Le centre hospitalo-universitaire Robert-Debré : L’innovation au service des enfants, des adolescents et des parents

Le centre hospitalo-universitaire Robert-Debré : L'innovation au service des enfants, des adolescents et des parents

Clara Delpas, sous la direction de Christine Girier-Diebolt

Voilà vingt ans naissait le centre hospitalo-universitaire Robert-Debré. Une aventure aussi rare que la naissance d’un hôpital et ses années de jeunesse méritait d’être retracée: c’est l’histoire d’un projet médical ambitieux pour adapter la prise en charge des enfants aux exigences les plus récentes de la pédiatrie moderne, et celle, aussi, d’un haut lieu d’excellence en matière d’enseignement et de recherche. C’est également un projet architectural d’envergure, reconnu comme tel. C’est surtout, de sa création mouvementée à nos jours, une véritable communauté hospitalière, celle d’hommes et de femmes d’exception, qui ont su, quotidiennement, par leur créativité, leur disponibilité et leur amour des enfants, animer cet espace au service des familles, jusqu’à en faire oublier la maladie. C’est enfin, en ce début de xxème siècle, un bel avenir, qui s’annonce riche en projets passionnants pour les enfants, les adolescents et les parents.

Table des matières

LA PREHISTOIRE D’UN HOPITAL
UNE ARCHITECTURE NOVATRICE
UN HOPITAL A LA POINTE DE LA TECHNOLOGIE
UN HOPITAL DE LA MERE ET DE L’ENFANT
LE POLE DE PEDIATRIE AIGUE ET DE MEDECINE INTERNE
LE POLE DE PEDIATRIE SPECIALISEE
LE POLE DE CHIRURGIE
DU DIAGNOSTIQUE AU TRAITEMENT
LE POLE SOCIO-EDUCATIF
LA TRANSVERSALITE

  • Relié: 262 pages
  • Editeur : Le Cherche Midi (1 octobre 2009)
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2749114772
  • ISBN-13: 978-2749114774
  • 30€

 

Le commander?

Une rentrée des classes non toxique ?


Vêtements et fournitures scolaires peuvent contenir des substances chimiques. Faute de législation homogène, la vigilance s’impose ! Petit tour d’horizon …

Dans la liste de rentrée des petits écoliers, on comptera de nouvelles  chaussures, cartables, trousses et autres fournitures et de nouveaux vêtements.  Mais des études récentes souligné d’éventuels risques pour la santé dans les vêtements d’enfants. Ce n’est pas vraiment étonnant ni nouveau : la fabrication des vêtements est particulièrement longue et complexe et passe par de nombreuses étapes. Culture des fibres,  filage, coloration, tissage, couture, apprêt (transferts PVC, paillettes)  et finitions (boutons-pressions, fermeture-éclair)  sollicitent pesticides, formaldéhyde (formol), colorants et métaux lourds,  phtalates et nickel. Autant de substances chimiques dont les résidus exposent ceux qui les portent à une exposition plus que rapprochée, car avec la transpiration, ces substances sont même susceptibles d’entrer en contact direct avec la peau.  La preuve ?  En 2007, plusieurs plaintes de parents concernant des vêtements pour enfants, soupçonnés avoir déclenché  eczémas et œdèmes ont été déposées auprès de la Commission de la Sécurité des Consommateurs (CSC) qui a mené son enquête.  Si les tests réalisés n’avaient alors pas permis d’établir de toxicité réelle des  vêtements, une enquête, ils avaient au moins soulevé la question ! Depuis, une enquête de  l’Institut National de la Consommation (INC) (1), a montré que près d’un quart (9 sur 40) des vêtements pour enfants contenaient des phtalates, des substances chimiques hautement préoccupantes.

Des héros dangereux

Les phtalates sont présents dans les encres d’impression à base de PVC qui servent à réaliser les transferts qui décorent les vêtements. Le problème n’est pas neuf : déjà en 2004, un rapport de Greenpeace épinglait les vêtements d’enfants de la marque Disney. Les célèbres héros  ou  logos de la marque – qui font d’ailleurs souvent le seul  attrait de ces vêtements -, comme les autres transferts,  dégagent  au fur et à mesure des lavages et des repassages des taux importants de phtalates. Or ces substances ont des effets qui  commencent à être bien répertoriés chez l’animal (infertilité, réduction du taux de testostérone, malformations de l’appareil reproducteur) et sur les cellules humaines (reprotoxicité).  Au point que certains ont  déjà  été interdits dans les jouets et objets de puériculture par une loi européenne en 2005. Néanmoins, ils ne sont toujours  pas interdits dans les transferts pour vêtements. Même chez Disney !, ont confirmé les experts  de l’INC. Bien sûr, contrairement aux jouets et objets de puériculture susceptibles d’être portés à la bouche, les enfants ne mangent pas leurs héros… mais ne les admirent-ils pas du bout des doigts … qu’ils porteront ensuite  à la bouche ? Il n’y a pour se convaincre de ce risque qu’à voir la trace humide que laisse sur les doigts  le contact avec un  transfert gras et  huileux ! Transfert que l’on ne retrouve pas que sur les vêtements, puisque ces insignes ornent aussi  trousses, cartables, chaussures.…

ENCADRE  Gommes : à ne pas mâchouiller !

 Une étude de l’Agence danoise pour la protection de l’environnement en 2008 a révélé la présence de phtalates dans les fournitures scolaires – notamment les gommes – , et alerté sur le fait que ces gommes peuvent présenter des risques pour la santé, dans le cas où les enfants les sucent et les mâchonnent régulièrement. Les phtalates migrent dans la salive et passent ensuite dans l’organisme, se retrouvant selon l’Agence à des taux dépassant jusqu’à 4 fois les doses journalières admissibles. Si les résultats de cette étude ont été jugés comme exagérés par le Comité scientifique des risques sanitaires et environnementaux (CSRSE) de la Commission européenne, le CSRE contestant notamment l’idée qu’un enfant puisse mâchouiller une gomme une heure par jour…, ils parlent d’eux-mêmes : les fournitures scolaires contiennent bel et bien des substances toxiques !

 

Comment choisir ?

D’autres substances dangereuses peuvent aussi émaner des vêtements et autres accessoires. Comme le PFC, un composé perfluoré, utilisé  pour imperméabiliser de nombreuses surfaces et limiter l’imprégnation des tâches,  le formaldéhyde, classé cancérigène depuis 2006, utilisé pour traiter les fibres textiles, ou  le nickel parfois présent à fortes concentrations dans le métal des boutons-pression et des fermetures-éclair et responsable d’allergies pouvant être sévères. Et bien entendu, les colorants , car les pigments, même « naturels », sont susceptibles de contenir des métaux lourds !  Seule solution pour les éviter : choisir du clair ! Et du labellisé « OekoTex », qui garantit  le respect des normes en matière de résidus de produits chimiques.  Car les risques   sont difficilement  identifiables à la seule lecture de l’étiquette qui  ne détaille souvent pas les traitements chimiques réalisés ou non (même si, depuis la mise en place de la réglementation européenne Reach, le consommateur peut demander au fabriquant si tel ou telle substance est contenue dans le produit…).  La CSC, relayée après par l’INC, préconise d’ailleurs un lavage préalable avant tout première utilisation, seul moyen d’éliminer les résidus chimiques qui se trouvent dans le vêtement !

 

 ENCADRE – Des  vêtements « bio » ?

Aussi bizarre que cela puisse paraître, il n’existe officiellement pas de « vêtement biologique ». Tout au plus est-il certifié « écologique », s’il porte l’écolabel européen (très peu utilisé dans la filière textile).  Les mentions « biologique » « naturel » ou « écologique » sont de la seule responsabilité des fabriquants. À nous de leur faire confiance, sachant qu’un coton  a pu être cultivé de façon biologique (voire même être labellisé « AB » mais que rien ne garantit que son traitement ultérieur soit irréprochable ; ou que des « fibres naturelles » peuvent tout à fait avoir été cultivées  de façon intensive avec des pesticides. Quelques labels, plus rares, comme EKO, Naturtextil, Ecocert, IMO control ou BioRe®  garantissent a priori en plus du caractère biologique et naturel, l’éthique du vêtement.

