Pourquoi j’ai jeté tous mes ustensiles de cuisine en plastique noir…

19 décembre 2024 . Figurez-vous que, informée d’une étude internationale pointant le danger des ustensiles de cuisine faits de plastique noir – tout pleins de « Black Carbone » ou «charbon suie », un composé toxique car contenant un peu tout et n’importe quoi, et notamment du déchet électronique – j’ai jeté tous les ustensiles de cuisine faits de plastique noir « à la jaille ».

Ou plutôt , je les ai apportés à ma Ressourcerie préférée en faisant la maline à leur dire « Surtout, ne les mettez pas au rayon vaisselle, ces trucs sont toxiques. Si je vous les rapporte, c’est qu’on peut pas les recycler il parait et je ne sais pas quoi en faire. »

Les ustensiles de cuisine de plastique noir seraient susceptibles de relarguer des perturbateurs endocriniens dans les aliments avec lesquels ils sont en contact…

L’origine de l’avertissement, c’était un article très sérieux de la revue scientifique « Chemosphere» paru en octobre 2024 (1). Les chercheurs avaient mesuré le relargage de retardateurs de flamme bromés contenus dans ces plastiques noirs. Et conclu que dans certains cas, de dangereux seuils de toxicité étaient atteints. Et que l’homme pouvait ainsi se contaminer par voie alimentaire, suite à la migration de ces dangereux composés dans la nourriture , depuis les ustensiles servant à la touiller. Seule solution : par prudence, se débarasser des dits ustensiles.

Mais le plus sérieux des chercheurs n’est pas à l’abri d’une erreur de calcul – ce qui non seulement aurait pu faire une jolie fable de la Fontaine mais aussi  me rassure, très égoïstement, ayant pour ma part toujours été nulle en maths… Et il se trouve que dans le numéro de décembre du même Chemosphere (2) , les auteurs se confondent en excuse de s’être trompés d’échelle (de valeurs) , et pas qu’un peu puisque c’est d’un facteur 10 – ça la fout mal !

En fait, ils se sont trompés en faisant une multiplication afin de  calculer la dose limite à laquelle peut être exposée  un adulte de 60 kg . La norme américaine étant de 7000 nanogrammes / kg/ jour, c’est pour un adulte de 60kg  une dose 60 fois journalière 60 fois plus élevée qui peut être tolérée, soit   420 000 nanogrammes par jour . Mais les chercheurs l’ont évaluée à   42 000  nanogrammes,   dans leur article initial ! La bourde !  Les ustensiles de cuisine les plus contaminés n’exposent pas à une migration supérieure à plus de  34 700 nanogrammes de composés bromés dans les aliments , ce qui serait  toujours moins que les « valeurs autorisées » pour un adulte de 60kg.  Mais qu’en est-il pour les enfants ? Et, par ailleurs, les experts notent que les taux de composés bromés migrant de ces produits ne sont pas très clairs.

Après, évidemment, on peut se demander sur quelles bases ont été fixées ces  « valeurs autorisées », s’agissant de composés perturbants notamment les fonctions endocriniennes, on peut supputer qu’elles sont de toutes les manières probablement toujours trop élevées. Mais les fabricants d’ustensiles de cuisine en plastique noir, qui avaient probablement eu quelques suées à lire l’article initial,   doivent être désormais rassurés.  Même si, comme tous les marchands de doute, certains scientifiques ne manquaient pas d’  expliquer que quand bien même les valeurs limites seraient dépassées –  ce qui arrive parfois tout de même ! –  il ne s’agirait pas de confondre risque et danger, citant à l’appui les habituels exemples :  un couteau n’est pas une arme tant qu’il n’est pas utilisé comme tel ou encore un requin n’est dangereux que si l’on se trouve dans l’eau à côté de lui  – s’il est dans la mer, et qu’on se trouve dans son canapé on ne craint rien. Cela va sans dire – mais ça va mieux en le disant, aurait dit Pierre Dac. Avec l’ erreur  reconnue des auteurs de l’étude, cette dernière a évidemment beaucoup moins d’impact.  

En tant que consommateur, cela ne suffira évidemment pas non plus à nous convaincre que   les normes relatives à des produits chimiques sont fixées « pour nous protéger ». On sait bien qu’elles sont établies  de manière plus arbitraire que scientifique, principalement pour permettre la mise sur le marché de produits toxiques qui ne devraient pas s’y trouver. En somme, à quoi servent -elles si ce n’est à délimiter un « seuil d’empoisonnement acceptable » ?

Et on aura beau rappeler que l’étude ne mentionnait pas plus de  8% des ustensiles   particulièrement contaminés, cela ne suffit pas à nous rassurer.  Car quand on tombe sur un ustensile contaminé, ben , …c’est 100% !

Finalement, même si l’erreur est humaine, le seul moyen d’être certain de se prémunir des risques des ustensiles de plastique noir…c’est ou de s’en débarasser, ou de les laisser pendus à leur crédance, façon déco – c’est pas très joli quand même et pis ça prend d’la place.

Que sont  les erreurs de calcul de chercheurs qui sont supposés vérifier leurs calculs si ce n’est    la  preuve flagrante ou de  l’étendue de leur ignorance ou de leur soumission aux intérêts industriels ? Je ne regrette pas m’en être débarassé, tout cela suggère plutôt de  ne pas s’en servir !!

