêtes religieuses. « Les rites andins qui se déroulent à l’occasion du festival de la vierge d’Urkupiña pourraient permettent d’expliquer en partie la dissémination actuelle des punaises sauvages jusque dans le nord de l’Argentine », affirme François Noireau. Apparue dans les années 1970, cette fête se déroule tous les ans dans les environs de Quillacollo (17°26’S 66°17’W), l’un des sites d’étude de l’IRD. Elle rassemble autour du 15 août près d’un million de pèlerins venus de toute la Bolivie et même du nord de l’Argentine. Avec des rites qui sont autant d’explications à un rapprochement avec les vinchucas sauvages : par exemple, casser à la pioche des rochers et les garder chez soi jusqu’à l’année suivante est certainement l’occasion pour tous ces pèlerins de rapporter quelques vinchucas à la maison.

Une maladie mondialisable ?

Les enfants cibles de la maladie Les enfants des villages envahis de punaises sont très concernés par une maladie qui, parce qu’elle a un temps de latence particulièrement long, risque de se déclencher à un âge bien plus avancé… © Clara Delpas

Heureusement pour le reste du monde, la vinchuca responsable de la maladie de Chagas, version sauvage ou domestique, n’a jamais été retrouvée en dehors du continent américain. Mais il n’en est pas de même du trypanosome, le parasite responsable de la maladie de Chagas. « En effet, il existe d’autres modes de transmission du parasite que le contact avec la vinchuca », constate François Noireau. « Avec le développement de l’immigration sud-américaine, voire du tourisme, la maladie de Chagas peut être amenée à se répandre bien loin de ses terres d’origine. »

Selon l’OMS (3), elle est maintenant présente aux États-Unis, au Canada, dans le Pacifique occidental ainsi qu’en Europe. La transmission mère-enfant explique, par exemple, que des enfants d’émigrées sud-américaines atteintes contractent la maladie pendant la gestation. « Une femme enceinte infectée a de 3 à 5 % de risques de transmettre le parasite à son enfant », précise François Noireau. Il existe aussi une transmission par voie sanguine, invitant à la vigilance quant aux transfusions ou greffes d’organes. Ainsi, en 2005, à la suite de cas de sang contaminé par le parasite à la banque de sang de Cayenne (Guyane française), une procédure de dépistage sérologique de la maladie de Chagas a été mise en place par l’Établissement français du sang (EFS) pour toutes les personnes à risque d’avoir été infectées. (En France, depuis lors, toutes les personnes ayant séjourné en zone d’endémie sont interdites de don de sang dans les quatre mois qui suivent leur retour.)

Enfin, la transmission par voie orale semble plutôt accidentelle – si ce n’est peut être pour quelques Indiens quechuas, avec leurs boissons rituelles à base de vinchucas – mais le risque est réel : en 2005, à Florianopolis (Brésil), une épidémie de maladie de Chagas chez des dizaines de touristes a trouvé son explication dans les pratiques des marchands de jus de canne à sucre : les échoppes ambulantes éclairées étaient placées juste sous des arbres infestés de vinchucas sauvages. Attirés par la lumière, les insectes venaient s’y brûler, tombant directement dans les jus ! En Amazonie, la production artisanale de jus d’açaï, un fruit tropical, a été également citée comme responsable de petites épidémies de la maladie. Au-delà de ces épiphénomènes, un constat inquiétant s’impose : pour l’OPS (l’Organisation Pan-Américaine de la Santé), la maladie de Chagas fait toujours partie des maladies « orphelines ». Et ce n’est pas le grand nombre de cas recensés qui en fera mentir la définition, puisque la maladie touche encore majoritairement des communautés indigènes vivant en zone rurale, en dessous du seuil de pauvreté… Or, « maladie orpheline », il faut le rappeler, signifie maladie délaissée par la recherche faute de débouchés commerciaux suffisants pour les laboratoires pharmaceutiques. Reste l’espoir que, du fait des difficultés à éliminer le vecteur mais surtout de l’extension de la maladie à d’autres populations dans le monde, la recherche pour lutter contre la maladie de Chagas prenne enfin son essor.

(1) Selon les données de l’Agence canadienne de développement international http://www.acdi-cida.gc.ca/acdi-cida/ACDI-CIDA.nsf/fra/JUD-129112821-MB…, un Bolivien sur cinq vit avec moins de 1,25 $ par jour.

(2) Caballero Zamora A – « Actitudes y creencias de los Indios Quechuas de la provincia de Zudanez, Departamento de Chuquisaca, Bolivia, frente al vector de la enfermedad del Chagas ». Travail co-financé par les instituts belges et suisses de recherche sur les maladies tropicales.

(3) OMS – Aide mémoire n°340 – Maladie de Chagas (trypanosomiase américaine), juin 2010. (http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs340/fr/index.html)

             En août 2011, François Noireau est décédé accidentellement à son domicile de Cochabamba. Pensées pour ce scientifique et médecin humain hors-pair.



(1) Selon les données de l’Agence canadienne de développement international http://www.acdi-cida.gc.ca/acdi-cida/ACDI-CIDA.nsf/fra/JUD-129112821-MBV#a1, un Bolivien sur cinq vit avec moins de 1,25 $ par jour.

(2) Caballero Zamora A – « Actitudes y creencias de los Indios Quechuas de la provincia de Zudanez, Departamento de Chuquisaca, Bolivia, frente al vector de la enfermedad del Chagas ». Travail co-financé par les instituts belges et suisses de recherche sur les maladies tropicales.

(3) OMS – Aide mémoire n°340 – Maladie de Chagas (trypanosomiase américaine), juin 2010. (http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs340/fr/index.html)

Peut-on se protéger des champs électromagnétiques?

A chacun de prendre ses dispositions pour éventuellement se protéger de ces ondes ! Est–ce seulement possible ? À en croire les catalogues, d’ingénieuses trouvailles ont été faites ces dernières années  pour se protéger  et il est aujourd’hui possible de s’équiper pour s’isoler parfaitement des ondes électromagnétiques.

Effectivement, il existe des protections dites de « blindage » qui arrêtent purement et simplement ces ondes. Le principe de ces tissus est assez simple :  c’est un blindage, un peu  comme la grille métallique du four à micro-ondes, qui  empêche les ondes de sortir , donc les fuites électromagnétiques. Il suffit que le diamètre des trous de la grille soit inférieur à la longueur d’ondes des ondes électromagnétiques. Ainsi, l’onde est tout simplement arrêtée par la grille, et renvoyée.