 

Autre problématique, la provenance. Car certaines substances chimiques peuvent passer impunément les frontières européennes  : on se souvient qu’en 2008, des alertes avaient lancées à propos de fauteuils et de bottes fabriqués en Chine dont les textiles pleins de diméthylfumarate (DMF), pourtant interdit en Europe, avaient déclenché des allergies gravissimes chez plusieurs dizaines de personnes…  En attendant la nécessaire harmonisation des législations, la CSC a , dès sa saisie en 2007, interpellé les pouvoirs publics français pour demander qu’un texte européen interdise certaines substances chimiques dans les vêtements pour enfants. Depuis fin 2008 ce texte supposé garantir plus de sécurité pour les vêtements d’enfants est toujours en attente…mais enfin espéré. Certains fabricants mettent d’ailleurs déjà sur le marché des vêtements décorés garantis sans PVC. On pourrait souhaiter qu’il en soit un jour de même pour les fournitures scolaires !

 

ENCADRE- Une trousse d’écolier non toxique

Crayons et stylos : le bois naturel non teinté et non verni  est préférable à la résine de synthèse. Ne pas mâchouiller le bout des stylos en plastique !

Feutres et marqueurs : les feutres « odorants» contiennent des solvants toxiques ( trichloroéthane, toluène ou xylène). Les choisir …inodores.  Les feutres à base d’eau contiennent des agents de conservation allergènes : à vite reboucher après usage !

Surligneurs : à éviter (contiennent des composés toxiques comme la pyranine,   coumarine ,  xanthène ). Alternative  écologique : de gros crayons gras de couleur.

Effaceurs d’encre : à  éviter   de mettre en bouche pour les humecter même s’ils se dessèchent !

Correcteurs liquides :   à  éviter (contiennent des solvants toxiques, signifiés par la croix orange). Préférer les rubans … ou apprendre à  barrer proprement sa copie !

Gommes :   éviter les gommes souples aromatisées , que  les enfants peuvent être d’autant plus tentés de sucer et d’avaler. Il existe des gommes en caoutchouc naturel (beige).  (voir encadré)

Colles : l’inhalation des résines et solvants (toluène, formaldéhyde, acétone) qu’elles contiennent est dangereuse pour la santé. Préférer les colles en bâtons.

 

 

(1)    Marie RICHEZ , Marc OLIVIER « Des phtalates dans les vêtements d’enfant » – 60 millions de consommateurs, n°435 (février 2009), p. 34-37

 

 

 

Algues vertes : une valorisation industrielle difficile

 

La problématique des pollutions algales a été relancée cet été. Les algues vertes , conséquences du trop grand apport de nitrates d’origine agricole (engrais et lisiers des élevages intensifs), font concurrence aux vacanciers sur les plages après les « marées vertes ». Si elles polluent visuellement et olfactivement les paysages, elles relèvent aussi de la santé publique. Il vient en effet d’être officiellement établi [1] que leur décomposition sur les plages génère des produits toxiques (notamment du sulfure d’hydrogène). Seule solution pour l’instant : les ramasser…et s’en débarrasser !

Retour à l’envoyeur ?

Actuellement, les communes concernées délèguent le ramassage à des entreprises spécialisées qui les apportent ensuite la plupart du temps directement dans les champs des agriculteurs. Cet épandage qui concerne environ 80% des algues ramassées semble satisfaire tout le monde : les agriculteurs qui disposent ainsi d’éléments nutritifs gratuits pour leurs cultures ainsi que les communes et les entreprises pour lesquelles ne se posent pas de problèmes de stockage. Même si l’épandage impose la rotation des parcelles en raison de la salinité des algues et est limité par une directive nitrate (bien difficile à respecter). Les 20% d’algues ramassées restant sont compostés dans des centres spécialisés. Des protocoles particuliers de traitement y ont été mis au point pour tenir compte des problèmes de toxicité[2].Le compost réalisé est ensuite vendu aux agriculteurs légumiers, voire même bradé pour le grand public.Le CEVA (Centre d’Etudes et de Valorisation des Algues) œuvre depuis 1982 pour faire émerger des projets industriels autour de cette matière première gratuite que constituent les algues vertes. Le projet plus abouti, co-breveté par le CEVA et l’Université de Rennes, est un godet biodégradable horticole de tourbe mélangée avec 70% d’algues. Une entreprise pilote assure le ramassage et le transport vers le site de fabrication des godets, qui n’est pas en Bretagne. Mais si on considère que la seule solution réelle au problème des algues est l’élimination pure et simple des nitrates à leur source, comment ne pas voir l’épandage, le compostage ou la mise en godets horticoles autrement que comme un serpent qui se mord la queue ? Toutes ces applications augmentent en effet les apports en matières organiques, qui atteignent déjà des taux records en Bretagne.

Trouver de nouveaux débouchés

D’autres utilisations sont envisageables. Certaines sont connues des décennies, comme la co-méthanisation, qui consiste à mettre les algues en ensilage, avec d’autres apports, afin que du méthane soit émis lors de leur décomposition. En Bavière, des méthaniseurs de déjectionspeuvent déjà être acquis par les agriculteurs, avec des aides de la commission européenne. En France, certains industriels comme Ledjo énergie en ont également mis au point. Néanmoins, « Tout le monde n’a pas forcément envie d’avoir une usine à gaz dans son jardin ! » rappelle Jean-François Sassi, Directeur de Recherche au CEVA. D’autres utilisations semblent assez simples à mettre en œuvre, comme la fabrication de pâte à papier, à l’exemple de Venise en Italie qui a ainsi trouvé le moyen d’éliminer les algues qui envahissaient sa lagune avec là encore le soutien des fonds de la commission européenne. Mais le CEVA explique qu’en France ce développement reste très limité par…manque d’algues (la papèterie requiert des volumes astronomiques) , justifiant ainsi que les papetiers bretons ne s’y soient pas du tout intéressé …Autre piste, celle des extraits d’algues, qui pourraient être utilisés comme nouveaux ingrédients dans les cosmétiques (agent de texture) ou servir de compléments alimentaires riches en protéines. Dans l’alimentation animale, elles servent déjà à fournir des protéines d’origine marine pour la pisciculture.Pour les autres filières, le CEVA explique que les développements en cosmétique et alimentation humaine restent pour l’instant bloquéspar les nouvelles réglementations en vigueur : Reach qui impose l’homologation des substances chimiques et Novel Food qui si elles ne s’appliquent bien évidemment pas aux algues vertes elles-mêmes,concerneraient les extraits qui pourraient en être tirés. Des coûts d’homologation qui ne pourront bien entendu être supportés par les industriels que s’ils arrivent à se convaincre qu’ils sont sur un marché porteur…

Paru dans Environnement Magazine Hebdo, août 2009


[1]INERIS « Résultats de mesures ponctuelles des émissions d’hydrogène sulfuré et autres composés gazeux potentiellement toxiques issues de la fermentation d’algues vertes (ulves) » août 2009 , téléchargeable sur le site de l’ineris www.ineris.fr

[2]CEVA, Air Breizh, Cemagref, SMITOM Launay-Lantic, Terreau d’Iroise « Etude de gaz émis lors du compostage d’algues vertes ». 2009, téléchargeable sur le site : http://www.airbreizh.asso.fr

 

Pollution minière : le paradoxe bolivien

Paru sur Sciences Actualités  le 05/08/2009

Il est établi que la proximité d’un site minier expose l’environnement et les populations à une contamination par des métaux lourds. Mais en quantifier les effets est un exercice scientifique complexe. Reportage sur les sites miniers boliviens où l’IRD mène actuellement (en 2009 donc) des recherches.

 

 

Perché à plus de 3700 m d’altitude en pleine cordillère des Andes, l’Altiplano (« haut plateau » en espagnol) semble être un modèle idéal pour étudier l’impact sur l’environnement d’une des activités humaines les plus polluantes de la planète : l’exploitation des mines qui y a cours depuis plus de cinq siècles. Les Incas, puis les Espagnols ont puisé dans ces gisements polymétalliques l’or et l’argent qui ont fait la richesse de leur royaume (ici, c’était encore le Pérou, la Bolivie n’existant que depuis le début du XIXe siècle). Aujourd’hui, on y cherche l’étain, le métal de notre modernité, celui des balles des fusils, des boîtes de conserve et de toutes les soudures de la planète…

 

Une pollution vieille de cinq siècles

De ces mines, autour desquelles on a construit d’imposantes cités comme celles de Potosí ou d’Oruro, on a extrait tant d’argent, dit la légende, qu’on aurait pu en faire un pont reliant l’Amérique à l’Europe… voire un deuxième pont, avec tous les os des Indiens et des esclaves africains morts à la tâche. Cette exploitation intensive des hommes et des ressources minières n’est pas sans laisser de traces. Il suffit d’observer les paysages pour constater l’étendue des dégâts. L’objectif du projet pluridisciplinaire ToxBol, mis en place par l’Institut pour la Recherche et le Développement (IRD) en 2007, est de quantifier les effets de la pollution minière sur l’environnement et la santé des populations.