 (1)Megan Liu, Sicco H. Brandsma, Erika Schreder « From e-waste to living space: Flame retardants contaminating household items add to concern about plastic recycling » Chemosphere, Volume 365, October 2024, Pages 143319

(2) Megan Liu, Sicco H. Brandsma, Erika Schreder « Corrigendum to ‘From e-waste to living space: Flame retardants contaminating household items add to concern about plastic recycling’ [Chemosphere 365 (2024) 143319] »

« The Substance », ou la dualité de la moi-elle

14 décembre 2024 – Un body-horror français? C’est ce qui m’a poussé à aller voir ce film de Coralie Fargeat. À la fois fiction sur le « dur désir de durer » et romance féministe autour de la vengeance d’une femme, « The substance » (en anglais dans le texte) , propose une allégorie de l’elixir de jeunesse et de la fontaine de jouvence, version Doppelgänger . L’histoire, en 3 mots : Elisabeth Sparkle dure depuis trop longtemps , on l’a virée de son émission de télé ; après avoir eu un méga accident de voiture en rentrant chez elle – elle n’arrive même plus à conduire sa vie! – , à l’hosto, un infirmier tâte son dos , mais ce n’est même pas pour la draguer. Il la juge « compatible », il lui dit mystérieusement que « ça a changé sa vie ». L’ex-star rentre chez elle, trouve dans sa poche une clé USB titrée the Substance qui lui parle « d’une meilleure version d’elle-même » qu’elle peut générer grâce à elle. Après quelques hésitations, elle se procure le kit, dans un vieil entrepôt désaffecté , et se l’injecte. Un clone d’elle (en plus jeune donc plus belle) lui sort de l’échine dans une scène digne d’Alien, comme une sorte d’enfant dans le dos? La règle, c’est l’alternance : 7 jours pour la version jeune, 7 jours pour la version vieille. Et il s’agit d’une seule et même personne. Sauf que la version jeune et belle finit par se prendre pour un individu, elle utilise la version veille comme substrat pour se régénérer, et la « pompe » au sens littéral, dans la moelle (la substantifique moelle?) . Quant à la version vieille, celle qui a décidé de l’expérience, elle se trouve à chaque fois qu’elle retrouve son état, comme dépossédée d’elle-même, se sentant remplacée, niée, c’est-à-dire…reléguée au rang où on l’a placée depuis le début ! Son état mental, loin d’évoluer, devient de plus en plus psychopathique. Elle cherche à marquer son territoire, en bouffant n’importe quoi, en faisant n’importe quoi dans son appartement. Au point de devenir de plus en plus haïssable à sa version jeune. Cette dernière devient une rivale qui la met en danger. et la fait vieillir de plus en plus vite. Pourtant, rappelle le mystérieux interlocuteur qui gère le service après-vente de the substance, les « deux sont une », elles sont une seule et même personne. Comme la dualité que nous pouvons porter en chacun de nous, ces deux parties sont cependant rivales et ennemies, jusqu’à s’anéantir l’une et l’autre. La belle ne pouvant pas exister sans la bête. Tandis que la bête , pour pouvoir continuer à vivre, doit accepter de tuer la belle …

Qui est derrrière l’expérience? Une scène nous montre Elisabeth Sparkle prendre un café dans un restau situé non loin du hangar où elle s’approvisionne en kits pour poursuivre l’expérience. Et…son voisin semble être la version vieille de l’infirmier qu’elle avait vu à l’hôpital, son portefeuille tombe, il a une carte d’approvisionnement portant le code 207. Elisabeth a le code 503… on suppose ainsi qu’ils sont plusieurs centaines à prendre la substance …et se sont fait avoir . Car tous se retrouvent confrontés au même problème, se vivant relégués à l’arrière plan par la meilleure version d’eux-mêmes. Mais comment espérer rester intègralement bien avec soi-même quand on ne rêve que d’ être quelqu’un d’autre? The substance questionne aussi l’amour de soi …

Pas de pitié pour les pigistes malades!

Inflation Rester bio malgré la crise (p.95)

le 1er novembre 2023 pour 60 millions de consommateurs Hors série PREMIERS PRIX

NB. Les rédactions sont sans pitié pour les pigistes malades…écrit au mois d’août, quand j’avais le covid et que j’étais en burn out, cet article, pourtant réécrit trois fois,  a été pudiquement signé « la rédaction ». Et payé à bas prix. Sympa. Je pourrais aussi mentionner  » Petits prix versus marques nationales le match des produits bruts » (p.42-47)que j’avais commencé à documenter (en particulier la recherche des produits) mais que je n’ai pas pu écrire, pour cause de Covid et de Burn Out (mais non écrit = non travaillé! et donc carrément non payé…)

 

De Hopenhaguen à Flopenhaguen

jeudi 17 décembre 2009

Aujourd’hui, il neige, et les ONG au Bella Center ont été muselées. Même pas muselées en fait…déportées. Au Bella Center, leur participation a été limitée à 300 délégués. C’est ce que dit le programme du jour…Les ONG disent que l’organisation leur a annoncé 90 délégués seulement…C’est très vide, y compris sur les stands…
Elle avait déjà été réduite de 15.000 à 7.000 puis à 1.000 entre lundi et mercredi…Du coup, il n’y a plus que des décideurs et des journalistes.
ça n’empêche que c’est un peu le bazar dans la ville, on a coupé des ponts, les bus ne roulent plus et il faut faire de la marche et escalader les ponts installés… et puis dans le métro c’est la cohue, un peu…

