Lundi 15 décembre 2009
Lundi matin , départ pour la Suède rencontrer Lari Pitkä-Kangas, le député maire vert de Mallmø avec Fatima Allaoui, la représentante des verts du Maroc. Mallmø est à peine à 45mn de Copenhague. L’occasion de prendre ce pont de plus de 8km si impressionnant qui relie le Danmark à la Suède. Dans cette ville il y fait encore plus froid, des flocons de neige sont en suspension dans l’air… et nous arrivons , sans rendez vous précis de fixé et un peu à l’improviste semble-t-il, je ne suis pas annoncée… Nous nous promenons dans les rues …froides et étranges. Où les supermarchés ressemblent à des monuments… étonnant, non? Ensuite, nous sommes reçues, et nous discutons un peu, je fais la photo de Fatima avec Lari Pitkä-Kangas.
Fatima a l’art de se faire des entrées partout et adore se faire prendre en photo à côté de « célébrités » avec lesquelles elle semble très copine …je l’aide à compléter sa collection en la photographiant avec José Bové, Elizabeth May, etc…
Je parle du nucléaire en Suède, de l’initiative de Mallmø de fermer la centrale nucléaire de Barsebaäck et la laisser refroidir d’abord parce qu’ en fait quand on ferme une centrale il faut attendre 15 ans que le coeur du réacteur refroidisse pour la démonter et encore il paraît que ça n’a encore jamais été fait. En Allemagne un projet de démontage similaire est en cours mais ils sont pas encore désinstallés la centrale. Et puis …que va-t-on construire dessus ?
Le midi, il nous invite à manger… je voudrais faire le direct comme prévu avec la radio et Fatima. Je presse un peu les choses – et il semble que Fatima m’en veut… Bref, pas commode… Du coup, il nous emmène manger des sandwiches ! Il y a son assistante aussi, dont le mari connaît bien le nucléaire et qui va prendre contact pour me donner toutes les infos que je veux. Je sais déjà que 64% de l’électricité suédoise est produite par des centrales nucléaires ! Ecolos les suédois , hein ! Surtout quand ils veulent utiliser la forêt boréale (qu’ils ont allégrement déforestés pour pouvoir s’installer) comme moyen de réduire leurs émissions de CO2 (bah oui, les arbres, ça piège bien le CO2, non ? alors pourquoi on n’en tient pas compte ?). Business as usual !
La police danoise et la prison du Klima
Bref, on repart, et décidément j’ai de la chance aujourdh’ui, je suis assise …à côté d’un fonctionnaire de police qui parle très bien français et duquel je peux avoir des précisions cinglantes : non, il n’y a pas eu d’émeutes, oui, les policiers ont eu des consignes. Il y a même eu d’installé, sur l’ancienne foire à bestiaux de Valby, la « Klimafängstet », la « prison du Klima » . Du Klimaforum évidemment! … Ici on y enferme les aktivists ! ça désigne à la fois des militants, des casseurs… un peu tout quoi… Une nouvelle loi vient de passer fin novembre, qui autorise les policiers à arrêter n’importe qui et de le mettre dans ce qui , nous dit-il, n’est ni plus ni moins que des cages à bestiaux, pendant 12heures sans autre formalité. De quoi calmer l’engagement… ou émuler la révolution !
La marche des femmes 2010
Lundi après midi , dans la journée toujours au Klima forum , j’ai assisté à une réunion pour la marche des femmes en juin 2010 avec des femmes du monde entier prêtes à se rassembler. La déclaration d’une femme de pêcheur philippin , était si poignante que je ne manque pas au plaisir de la retranscrire depuis mes notes , traduites en français, de ses mots, dits en anglais :
« Je me sens en tant que philippine particulièrement concernée par le réchauffement climatique, nous avons de plus en plus de typhons, et les femmes dont les récoltes ont été détruites par un typhon n’ont pas de quoi racheter des graines l’année suivante. Elles sont dans le cercle vicieux de la pauvreté. Elles expérimentent la faim, l’incapacité d’envoyer leurs enfants à l’école (bien que le gouvernement se targue d’avoir une éducation primaire gratuite) C’est pour cela que nous sommes ici, nous voulons dire aux grandes corporations que le problème du changement climatique n’est posé qu’en terme de « comment en tirer profit ! Les solutions doivent être des 2 côtés. Nous ne pouvons pas continuer à faire confiance à nos gouvernements, ils n’écoutent pas. Ils sont plus préoccupés à maintenir l’agrobuisness, particulièrement responsable. Le changement doit porter sur comment nous consommons, comment nous produisons. Ils pensent que nos ressources sont inépuisables. Je ne sais pas si les femmes peuvent survivre de façon durable quand se posent les problèmes de l’eau, de l’air.