 

À la recherche d’un modèle

Les métaux lourds autour du lac Popoò

 

Les eaux de la région d’Oruro collectent dans leurs sillons tous les déchets miniers avant de se déverser dans le lac Uru-Uru, qui lui-même communique avec le lac Poopó, situé légèrement plus bas. « Le lac Poopó devrait plutôt s’appeler lac Poubelle », ironise Carla Ibáñez, chercheuse bolivienne associée au projet ToxBol. Depuis longtemps, on sait qu’il est contaminé par tous les métaux lourds colportés par les Ríos qui s’y jettent. À commencer par les pêcheurs qui voient parfois des dizaines de pejerreyes, ce poisson fort apprécié des gastronomes, remonter ventre à l’air à la surface du lac ! Le lien avec l’activité minière semble évident, mais il est difficile à quantifier précisément, du fait de la richesse métallifère naturelle de la région. Le lac fournit en tout cas un bon modèle d’étude d’exposition aux métaux lourds.

 

Chaîne alimentaire : la surprise !

Comment un métal lourd devient-il toxique pour les organismes vivants ? (L’exemple du mercure) (audio à retrouver, perdu par universciences)

 

En étudiant les poissons pejerrey (Basilichthys bonariensis) et carache (Orestias agassizii), les scientifiques ont fait une constatation surprenante. Une équipe de l’Université Mayor de San-Andrès, partenaire du projet Toxbol, a trouvé des concentrations de métaux lourds bien plus élevées dans les micro-crustacés des lacs que dans les poissons. Cette découverte est quelque peu inattendue puisque, habituellement, la contamination augmente au fur et à mesure que l’on progresse dans la chaîne alimentaire. Les poissons qui se nourrissent notamment de ces micro-crustacés (Artemia cf. franciscana et Boeckella meteoris) devraient donc être bien plus contaminés qu’ils ne le sont.

Surtout d’ailleurs les poissons du lac Poopò, dont l’eau est salée. En effet, dans un lac d’eau salée, les poissons sont plus petits que leurs congénères d’eau douce, ayant par défaut moins de ressources alimentaires et se nourrissant presque exclusivement de micro-crustacés. Les scientifiques s’attendaient donc à une contamination encore plus forte. Or ce n’est pas le cas, les poissons s’avèrent être, là encore, moins contaminés que prévus. Pendant la saison humide, le taux de métaux lourds que l’on peut doser dans leur tête, dans leur chair ou dans leurs viscères ne semble même pas dépasser les normes limites de consommation.

 

Pourquoi le lac Poopó est-il salé et pas le lac Uru-Uru ?

Vue, dans Google Earth, du relief autour des lacs Uru et Popoò (vidéo à retrouver, perdue par universciences)

Le lac Poopó est situé en contrebas d’Uru-Uru, il est le réceptacle final de toutes les eaux d’Oruro. Les bords du lac Popoò reflètent sa salinité. La configuration géologique particulière de la région – un bassin fermé de type endoréique – y entraîne, par évaporation, la concentration de tous les minéraux. Par assèchement progressif, il est voué à devenir un salar (désert de sel), à l’instar du salar de Uyuni, un peu plus au sud… ou du désert d’Atacama (Chili).

Question de méthode… ou paradoxe scientifique ?

Qu’est-ce qu’un indice d’intégrité biologique ? (audio à retrouver, perdu par universciences)

Les études environnementales menées sur les milieux vivants doivent bien sûr tenir compte des particularités ambiantes, comme le fait qu’il s’agit de poissons spécifiques aux lacs de cette région. Par ailleurs, elles concernent, au-delà de l’étude particulière des poissons, l’effet de la contamination métallique sur l’ensemble du lac. Bien d’autres données sont donc en train d’être recueillies. Les chercheurs de l’IRD travaillent aussi à établir un indice d’intégrité biologique pour, à terme, pouvoir élargir l’étude en comparant les données recueillies ici avec celles d’autres études menées ailleurs.

Toutefois, même s’ils sont en cours d’analyse et doivent donc être interprétés avec beaucoup de prudence, les premiers résultats sont quelque peu surprenants. Et invitent à la recherche d’explications. Pourquoi cette faible contamination des poissons ? Est-ce plutôt lié à un rôle inconnu de la salinité, à la dilution des métaux durant la saison humide (le niveau d’eau du lac étant alors plus élevé) ou au métabolisme physiologique des poissons ? Autre hypothèse envisageable : un effet positif du zinc. « Le zinc est l’un des premiers contaminants que l’on retrouve chez les poissons. Il pourrait modérer l’absorption des autres métaux… », explique François-Marie Gibon, biologiste écologue à l’IRD.

 

Santé humaine : des corrélations délicates à établir

 

Une équipe de géochimistes a dosé les métaux lourds (plomb, arsenic, antimoine, zinc…) dans l’environnement, en particulier sur les lieux d’habitation et dans les écoles, par analyse de l’eau potable et des poussières en suspension dans l’air. Des géographes ont ainsi pu établir des « cartes de vulnérabilité et de risque d’exposition » dans l’ensemble de la ville d’Oruro.

Parallèlement, et toujours dans le cadre du projet ToxBol, une étude de suivi mère-enfant baptisée Mi niño a démarré en 2007 dans deux hôpitaux de la ville d’Oruro, l’Hospital de Segundo Nivel Barrios Mineros et la Policlínica 10 de febrero – Caja Nacional de Salud. 455 femmes ont été suivies durant toute leur grossesse et avec leurs enfants, mois après mois, tout au long de la première année. Des examens biologiques visaient à doser précisément ces métaux lourds dans l’organisme et à en corréler les concentrations retrouvées dans le sang, les urines ou les cheveux avec d’éventuels troubles de santé. Ces liens ne sont pas simples à établir : par exemple, les chercheurs ont constaté que 84 femmes (soient 18,46%) avant d’entrer dans l’étude, avaient eu des avortements spontanés. « Immédiatement, on pense à une forte exposition au plomb. Mais ce n’est apparemment pas le cas ici, puisque les dosages menés sur les lieux d’habitation n’ont pas révélé d’exposition particulièrement alarmante ! », précise Flavia Barbieri, médecin du projet. La cause précise de ces avortements reste donc à trouver.

 

 

La tâche est à Oruro probablement plus délicate qu’au village de Cantumarca, situé juste au pied des  millions de tonnes de déchets des mines de la ville de Potosí. Un village qui modélise à l’inverse une exposition polymétallique massive à l’arsenic, au plomb, au cadmium et à l’antimoine… En mars 2009, un groupe de chercheurs boliviens du SOPE (Société d’écologie de Potosí) a publié ses résultats : les villageois présentent des troubles de santé (principalement conjonctivites, problèmes respiratoires et verrues) dont la fréquence a pu être effectivement corrélée à l’importance de l’exposition, mesurée par des relevés d’échantillons de poussières dans l’environnement. « L’incidence des verrues palmaires chez les enfants, qui jouent dans les terrils comme dans des bacs à sable, est particulièrement élevée, constate Rosario Tapia Montesinos, biologiste responsable du projet. L’origine en est la forte concentration en arsenic de ces terrils, que l’on sait produire une hyperkératose, à l’origine de tels troubles. »

 

Des facteurs complexes et multiples

Quels sont les examens menés dans le cadre du projet ToxBol? (audio à retrouver, perdu par universciences)

Autre effet possible d’une exposition aux métaux lourds : les troubles de développement de l’enfant. On sait, par exemple, que le plomb est à l’origine du saturnisme. Mais là encore, l’interprétation des données n’est pas évidente. Si l’analyse des courbes de croissance et les tests psychomoteurs fournissent un cadre de référence, comment être sûr que les perturbations observées ne sont pas liées à la malnutrition, très fréquente dans cette région du monde ? Ou aux spécificités biologiques des organismes vivant à de telles altitudes (on sait par exemple que les enfants ont des courbes de croissance dans les limites les plus basses…) ? Enfin, d’autres examens (cultures cellulaires, dosage de cytokines, échographie du thymus à l’âge d’un an, étude cytologique des prélèvements de cellules de la muqueuse buccale chez la mère et l’enfant) visent à évaluer les effets de la pollution minière sur le système immunitaire et sur les risques de cancer. Les données sont encore en train d’être récoltées et ce, jusqu’à la fin 2009, date à laquelle s’achève le projet ToxBol. Pour l’heure, difficile de conclure. Mais l’analyse doit se poursuivre une fois les études sur le terrain achevées. Affaire à suivre, donc.

