Golden Temple et crémations

On s’est lévé tôt mais bizarrement on a mis 3 heures à émerger. C’est bien de traîner aussi, la ville s’y prête bien, c’est comme si l’éternité de l’instant s’y  était arrêtée. «  A Varanasi , Bonjour Shanti … » résume Gaelle , l’âme poétique. Nous avions décidé de faire un jeune pendant trois jours ,parce qu’on est à Varanasi . C’est détoxifiant et plutôt bon pour la santé, et en plus c’est très sécure : dans les guides, on a lu tellement d’horreurs sur des trafics entre des restaurants qui servent de la cuisine empoisonnée pour ensuite pouvoir envoyer leurs clients dans des hôpitaux  dont les médecins sont de mêche avec eux. Gaëlle s’était pesée la veille à la gare des bus de Jaipur, sur un pèse- personne public et kitch, vraiment très indien, et qui lui a annoncé son poids idéal de déesse. Allez, encore moins 2kg !  On s’est dit qu’on allait commencer par une journée  plutôt tranquille, à déambuler dans les rues pour saisir l’esprit de la ville, et pour commencer, par  visiter le Golden Tempel, le Vishwanath Tempel , dédié à Shiva sous son incarnation de Vishwanath, seigneur de l’Univers.  En chemin, Eurekâ, une échope à lassi porteuse d’une pancarte WiFi free,enfin !  de la wifi gratuite, et un bon lassi à la banane pour Klara qui sans avoir vraiment mangé depuis la veille commençait à avoir mal à la tête (Gaëlle préfère aussitôt appeler sa maman, il est encore très tôt en France). Une heure  plus tard,(ben oui ça ne change pas ici, c’est toujours plus long de faire les choses) , Klara visite le temple la première, parce qu’on n’a pas le droit de rentrer avec les sacs , et que donc Gaelle fait   consigne dans la rue.  On flashe sur le nombre de policiers dans les ruelles aux abords de ce temple, policiers (ou militaires ? Leur uniforme est vert et ils ont des mitraillettes…) exclusivement  dévolus à la surveillance de ce joyau de l’hindouisme, haut lieu de pélerinage. Depuis l’affaire états-uniennes des deux tours en 2001, les indiens ont renforcé leur politique sécuritaire car le gouvernement craint aussi des attentats de la part des séparatistes cachemiriens par exemple. à l’intérieur de ce temple se trouve l’un des 12 joytris lingam du pays, c’est-à-dire un lingam particulièrement ancien (rappelons que le lingam est une sorte de symbole phallique associée à Shiva, et qu’il repose sur une yoni, symbole du sexe féminin.). Avant d’entrer dans le Golden Temple, on subit une fouille comme à l’entrée d’un aéroport, avec notamment un passage obligé dans un portique électronique. Puis en tant que touriste, on doit passer au bureau de police où deux policiers, l’un pour dicter l’autre pour écrire, notent scrupuleusement numéros de passeport , de visa etc… comme de règle, on laisse ses chaussures à l’entrée. Les offrandes sont facultatives, spontanément Klara achète pour 10 roupies une feuille bien fraîche et verte couverte de fleurs jaunes et rouges, repasse un check point,   fait la queue avec tous les hindous et entre sans problème dans le Golden Temple ! Aidée même par une garde armée du temple qui l’amène jusqu’au joyti lingam pour qu’elle puisse y déposer les fleurs et tremper ses mains dans la grande soupe qui entoure le lingam, soupe de lait, de cactus, de fleurs colorées…Et , en retour, se retrouve avec…une couronne de fleurs jaunes lancée par le brahmane autour du cou ! Le temps étant compté pour chacun dans le temple (les militaires y veillent en attrapant les fidèles pour les jeter dehors au bout de quelques dizaines de seconde !). Un jeune brahmane, 15 ans tout au plus, s’approche alors d’elle et l’emmène faire une série de cérémonies dans les temples entourant le Golden Temple. Cela commence par un autre temple à Shiva, puis un temple à Vischnou, où le brahmane lui passe une couronne de fleurs roses cette fois autour du cou. Klara repasse alors un autre point de sécurité, avec re-fouille corporelle. Traverse une vaste salle remplie de lingams, n’en avait jamais vu autant, de toutes les époques et de toutes les tailles. Le brahmane lui fait réciter des mantras , la fait tourner 5 fois autour d’un lingam rouge sur un autel bleu, puis entrer dans un temple à Hanuman où là le Brahmane officie pour la famille toute entière (z’en avez de la chance la famille), puis pour finir lui plaque la joue contre le marbre de l’autel. Tout cela a pris un certain temps, une bonne demi-heure,  et quand elle est sortie, Klara a vu Gaelle en pleine conversation avec le patron de la consigne des sacs : était-elle en train de  lui expliquer  notre stratagème pour s’épargner des frais de vestiaire ? Elle lui a dit : « vas-y, ça vaut le coup ! » Et a alors gardé le sac de Gaelle, qui a expédié la visite en 10mn, car il y avait trop de monde à l’entrée du temple trouvait-elle.  Elle a remarqué l’endroit où ils comptent l’argent, des montagnes de roupies , impressionnantes il est vrai. Même si l’hindouisme n’est pas une religion payante, les fidèles pensent aussi ici que plus ils mettent d’argent, plus leurs prières vont être exhaucées. Et les brahmanes les aident  à y croire, avec un brin de cupidité qui transparaît largement dans la façon qu’ils ont de vous regarder…et surtout lorsqu’ ils tendent la main à la fin des cérémonies… L’après midi se passe tranquillement, le soir, nous faisons une petite promenade le long des ghats, à la tombée de la nuit se déroule une série impressionnante de pujas pour le Gange, quasiment à tous les ghats. Au puja ghat, on se croirait dans un peplum sur l’antiquité, 5 danseurs dansent avec le feu, puis avec des plumes de paon, puis avec de l’eau puis avec des fleurs qu’ils lancent dans le fleuve. Klara profite du mouvement pour offrir aussi  sa couronne de fleurs roses au Gange. C’est ce qu’on lui a dit de faire. La première, une couronne d’œillets jaunes, avait fait le régal d’une grosse vache sacrée. Le soir, on retrouve les bad boys du Manakarnika ghat  (le burning ghat) et on boit…du  tchai (ben oui , qu’est-ce que vous croyez, on est en Inde ici…)

 

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One Comment

  1. Ben dis donc, quel karma les filles! Il y a 30 ans c’était strictement interdit aux non hindous d’entrer dans le Vishwanath Temple… On pouvait juste tenter d’entrevoir l’intérieur depuis la rue, ou alors depuis le premier étage de la maison d’en face — contre roupettes bien sûr!

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