Notre temps est compté- 70 ans environ- Notre environnement devrait avoir une durée de vie plus longue que l’espérance de vie humaine. Nous devons constuire de nouvelles solidarités. Je vois des volontaires, des gens qui ouvrent leurs maisons, nous pouvons amplifier cela et sauver la situation. Si nos voix deviennent plus fortes, ils nous entendront ! Il y a beaucoup de femmes créatives partout dans le monde ! Pour qu’on ait une planète vivante et plus durable ! »

Amparo Miciano (Philippines)
Une soirée un peu chaude à Christiania
Le soir j’ai rencontré Martine et Roch qui sont venus avec la caravane climatique depuis Genève et que j’ai rencontrés au Klimaforum, à la fabrik, au dessus du cinéma. Et ils m’ont invité à Christiania une ville qui a été installé dans les années 70 par des communautés hippies et qui est complètement libre , en autogestion totale . Un lieu un peu de brics et de brocs avec des planches de bois pour faire des maisons et une façon de vivre – réputé pour la drogue en vente libre, juste des drogues douces, l’herbe y est présentée en jolies éprouvettes de chimie ! j’étais invitée à cette fête, donc je m’y rends et, dans la rue, je croise la délégation bolivienne du off !!! Qui me dit qu’ils seront là demain et que je pourrais les interviewer au Bella Center. Vers 22h00 donc, j’arrive et je vois un camion rouge juste à l’entrée de Christiana qui était en feu mais fait un peu bizarre ça venait de l’intérieur du camion comme si on avait allumé le feu depuis l’intérieur dont je me suis dit c’étais que c’était un accident de traveller ou quelque chose comme ça en me disant « mais qui allumerait un feu dans un camion, ça paraît un peu bizarre, non ? » Enfin bon, le service de sécurité me laisse passer, je rentre et cherche la fabrik et le cinéma , à côté du Moonfisher- pour ceux qui connaissent. À peine arrivée, un jeune homme, Andy, arrive, essouflé les yeux rouges disant que les policiers sont entrés et qu’ils ont lancé des gaz lacrymo dans les allées et viennent chercher des blackblocs. Bon, d’accord, ce soir , il y a bien quelques activistes qui préparent quelques événements de protestation d’aujourd’hui mais qui organisaient les choses tout à fait pacifiquement . Des anarchistes (en blackbloc) auraient lancé des cocktails Molotov sur Christiania. En fait il y a surtout une fête sous le chapiteau qui a rapidement fini parce que ça fait du bruit la police… Certains ont été obligés de se plaquer au sol , voire bien serré par la police pas tendre du tout , on était un peu réfugié dans le cinéma , on pouvait voir depuis le premier étage de nombreux cordons de policiers , je peux pas dire combien y en avaient , qui couraient partout. Il y avait aussi un hélicoptère pas bon pour le bilan CO2, hein. pour éclairer toutes les allées parce que dans Christiania, y a pas de réverbères municipaux… Vite ça devient une ambiance assez inconfortable qui dure quand même jusqu’à 2h00 du matin . Enfin ça c’est à l’extérieur, parce que dans le dortoir du premier, on discute et on observe ce qui se passe, je rencontre Maxime, de Radio Panic à Bruxelles, qui font un truc vachement bien, à la « là bas si j’y suis » mais podcastable, les témoins de Copenhague sont invités à laisser un message sur le répondeur de la radio, et les messages sont téléchargeables sur leur site (www.deambule.be/cop2009). C’est très sympa, et bien sûr je peux utiliser les mp3 pour les passer sur Radio ici et maintenant. Enfin, à un moment il faut partir pour laisser dormir tout le monde, même si l’ hélicoptère continue de tourner encore après, mais disons que les policiers avaient décidé de se mettre aux points d’ entrées de Christiania et d’empêcher les gens de rentrer. Par contre pouvait sortir qui voulait à condition de faire pâte blanche et par une porte dérobée parce qu’à l’entrée principale ça bastonnait un peu parce qu’ il y avait des jeunes qui étaient là et les policiers aiment pas trop les jeunes , ils ont des jogging , des vestes avec les capuches qu’ils mettent sur la tête parce qu’il fait froid et on peut les comprendre, même moi j’ai un bonnet. Je les ai retrouvé après dans la rue. Et demandé leur témoignage. Je n’étais pas seule : je rencontre un reporter du ..Times, il travaille avec un joli petit carnet de notes et retranscrit fidèlement les propos des gens. Et surtout s’ils avaient vu des violences, personne n’en a vu non plus ! Les blacksblocks ? Euh, la nuit …tous les chats sont gris… Je tombe sur un policier sympathique qui a l’air convaincu « Oui, on est là parce qu’il y a des blacksblocks qui veulent détruire Christiania »…Ah oui ? Mais les blackblocks ne s’attaquent qu’aux symboles du capitalisme, Christiania, village un peu d’utopie anarchiste, serait quand même le dernier endroit qu’ils attaqueraient non ? Il poursuit, le policier (le badge presse, ça aide à faire causer les gens…) : « Ce soir, on a arrêté 150 anarchistes..ouh, ils sont terribles… » Je lui demande : « Mais qu’ont-ils fait ? » Il me dit : »Ils ont lancé des cocktails Molotov et brûlé un camion » . Ah oui…celui que j’ai vu à l’entrée… Les cocktails Molotov ? On les aurait vu et entendu non ? Christiania a beau faire 32 ha, dans le noir, ça flasherait, bizarre, personne n’a rien vu..Dans la rue, pareil, à part ces jeunes qui étaient à la fête, à 2h30 du matin, tout Copenhague dort sur ses deux oreilles… Je prends le métro, qui durant le COP 15 fonctionne 24h/24 ! Ce que je pense mais la ce n’est que mon avis c’est que Christiana et la vie libre autogérée ça arrange pas trop les affaires de la ville… c’est une zone de non-droit comme le rappelait le fonctionnaire de police et puis surtout ce sont 32 ha , on pourrait y faire un joli parc ou un ensemble immobilier. Mais n’imaginons pas qu’une municipalité pourrait profiter d’un tel événement pour fermer définitivement un quartier sujet à caution depuis des années en prétextant que ce sont les émeutes de méchants blacksblocks qui l’ont détruit, non, ce serait vraiment faire du mauvais esprit…En tout cas, je n’ai pas vu de bagarres , aucune bagarre, j’ai vu des policiers très énervés et qui couraient partout – des gazs lacrymogènes .