Liens externes :

 

Malades des ondes ?

De la même manière que les antennes-relais ne sont, en France, absolument pas dangereuses, il ne saurait exister d’électrohypersensibles ! On se demande alors qui grossit les rangs des réseaux mis en place par les associations !

L’électrohypersensibilité passe souvent pour une lubie. Et les personnes qui en sont atteintes, pour des cas relevant de la psychiatrie. On les taxe sans hésiter de réfractaires au progrès et de socialement inadaptées en brandissant l’étendard de la maladie  psychosomatique. Se savoir voisin d’une antenne suffirait à rendre malade…   Au cours du colloque du 23 mars organisé au sénat, le professeur Johanson a rappelé qu’en Suède le syndrome d’électrohypersensibilité est reconnu comme un trouble fonctionnel depuis 2000. 230 à 290 000 suédois en seraient atteints, relevant des mêmes lois sur l’égalité des chances  que les handicapés et bénéficiant du soutien de l’état pour se protéger des ondes électromagnétiques qu’ils ne supportent pas, en prenant en charge par exemple tous les travaux d’aménagement de l’habitat (peintures isolantes, voilages, etc…! En France, bien sûr, la maladie n’existerait  pas ! Enfin, selon les autorités… Car pour les associations et pour certains médecins, des   cas existent . Ainsi, au Sénat, le professeur Dominique Belpomme (cancérologie, Hôpital Georges Pompidou, Paris) a présenté les premiers résultats de son étude sur le Syndrome d’Intolérance aux Champs Electromagnétiques (SICEM). Chez les 88 malades (24 hommes et 64 femmes), âgés de 47 ans en moyenne, qu’il a suivis, la maladie démarre par des douleurs cervico-cranio-faciales (céphalées), des troubles de la sensibilité superficielle et profonde, ainsi qu’un déficit d’attention ou de concentration. Puis, les personnes manifestent de l’insomnie, de la fatigue et de la dépression. L’évolution de la maladie ? Variable. Elle peut aller vers une régression des symptômes, une atteinte dégénérative du système nerveux central, une surdité de perception, un neurinome, un cancer… Le SICEM est un autre nom pour la maladie que l’on désigne par « Electrohypersensibilité » (EHS). Si le professeur Belpomme tient à la distinction, c’est que la sensibilité suggère quelque chose de génétique , alors que le SICEM s’acquiert, au bout d’un certain « seuil » d’exposition.

Témoignage d’une électrohypersensible

« Je suis rentrée de vacances début septembre 2007 dans mon appartement , et j’ai commencé à avoir des troubles bizarres, des crises de tachycardies, des migraines très dures, un problème sur un oeil (de l’eau qui s’est glissé sous le cristallin), des sensations de brûlures au niveau des mains, surtout la nuit. J’étais extrêmement fatiguée, j’avais des problèmes cognitifs, je ne pouvais plus comprendre ce que je lisais, j’avais des pertes de mémoire, je me suis retrouvée entre autres devant la porte de mon appartement les clefs à la main et à rester comme ça un certain temps sans savoir ce que je venais faire! Au point qu’une semaine après j’ai quitté l’appartement … Mais je ne pouvais plus supporter  de téléphoner avec un portable, lorsque quelqu’un allumait un portable, ça me faisait une vrille dans le cerveau. J’étais devenue réceptive à des choses qui une semaine auparavant ne me faisaient rien!J’ai alors découvert  que l’on venait de mettre en service 6 antennes-relais en face de chez moi! Depuis je me suis isolée dans un appartement que j’ai blindé. J’ai gardé une certaine électrosensibilité, mais elle s’est atténuée, et surtout varie suivant le temps que je suis exposée! Je dois faire attention à mes déplacements. Et me protèger la tête avec une casquette dotée d’un voile protecteur.   Je ne peux plus prendre le TGV, aller dormir ailleurs que chez moi, ou aller dans les parcs ou les bibliothèques équipées en Wi-fi, le pire,  encore plus agressif que le téléphone portable! »
Evelyne, 50 ans

A la recherche de signes biologiques
Les enregistrements de l’activité cérébrale de ces patients ressemblent à ceux des patients atteints de maladie d’alzheimer. Et les analyses d’urine montrent une baisse de la mélatonine. Il y a également une augmentation des protéines de stress cellulaire HSP27 et ou HSP70. Le lien avec la présence de champs électromagnétiques (CEM) ? Établi sur la foi des déclarations des gens (lorsqu’ils sont en présence d’un tel champ, ils disent aller mal, mais mieux lorsqu’ils en sont loin) et de tests de provocation. Hypothèse : la maladie serait liée à la présence de magnétosomes dans les cellules. Les magnétosomes  sont des agrégations de 50 à 100 cristaux de magnétite. Le système nerveux en contient des millions, en particulier les cellules gliales (astrocytes). Le professeur Belpomme a d’ailleurs en projet le dosage de ces magnétosomes afin d’établir une éventuelle corrélation avec les symptômes observés. [Kirschvink JL, Kobayashi-Kirschvink A, Woodford BJ. Magnetite biomineralization in the human brain.Proc Natl Acad Sci U S A. 1992 Aug 15;89(16):7683-7]

Téléphones-portables : un danger certain

Sur la question des effets sur la santé des téléphones portables, aucun scientifique ne prétend aujourd’hui qu’il n’y a aucun danger.

C’était en juin 2008. Une vingtaine de scientifiques est montée au créneau, exigeant une meilleure information du public sur la dangerosité de la téléphonie mobile. Parmi eux, David Servan-Schreiber, mais aussi Joël de Rosnay (par ailleurs membre de l’OPECST), ou Henri Pujol (ancien président de la Ligue nationale contre le cancer). Il a beau s’agir d’une exposition choisie, (tout comme la consommation de tabac distingue les fumeurs des fumeurs passifs), à l’heure où plusieurs études comme Interphone , Reflex  ou Bioinitiative alertent sur les effets de la téléphonie mobile  sur le risque de développer des cancers du cerveau (gliomes) ou des tumeurs du nerf auditif (neurinome), les scientifiques exigent des mesures de protection plus strictes comme l’interdiction de la vente de ces appareils aux enfants de moins de 12 ans. Le rapport Ries adopté par le Parlement Européen demande d’ailleurs qu’une vaste campagne d’information soit lancée sur les bonnes pratiques à connaître quand on a un téléphone portable.  Bien sûr, comme le rappellent les experts « Tout est question de puissance et de durée d’exposition. » Ainsi, 3mn de conversation avec un téléphone portable équivalent à 15 jours d’exposition à une antenne-relais. Dans le même ordre d’idées, un élément radio WIFI posé à 1 mètre de distance a autant d’effet qu’un téléphone portable posé à 3 mètres. Ou encore… une tête d’enfant absorbe deux fois plus que celle d’un adulte !

Les études internationales sur les effets sanitaires de la  téléphonie mobile

Reflex (2000-2004) :  étude financée par l’Union Européenne, la Suisse et la Finlande, menée dans 12 laboratoires et 7 pays européens a montré que les champs électromagnétiques générés par les téléphones mobiles agissaient sur l’ADN des cellules (risque tumoral).

Interphone (1999-2003) :  étude initiée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), regroupant 13 pays (dont la France), révèle des résultats très disparates : pour certains scientifiques , le téléphone mobile est clairement associé à une augmentation du risque de tumeurs cérébrales. Pour d’autres, non. Ce qui explique notamment le retard pris dans la publication des résultats définitifs.

Bioinitiative (2007)
: financée par l’Agence Européenne de l’Environnement, est une compilation des conclusions de 1600 études scientifiques portant sur l’impact des émissions électromagnétiques sur le vivant.

