Tous égaux face aux ondes ?

Voir aussi :

La maison des ondes

Téléphones-portables, un danger certain

Antennes-relais, une affaire d’état

Malades des ondes?

De l’avis de la Commission Européenne, les choses semblent loin d’être aussi tranchées qu’elles ne le sont pour l’Académie de Médecine ! Tout comme du côté du Parlement…tout le monde invite à une révision des normes …

<

p style= »text-align: justify; »>À Bruxelles, le  rapport de Frédérique Ries (1), une parlementaire belge, a été adopté au Parlement européen à une écrasante majorité (559 voix) le 2 avril dernier. Il réaffirme la nécessité d’appliquer le principe de précaution quant à l’exposition des citoyens aux champs électromagnétiques, faute de données scientifiques suffisantes. Selon le rapport « il faut agir rapidement, sans attendre le résultat des études scientifiques et appliquer le principe de précaution en limitant le champ électrique à trois volts par mètre (V/m) ». Comme l’ont déjà décidé neuf Etats membres. Il préconise également d’éviter d’implanter des antennes-relais ou des lignes haute tension à proximité d’écoles, de crèches, de maisons de retraite ou d’institutions de santé, de rendre public des cartes notifiant les degrés d’exposition aux ondes électromagnétiques. Et donc de réviser les normes limites d’exposition. Bien qu’aucune loi européenne n’oblige les États membres à prendre des mesures particulières en matière d’ondes, des normes limites d’exposition ont été fixées en juillet 1999 sur la base de valeurs préconisées par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) : les antennes-relais GSM, DCS et UMTS doivent être respectivement en dessous de 41,25, 58,33 et 61 V/m… Des valeurs qui restent élevées, permettant juste de garantir l’absence d’effets thermiques sur la santé. Version « soft » du principe de précaution, le principe   « Alara » (as low as reasonably achievable) repose sur le principe que l’exposition aux rayonnements doit être aussi faible que possible « raisonnablement ». À l’instar de certains États membres, qui l’appliquent déjà : la Grèce, la Pologne, ou l’Italie ont adopté des normes plus sévères d’exposition atteignant même 3 V/m en Belgique et au Luxembourg.
Un nouveau « Tchermobile » ?
En France, le dernier avis du SCENIHR , le Comité scientifique sur les risques de santé émergents et nouvellement identifiés  de la Commission européenne , ne semble pas avoir été pris en considération par l’Académie de Médecine, qui s’est arrêté à l’avant dernier, en date de janvier 2009. L’avis de février 2009 (1)  reconnaît la controverse scientifique et invite bien au contraire à la poursuite des études ! Quant à l’avis de l’OMS, rappelons qu’il nous donne rendez-vous en 2015 pour connaître le fin mot de l’histoire… D’ailleurs, quand l’Académie clame l’innocuité des antennes, Bernard Accoyer, en ouverture à l’audition publique du 6 avril dernier admet tout de même que «  Les chiffres font débat, car les effets sanitaires de l’exposition aux champs électro-magnétiques ne sont pas encore aussi complètement connus que nous pourrions le souhaiter. D’ailleurs le seront-ils un jour ? ».

La campagne « Tchermobile » initiée début 2009 par plusieurs associations (Artac, les amis de la terre,   Agir pour l’Environnement et Priartém..) veut alerter l’opinion publique et faire signer une pétition. C’est dans ce cadre qu’un sondage BVA par téléphone auprès d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus a été réalisé les 13 et 14 mars 2009 dernier. Résultats :  80% des sondés sont plutôt (35%) ou tout à fait (45%) favorables à une loi ayant pour objectif de règlementer davantage le développement des antennes relais ! Preuve en est, si besoin était, que les antennes, malgré les discours rassurants, continuent bel et bien d’inquiéter…