La voix du peuple? on l’a faite taire. où est-elle passée? Officiellement, un « forum » spécifique se tient au forum, un lieu situé dans Copenhague lui-même. Dans les faits, l’opération coûte plutôt cher aux ONG, certains semblent décidés à repartir chez eux convaincus qu’ils sont passés de Hopenhaguen à Flopenhaguen

Le grand show final
Bella Center est presque transformé en plateau de TV. Tout le monde est prêt pour l’échec. Dans la grande salle où se tiennent les grands du monde, les présidents se succèdent et font des déclarations. Bien évidemment, j’ai écouté celle d’Evo Moralès. Il s’est déclaré perturbé par la désorganisation du sommet, à l’heure où les gens du monde attendent des solutions pour sauver des vies. Il s’étonne qu’on ne parle que des effets et non des causes du changement climatique, qui pour lui viennent du capitalisme. Il a rappelé qu’il n’y avait que deux façons de vivre, la culture de la mort (le capitalisme) et la culture de la vie (le socialisme).Or ici, personne ne dit la vérité, personne ne proteste contre le capitalisme. Pour lui, les droits de la Terre sont plus importants que tout, il est temps que les Nations-Unies les proclament, ces droits de la Terre mère… J’ai aussi écouté notre Président à nous, qui est sur une réduction des gaz à au moins 50% (voire 80% pour les pays industrialisés qui ont une dette historique avec les autres). Et qui a fait un discours très autoritaire, répétant à plusieurs reprises une formule comme un mantra « Qui osera contester? »… Aujourd’hui, le sommet bat son plein…sauf pour ceux qui auraient vraiment fait sans doute un peu plus de poids dans les négociations en y apportant des aspects humains que ni les rapports économiques ni les blablas de la plupart des politiques ne prennent en considération.

voici, comme les balais de l’expo de design vus hier , tout ça ne fait que soulever de la poussière…

En direct ça donne que à 23h… ils ont déjà environ 2heures de retard, que le président français a annoncé une session extraordinaire de discussions cette nuit….
La salle est étonnemment vide….en fait, la reine du Danemark donne un dîner de gala ce soir et ils y sont tous…Du coup, à quoi servent les discours? c’est probablement vraiment du show télé. Chacun y va de son discours et de ses bonnes intentions pour le COP 15. Dans les faits, ils parlent devant des chaises vides! à quoi ça sert pour négocier! et ils font comme s’ils parlaient au monde, alors que le monde est en train de dîner…

Reclaim Power Day

Mercredi 16 décembre 2009

Une action mondiale de Climat Justice Action/ Climat Justice Now
Beaucoup de gens mobilisés, notamment la Via Campesina (dont fait partie la Confédération paysanne) qui organisait une marche pacifiste avec au bout la constitution d’une Assemblée populaire. La manifestation était autorisée par les forces de police jusqu’à ce qu’ils craignent un débordement. En fait, tôt le matin déjà il y avait eu quelques prémices comme l’attaque du local à vélos des Bike blocs et la dissolution quasi complète du green block, des gens d’ONG accréditées à entrer dans le Bella Center et à participer aux sessions plénières pour y intervenir de façon fracassante. Quand les manifestants sont partis, c’était pour aller jusqu’au Bella Center, enfin son parking, malgré le froid piquant d’hiver…Quand ils sont arrivés, les T-Gas de la police les attendaient, et les matraques, et les chiens. Conformément aux consignes, pas un n’a moufeté, pas un n’avait peur de se faire arrêter. Certains ont pu s’enfuir, non sans mal. Parfois en tombant dans le petit ruisseau d’eau croupie qui borde le centre. Beaucoup se sont fait frapper à coût de matraque et mangeaient du citron pour éviter de s’empoisonner avec les gaz lacrymo. Un peu épique. La police danoise est odieuse de violence.

Dans la journée j’interviewe les paysans de la Via Campesina.
JJ Polong, de l’Indonesia Peasant Union de la province indonésienne du Sud Sumatra. Et Alicia Munios Toledo d’un syndicat de femmes paysannes du Chili.

Le soir Climate Justice Action donne sa conférence de presse, ils ont été tellement balancés dans la journée que la conférence de presse change trois fois d’endroit avant de démarrer.
Claude Giraud, de la confédération paysanne, y fait une jolie déclaration. Il faut dire qu’il y a des journalistes et beaucoup de membres d’ONG.
Et pour finir, tout le monde salue l’intervention de Zoï activiste de Climat Justice Action à la plénière des ministres et chefs d’état, le 16 décembre, et de son collègue hollandais. Ils ont été accueillis par des applaudissements avant de se faire jeter sans violences par la police. Ils avaient dans leur main des alarmes d’auto-défense dont ils avaient soigneusement caché la clé sur eux… Et qu’ils ont lâché dans la salle.