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p style= »text-align: justify; »>12 précautions élémentaires
Les recommandations  suivantes devraient être connues de tous les utilisateurs de portable (les 7 premières émanent du ministère de la Santé lui-même, en 2002, les 5 suivantes sont préconisées par le Criirem)  :
1- Éteignez votre portable dans les hôpitaux et dans les avions. Si vous portez un pace-maker, attention aux interférences possibles.
2- Ne restez pas longtemps au téléphone
3- Ne téléphonez pas lorsque vous êtes dans une zone de mauvaise réception
4- Ne téléphonez pas lorsque vous vous déplacez
5- Attendez quelques secondes que la communication s’établisse
6- Éloignez votre portable des zones particulièrement sensibles que sont les zones génitales (surtout  chez les adolescents), le ventre (femmes enceintes) ou la tête (utilisez un kit mains libres)
7- Ne laissez pas vos enfants jouer avec votre portable
8- Ne téléphonez jamais en voiture , dans un bus ou dans un métro : la « cage métallique » dans laquelle vous vous trouvez amplifie considérablement l’exposition en faisant se répercuter d’autant les ondes. Arrêtez vous, sortez du véhicule ou ouvrez les fenêtres.
9- Limitez  la durée de vos appels (5 à 6 appels par jour maximum de 2 à 3 minutes chacun.
10- Utilisez le kit piéton livré avec votre appareil (le préférer à l’oreillette bluetooth, elle aussi génératrice d’ondes !)
11- Eloignez vous de vos voisins pour téléphoner, vous éviterez de les exposer passivement !
12-  La nuit, faites aussi dormir votre portable. Éteignez-le et placez le loin de vous. Ne l’utilisez surtout pas comme réveil  en le laissant sur votre table de nuit !

La maison des ondes

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p style= »text-align: justify; »>Nul besoin d’habiter à proximité d’une antenne pour être baigné d’ondes électromagnétiques car de nombreux appareils électriques en produisent ! Et pas que les téléphones, loin de là !  Petite visite guidée de la maison des ondes…
Bienvenue ! Dès l’entrée, l’alarme se présente comme le premier générateur continu d’ondes électromagnétiques. Et pour peu qu’elle fonctionne en wi-fi, en plus, elle est une source de rayonnement non négligeable, d’autant plus lorsqu’elle se double d’une caméra de vidéosurveillance !  Allumons la lumière : tiens, les plafonniers sont équipés d’ampoules fluo-compactes ? (voir encadré).  Passons à la cuisine : bien entendu, le four à micro-ondes est le premier générateur de micro-ondes. Il est étanche, c’est d’ailleurs pour cela que l’on vous précise sur les notices de ne pas rester devant. [Pour en avoir le cœur bien net, vous pouvez d’ailleurs placer à l’intérieur du four votre téléphone portable, fermez….et essayez d’appeler votre téléphone. Si le four est étanche, il ne sonnera pas]. Mais il y a aussi, vos plaques à induction, et peut-être votre réfrigérateur wi-fi (et oui, cela existe maintenant, le réfrigérateur qui vous avertit quand il y a une panne de courant, et  bientôt qui pourra vous alerter par sms qu’il vous manque des légumes.. ou à boire  !). Continuons au salon, votre télévision, votre poste de radio, vos enceintes de haut-parleurs, tous les casques sans fil que vous avez sont autant de sources d’ondes électromagnétiques. Au bureau, votre ordinateur, votre PDA…et votre téléphone DECT  (votre téléphone fixe…sans fil !). Ce téléphone sans fil  fonctionne avec un combiné contenant une pile accumulatrice à base de métaux lourds mais surtout avec une « base » branchée sur le courant, donc source d’un champ électromagnétique important de radiofréquence entre l’antenne de la base et celle du combiné. En conversation, un tel combiné émet ainsi autant qu’un téléphone portable. Et au repos ou en veille, un champ permanent, dix fois moindre, mais non négligeable tout de même. Les DECT sont ainsi reconnus constituer la première source de pollution hyperfréquence du foyer !
Dans  la chambre des enfants, un écoute-bébé peut être aussi puissant  qu’un téléphone portable surtout s’il est posé directement dans le berceau ( !)… et d’autant plus que l’adaptateur secteur se trouve branché non loin de la tête du bébé. Dans votre chambre, peut-être disposez-vous aussi d’un radio-réveil, un émetteur en permanence d’ondes électromagnétiques ? Bref, tous ces appareils électriques produisent bien évidemment des champs électromagnétiques, à l’origine d’une sorte de brouillard permanent. Comme l’a rappelé Joël de Rosnay, membre de l’OPECST (et signataire de l’appel des 20) lors de l’audition publique du 6 avril dernier à l’Assemblée Nationale, cet « l’électrosmog », comme d’autres phénomènes d’environnement, peut influer sur le métabolisme des cellules. Au bout du compte, ne serait-ce pas là, dans cet effet cocktail, que se situerait, à l’instar des polluants chimiques, le danger le  plus grand ?
ENCADRE Ampoules basse-conso … mais haute-émission électromagnétique !
Les résultats de mesures menées par le Criirem démontrent que les ampoules à économie d’énergie une fois allumées émettent des rayonnements radioélectriques importants alors que les ampoules classiques n’en émettent pas. Bien que fonctionnant toutes deux sur 230Volts à 50 Hertz. Selon ces mesures, ces valeurs peuvent atteindre les 300V/m à l’allumage puis 180 à 60 V/m en fonctionnement. Des puissances qui explosent toutes les recommandations du Conseil de l’Europe (1999/519/CE) qui préconisent une valeur limite de 28 V/m. Bien sûr, ces mesures sont prises au voisinage immédiat des ampoules, et dès que l’on s’éloigne un peu, à 1m par exemple, on trouve des mesures de l’ordre du bruit de fond électromagnétique ambiant (0,2V/m) ! Mais il n’empêche que ce rayonnement est suffisamment important pour préconiser ne pas utiliser de telles ampoules pour une lampe  de chevet …ou une lampe de bureau! À moins qu’elles ne soient dotées d’un blindage spécifique du culot, seul à même de réduire le champ rayonné par le circuit électronique de la lampe !

Les « box » wi-fi sont apparues dans les maisons et génèrent un rayonnement électromagnétique continu dans la même gamme de fréquences que les fours à micro-ondes. Le Criirem préconise de désactiver la fonction wi-fi ou …de les débrancher au moins la nuit !

Tous égaux face aux ondes ?

Voir aussi :

La maison des ondes

Téléphones-portables, un danger certain

Antennes-relais, une affaire d’état

Malades des ondes?

De l’avis de la Commission Européenne, les choses semblent loin d’être aussi tranchées qu’elles ne le sont pour l’Académie de Médecine ! Tout comme du côté du Parlement…tout le monde invite à une révision des normes …

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p style= »text-align: justify; »>À Bruxelles, le  rapport de Frédérique Ries (1), une parlementaire belge, a été adopté au Parlement européen à une écrasante majorité (559 voix) le 2 avril dernier. Il réaffirme la nécessité d’appliquer le principe de précaution quant à l’exposition des citoyens aux champs électromagnétiques, faute de données scientifiques suffisantes. Selon le rapport « il faut agir rapidement, sans attendre le résultat des études scientifiques et appliquer le principe de précaution en limitant le champ électrique à trois volts par mètre (V/m) ». Comme l’ont déjà décidé neuf Etats membres. Il préconise également d’éviter d’implanter des antennes-relais ou des lignes haute tension à proximité d’écoles, de crèches, de maisons de retraite ou d’institutions de santé, de rendre public des cartes notifiant les degrés d’exposition aux ondes électromagnétiques. Et donc de réviser les normes limites d’exposition. Bien qu’aucune loi européenne n’oblige les États membres à prendre des mesures particulières en matière d’ondes, des normes limites d’exposition ont été fixées en juillet 1999 sur la base de valeurs préconisées par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) : les antennes-relais GSM, DCS et UMTS doivent être respectivement en dessous de 41,25, 58,33 et 61 V/m… Des valeurs qui restent élevées, permettant juste de garantir l’absence d’effets thermiques sur la santé. Version « soft » du principe de précaution, le principe   « Alara » (as low as reasonably achievable) repose sur le principe que l’exposition aux rayonnements doit être aussi faible que possible « raisonnablement ». À l’instar de certains États membres, qui l’appliquent déjà : la Grèce, la Pologne, ou l’Italie ont adopté des normes plus sévères d’exposition atteignant même 3 V/m en Belgique et au Luxembourg.
Un nouveau « Tchermobile » ?
En France, le dernier avis du SCENIHR , le Comité scientifique sur les risques de santé émergents et nouvellement identifiés  de la Commission européenne , ne semble pas avoir été pris en considération par l’Académie de Médecine, qui s’est arrêté à l’avant dernier, en date de janvier 2009. L’avis de février 2009 (1)  reconnaît la controverse scientifique et invite bien au contraire à la poursuite des études ! Quant à l’avis de l’OMS, rappelons qu’il nous donne rendez-vous en 2015 pour connaître le fin mot de l’histoire… D’ailleurs, quand l’Académie clame l’innocuité des antennes, Bernard Accoyer, en ouverture à l’audition publique du 6 avril dernier admet tout de même que «  Les chiffres font débat, car les effets sanitaires de l’exposition aux champs électro-magnétiques ne sont pas encore aussi complètement connus que nous pourrions le souhaiter. D’ailleurs le seront-ils un jour ? ».