<

p style= »text-align: justify; »>Polémique autour de l’exposition
Avant même de pouvoir mener une étude sur l’impact sanitaire d’une exposition, il semble logique d’évaluer cette exposition ! Le professeur Jean-François Viel vient de publier une étude consacrée à la simple mesure de l’exposition aux ondes électromagnétiques d’une population. Pour mémoire, cet épidémiologiste de la faculté de médecine de Besançon  avait fait polémique en 1997 en publiant une étude menée sur la population voisine de la Hague évoquant un lien entre exposition aux rayonnements ionisants de l’environnement marin (lié à la fréquentation des plages et à la consommation de coquillages) et genèse des leucémies de l’enfant. Aujourd’hui, il récidive…l’étude a porté sur 184 personnes équipées d’un dosimètre enregistrant pendant 24 heures le champ électrique ambiant pour 12 radiofréquences différentes, toutes les 13 secondes, avec un seuil minimal de détection de 0,05 V/m. Les données (en moyenne 4441 enregistrements par participant !) ont ensuite été corrélées à la distance à laquelle se trouvait le domicile de la personne d’une source émettrice d’ondes électromagnétiques (antenne relais (GSM, DCS, UMTS) mais aussi émetteur de radio FM et de télévision).
Première surprise : ce n’est pas au plus près d’une antenne-relais de téléphonie mobile que l’on est le plus exposé aux ondes de radiofréquences qu’elle émet. L’exposition était en effet maximale à environ 280 m de l’antenne-relais en zone urbaine, et à 1 000 m en zone périurbaine.  Alors que la plupart des études épidémiologiques reposaient jusqu’à présent sur l’idée, apparemment logique, que plus on était proche d’une source électromagnétique, plus on y était exposé ! Par ailleurs, l’étude de Jean-François Viel a souligné que l’exposition aux ondes électromagnétiques était le fait d’antennes-relais, mais aussi et surtout d’émetteurs TV et radio… Deuxième surprise : les mesures d’expositions des personnes étaient extrêmement disparates, même lorsqu’elles se trouvaient dans des conditions d’exposition semblables.   Cette différence qui peut tenir au dosimètre, pourrait aussi, selon les auteurs, être liée à une sensibilité variable selon les organismes humains…
Les associations Agir pour l’environnement et Robin des toits sont aussitôt monté au créneau, publiant une « contre-enquête » contestant les résultats obtenus. Sur le premier point, elles   craignent qu’une telle étude ne soit utilisée pour éviter de légiférer à proximité d’une antenne , du fait que ses effets s’y feraient moins sentir. Elles redoutent aussi une remise en cause des études de corrélation entre antenne relais et troubles de santé, du fait de l’existence de nombreuses autres sources d’exposition, dont la radio ou la télé… (on peut noter de plus que les ondes TV et radio ne sont pas de même nature que celles de la téléphonie mobile, qui reposent sur des hyperfréquences…). On notera cependant la conclusion de  JF Viel: « Les recommandations internationales sont basées sur les effets thermiques observés des radiofréquences. Or il est clair qu’il existe d’autres mécanismes d’action, que nous ne connaissons pas. »

Clara DELPAS

Que  disent les études scientifiques sur les antennes- relais?
Comme les études se contredisent souvent, une façon de se rendre compte de l’état de la science est de les recenser , c’est ce que l’on nomme une « méta-analyse ». Ainsi, selon la dernière de ces « méta-analyses » (1), sur 14 études parues dans des revues scientifiques dites « à comité de lecture » (NDLR : les seules à faire « autorité » en science), recensées dans les bases de données de l’OMS et de l’institut américain pour la santé (NIH),  10 constatent une augmentation significative des symptômes étudiés en présence d’antennes-relais!
En France, une étude  « officielle » a été commanditée  par l’Afsset sur la question des antennes-relais. Les résultats devraient en être publiés peu avant que l’OPECST ne rende  ses conclusions définitives, c’est-à-dire probablement pas… avant fin 2009 !
(1) Kundi M, Hutter HP  « Mobile phone base stations-Effects on wellbei and health » Pathophysiology, mars 2009

(1) Rapport sur les préoccupations quant aux effets pour la santé des champs électromagnétiques,  Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité Alimentaire  (Rapporteure: Frédérique Ries), janvier 2009, 11 pages
(2) « Health Effects of Exposure to EMF » Scientific Committee on Emerging and Newly Identified Health Risks (SCENIHR), Commission Européenne, 19 janvier 2009, 84 pages
(3) Le site web de la campagne Tchermobile http://www.tchermobile.org

Article paru dans Alternative santé juin 2009

Posted in Book.