En fin de journée, et bien, je visite un joli musée du design.
Et je vais dîner d’un pad thai bien épicé pour revenir bosser à l’auberge que le responsable de ce soir a décidé de fermer tôt. Du coup, je me retrouve à faire du montage dans le couloir des chambres…. jusqu’à pas d’heure…

Comment je ressens les négociations du côté des O.N.G.?

mardi 15 décembre 2009

Il semble qu’elles aient compris que Copenhague sera un échec et sont super pessimistes . Pour beaucoup d’entre elles, la seule solution semble être d’amener les citoyens à se mobiliser et à dire qu’ils ne sont pas contents et à faire pression sur leurs dirigeants . Une déléguée des Philippines de la Via Campesina simplifiait en rappelant que certains gouvernements du Sud n’avaient pour intérêt et ambition que de préserver leurs privilèges économiques et se montreraient extrêmement conciliants avec le pays du Nord pour ne pas être très contraignants dans le monde contentant les propositions qu’il savait faire part pour l’accord. C’est-à-dire qu’ils sont prêts à souscrire n’importe quoi et ne partageaient pas l’opinion des populations qui restent vraiment les seuls garants du maintien de leur biodiversité et du maintien de leurs forêts pour la réduction des émissions pour la disparition des industries et des OGM etc. et que leur gouvernement ne les représente absolument pas .

C’est un appel à une solidarité mondiale , que le Nord donne la main au sud. Naomi Klein aux Angry Mermaid Awards dénonçait ce matin le fait qu’ ici il n’y a aucun atelier sur la contribution des industries pétrolières ou de biotechnologies au réchauffement climatique, aucun atelier, comme si on voulait ne fâcher personne, qu’on s’appliquait à rester très politiquement correct… et en terme de négociations surtout ne pas citer des noms surtout pas parler de tout ça oui. Ces industries qui arrivent à tirer parti des désastres écologiques pour se faire leur beurre.

Les Angry Mermaid Awards (les Awards de la petite sirène en colère) récompensaient les industries les plus opposées au processus de Copenhague , Monsanto a été désigné à 37% des 10 000 votants de l’opération, organisée par Attac Danemark, Friends of Earth et autres ONG. D’ailleurs, il ne semble pas qu’une ONG ait plus de poids qu’une autre, bon d’accord, Greenpeace a deux bateaux dans les ports de Copenhague .

En plus, les accréditations sont de plus en plus difficiles à obtenir, ce que certaines O.N.G. dénoncent comme étant une façon de limiter les discussions et surtout la les interruptions éventuelles de la bonne marche des négociations car où il y a des O.N.G. un peu un peu actives elles sont susceptibles d’intervenir et de dénoncer les incohérences, les fausses solutions aussi qui sont proposées et sur que ça perturbe la marche des négociations

le jour de l’humanité?

mardi 15 décembre 2009

Ce matin, je me lève à 6h, faut dire qu’on est 6 dans la chambre maintenant , dont deux ronfleuses symbiotiques, et avec cette soirée agitée, dès que je fermais les yeux je voyais des policiers déguisés en blackblockers partout. Pour arriver avant 9h au Bella Center.

Grande effervescence au Bella Center

Avant d’arriver au bus , je vois une voiture…cassée bizarrement, et une seule. Je prends le métro à Christiania, et bien tout est tranquille, les bicyclettes roulent… La station Bella Center, compte-tenu de la foule…est fermée!! On doit attendre une bonne heure avant d’entrer. C’est là que je rencontre, dans la queue pour rentrer, un membre de la délégation française, chargé de négocier pour la Nouvelle Calédonie, qui je ne savais n’était pas incluse dans le protocole de Kyoto. J’en profite pour lui demander le nombre de délégués français, de 50 à 100 me dit-il. Pour le COP15, tiens au fait, comment cela se passe pour les territoires d’outremer ? Et bien la nouvelle calédonie, de par sa grande biodiversité a été incluse au COP15, mais en fait chaque pays faisait un peu comme il voulait…de ce que j’ai compris. Puis, je pars à la recherche de la session pléinière pour retrouver la délégation bolivienne. Je me trompe de session (…) , quand j’arrive, la session des G77+Chine où siège la Bolivie est déjà terminée. Ils sont venus à 15, les Boliviens ! Et ils s’assoient dans la salle, comme des citoyens normaux. Ils n’ont pas de bureau dans les délégations, comme le Vénézuéla d’ailleurs. Tout ça pour dire que je les cherche…Et comme je ne les trouve pas, je me coltine plein de conférences de presse, Climate Justice Action et Climate Justice Now annoncent une manifestation de Désobéissance civile non violente. La via campesina parle des manifs de demain. Les scientifiques du Copenhague Diagnosis donnent un état alarmant du réchauffement climatique. Le GIEC est déjà vieux! Les dernières données établissent qu’on statue pour un réchauffement climatique de …3,5°C!!! (quand on parle de 2°C, avec les seuils actuellement envisagé, ce ne sera pas atteint) . J’interviewe Corinne Le Quéré pour la radio du coup. Et au final, dans le hall…je tombe sur une partie de la délégation bolivienne…qui a son interprète qui parle anglais et qu’ils ont la gentillesse de chercher pour qu’on fasse un interview. Décidément, je n’arrête pas.

Par pitié, accordez-vous, le monde vous regarde!
Le soir j’assiste à une conférence officielle d’un appel aux consciences Alors qu’on sent bien que les citoyens n’y croient plus vraiment, les dirigeants du monde vont arriver, et il va falloir qu’on arrive à un accord. La conférence qu’ils ont donné, Rasmussen en tête, le premier ministre du pays, montre que les organisateurs aimeraient que tout le monde signe l’accord. On se demande sur quoi ils négocient si l’accord n’a plus qu’à être signé. Rasmussen se veut persuasif, il y va à coup de citations fortes comme « Le courage, c’est de se lever et de parler. Mais c’est aussi de s’asseoir et d’écouter » WC Churchill. Et conclue d’un « Nous devons changer… C’est le message des scientifiques, Nous pouvons changer, c’est le message de la technologie. Nous voulons changer…c’est le message des citoyens »(Comme diraient les tibétains de Climate Justice Now : « Bla bla bla » « Yak Yak Yak »!!!!)