Illustration : pour protéger votre cerveau, portez une casquette intégrant un tel treillage de fibres métalliques conductrices.  Pour protéger vos organes reproducteurs des mutations de l’ADN que les ondes des téléphones portables sont présumées y entraîner, équipez vous de sous vêtements de coton et de lycra intégrant du fil d’argent ! La redoutable efficacité de ces dispositifs peut bien sûr être vérifiée, sur le même mode que le test du four à micro-ondes (voir plus haut): il suffit de placer le portable sous la casquette, dans le slip et d’ essayer de l’appeler avec un autre téléphone. Il ne devrait plus sonner.

À une plus grande échelle, vous pouvez même protéger ainsi toute votre habitation ! Il existe des peintures à base de carbone qui arrêtent les ondes des antennes-relais et les tissus anti-ondes se déroulent au mètre, pouvant constituer des voilages à poser aux fenêtres, principal lieu de passage des ondes électromagnétiques. Vous pouvez aussi vous équiper d’un lit  à baldaquins, équipé de ces moustiquaires transparentes  en tissu anti-ondes. Autre dispositif, dont l’efficacité n’est par contre absolument pas prouvée, et dont le principe reste encore inconnu (car il serait issu de la technologie militaire, selon les brochures des fabricants) : les oscillateurs magnétiques de compensation (CMO). Ils fonctionnent sur le principe de la compensation comme leur nom l’indique. Lorsque l’onde arrive, ces dispositifs émetttraient une « contre-onde », censée compenser la perturbation  biologique de l’onde électromagnétique. L’usage du conditionnel est de rigueur, puisque qui dit militaire dit ..secret défense !

D’autres « stop-ondes » fonctionnent sur le principe de champs de torsion ou d’ondes de forme, avec des allégations plus ou moins ésotériques. Il y aurait aussi…la   BIO MUSIC : des CD de musique d’ambiance, incorporant des fréquences rééquilibrantes , basées sur des Champs uniformes d’Ondes Sonores,  qui  aideraient à améliorer le bien-être de tous les êtres vivant (personnes, animaux et plantes) ainsi que la qualité biotique de l’air et de l’eau.

De nombreux dispositifs sont disponibles sur ce marché florissant, certains disposent d’études scientifiques, d’autres de la seule bonne parole de leurs fabricants… alors un peu de méfiance et de discernement ! L’histoire récente du D’Faz,   un autocollant vendu 10  € à appliquer sur le dos du téléphone,  devrait nous inviter à la prudence.  Ses fabricants  n’avaient  pas hésité à utiliser la caution scientifique… de chercheurs ou de centres parfaitement inexistants !

Pour en savoir plus
C’est à lire! Un guide pratique conçu comme un aide mémoire, tous publics, jeunes et moins jeunes, pour répondre à l’essentiel des questions que tout utilisateur de téléphone mobile ou d’internet sans fil est susceptible de se poser. Quels sont les effets du portable ? des antennes ? Comment choisir son téléphone ? Comment limiter son exposition ? Écrit par un  scientifique du Criirem, sa présidente-fondatrice, et un journaliste scientifique, cet ouvrage à 6 mains se décompose , comme le rappelle le sous-titre, en trois parties :  « Comment ça marche ? Quels effets sur le vivant ? Comment s’en protéger ? ». Clair et facile à lire, il donne des solutions concrètes et utiles et fourmille d’explications scientifiques pour mieux comprendre ces (m)ondes qui nous entourent !
Catherine GOUHIER, Michèle RIVASI, Maxence LAYET – « Survivre au téléphone mobile et aux réseaux sans fil » – Ed. Le Courrier du Livre, 350 pages, 2009, 18€

Contacts

Association nationale Robin des Toits  55 rue Popincourt, 75011 Paris  Tél.  01 43 55 96 08 (de préférence le matin entre 08h00 et 08h30 et entre 20h30 et 21h00 http://www.robindestoits.org/

Agir Pour l’Environnement, 2, Rue du Nord 75018 Paris Tél. 01.40.31.02.37 http://www.agirpourlenvironnement.org/

PRIARTéM  5, Cour de la Ferme Saint-Lazare 75010 Paris Tél. 01 42 47 81 54  http://www.priartem.fr/

CRIIREM Centre de Recherches et d’Informations Indépendantes sur les Rayonnements Electromagnétiques
(mesures) 19 à 21 rue Thalès de Milet, 72 000 Le Mans Tél. 02 43 21 18 69 http://www.criirem.org/

ARTAC 57/59 rue de la Convention – 75015 Paris   Tél. 01 45 78 53 53
http://www.artac.info/

Les maladies des nouveaux animaux de compagnie

Avoir un chien  ou un chat ? Pas très original ! Certains préfèrent porter un rat sur l’épaule ou un serpent autour du cou ! D’autres adoptent des mygales, des  furets, des singes …de quoi satisfaire les besoins de compagnie les plus exotiques! Depuis les années 1970  les  NAC  ( Nouveaux Animaux de Compagnie) connaissent un vif engouement. Mais au-delà de la mode, on oublie souvent qu’ils sont des vecteurs parfois forts dangereux de maladies !

Surnommés NAC au début des années 80 par le vétérinaire lyonnais, Michel Bellangeon,. des animaux, souvent sauvages, ont commencé à être adoptés comme animaux de compagnie. Aujourd’hui, 5% des français possèderait les quelques 18 millions spécimens estimés. Parmi ces nouveaux compagnons, on recense des animaux exotiques (tels que des perroquets, mainates et autres oiseaux, des reptiles, comme des iguanes ou des serpents…), mais aussi, plus classiques tels ces petits rongeurs que l’on trouve fréquemment jusque dans les salles de classe (cobayes, hamster…) ou plus insolites (mouches, araignées, escargots ou vers à soie). Comme le rappelle François Moutou, épidémiologiste à l’AFSSA et président de  la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères  (SFEPM), « Pour que ces animaux soient vendus, ils doivent être sains. Or les animaux voyagent avec leurs maladies, et surtout, avec les agents de celles-ci, et ce d’autant plus facilement qu’on ne les connaît pas ou bien mal ». Car, pour l’essentiel des espèces,   la durée d’incubation de nombreuses maladies reste inconnue :  ces maladies peuvent donc se déclencher après l’acquisition de l’animal. Et certaines d’entre elles sont transmissibles à l’homme. Ces « zoonoses » (du grec zôon, « animal » et nosos, « maladie ») peuvent être, comme toutes les maladies, apportées par des bactéries, par des virus ou par des parasites. « Il est assez surprenant de réaliser que certains des germes craints par les services de santé et de sécurité de quelques grands pays voyagent plutôt librement à travers les continents grâce au commerce florissant des animaux de compagnie exotiques ! » s’exclame François Moutou.

Le grand retour de la peste et de la rage ?