La campagne « Tchermobile » initiée début 2009 par plusieurs associations (Artac, les amis de la terre,   Agir pour l’Environnement et Priartém..) veut alerter l’opinion publique et faire signer une pétition. C’est dans ce cadre qu’un sondage BVA par téléphone auprès d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus a été réalisé les 13 et 14 mars 2009 dernier. Résultats :  80% des sondés sont plutôt (35%) ou tout à fait (45%) favorables à une loi ayant pour objectif de règlementer davantage le développement des antennes relais ! Preuve en est, si besoin était, que les antennes, malgré les discours rassurants, continuent bel et bien d’inquiéter…

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p style= »text-align: justify; »>Polémique autour de l’exposition
Avant même de pouvoir mener une étude sur l’impact sanitaire d’une exposition, il semble logique d’évaluer cette exposition ! Le professeur Jean-François Viel vient de publier une étude consacrée à la simple mesure de l’exposition aux ondes électromagnétiques d’une population. Pour mémoire, cet épidémiologiste de la faculté de médecine de Besançon  avait fait polémique en 1997 en publiant une étude menée sur la population voisine de la Hague évoquant un lien entre exposition aux rayonnements ionisants de l’environnement marin (lié à la fréquentation des plages et à la consommation de coquillages) et genèse des leucémies de l’enfant. Aujourd’hui, il récidive…l’étude a porté sur 184 personnes équipées d’un dosimètre enregistrant pendant 24 heures le champ électrique ambiant pour 12 radiofréquences différentes, toutes les 13 secondes, avec un seuil minimal de détection de 0,05 V/m. Les données (en moyenne 4441 enregistrements par participant !) ont ensuite été corrélées à la distance à laquelle se trouvait le domicile de la personne d’une source émettrice d’ondes électromagnétiques (antenne relais (GSM, DCS, UMTS) mais aussi émetteur de radio FM et de télévision).
Première surprise : ce n’est pas au plus près d’une antenne-relais de téléphonie mobile que l’on est le plus exposé aux ondes de radiofréquences qu’elle émet. L’exposition était en effet maximale à environ 280 m de l’antenne-relais en zone urbaine, et à 1 000 m en zone périurbaine.  Alors que la plupart des études épidémiologiques reposaient jusqu’à présent sur l’idée, apparemment logique, que plus on était proche d’une source électromagnétique, plus on y était exposé ! Par ailleurs, l’étude de Jean-François Viel a souligné que l’exposition aux ondes électromagnétiques était le fait d’antennes-relais, mais aussi et surtout d’émetteurs TV et radio… Deuxième surprise : les mesures d’expositions des personnes étaient extrêmement disparates, même lorsqu’elles se trouvaient dans des conditions d’exposition semblables.   Cette différence qui peut tenir au dosimètre, pourrait aussi, selon les auteurs, être liée à une sensibilité variable selon les organismes humains…
Les associations Agir pour l’environnement et Robin des toits sont aussitôt monté au créneau, publiant une « contre-enquête » contestant les résultats obtenus. Sur le premier point, elles   craignent qu’une telle étude ne soit utilisée pour éviter de légiférer à proximité d’une antenne , du fait que ses effets s’y feraient moins sentir. Elles redoutent aussi une remise en cause des études de corrélation entre antenne relais et troubles de santé, du fait de l’existence de nombreuses autres sources d’exposition, dont la radio ou la télé… (on peut noter de plus que les ondes TV et radio ne sont pas de même nature que celles de la téléphonie mobile, qui reposent sur des hyperfréquences…). On notera cependant la conclusion de  JF Viel: « Les recommandations internationales sont basées sur les effets thermiques observés des radiofréquences. Or il est clair qu’il existe d’autres mécanismes d’action, que nous ne connaissons pas. »

Clara DELPAS

Que  disent les études scientifiques sur les antennes- relais?
Comme les études se contredisent souvent, une façon de se rendre compte de l’état de la science est de les recenser , c’est ce que l’on nomme une « méta-analyse ». Ainsi, selon la dernière de ces « méta-analyses » (1), sur 14 études parues dans des revues scientifiques dites « à comité de lecture » (NDLR : les seules à faire « autorité » en science), recensées dans les bases de données de l’OMS et de l’institut américain pour la santé (NIH),  10 constatent une augmentation significative des symptômes étudiés en présence d’antennes-relais!
En France, une étude  « officielle » a été commanditée  par l’Afsset sur la question des antennes-relais. Les résultats devraient en être publiés peu avant que l’OPECST ne rende  ses conclusions définitives, c’est-à-dire probablement pas… avant fin 2009 !
(1) Kundi M, Hutter HP  « Mobile phone base stations-Effects on wellbei and health » Pathophysiology, mars 2009

(1) Rapport sur les préoccupations quant aux effets pour la santé des champs électromagnétiques,  Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité Alimentaire  (Rapporteure: Frédérique Ries), janvier 2009, 11 pages
(2) « Health Effects of Exposure to EMF » Scientific Committee on Emerging and Newly Identified Health Risks (SCENIHR), Commission Européenne, 19 janvier 2009, 84 pages
(3) Le site web de la campagne Tchermobile http://www.tchermobile.org

Article paru dans Alternative santé juin 2009

Antennes-relais, une affaire d’État !

Qui n’a pas son antenne-relais sur le toit ? Le développement spectaculaire de la téléphonie mobile s’est fait nécessairement au-dessus de nos têtes ! Certains scientifiques sonnent l’alarme sur une nouvelle technologie qui serait nocive pour notre santé, tandis que d’autres se veulent plus rassurants…

Après l’arrêt de la cour d’appel de Versailles du 4 février dernier contre Bouygues Télécom, qui relève « qu’aucun élément ne permet d’écarter péremptoirement l’impact sur la santé publique de personnes exposées à des ondes ou des champs électromagnétiques », le mois de mars 2009 a vu fleurir les victoires des riverains portant plainte pour troubles du voisinage au motif qu’une ou plusieurs antennes-relais se trouvaient installées proches de leurs habitations. À chaque fois, même gain de cause : les juges ont condamné les opérateurs à démonter ces dérangeants voisins… En principe indiscutable, la décision de la justice a pourtant été vertement critiquée par l’Académie de Médecine, tout simplement parce qu’elle tenait compte « de la prééminence du « ressenti » du plaignant au détriment de l’expertise scientifique et médicale ! » Les scientifiques se plaindraient-ils de ne plus être écoutés ? Selon l’Académie, les antennes–relais sont sans danger. Dixit toutes les études médicales qu’elle a bien voulu retenir, et les organisations mondiales et européennes de santé ! Le contraire serait étonnant…et d’ailleurs bien embêtant pour le marché de la téléphonie mobile ! Simple coïncidence sans doute, le port-parole de l’Académie, André Aurengo, s’avère être aussi membre (« bénévole (!) » a-t-il cru bon de préciser au cours d’une audition publique organisée à l’Assemblée Nationale le 6 avril dernier…) du conseil scientifique de Bouygues Telecom et du conseil d’administration d’EDF-GDF…

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p style= »text-align: justify; »>Au cœur de la controverse …
En amont du « grenelle des antennes » qui vient de démarrer, les débats ont fait rage  : au Sénat, le 23 mars, un colloque organisé par les sénateurs Marie-Christine Blandin et Jean Desessard à l’initiative des associations Robin des Toits et Ecologie Sans Frontière et du syndicat Supap-FSU a donné la parole aux scientifiques militants pour des réglementations plus strictes. Étaient aussi invités (mais absents…) l’AFOM (Association Française des Opérateurs de Mobile), l’Académie de médecine et l’AFSSET (Agence Française de Sécutité sanitaire et du Travail). Le secrétariat d’état à l’économie numérique,  représenté par  Marie-Claire Daveu, directrice du cabinet de Nathalie Kociusko-Morizet, a salué l’exigence de démonstration scientifique des associations: « seule à pouvoir justifier le principe de précaution ». Les associations n’en attendaient pas moins ! Car pour l’instant, la démonstration scientifique est loin de faire consensus dans la communauté scientifque. Françoise Boudin, présidente de la jeune Fondation Santé et RadioFréquences, a d’ailleurs rappelé qu’il était encore trop tôt pour connaître les résultats des études engagées… Le 6 avril, à l’Assemblée nationale, c’était au tour de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) de rassembler scientifiques, associations, décideurs – français et étrangers – pour une « audition publique sur les antennes relais à l’épreuve des inquiétudes du public et des données scientifiques ». André Aurengo, auteur de l’avis rendu sur le sujet par l’Académie de médecine, n’a pas manqué contester comme on s’y attendait toutes les études montrant des effets nocifs des champs électromagnétiques en les qualifiant de fausses, voire de frauduleuses.