Bank ki moon, le secrétaire général des nations unies, veut « écrire un futur différent… » (mais le futur s’écrit il à l’avance?) Il rappelle que 10 milliards de dollars par an résoudraient tous les problèmes. Lui demande un accord contraignant légalement en 2010. Car « la nature ne négociera pas avec nous » comme certains cherchent à négocier avec le climat.

Connie Hedegaard, la présidente de la COP15 et de la CMP5, nous fait un show digne des charity show à l’américaine, jouant sur la corde sensible de l’humanitaire, avec ces pauvres africains qui meurent de faim…et ses pauvres sur les routes, attendant que leurs leaders se mettent d’accord… »Le mot clé pour les prochains jours : compromis ! car l’échec reste possible. Elle est émue, fatiguée, un brin ébouriffée, est-elle le porte parole de l’humanité toute entière ? Elle semble en avoir marre des mauvaises têtes de cette réunion des parties .

Yvo de Boer, secrétaire exécutif de l’unfcc (a peut-être la gripe a , semble fiévreux et tousse..) , nous la joue un peu sur le même mode, dessins d’enfants à l’appui…

Le prince de galles a rappelé que « le monde entier nous regarde »…

Wangari Matthai Prix Nobel de la paix 2004 a brossé le poil des organisateurs, salué les efforts du gouvernement danois. Elle semble savoir où elle doit se montrer : invitée aux forums des alters, on ne l’a guère vue! Elle doit avoir ses raisons…

Je passe beaucoup de temps à écrire, hein ? J’ai l’impression de ne plus faire que ça… Cet après midi par exemple…Bon, d’accord, j’avais du temps à rattraper… bon, allez c’est tout pour aujourd’hui, je viens d’apprendre que Tadzio Mueller, un des leaders De CJA-CJN a été arrêté. La police a envie d’énerver on dirait.

Jour 5

Lundi 15 décembre 2009

Lundi matin , départ pour la Suède rencontrer Lari Pitkä-Kangas, le député maire vert de Mallmø avec Fatima Allaoui, la représentante des verts du Maroc. Mallmø est à peine à 45mn de Copenhague. L’occasion de prendre ce pont de plus de 8km si impressionnant qui relie le Danmark à la Suède. Dans cette ville il y fait encore plus froid, des flocons de neige sont en suspension dans l’air… et nous arrivons , sans rendez vous précis de fixé et un peu à l’improviste semble-t-il, je ne suis pas annoncée… Nous nous promenons dans les rues …froides et étranges. Où les supermarchés ressemblent à des monuments… étonnant, non? Ensuite, nous sommes reçues, et nous discutons un peu, je fais la photo de Fatima avec Lari Pitkä-Kangas.
Fatima a l’art de se faire des entrées partout et adore se faire prendre en photo à côté de « célébrités » avec lesquelles elle semble très copine …je l’aide à compléter sa collection en la photographiant avec José Bové, Elizabeth May, etc…
Je parle du nucléaire en Suède, de l’initiative de Mallmø de fermer la centrale nucléaire de Barsebaäck et la laisser refroidir d’abord parce qu’ en fait quand on ferme une centrale il faut attendre 15 ans que le coeur du réacteur refroidisse pour la démonter et encore il paraît que ça n’a encore jamais été fait. En Allemagne un projet de démontage similaire est en cours mais ils sont pas encore désinstallés la centrale. Et puis …que va-t-on construire dessus ?
Le midi, il nous invite à manger… je voudrais faire le direct comme prévu avec la radio et Fatima. Je presse un peu les choses – et il semble que Fatima m’en veut… Bref, pas commode… Du coup, il nous emmène manger des sandwiches ! Il y a son assistante aussi, dont le mari connaît bien le nucléaire et qui va prendre contact pour me donner toutes les infos que je veux. Je sais déjà que 64% de l’électricité suédoise est produite par des centrales nucléaires ! Ecolos les suédois , hein ! Surtout quand ils veulent utiliser la forêt boréale (qu’ils ont allégrement déforestés pour pouvoir s’installer) comme moyen de réduire leurs émissions de CO2 (bah oui, les arbres, ça piège bien le CO2, non ? alors pourquoi on n’en tient pas compte ?). Business as usual !

La police danoise et la prison du Klima

Bref, on repart, et décidément j’ai de la chance aujourdh’ui, je suis assise …à côté d’un fonctionnaire de police qui parle très bien français et duquel je peux avoir des précisions cinglantes : non, il n’y a pas eu d’émeutes, oui, les policiers ont eu des consignes. Il y a même eu d’installé, sur l’ancienne foire à bestiaux de Valby, la « Klimafängstet », la « prison du Klima » . Du Klimaforum évidemment! … Ici on y enferme les aktivists ! ça désigne à la fois des militants, des casseurs… un peu tout quoi… Une nouvelle loi vient de passer fin novembre, qui autorise les policiers à arrêter n’importe qui et de le mettre dans ce qui , nous dit-il, n’est ni plus ni moins que des cages à bestiaux, pendant 12heures sans autre formalité. De quoi calmer l’engagement… ou émuler la révolution !