Maladie bactérienne des rongeurs désertiques, la peste a tenu le rôle principal dans les funestes chroniques de l’Europe du moyen âge. Mais on la trouve toujours  aujourd’hui en Asie, en Afrique ou en Amérique où elle sévit régulièrement, notamment depuis 2000 chez  les chiens de prairie à queue noire (Cynomys luduvicianus). Or ces animaux si mignons ont eu une place belle parmi les NAC.  Capturés dans la nature, ils ont eu l’occasion de donner à quelque uns de leurs (mal)heureux propriétaires quelques   puces infectées vectrices de pestes buboniques! Pas en Europe, heureusement, qui les a  interdit en 2003.  C’était d’ailleurs pour une autre raison, mais pas des moindres ! En effet, les chiens de prairie, à la suite de contacts rapprochés en animalerie avec des rats de Gambie, se sont mis à être atteints d’une forme de variole spécifique à l’Afrique , la variole du singe. L’interdiction a fait suite à une épidémie de Monkeypox qui a eu lieu aux Etats Unis en juin 2003 et fait 72 victimes !

Autre maladie  très étroitement surveillée : la rage.  Alors qu’on la pensait disparue depuis 1998 de notre territoire, des importations d’animaux  l’ont faite ressurgir en 2003. Bien sûr, on pense aux chiens, mais saviez-vous qu’en Belgique, une chauve-souris acquise en animalerie en 1999 s’est avérée être atteinte de rage ? Même si on peut s’étonner d’adopter une chauve-souris comme animal de compagnie,  la prudence s’impose !  Car bien d’autres maladies sont susceptibles d’être données par nombre de ces « nouveaux » animaux de compagnie !

 « Pourquoi acheter des produits alimentaires en détaillant l’étiquette et un animal vivant sans se poser de question ? »  ironise François Moutou. Se demande-t-on seulement par exemple dans quelles eaux voyagent les poissons  exotiques de nos aquariums?

 

Rongeurs : virus, bactéries et dermatoses

On connaît la chanson : « Il court il court le furet ». Au point qu’aujourd’hui tout furet (mustella putorius fero), circulant dans l’union européenne doit être identifié par une puce ou un tatouage et vacciné contre la rage. Normal ,  on le trouve en vente dans les animaleries, prêt à loger dans nos maisons. Certes, il est  domestiqué depuis 5000 ans, étant élevé traditionnellement pour sa fourrure et pour la chasse aux lapins . Mais  ce n’est qu’il y a peu qu’il  a gagné le statut de NAC. Il est d’ailleurs devenu aux Etats-Unis  le troisième animal de compagnie, avec plus 5 millions de congénères !  Il n’y a pas que la rage que pourrait donner le furet.  Risque de tuberculose  … salmonellose … campylobactériose ou de nombreuses parasitoses , cette longue liste impose quand on   choisit un furet comme animal de compagnie de respecter de nombreuses précautions !

La fréquentation de rongeurs plus petits, voire plus classiques (lapins, rats, souris, chinchillas, hamsters, cobayes) n’est pas vraiment plus sûre : on peut par exemple y gagner une belle dermatose comme une acariose des rongeurs ou une teigne à Trichophyton mentagrophytes… Voire une maladie bien plus sérieuse : en 1974, des hamsters  distribués en cadeau de Noel ont ainsi entrainé une épidémie de choryoméningite lymphocytaire faisant des dizaines de victimes en Allemagne !

Reptiles : gare à la salmonelle !

Outre les risques de morsures ou de piqûres,  le contact avec les reptiles se fait ne serait ce que par le nettoyage du terrarium ou de l’aquarium. Les tortues aquatiques (en particulier de Floride) sont souvent agressives et vectrices de salmonelloses. Ainsi, des estimations avancent que 80% des tortues d’eau, 65% des lézards et 50% des serpents, hébergeraient des Salmonelles ! Comme le précise François Moutou «  Très régulièrement, des études épidémiologiques comparent les troubles intestinaux chez les enfants des classes abritant un reptile-le plus souvent une tortue) et chez les enfants des autres classes. Presque toujours la différence est significative ! ». Le problème est tel qu’aux USA,  un marché de tortues “salmonella free » s’est développé après qu’une grande  épidémie de salmonellose se soit déclenchée chez des propriétaires dans les années 1970 … éviter la salmonelle dans l’élevage n’est pas aisé : il faut « zénifier » les conditions d’élevage, puisque l’excrétion de la bactérie semble liée au  stress de l’animal !

Mais de grâce, ne les abandonnez pas !

Le problème est d’autant plus crucial que bon nombre de ces animaux risquent de se retrouver, abandonnés de leurs propriétaires  dans la nature, où ils constituent des réservoirs de maladie pour tout l’environnement : les  marsupiaux australiens (Trichosorus vulpecula),  appelés « possum » ou phalanger renard, sont des réservoirs de   tuberculose bovine… comme les tortues, vecteurs de la cowdriose, transmise par les tiques aux bovins.  Leur libération dans la nature risque donc d’entraîner en plus de graves désastres écologiques, en particulier dans les élevages ! Une raison supplémentaire, à la veille des vacances, pour ne pas abandonner ces « nouveaux animaux de compagnie » !

 Clara DELPAS

 

Pour en savoir plus

François  MOUTOU  La Vengeance de la civette masquée (SRAS, grippe aviaire…d’où viennent les nouvelles épidémies ?), 2007, Editions Le Pommier

ENCADRE

ESPECE MALADIE
Cobaye TeigneGale
Hamster Chorioméningite lymphocytaireTeigne
Furet GrippeRageCampylobacter

Salmonelloses

Tuberculose

Leptospirose

Listériose

Cryptococcose

Toxocarose

Giardiase

Mycoses (Dermatophytes)

Souris, gerbilles, chinchillas TeigneSalmonelloseYersiniose

Haverhilliose

Leptospirose

Chorioméningite lymphocytaire

Streptobacillus moniliformis

Taenia

Giardia

Cryptosporidies

Mycoses (Dermatophytes)

Chiens de prairie (interdits)  Variole du singePeste 
Lapin TeigneEctoparasitesPasteurelloses (morsure, griffure)

Salmonelloses

Yersiniose

Tularémie

Listérose

Rat EctoparasitesLeptospiroseStreptobacillus moniliformis

Peste

Typhus murin

Serpents et Reptiles (Iguane,Geckos)  CampylobacterMycobacterium marinumFièvre Q (serpents importés)

Salmonellose

Zygomycose

Yersinia

Aeromonas

Tortues SalmonellesYersiniaEdwardsiella tarda

Plesiomonas

 

Poissons Mycobactéries atypiquesErysipelothrixMelioidosis

 

 

 

 

Sommet de Cochabamba : un premier bilan

Paru le 4 mai 2010 sur le site de Novethic

La déclaration de Cochabamba est présentée par Evo Moralès devant l’ONU, afin de pouvoir être prise en compte lors des prochaines négociations du COP16 à Cancùn . Retour sur les négociations qui ont permis son élaboration…

L’initiative d’Evo Moralès, lancée en  réponse à l’éviction pure et simple des ONG aux derniers jours des « négociations » du sommet de Copenhague, a été saluée par les militants du climat (souvent aussi altermondialistes) et les scientifiques. Plus de 35 000 participants de 142 pays issus de mouvements sociaux, d’ONG et de délégations politiques gouvernementales s’étaient inscrits pour participer à cette première rencontre des peuples sur le réchauffement climatique et pour la défense des droits de la Terre Mère.