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p style= »text-align: justify; »>Une table ronde pour calmer les esprits
Dans le contexte actuel, la mission du grenelle semble difficile, voire impossible! Comment concilier les opérateurs de téléphonie mobile et les associations, qui restent de fait profondément divisées sur la question de la dangerosité des  antennes-relais ? Initialement tenues à l’écart, puis finalement invitées, les associations actives sur ce sujet (Priartem, Robins des Toits, Agir pour l’environnement…) maintiennent leurs revendications, notamment l’abaissement des normes d’émission des antennes de 41 à 0,6 volt/mètre. Elles sont rejointes par les sénateurs Verts qui, à la suite du colloque du 23 mars au Sénat, ont déposé une proposition de loi exigeant cette nouvelle norme De leur côté, les opérateurs souhaitent poursuivre   l’extension de leur réseau d’antennes… Le professeur Aurengo, à l’Assemblée Nationale, a d’ailleurs affirmé que la norme de 0,6V/m reposait sur du vent. Et l’Etat ? Comme l’a illustré Maître Forget lors du colloque au Sénat le 23 mars dernier « 58 millions de Français veulent pouvoir utiliser leur téléphone sur la quasi-totalité du territoire, et l’État a fixé des obligations de couverture aux opérateurs, avec des sanctions financières pour ceux qui n’y répondraient pas. Il revient donc à l’État de dire clairement si oui ou non les antennes relais ont un impact sur la santé. » Or, pour l’instant, l’état veut éviter la polémique sur les effets sanitaires (pourtant au cœur du débat !). Ainsi que le redoutaient les associations, aucun des scientifiques ayant travaillé sur les effets sanitaires des ondes électromagnétiques n’est invité à ce Grenelle. Pas même la Fondation santé et radiofréquences, pourtant financée à parité par les opérateurs et l’État, qui pilote la plupart des recherches « officielles » menées en France sur la question ! Il est vrai que certains membres de son conseil scientifique se sont risqués à dire qu’il existait une incertitude scientifique quant à l’innocuité absolue des ondes… Enfin, parmi les sociologues invités, on remarque la présence de Michel Setbon, aux positions pro-OGM bien connues. Selon lui, les risques liés aux OGM sont  fantasmés, ce qui exclue bien entendu toute mise en oeuvre du principe de précaution…

Principe de précaution contre précaution de principe
Encore  une fois, pour préserver le marché, les instances officielles préfèrent « Attendre et voir »… Quid du droit des citoyens ? Sur un sujet aussi technique, il leur est difficile de s’y retrouver : le nombre d’études menées sur les ondes électromagnétiques dépasse aujourd’hui le millier ! À quels experts se vouer ? Qui croire ? L’expertise «officielle » est critiquée pour les inévitables conflits d’intérêts qu’elle soulève, alors que l’expertise « indépendante » est qualifiée de « pseudoscience ». (voir article «Encore de nombreuses incertitudes ») Pour autant, on notera, non sans un certain étonnement, que les compagnies d’assurance refusent de couvrir le risque en responsabilité civile concernant les champs électromagnétiques : connaissant la capacité des assureurs à évaluer les risques et à parier sur l’avenir,  cette  précaution   de principe ne révèle-t-elle pas à elle seule l’absence de données scientifiques permettant d’exclure tout danger ?

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p style= »text-align: justify; »>Le Grenelle s’organise…
Réparti comme le grenelle de l’environnement en cinq collèges (État, collectivités, associations, syndicats et organisations patronales), le   « Grenelle  des antennes », lancé le 23 avril, présidé par Jean-François Girard, docteur en médecine et directeur de l’Institut de recherche pour le développement, rassemble quelques cinquante participants issus des agences sanitaires, du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), des associations d’élus locaux, des parlementaires de la majorité et de l’opposition, des opérateurs téléphoniques, des associations de consommateurs et de l’environnement, des sociologues et juristes, des syndicats, des directeurs d’administration centrale …Après une série de réunions, tout au long du mois, une deuxième table ronde devrait intervenir fin mai pour « faire le point » sur les connaissances scientifiques ainsi que sur les réglementations en vigueur concernant la téléphonie mobile et les antennes relais.

La Quinoa , victime de son succès ?

Depuis quelques années, la quinoa séduit les consommateurs du monde entier soucieux de leur santé. Produite traditionnellement selon tous les critères de l’agriculture biologique, elle met pourtant en péril le développement durable des terres de l’altiplano bolivien où elle est cultivée ! 

 

Au mois d’avril,  lorsqu’elle est mûre, la quinoa forme des épis qui peuvent atteindre deux mètres de haut. Depuis toujours, on les cueille à la main. Une fois séchés, ils sont fagotés et déposés en ligne sur une grande toile. On les bat pour en faire tomber les grains, qui mesurent 2mm de diamètre environ. Avant de les trier des débris des tiges (que l’on utilisera comme combustibles), et de les ventiler, toujours manuellement,  au moyen d’un récipient en forme d’assiette, que l’on remplit patiemment et que l’on égraine. Enfin, ils sont grillés pour en permettre une cuisson plus rapide, écorcés pour en enlever la petite peau de saponine qui leur donne trop d’amertume et enfin , lavés. Ces méthodes de production, qui restent longues et coûteuses , sont on ne peut plus traditionnelles : c’est ainsi que les agriculteurs andins cultivent la quinoa depuis près de 7000 ans…

 

Un aliment complet

La quinoa (ou plutôt le quinoa, « mère des céréales » en quechua) , de son nom latin  Chenopodium quinoa Wild est une plante cultivée par les indiens Aymaras et Quechuas, dont elle constituait avec la pomme de terre, la nourriture essentielle. Cette céréale traditionnelle hautement nutritive présente  une variété d’espèces considérable. On en connaît surtout trois variétés : la blanche, la rouge et la noire. Sa composition nutritionnelle exceptionnelle, notamment sa grande richesse en protéines, en fait un substitut idéal à la viande. Sa composition équilibrée en acides aminés rendrait même la quinoa comparable en valeur nutritionnelle au lait maternel. De plus, elle contient tous les acides aminés nécessaires à la vie humaine, en quantités mieux équilibrées que dans le riz , le mais ou le soja, ainsi que de nombreuses vitamines telles que la B1, la B2, la C mais aussi des minéraux tels que le calcium, le fer, le phosphore et le magnésium. En outre, elle est riche en fibres et en acides gras insaturés, avec seulement 10% d’acides gras saturés.  On prête aussi à la quinoa un grand nombre de propriétés médicinales. La  mythologie la fait apparaître sur terre comme étant le reste d’un repas des dieux et elle est depuis toujours associée à un aliment d’immortalité. Plusieurs études scientifiques parues en 2007 ont confirmé l’activité anti-oxydante élevée de plusieurs extraits de graines, ainsi que la présence de deux phyto-stéroïdes susceptibles de jouer un rôle dans la prévention du cancer. Bien d’autres propriétés médicinales lui  sont reconnues : on l’utilise traditionnellement contre les infections urinaires ou les angines, les cirrhoses ou  les hépatites, en analgésie dentaire, pour faire tomber la fièvre… Des études scientifiques ont souligné récemment la teneur en phyto-oestrogènes de la quinoa, qui en ferait une plante particulièrement indiquée aux femmes durant la ménopause.  Au moins autant que le soja… risque de cultures transgéniques en moins !  De plus, la quinoa n’a pas de gluten, ce qui en fait un aliment de choix pour toutes les personnes atteintes de maladie cœliaque.