La marche des femmes 2010

Lundi après midi , dans la journée toujours au Klima forum , j’ai assisté à une réunion pour la marche des femmes en juin 2010 avec des femmes du monde entier prêtes à se rassembler. La déclaration d’une femme de pêcheur philippin , était si poignante que je ne manque pas au plaisir de la retranscrire depuis mes notes , traduites en français, de ses mots, dits en anglais :

« Je me sens en tant que philippine particulièrement concernée par le réchauffement climatique, nous avons de plus en plus de typhons, et les femmes dont les récoltes ont été détruites par un typhon n’ont pas de quoi racheter des graines l’année suivante. Elles sont dans le cercle vicieux de la pauvreté. Elles expérimentent la faim, l’incapacité d’envoyer leurs enfants à l’école (bien que le gouvernement se targue d’avoir une éducation primaire gratuite) C’est pour cela que nous sommes ici, nous voulons dire aux grandes corporations que le problème du changement climatique n’est posé qu’en terme de « comment en tirer profit ! Les solutions doivent être des 2 côtés. Nous ne pouvons pas continuer à faire confiance à nos gouvernements, ils n’écoutent pas. Ils sont plus préoccupés à maintenir l’agrobuisness, particulièrement responsable. Le changement doit porter sur comment nous consommons, comment nous produisons. Ils pensent que nos ressources sont inépuisables. Je ne sais pas si les femmes peuvent survivre de façon durable quand se posent les problèmes de l’eau, de l’air.

Notre temps est compté- 70 ans environ- Notre environnement devrait avoir une durée de vie plus longue que l’espérance de vie humaine. Nous devons constuire de nouvelles solidarités. Je vois des volontaires, des gens qui ouvrent leurs maisons, nous pouvons amplifier cela et sauver la situation. Si nos voix deviennent plus fortes, ils nous entendront ! Il y a beaucoup de femmes créatives partout dans le monde ! Pour qu’on ait une planète vivante et plus durable ! »

Amparo Miciano (Philippines)

Une soirée un peu chaude à Christiania

Le soir j’ai rencontré Martine et Roch qui sont venus avec la caravane climatique depuis Genève et que j’ai rencontrés au Klimaforum, à la fabrik, au dessus du cinéma. Et ils m’ont invité à Christiania une ville qui a été installé dans les années 70 par des communautés hippies et qui est complètement libre , en autogestion totale . Un lieu un peu de brics et de brocs avec des planches de bois pour faire des maisons et une façon de vivre – réputé pour la drogue en vente libre, juste des drogues douces, l’herbe y est présentée en jolies éprouvettes de chimie ! j’étais invitée à cette fête, donc je m’y rends et, dans la rue, je croise la délégation bolivienne du off !!! Qui me dit qu’ils seront là demain et que je pourrais les interviewer au Bella Center. Vers 22h00 donc, j’arrive et je vois un camion rouge juste à l’entrée de Christiana qui était en feu mais fait un peu bizarre ça venait de l’intérieur du camion comme si on avait allumé le feu depuis l’intérieur dont je me suis dit c’étais que c’était un accident de traveller ou quelque chose comme ça en me disant « mais qui allumerait un feu dans un camion, ça paraît un peu bizarre, non ? » Enfin bon, le service de sécurité me laisse passer, je rentre et cherche la fabrik et le cinéma , à côté du Moonfisher- pour ceux qui connaissent. À peine arrivée, un jeune homme, Andy, arrive, essouflé les yeux rouges disant que les policiers sont entrés et qu’ils ont lancé des gaz lacrymo dans les allées et viennent chercher des blackblocs. Bon, d’accord, ce soir , il y a bien quelques activistes qui préparent quelques événements de protestation d’aujourd’hui mais qui organisaient les choses tout à fait pacifiquement .  Des anarchistes (en blackbloc) auraient lancé des cocktails Molotov sur Christiania. En fait il y a surtout une fête sous le chapiteau qui a rapidement fini parce que ça fait du bruit la police… Certains ont été obligés de se plaquer au sol , voire bien serré par la police pas tendre du tout , on était un peu réfugié dans le cinéma , on pouvait voir depuis le premier étage de nombreux cordons de policiers , je peux pas dire combien y en avaient , qui couraient partout. Il y avait aussi un hélicoptère pas bon pour le bilan CO2, hein. pour éclairer toutes les allées parce que dans Christiania, y a pas de réverbères municipaux…  Vite ça devient une ambiance assez inconfortable qui dure quand même jusqu’à 2h00 du matin . Enfin ça c’est à l’extérieur, parce que dans le dortoir du premier, on discute et on observe ce qui se passe, je rencontre Maxime, de Radio Panic à Bruxelles, qui font un truc vachement bien, à la « là bas si j’y suis » mais podcastable, les témoins de Copenhague sont invités à laisser un message sur le répondeur de la radio, et les messages sont téléchargeables sur leur site (www.deambule.be/cop2009). C’est très sympa, et bien sûr je peux utiliser les mp3 pour les passer sur Radio ici et maintenant. Enfin, à un moment il faut partir pour laisser dormir tout le monde, même si l’ hélicoptère continue de tourner encore après, mais disons que les policiers avaient décidé de se mettre aux points d’ entrées de Christiania et d’empêcher les gens de rentrer. Par contre pouvait sortir qui voulait à condition de faire pâte blanche et par une porte dérobée parce qu’à l’entrée principale ça bastonnait un peu parce qu’ il y avait des jeunes qui étaient là et les policiers aiment pas trop les jeunes , ils ont des jogging , des vestes avec les capuches qu’ils mettent sur la tête parce qu’il fait froid et on peut les comprendre, même moi j’ai un bonnet. Je les ai retrouvé après dans la rue. Et demandé leur témoignage. Je n’étais pas seule : je rencontre un reporter du ..Times, il travaille avec un joli petit carnet de notes et retranscrit fidèlement les propos des gens. Et surtout s’ils avaient vu des violences, personne n’en a vu non plus ! Les blacksblocks ? Euh, la nuit …tous les chats sont gris… Je tombe sur un policier sympathique qui a l’air convaincu « Oui, on est là parce qu’il y a des blacksblocks qui veulent détruire Christiania »…Ah oui ? Mais les blackblocks ne s’attaquent qu’aux symboles du capitalisme, Christiania, village un peu d’utopie anarchiste, serait quand même le dernier endroit qu’ils attaqueraient non ? Il poursuit, le policier (le badge presse, ça aide à faire causer les gens…) : « Ce soir, on a arrêté 150 anarchistes..ouh, ils sont terribles… » Je lui demande : « Mais qu’ont-ils fait ? » Il me dit : »Ils ont lancé des cocktails Molotov et brûlé un camion » . Ah oui…celui que j’ai vu à l’entrée… Les cocktails Molotov ? On les aurait vu et entendu non ? Christiania a beau faire 32 ha, dans le noir, ça flasherait, bizarre, personne n’a rien vu..Dans la rue, pareil, à part ces jeunes qui étaient à la fête, à 2h30 du matin, tout Copenhague dort sur ses deux oreilles… Je prends le métro, qui durant le COP 15 fonctionne 24h/24 ! Ce que je pense mais la ce n’est que mon avis c’est que Christiana et la vie libre autogérée ça arrange pas trop les affaires de la ville… c’est une zone de non-droit comme le rappelait le fonctionnaire de police et puis surtout ce sont 32 ha , on pourrait y faire un joli parc ou un ensemble immobilier. Mais n’imaginons pas qu’une municipalité pourrait profiter d’un tel événement pour fermer définitivement un quartier sujet à caution depuis des années en prétextant que ce sont les émeutes de méchants blacksblocks qui l’ont détruit, non, ce serait vraiment faire du mauvais esprit…En tout cas, je n’ai pas vu de bagarres , aucune bagarre, j’ai vu des policiers très énervés et qui couraient partout – des gazs lacrymogènes .