Une rencontre impossible ?

Pourtant, la désertion des groupes de travail n’aura échappé à personne. Bien sûr, l’éruption du volcan a empêché près de 4000 participants d’arriver par avion d’Europe et d’Afrique…et transformé ce sommet, initialement mondial, en un sommet presque exclusivement américano-américain. Mais il y avait aussi, rapporte Tadzio Mueller, militant allemand de Climate Justice Action – Climate Justice Now, « le soleil qui incitait plutôt les gens à la promenade et la nourriture gratuite distribuée par l’économie solidaire ! » Sans compter les inévitables et immanquables problèmes d’organisation (lieux et horaires fluctuants, à la mode bolivienne) et de traducteurs. Si le sommet n’était en effet qu’en espagnol, plus ou moins traduit en anglais, il était aussi marqué dans son intitulé par la défense des droits de la Terre-Mère, un « terme qui n’est pas sans faire grincer des dents tous ceux qui ont œuvré en Occident dans leurs luttes pour la séparation de l’Eglise et du pouvoir religieux », rappelle Christophe Aguiton, d’Attac, du nombre des empêchés par le volcan de se rendre à Cochabamba. Comment traduire cet élément de l’identité culturelle sud-américaine, quelque peu incompréhensible pour nous ?

La déclaration de Cochabamba

Les 17 groupes de travail traitaient de thèmes particulièrement chers au gouvernement bolivien, comme la rédaction des droits de la terre mère, la création d’un tribunal de justice climatique, l’élaboration d’un référendum global sur le changement  climatique et la création d’un fond pour aider les pays affectés à réagir face au changement climatique et se sont conclus par des résolutions. A la liste des résolutions prises s’ajoutent un rejet total des programmes REDD, REDD+ et REDD++ qui selon lui violent les droits indigènes sur la gestion des forêts, ainsi qu’un un rejet absolu du marché du carbone et des biocarburants… Et un appel utopiste aux nations les plus industrialisées de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50%, contre celle de 7 à 16% proposée à Copenhague !

Les rares ONG françaises présentes satisfaites

Toujours pour cause d’avions cloués au sol, la plupart des ONG françaises ont été empêchées de participer. Malgré tout, pour Josie Riffaud,  de la Confédération Paysanne, membre de la Via Campesina, Cochabamba est un succès. « Le résultat c’est une déclaration qui sera présentée à la prochaine réunion onusienne. A Copenhague, nous disions « Changer le système, pas le climat ». A Cochabamba, nous élaborons des solutions et proposons des mesures concrètes qui seront présentées à Cancùn au Mexique au mois de décembre prochain. » Franck Pupunat, du Mouvement UTOPIA, a salué une réussite incontestable, réaffirmant sa fierté d’avoir participé à cet événement historique. Quant à Pauline Lavaud de France Libertés, elle s’est «  félicitée de la grande place qui a été accordée à l’eau dans le texte, eau qui est reconnue comme un droit de l’homme. »

Rares sont les ONG à avoir pointé les paradoxes de ce sommet : l’omniprésence militaire, le culte de la personnalité qui se développe autour d’Evo Moralès, le déni de l’opposition bolivienne (le 18ème groupe de travail  tout à fait officieux sur les problèmes environnementaux en Bolivie n’a pas eu droit de parole) et l’attitude non écologique de la Bolivie et des autres pays d’Amérique Latine qui continuent leur « business as usual » notamment en ce qui concerne l’extraction minière et pétrolière, qui leur donne une position ambiguë pour parler des droits de la Terre Mère. Ces paradoxes alimentent la critique, au risque de réduire ce sommet à une grand messe contre le capitalisme prédateur. Mais, comme le rappelle « Urgence Climatique Justice Sociale », collectif français fédérant ONG et associations engagés dans le réseau CJN (Climate Justice Now), le sommet de Cochabamba demeure pour l’instant « la seule initiative internationale qui se donne pour objectif de transformer le rapport de force pour infléchir l’agenda international sur les enjeux climatiques et environnementaux. » Et la preuve sans nul doute que désormais, les négociations sur l’avenir de la planète devront intégrer les mouvements sociaux et la voix des indigènes. De gré ou de force. Si la déclaration de Cochabamba restait lettre morte, Hugo Chavez a déjà promis de déclencher la bataille de Cancùn!

Guide de l’Ecolo au quotidien

Guide de l'Ecolo au quotidien

 

Emilie Courtat , Clara Delpas , Cécile Guibert Brussel, Catherine Ligeon
La planète nous rappelle en permanence la nécessité de prendre soin d’elle : déforestation, appauvrissement des sols et des océans, disparition d’espèces, pollutions et atteintes à la santé… la liste est longue. Ce guide recense plus de 800 trucs et astuces pour consommer et vivre écologique : équiper sa maison, entretenir son intérieur, entretenir son jardin, entretenir son corps. Une mine d’informations, d’astuces pratiques, de recettes de grand-mère ou de ménagère débrouillarde pour prendre soin de soi et de sa famille dans un environnement plus sain. Car être écologique, c’est aimer la vie et faire du quotidien un véritable art de vivre.
  • Relié: 279 pages
  • Editeur : Minerva (6 mai 2010)
  • Collection : HORS.COLL.
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2830712390
  • ISBN-13: 978-2830712391
  • 14€

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Mp3 : menaces sur nos oreilles …

Jadis associés au phénomène inéluctable du vieillissement, les problèmes  d’audition concernent aujourd’hui plus de 6 millions de personnes  en France, dont de plus en plus de jeunes, mal informés des risques liés à l’exposition à de forts niveaux de bruits…ou à l’écoute abusive des baladeurs numériques !

Le mp3, standard du son numérique, compressé, aisément stockable et transmissible, a révolutionné l’accès à la musique et fait exploser les ventes des baladeurs numériques. Il est dit que dans l’Union Européenne, en 2010,  quelque 50 à 100 millions paires d’oreilles  assouvissent quotidiennement leur envie de musique au moyen de ces appareils qui permettent de stocker en peu de mémoire une vraie bibliothèque sonore. Voire même plus, avec le développement des téléphones mobiles de dernière génération qui permettent non seulement d’écouter de la musique ou des programmes radio, mais également le son des vidéos qu’ils permettent de regarder …Pour autant, alors que les ventes explosent, de nouveaux risques ne sont-ils pas en train d’émerger ? Des risques qui, comme souvent,  parce qu’ils n’ont pas de conséquences immédiates  ne sont pas toujours perçus comme il se doit.  Mais concernent suffisamment durablement l’intégrité de notre audition pour que des experts en santé  publique s’en inquiètent !