 

 

Un succès mondial

À ces qualités nutritionnelles exceptionnelles, s’ajoute une grande plasticité qui lui permet de pousser dans des conditions difficiles : c’est en effet l’une des rares plantes à pouvoir pousser sur des sols salins et arides , à 4000m d’altitude, sans craindre de basses températures ! Rien d’étonnant qu’une telle plante, de haute valeur nutritionnelle, et capable de pousser dans des conditions aussi extrêmes soit considérée comme une céréale stratégique, dont la culture est vivement encouragée, même par les Nations-Unies. Les américains ont commencé à s’y intéresser dès les années 60 en la cultivant dans les montagnes du Colorado. Depuis, la culture de quinoa se développe dans le monde entier, des alpes autrichiennes  au Mont Sinaï, en passant par les contreforts himalayens ou les immenses étendues du désert de Gobi en Chine. Mais rien ne semble remplacer, tant au niveau des rendements que de la qualité nutritionnelle, la quinoa Real (du mot espagnol qui signifie « réel » , (et non « royal  » !)) , celle de la zone intersalar de l’altiplano bolivien . Une spécificité qui explique le prix d’or auquel se vend aujourd’hui la quinoa au marché de Chayapata ! En l’espace de 3 ans, les cours ont doublé, en partie doppés par l’entrée de la quinoa dans le marché occidental de la grande distribution. La quinoa se négocie aujourd’hui autour de  75 euros le quintal (46kg). (Soit plus que le quintal d’étain, autre richesse du pays ! ) Les premiers  bénéficiaires de cette hausse sont bien sûr les nombreux  boliviens qui se sont lancés dans la culture de quinoa (40 000 familles selon le ministère). Mais ce prix est tellement élevé que la quinoa est devenue un produit de luxe pour la majorité des boliviens, y compris pour les producteurs eux-mêmes, qui préfèrent tout vendre… et acheter des pâtes américaines. La tendance n’est pas prête de s’arrêter : Javier Guisbert, coordinateur de gestion territoriale indigène du ministère de la terre précise que le marché total de la production de quinoa représente aujourd’hui 14 millions de dollars, et qu’il pourrait au moins doubler à l’horizon 2018. Sans compter qu’explosion des cours oblige, la contrebande  fait rage  avec le Pérou voisin : l’an passé, des estimations officielles ont fait état d’une « fuite » de l’ordre de 30 à 40 % de la production, acheminée par camions entiers de l’autre côté de la frontière par de petites entreprises officiellement crées!

 

Mais des problèmes sociaux et environnementaux…

D ’un point de vue politique, cette «  ruée vers le grain d’or », interpelle quant à ses conséquences sur les organisations sociales, confrontées à d’inévitables conflits de territoire. En Bolivie, la gestion des territoires (les ayulls, ou territoires indigènes aymaras) est le fait d’« autorités ancestrales », distinctes des autorités administratives. Officiellement, pas de cadastre : la terre, en Bolivie, est propriété de la communauté qu’elle délimite, même si l’usufruit en revient à celui qui la travaille.  Les communautés des ayulls sont constituées de familles qui comme partout ailleurs dans le monde ont pu cherché un avenir meilleur dans les villes… Le succès de la quinoa leur a rappelé l’existence de leurs terres. Et des familles qui étaient parties des campagnes , sans pour autant  retournées aux travaux agricoles , se sont mises à gérer leurs champs de quinoa par téléphone depuis les villes, en employant des « péons » (ouvriers agricoles). Au sein des ayulls, les terres se répartissent aujourd’hui entre des permanents et de simples «  résidents », qui ne prennent  part que de très loin aux réflexions communes  sur la gestion des territoires. S’ensuivent, on imagine, quelques tensions… Résolument, l’union fait la force et il semble que la solution réside  dans le principe d’une organisation collective des producteurs, partie prenante et acteurs de leurs développements.  Plusieurs coopératives se sont ainsi créées, telles que CECAOT (Centrale de Cooperative Opération Terre), l’AOPEB (Association des Organisations de Producteurs Écologiques de Bolivie), Bolicert ou bien encore l’ANAPQUI (Association Nationale des Producteurs de Quinoa). Cependant, l’explosion récente des cours de la quinoa sur le marché international amène des industriels à « soudoyer » certains petits producteurs membres des coopératives. À première vue, ces industriels semblent respectueux des critères du commerce équitable ,  proposant même un prix d’achat légèrement  supérieur  aux cours du marché , sans autres contraintes. Romain Valleur, d’AVSF-Pérou (Agronomes et Vétérinaires sans frontières ), chargé d’évaluation par la plateforme française du commerce équitable d’une étude d’impact du commerce équitable de la quinoa,  rappelle que le commerce équitable n’est «  pas qu’une question de prix versé aux producteurs », mais  doit « contribuer réellement  au développement économique global de la région de production ».

 

Un développement durable ?

Autre point d’alerte : l’extension de la frontière agricole  depuis  les années 60. Les paysans de l’Altiplano ont augmenté les surfaces de culture. Ils se sont mis à cultiver les plaines, aidés par les tracteurs… et par le réchauffement climatique (la culture en plaines était auparavant limitée par un risque très élevé de fortes gelées). Ils ont peu à peu abandonné l’élevage de lamas et de moutons, dont les excréments étaient jusqu’alors les fertilisants naturels. Ils ont  de plus en plus recouru aux tracteurs pour les  récoltes et pour les labours, avec pour effet une érosion  des sols… Un paradoxe inattendu pour des techniques qui restent néanmoins plus proches des critères l’agriculture biologique que de ceux de l’agriculture conventionnelle ! Depuis quelques temps, des ONG sur le terrain agissent pour instaurer des pratiques plus durables. L’usage du tracteur est découragé, lors de la cueillette, les racines (qui peuvent atteindre jusqu’à 1m80 de profondeur !) sont laissées en terre,  des barrières vives sont plantées, on fait aussi très attention au sens des sillons… à respecter des temps de jachère, avec des cultures tournantes, sans intrants . Et même la  plupart des industriels ont intégré ces exigences dans leurs cahiers des charges.  Cela suffira-t-il ?, Selon Manuela Vieira Pak de l’IRD (Institut Recherche Développement) qui participe avec d’autres spécialistes du développement à étudient le phénomène au projet EQUECO (émergence de la quinoa dans le commerce mondial), «  les indiens ne voient pas l’avenir particulièrement en rose. Bien conscients que tout à une fin, ils envisagent même dans une échéance assez proche la fin de la fertilité de leurs terres. Qui peut dire si le combat des nombreuses ONG pour  mettre en place des méthodes plus durables  inversera la tendance ? Encore faudrait-il que l’on sache quoi faire ! Or les connaissances scientifiques sur les capacités de régénération des sols  sont pour le moins incertaines ». Ainsi, rien ne garantit que  la jachère de 2 ans préconisée soit suffisante pour reconstituer les sols : certains scientifiques disent qu’il faudrait 50 ans ! Que faire ? Il va sans dire qu’une chute des ventes de la quinoa entrainerait une ruine certaine de cette région du monde. Sur les étals, la quinoa continue de trôner, forte d’un succès qui n’est pas près de faillir. En tant que consommateurs bienveillants, à nous de savoir quelle quinoa choisir pour contribuer à soutenir une quinoa réellement labellisée commerce équitable. Sur ce point, faute d’un label univoque, les critères de l’organisation FLO (Fairtrade Labelling Organization) qui incluent les aspects sociaux, économiques et environnementaux liés au commerce des petits producteurs semblent , de l’avis de tous, demeurer seule référence réelle en la  matière.

 

 

 En savoir plus

 

Fairtrade Labelling Organization FLO

http://www.fairtrade.net/search0

 

AVSF

Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières

58, rue Raulin

69361 LYON Cedex 07

Tél 04 78 69 79 59

http://www.avsf.org/

 

 

 

ENCADRE  – Valeur nutritionnelle de la Quinoa

 

Valeur énergétique            390 Kcal

Hydrates de carbones        72g

Protéines                             22g

Fibres                                      4g

Lipides                                9,5g

Acides gras saturés         11%

acides gras insaturés      89%

 

Acides aminés (g/100g)

Histidines  2,7 g

Isoleucine  6,4 g

Leucine  6,8 g

Lysine  6,6 g

Threonine 4,8 g

Tryptophane 1,1 g

Valine 4,8 g

Arginine 7 g

Phenylalanine 4,6 g

Tyrosine 3,8 g

Méthionine 2,4 g

Cystine-cystéine 2,4 g

 

Vitamines

B1 30mg,

B2 28mg

B3 7 mg

C  3mg

Sels minéraux

P 530mg

Ca 130 mg

Fe 20,5 mG

Mg 260 mg

K 870mg

 

Selon le rapport  2008 de la PROINPA fondation

 

 

Le Quinoa est de la même famille que l’amaranthe, la bettrave sucrière ou l’épinard. C’est une pseudo céréale (les céréales appartiennent habituellement à la famille des Poacea) dont les plants varient de 0,5 à 2 m de haut.