Jour 4

Dimanche 13 décembre 2009

Après la journée d’hier, on repart aujourd’hui. Une autre de mes voisines de chambrée , Caroline, est étudiante en droit à l’Université de Hambourg, elle travaille sur le droit du climat et a été au Bella Center hier et un peu à la manif.
Ce matin, on fait …touristes. Et avec Ruth.
Et on a de la chance parce qu’il y a un soleil froid mais bien bleu.
On commence par les jolis canaux. pour après prendre un joli bateau jusqu’à la petite sirène quasiment…
Et là , forcément y a foule, c’est une attraction touristique. Bon, je n’irai pas jusqu’à raconter mon histoire personnelle avec la petite sirène, enfin, si allez, je peux : mon arrière-grand père était sculpteur, il s’appelait Bernhard Heising et avait réalisé une sculpture de mon arrière-grand mère, nue (mais sans queue de sirène), et elle est pratiquement dans la même pose que la petite sirène..non mais vraiment. Et comme il est mort de tubercolose en 1903, c’est pas lui qui a copié (la petite sirène date de 1911) Il Il faudra que je la mette en photo sur ce blog.. plus tard…
En attendant, voici celle qui a été sculptée, plus tard donc…
Sur le chemin, bien sûr, on entend quelques hélicoptères dans le ciel . C’est drôle de voir tourner leurs pales, on finit par voir aussi des éoliennes partout !
La police aussi, en ce dimanche, semble goûter aux joies de pouvoir circuler dans les rues de Copenhague en mettant les sirènes à fond et en roulant librement en petits cars bondés. On visite ensuite le musée du design. Hop, on se fait des petites photos comme ça :
et puis on va à Christiana, la fameuse ville libre (mais franchement pas propre). Au point qu’on peut pas faire de photos dedans! (non c’est une blague..) on les comprend quand même, ils vont pas se laisser voir comme des animaux dans un zoo quand même, donnant leurs maisons et leurs bricolages en pature à n’importe quel objectif…Bon, et pis c’est vrai qu’on y vend du shit et de l’herbe dans toutes les allées, bref que c’est un haut lieu de perdition (mais fort sympa au demeurant). Ils hébergent leur propre forum sur le climat d’ailleurs. En ce moment le lieu est hautement touristique, pareil, aucune trace de violence ou de casse, tout semble tranquille et pacifique. En rentrant, je fais halte au FairAir center monté par tktktktk pour les bloggers (après tout, j’en suis aussi une) avec connexions wifis et toute la technologie nécessaire. (zont eu des fonds, tktktkt)… Et je vois la télé danoise, avec des images de policiers à Copenhague en train d’intervenir sur des « aktivists ». En fait des manifestants de « climate justice now » qui ont continué le dimanche à manifester, sans autorisation. D’où la répression. Ils ont été arrêtés (puis pour finir relâchés, a-t-on appris par la suite à l’AG de Climate Justice Now à laquelle j’ai assisté l’après midi au Klimaforum, il y a avait des paysans, des artistes, des ONG qui intervenaient pays après pays, de quoi voyager loin! Le mouvement des sans terre par exemple (50 organisations de pays d’Amazonie) a lu la déclaration de Belem qui dénonce notamment la politique de REDD qui ne distingue pas les monocultivateurs (intensifs, donc) des agriculteurs traditionnels. Comment tous ces peuples pourraient accepter que 25% de la population mondiale détienne 80% des richesses…et produise 75% de la pollution sur la planète!!! Mais bel exemple : en Thaïlande, la forêt est encore là car les villageois veillent!