 

Les baladeurs numériques sont-ils dangereux ?

C’est précisément autour de cette question que s’est déroulée la dernière journée nationale de l’audition (JNA), 13 ème du nom,  le 11 mars dernier. À cette occasion, une vaste enquête a été menée auprès de 1000 jeunes âgés de 12 à 25 ans afin de mieux connaître  leur usage des baladeurs numériques. Les résultats témoignent de pratiques quelque peu alarmantes, à savoir que la durée quotidienne moyenne d’écoute au baladeur  chez ces jeunes est supérieure à 1h par jour ( 20% s’en servent 2 à 3h par jour, et 10% plus de 3h…),  selon différentes modalités d’écoute ( dans les transports, au lit avant de dormir, ou bien en cour de récréation… ). Par ailleurs, 4 jeunes sur 10 ont déjà ressenti des bourdonnements dans la tête ou des sifflements dans les oreilles… Bien sûr, on est loin du traumatisme sonore aigu (TSA) qui peut survenir à la suite d’un concert ou d’une explosion. Mais il est clair que les mp3 menacent les cellules ciliées des oreilles, et que la surdité risque de s’installer   insidieusement… et bien plus précocement. Ces jeunes risquent de devenir sourds vers 50-55 ans, alors que la surdité liée à l’âge (presbyacousie) ne survient habituellement pas avant l’âge de… 65 ans !

 

Les oreilles, des organes fragiles !

À moins de s’isoler dans un caisson d’isolation sensorielle, les oreilles sont exposées en permanence au bruit du monde. Ce  « bruit » est fait de multiples  sons provenant de différentes sources, pouvant interférer entre eux. Le son étant une forme  d’énergie  se propageant différemment selon les matériaux rencontrés  (air, murs, arbres, montagnes…), l’exposition sonore dépend habituellement de nombreux facteurs comme les dimensions de l’endroit où l’on se trouve, les éléments du décor mais également   l’anatomie de l’oreille ou encore… la coupe de cheveux de la personne !  Tout ceci explique que le silence soit exceptionnel…et   nos oreilles  des organes particulièrement fragiles ! « Car, rappelle le professeur Christian Gélis,  membre du Comité scientifique des JNA,  à l’inverse des yeux qui peuvent d’un battement de paupière se prémunir d’une intensité lumineuse trop forte, il est difficile pour nos oreilles de se protéger toutes seules et sans bouchons , du bruit ! » . À ceux qui s’imaginent que le bruit n’est pas nocif pour l’audition, il suffit de rappeler que toutes les expériences menées chez les animaux ont montré que l’exposition à des bruits particulièrement forts modifiait les cellules auditives. Précisions : les oreilles, dès qu’elles sont exposées à un son,  perçoivent de minuscules changements de pression. Ce niveau de pression   peut être mesuré et on l’exprime couramment en décibels (dB).

Une question de décibels ?

Un des points positifs de l’enquête a été de souligner que les 2/3 des jeunes sont conscients du seuil de risque pour l’audition :  80dB  . Et ce, même si les ¾ d’entre eux ne savent pas …ce qu’est un décibel ! Il faut dire que la notion est difficile : pour mémoire, l’être humain perçoit les sons à partir de 0 décibel.  Chaque fois que le son augmente de 20 dB, la pression acoustique est multipliée par 10. La pression acoustique d’un avion qui décolle à proximité (120 dB) est 1000 fois supérieure à celle d’une conversation normale (60 dB) … À moins de maîtriser parfaitement la notion d’ échelle logarithmique, on a de ce fait habituellement souvent du mal à se représenter toute la valeur d’ un décibel ! Car à ce compte-là, comme le rappelle le professeur Paul Zylberberg, membre du Comité scientifique des JNA,  « 83 dB, c’est le double d’un son de 80 dB !». Bien sûr, la quantité d’énergie sonore qui atteint le tympan de l’utilisateur du baladeur numérique dépend du type de musique, de la manière dont le son a été enregistré, du format sous lequel il a été sauvegardé, ainsi que des caractéristiques spécifiques du baladeur et des écouteurs utilisés. Et notamment, du volume de sortie du baladeur. Ce dernier est obligatoirement limité en France  par le constructeur à 100 décibels maximum, avec le casque fourni, depuis mai 2007 (arrêté ministériel, renforçant une directive du Code de la santé publique de 2001). Cependant, cette dernière donnée est variable, car, avec un autre modèle de casque par exemple, le niveau peut être réellement plus fort, jusqu’à atteindre environ 120 dB, soit le bruit d’un avion au décollage !

 

Pratiques à risque

L’occasion de souligner que le baladeur numérique, outre le fait qu’il peut être écouté à pleine puissance sans gêner le voisinage  et qu’il diffuse un son compressé, (le « mp3 ») qui élimine certains sons non perçus par l’oreille humaine, ne fait l’objet d’aucune mesure de protection particulière ! Alors que pour un travailleur, une protection auditive est requise dès que l’exposition sonore atteint 80 dB pendant une journée de 8 heures (soit le niveau sonore  d’une personne qui crie ou de la circulation d’une route nationale toute proche…) ! Jusqu’à présent, le monde du travail est le seul à  imposer une  limitation à l’exposition excessive au bruit. Or, saviez-vous qu’une exposition au travail à 80 décibels 8 heures par jour durant équivalait  à écouter un baladeur numérique à 95 décibels  15 minutes par jour ? Sachant qu’une perte auditive à une fréquence donnée n’est pas guérissable,  le mieux reste encore de prévenir ! Aussi, puisqu’en-dessous de  80 dB,  le risque pour l’audition est considéré comme négligeable,   baisser le volume est une mesure tout à fait protectrice (voir encadré) ! Voire même, dans ce contexte, bloquer tout simplement les baladeurs à 80dB ! Par voie réglementaire ! Une utopie ? Peut-être pas.  Le résultat d’un rapport du Comité Scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux (CSRSEN), commandé par l’Union Européenne, et paru en septembre 2009,  a évoqué entre 2,5 et 10 millions de jeunes risquant une perte partielle ou totale de l’ouïe, à partir d’une écoute  à plein volume plus d’une demi-heure par jour pendant cinq années. Un chiffre suffisamment alarmant pour qu’à la suite de ce rapport,    la Commission européenne envisage de limiter à 85 décibels le volume sonore des baladeurs numériques … Des campagnes d’information et de sensibilisation devraient aussi se multiplier, telle que celle de l’INPES  (Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé). Même si l’on peut toujours souligner que  85 dB est plus du double de 80 dB,   c’est déjà un moindre mal ! Reste à voir si la Commission parviendra  à cet objectif …avant que des millions de jeunes n’y laissent une partie de leurs oreilles !


 

 


Quelques conseils pour protéger l’audition

– Choisir un bon casque : les petits écouteurs classiques ne protègent pas l’oreille du bruit ambiant (dans les transports par exemple) : il faut augmenter le niveau sonore sans cesse pour entendre correctement la musique. Un casque   cachant entièrement les oreilles isole mieux du bruit ambiant, tout comme les écouteurs intraauriculaires et limite le besoin de pousser le volume à outrance.

 
– Écouter la musique pas trop fort ni trop longtemps :  la dose sans danger, c’est  60 % du volume maximum du baladeur pour une écoute de 30 minutes par jour ! Soit un réglage sur 12 pour une graduation allant jusqu’à 20…

-Éviter les effets de type « loudness » : ceux-ci augmentent les basses fréquences et peuvent être dangereux si le son est trop fort.

– Garder le même niveau sonore au fil du temps.

– Savoir détecter les signes de fatigue : impression d’avoir les oreilles bouchées ?   Bourdonnement ou sifflement ? Stop ! Le phénomène, appelé acouphène,   ne doit pas durer plus de quelques heures, et au pire toute la nuit.

– Savoir faire des pauses : l’accumulation de forts niveaux sonores sur une courte durée est peu recommandable car l’oreille doit se reposer.

– Faire contrôler régulièrement son audition : le numéro Azur 0810200219 est en service toute l’année, à la disposition du public, du lundi au vendredi de 8h à 19h30 pour connaître le lieu le plus proche de son domicile pour bénéficier gratuitement d’un contrôle de son audition. Un plan gouvernemental, lancé début février, prévoit un dépistage systématique pour les jeunes de 16 à 25 ans.

Paru dans Alternative Santé avril 2010

La salud. trucos y consejos para cada dia

La salud. trucos y consejos para cada dia

 

En espagnol

 

  • Broché: 102 pages
  • Editeur : Editorial Hispano Europea, S.A.; Édition : 1 (11 mars 2010)
  • Collection : Guías de la vida ecológica
  • Langue : Espagnol
  • ISBN-10: 8425519241
  • ISBN-13: 978-8425519246
  • 9€

 

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Réchauffement climatique : quels risques pour la santé ?

Le changement climatique entraîne de nombreux risques pour la santé humaine. Une santé d’autant plus menacée que le récent sommet de Copenhague s’est soldé par un échec …cuisant !  

Paru dans Alternative Santé Février 2010

 

Le récent sommet de Copenhague, qui s’est tenu du 8 au 19 décembre dernier,   sous l’égide des Nations-Unies,  était supposé rassembler  par une sorte de «  contrat de confiance » 192 pays autour de la cause climatique. L’enjeu ? Un accord permettant de garantir à la planète un réchauffement inférieur à 2°C d’ici 2050.  Dans les faits, l’accord soumis aux discussions avait été rédigé par une poignée de pays et n’a pu être imposé au reste du monde. Car le sommet de Copenhague n’était pas un G20  et les pays en développement ont clamé haut et fort leur refus d’un   accord reflétant « un processus totalitaire et un manque de respect de la part des pays industrialisés » ! S’il y a un côté rassurant dans cette capacité de refus (non, décidément, tout n’est pas joué d’avance!), l’avenir de la planète reste menacé : car en l’état actuel des choses, l’élévation de la température  devrait avoisiner les 3¨C d’ici 2050.

Des changements climatiques  planétaires

L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), appuyée par les scientifiques du  GIEC  et de la communauté internationale, a plusieurs fois pointé le changement climatique rapide déjà à l’œuvre sur la planète, donnant l’alerté, depuis les années 2000, sur les risques sanitaires associés au changement climatique.  Un changement qui met dors et déjà en péril la santé humaine, en particulier dans les populations les plus pauvres.  Conséquences des modifications de la  production agricole et du cycle de l’eau, la malnutrition  (3,7 millions de morts), les diarrhées ( 2 millions de cas) et  le paludisme (1 million de cas) leur sont habituellement associées. Mais le risque sanitaire associé au réchauffement de la planète ne se cantonne pas aux pays en voie de développement ou à l’hémisphère sud : les conséquences du réchauffement climatique vont concerner tous les pays du monde ! Le changement climatique est déjà à l’œuvre :  rien qu’en France, au cours du siècle dernier, la température s’est réchauffée d’environ 1°C. Ce réchauffement conduit à plus de pluie en hiver, plus de sécheresse en été. C’est déjà le cas aujourd’hui, dans la plupart des régions. En 2050, la température devrait avoir augmenté sur notre territoire d’environ 2°C. Le réchauffement  conduit  à une élévation de température ainsi qu’à des modifications importantes du climat telles que la multiplication   des catastrophes météorologiques  ( pluies torrentielles,   inondations ou ouragans) ou l’augmentation du niveau des mers…

Canicules…

Du côté des conséquences sanitaires, bien sûr quand on pense réchauffement, on pense avant tout canicule. Celle de 2003 s’est soldée en Europe de l’Ouest par   70 000 décès de plus que les précédents étés. Pourquoi tant de morts ? La chaleur, seule, tue-t-elle ? Rappelons que les températures enregistrées n’atteignaient même pas  les températures enregistrées dans le nord de l’ Inde à la même période (47°C) ! La forte proportion de personnes âgées, isolées en période  de vacances… et le manque d’expérience face à une situation climatique inédite en Europe expliquent une bonne partie des choses.    Robert et Maya Kandel (1) complètent « En Europe, les fortes émissions d’oxydes d’azote et de composés organiques volatils – pollutions dues surtout au trafic automobile- ont été transformées en ozone par l’ensoleillement abondant, conséquence du blocage anticyclonique qui a permis la persistance de fortes températures ; et ce gaz toxique a certainement aggravé les risques pour la santé » .  Un cas d’école qui illustre le fait que les effets du réchauffement climatique  dépendent de multiples facteurs de risque, interagissant le plus souvent entre eux dans des enchaînements de cause à effet, ce qui rend  d’autant plus complexes leur analyse et leur prévision.  « Sous l’effet de la chaleur, les maladies infectieuses vont décupler et les pics de pollutions seront plus nombreux augmentant ainsi la mortalité des personnes cardiaques ou ayant des problèmes respiratoires. Enfin, la croissance de la quantité de pollen dans l’air favorisera une recrudescence des allergies. Ces événements engendreront des traumatismes profonds aussi bien sur la santé physique que mentale des individus. » résume l’Association Santé Environnement (ASEF) .  La chaleur par exemple , comme toutes les températures extrêmes , grands froids y compris, est certes associée à un plus grand nombre de décès par maladies cardiaques et respiratoires.  Mais elle rend aussi plus sensible aux  pollens et autres  allergènes aériens, ce qui pourrait aggraver l’asthme qui concerne près de 300 millions de personnes dans le monde… Les maladies liées à la pollution atmosphérique vont donc augmenter : le taux d’allergie en Europe passerait de   20 %  à 50% en 2050 (voire même dès 2015..). , dont  30 à 50% d’ asthmatiques.

…et autres maux…

Associée aux autres événements climatiques attendus (ouragans, inondations, tempêtes), l’élévation de la température pourrait bien conduire nos cours d’eau à abriter des hôtes indésirables, tels que le moustique vecteur du paludisme ou du virus du Chikungunya,  ou encore de virus du Nil occidental. Certaines espèces d’algues et micro-algues pourraient aussi proliférer,  avec des conséquences sanitaires  par l’intermédiaire de cyanotoxines qu’elles peuvent libérer dans le milieu aquatique. Et les bactéries pourraient se faire de plus en plus virulentes. On pense immédiatement à celles qui sont responsables des maladies diarrhéiques,  (choléra,      infections par E. coli et autres gastroentérites,     typhoïde,   maladies virales comme l’hépatite A ou septicémies) …Mais il y a aussi les bactéries du genre Legionella dans les réseaux intérieurs d’eaux froides des  immeubles, qui peuvent se développer au-delà de 25°C. Citons aussi les  infections liées à la bactérie Salmonella , déjà plus fréquentes en été, et d’autant plus susceptibles de se multiplier que les risques de défaillance de la chaîne du froid sont généralement accrus en période de fortes chaleurs ! De même, on redoute le développement de nombreux champignons microscopiques. Sur les matériaux de construction des habitats, où ils entraînent des pathologies irritatives et immunologiques, pouvant être mortelles chez les personnes immunodéprimées ou à risque.  Ou dans les aliments, où ils présentent bien évidemment des risques importants pour la santé humaine. Autre effet collatéral : la modification des écosystèmes suite au réchauffement. Prenons l’exemple de la diminution des zones d’enneigement : elle risque de donner l’espace au développement d’animaux porteurs de virus, comme cela a déjà été constaté en Suède avec des  rongeurs réservoirs de l’hantavirus Puumala… A cet inventaire, il faut bien sûr ajouter   la multiplication des cancers de la peau, lié en partie au fameux  « trou dans la couche d’ozone »   (appauvrissement de l’ozone stratosphérique) qui entraîne une surexposition aux rayons ultraviolets, risquant d’entraîner une augmentation des carcinomes cutanés et mélanomes malins, ( + 5% de    cancers de la peau en Europe !).

L’argument « santé » n’a pas pesé bien lourd dans la balance des négociations sur le climat à Copenhague, même s’il est fait mention d’une détermination à mieux apprécier la dimension humaine du changement climatique, à l’instigation de l’OMS…  Pourtant, qui peut ignorer que la lutte contre le réchauffement climatique est capitale  pour limiter des risques sanitaires inévitable ? En France, la loi 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle Environnement, prévoit un Plan national d’adaptation au changement climatique  en 2011. Lutte contre les inondations, adaptation des zones littorales, évolution des forêts, question de l’eau, adaptation de l’économie au changement climatique font partie des points inscrits au sommaire, à la suite du rapport remis fin novembre par l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC). L’élaboration de ce plan va faire l’objet d’une vaste concertation qui réunira tous les acteurs du Grenelle Environnement.  Officiellement lancée par Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, le mardi 8 décembre 2009, précisément à l’ouverture du Sommet de Copenhague, cette initiative témoigne au moins que le problème est à l’ordre du jour des préoccupations politiques du moment. Reste à voir comment elles aboutiront …et quelle place sera faite aux problèmes de santé. La réponse, en février 2011.

 

(1)  Robert  et Maya Kandel – La catastrophe climatique – Ed.Hachette littératures 238 pages octobre 2009

 

 

POUR EN SAVOIR PLUS
L’ASEF, fédération nationale d'associations de santé environnement régionales, rassemble depuis 2008 près de 2 500 professionnels de santé en France et a pour mission d’informer le grand public, notamment sur les conséquences du changement climatique.
Association Santé Environnement-  France Europôle de l’Arbois- Avenue Louis Philibert- 13857 Aix-en-Provence Cedex 3 - http://www.asef-asso.fr

 

 

L’open space, un danger pour la santé ?

Le modèle d’aménagement de bureaux en open space est reconnu comme étant l’un des facteurs de risque psychosociaux dans l’entreprise. Quels troubles ? Quelles solutions ?

Aviez-vous remarqué que dans « bureau paysager », il y avait le mot paysage ? Un rappel qu’à l’origine, le concept de l’open space, inventé en 1957 par les frères Schnelle, d’un cabinet de consultants allemands spécialisé en organisation, se fondait sur la présence de plantes vertes ! « Les frères Schnelle avaient imaginé un espace ouvert, généreux, avec un mobilier léger et discret dans une profusion de plantes vertes », rappelle Elisabeth Pélegrin-Genel, architecte   et  psychologue du travail, spécialisée dans les espaces de travail. L’idée, après avoir migré aux Etats–Unis, où elle s’est largement développé, est revenue en Europe, quelque peu déformée… «  Les bureaux paysagers  se sont resserrés (..) et  le paysage s’est réduit à de minables plantes vertes posées sur le coin des tables. » précise Elisabeth Pélegrin-Genel  (1).

Le concept s’est implanté dans de grandes sociétés comme France Telecom, Alcatel ou IBM , sociétés qui ont récemment fait parler d’elles en raison des suicides qui s’y sont déroulés. « Plus de la moitié des aménagements se font en open space, et la tendance s’amplifie », rappelle-t-on chez Actineo, l’Observatoire de la qualité de vie au bureau, une association regroupant les entreprises de l’aménagement de bureau.  Il faut dire que pour un employeur, cet aménagement de bureau a  un intérêt économique évident, tant sur les coûts d’aménagement que sur les coûts de fonctionnement des  postes de travail. Selon Actineo, l’open space permettrait d’économiser de 10 à 40 % de mètres carrés. Mais pour ceux qui y travaillent, c’est une autre affaire, c’est même parfois un enfer !  Bruit,  stress, dépression et  perte de l’intimité  sont le lot commun de ceux qui y travaillent. Certains défenseurs mettent pourtant en avant un esprit collectif et bon enfant…Les médecins du travail constatent d’ailleurs que les jeunes   vivent en général beaucoup mieux cette organisation du travail que les seniors. Mais chez tous, les études montrent une fatigue bien plus grande, liée au stress permanent du bruit mais aussi des va-et-vient  qui empêchent la concentration.


Ambiance « hall de gare »…

« « Dring, c’est la sonnerie insupportable de Gary. « Fais chier ! Il nous a encore laissé son portable allumé. Le mec ringard qui se la joue décalé. » Dix minutes après. Même sonnerie, même musique nasillarde : c’est la messagerie qui rappelle. Jérôme se lève.

– J’en peux plus. Je le coupe, sinon, je vais péter une durite.

– Ouais ! T’as raison, mets-le en veilleuse. Moi, si je le chope, son bidule, je l’éclate contre le mur, ajoute Bruno.

– On va se prendre un thé citron pour sortir de ce brouhaha ? » (2)

C’est sur  un mode quelque peu humoristique que cette description traite d’un vrai problème de l’open space : le bruit.  Vous imaginez passer la journée dans un hall de gare ? C’est pourtant ce que subissent les salariés de certaines centrales téléphoniques par exemple.  Car il ne suffit pas d’installer de petites cloisons pour isoler physiquement chacun dans un box !  À côté des conversations téléphoniques, les sources de bruit sont nombreuses :   des tiroirs qui   grincent ,  des portes de placard   qui claquent  en étant refermées, le cliquetis des imprimantes, le ronronnement des ordinateurs, etc…Faute d’un isolement acoustique adéquat, avec notamment un traitement absorbant des matériaux  du plafond, des planchers et des parois,  boules quiès et   casques audio sont les seules « armes » dont on dispose pour se défendre de  ce premier stress…avec tous les problèmes de communications qui en découlent ! Car l’open space, supposé abolir les murs et faciliter la communication, entraîne une réaction paradoxale : la plupart du temps,  en réaction au bruit,  les salariés ont tendance à « minimiser les échanges », comme    le rappelle à Technologia, le cabinet d’études  en ergonomie du travail qui dans son   rapport sur les suicides survenus chez Renault incrimine l’open space.  « Chacun parle moins fort, réduit ses discussions et est sans cesse en contrôle de lui-même. »…  Le bruit est générateur d’un stress qui demande un effort d’adaptation inconscient et continu dans les open spaces mal isolés sur le plan phonique. Le  cerveau   en finit par être sur-stimulé alors que le corps, lui, bouge de moins en moins puisqu’il n’y a même plus besoin de se déplacer pour aller dans le bureau voisin !  Selon la médecine du travail,  obésité et   dépression sont  d’ailleurs d’autant plus présents chez les salariés travaillant en open space. Des troubles qui compromettent lourdement le seul  avantage  pour la santé qui leur a été reconnu, à savoir…une dynamique positive sur la gestion du stress des plus fragiles ! Une étude de la Harvard Medical School a en effet prouvé que le seul contact visuel avec quelqu’un qui se trouve dans une « dynamique positive » permet de diminuer significativement le niveau d’anxiété d’un collaborateur.

 

 

Près de la fenêtre ou du radiateur..

Tout le monde n’a pas le privilège de pouvoir installer son bureau près des baies vitrées de l’open space : à plus de 6 mètres de là,  l’éclairage naturel qu’elles procurent est considéré comme nul ! L’INRS, Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, recommande alors un éclairage combinant un éclairage global et des points de lumière individuels, pour éviter les troubles visuels. Autre problème : les sources de chaleurs. Sur un grand plateau, on peut avoir vite très froid pour peu qu’on soit loin  du radiateur… ou dans une zone de forts courants d’air !  Bien sûr, des normes de « confort » existent : l’AFNOR (Agence Française de Normalisation) et l’INRS recommandent,  par exemple, une surface minimale  de 10m2 par occupant (norme NF X 35-102).  Alors que bien souvent les surfaces se cantonnent à la surface occupée par le bureau et l’armoire ! De même, l’INRS préconise  d’éviter des bureaux  de 10 personnes…alors que certains « plateaux » de centrale téléphonique en accueillent des centaines ! Enfin, l’INRS souligne la nécessité pour les salariés de pouvoir s’approprier l’espace ne serait-ce qu’en pouvant décorer soi-même les parois de séparation ou les bureaux. Mais avec la multiplication des temps partiels, et des contrats intérimaires, il est très fréquent que des salariés partagent les mêmes bureaux. Et la logique de certaines entreprises étant que ces salariés fassent « place nette » lorsqu’ils ont fini leur mission, personnaliser son espace de travail devient dans ce contexte particulièrement difficile ! Une illustration que les recommandations de l’INRS   ne sont pas des obligations et qu’il n’y a pas de  législation relative à l’Open Space : tout au plus une reconnaissance qu’il peut être générateur de troubles pour la santé. Ce qui est déjà un début !

(1)  Elisabeth Pélegrin-Genel L’angoisse de la plante verte sur le coin de bureau,  1994, ESF

(2)   Alexandre des Isnards et Thomas Zuber L’open space m’a tuer , 2008, Hachette Littératures   

 

 

Quelques conseils pour mieux vivre l’open space

  • Collez des pastilles pour empêcher les portes de placard ou les tiroirs de claquer

  • Placez les machines type imprimante hors de l’openspace et si ce n’est pas possible, calfeutrez les.

  • Apportez photos ou éléments de personnalisation pour décorer votre espace.

  • Demandez une lampe de bureau en lumière du jour.

  • Demandez la mise à disposition d’ une salle de travail, silencieuse, où   se retirer pour consulter un dossier par exemple.

  • Demandez à votre comité d’entreprise l’installation à la fois  d’endroits ludiques où pouvoir bouger (salle de gym…) et  d’endroits de détente où pouvoir déconnecter. Ecouter de la musique est par exemple un moyen très efficace de se relaxer profondément en peu de temps , et encore plus si on peut le faire…dans une chaise longue !

  • Demandez aussi à votre comité d’entreprise une consultation  de Feng-shui pour optimiser la circulation des lieux, voire l’organisation de séances de massage (de plus en plus de prestataires extérieurs  proposent de tels services)

  • Pour tout projet d’aménagement, saisissez votre CHSCT, voire la médecine du travail!

 


Bon à savoir

Le  CHSCT (Comité  d’Hygiène et de Sécurité des Conditions de Travail) de l’entreprise (instance obligatoire de représentants du personnel) a la   possibilité de solliciter une expertise pour motiver son avis préalable à tout projet de réorganisations de postes dans l’entreprise. (article L 4614-12 du code du travail). L’expertise se déroule sur 30 à 45 jours et permet notamment d’évaluer l’impact de la nouvelle organisation sur la sécurité, l’hygiène et les conditions de travail et de préconiser un certain nombre d’améliorations. En matière d’aménagement, tout est passé au crible, de l’ ambiance de travail (bruit, lumière, ventilation…) au plan d’évacuation des personnes, en passant par la surface des bureaux etc.

 

 

 

 

 

Paru dans Alternative Santé janvier 2010