Après, il y avait l’assemblée des verts internationaux sur l’après Copenhague… avec encore José Bové. Fatima Allaoui intervient pour grosso modo souligner le problème des fonds pour l’Afrique dont on a apparemment du mal à voir la couleur ! (verte pourtant?) Je recroise Eva Quistorp, (autre fondatrice des verts allemands) qui oeuvre maintenant aux mouvements pour les femmes victimes du climat. Nous sympathisons à force, je fais quelques photos avec José Bové! Avec Eva, avec Fatima.

Puis, Fatima m’emmène manger chez des Vegans, qui ont monté une grande tente entre deux squats, on y fait cantine collective, et on laisse ce qu’on veut. Dehors, une association pour la préservation des graines anciennes (et illégales) miquakizai ou quelque chose comme ça , fait des soupes avec rien que des légumes anciens , des graines et des céréales. C’est délicieusement épicé et même principe, on laisse ce qu’on veut. On fait sa vaisselle en partant.

Jour de manif

Dimanche 13 décembre 2009

Aujourd’hui, jour de manif. Je suis au Klimaforum dès 9h, histoire de voire l’ambiance. J’écoute les confs du matin, Vandana Shiva par exemple , qui rassemble toujours des foules autour d’elle. Et puis je pars à la manif, tranquille.
Facile de trouver son chemin, il n’y a qu’à suivre la foule. Effectivement, ça grouille . Je me fais coller un autocollant 350 façon poisson d’avril (350 , c’est pour les 350ppm auquel il faudrait qu’on arrive à limiter la concentration du dioxyde de carbone dans l’atmosphère). Je dis rien, je suis plutôt d’accord, et puis on va pas m’attaquer pour ça, c’est pas trop provoc, non ? Là encore, ça sert d’avoir une accréditation, sur la place du parlement, pile devant le podium, une plateforme de presse m’ouvre tout grand son plateau . J’entre. Je fais des photos plateformiennes (à défaut d’aériennes). Les pancartes portent de jolis slogans à lire. Tout est très bon enfant. tktktktk rappelle les fondements de l’ultimatum climatique. C’est très coloré, il y a de petits hommes bleus et de petits hommes verts. Et des pancartes jaunes et noires plus qu’il n’en faut. Mais faut vraiment être engagé pour porter des pancartes, non ? C’est pas léger et en plus c’est un brin encombrant.
Certains ont fait leurs propres banderoles avec des slogans ,
en français comme : « décolonisons l’imaginaire » , « la planète, tu la respectes ou tu la quittes »
en anglais, comme « don’t nuke the climate » ou « fuck me ! not the planet! ».
Les discours de tous à la tribune appellent à un changement profond du système, une nouvelle façon de penser le monde…ah si tous les gars du monde pouvaient s’donner la main comme il écrivait l’autre… On entend entre autre Rahul Bose, encore Vandana Shiva, Mr Green…
Franchement, ça va changer quoi ? Pessimiste, moi ? allons donc ! L’endroit est sympathique, on y autorise l’expression spontanée dans le cadre bien délimité des banderoles, les velléités de déplacement sont vertement réprimandées par des policiers qui tout de suite vous poussent sans aucune douceur.
Des brutes quoi. Faut dire qu’il y a de quoi s’affoler dans l’instant. 100 000 personnes voire plus , selon tktktktk… Et parmi eux, je vois débouler au départ de la manif une bonne centaine de « djeun’s », tout de noir vêtus, cagoulés avec un foulard devant la bouche. À les écouter parler, ils semblent plutôt germanophones. Ils ont l’air de défiler sous une énigmatique banderole affichant l’inscription  » GOP =  » suivie d’un dessin de « tête de mort » …ils s’énervent déjà après une petite japonaise très chiquement habillée qui tente de les prendre en photo avec son téléphone portable (mais faut dire qu’elle le leur colle presque sous le pif!). Bon, moi je les ai pris, mais j’étais plus loin et plus discrète.
Ce qu’il y a d’étonnant ,c’est que quand je demande aux organisateurs qui c’est, ils me répondent qu’ils n’en savent rien ! Je continue : « mais ce n’est pas interdit de défiler masqué ? j’ai lu les consignes de la police !» Ils reconnaissent que oui, sourient presque en coin sans rien dire. Ces petits hommes noirs ne sont pas du tout bon enfant, ils ont l’air plutôt méchants .
Le cortège met un temps fou avant de démarrer, ce qui me laisse tout loisir de ballade. Je suis de loin ces types cagoulés qu’on laisse défiler sans rien dire. Très vite, à un croisement, alors que je les voie en train de passer devant les forces de l’ordre, ils semblent jeter dessus des sortes de gros pétard qui font détaler les flics dans les allées. Je vois un peu de fumée même. À la deuxième sérénade de ce genre, on est en train de passer le pont, près du quartier de Christiana . C’est alors que je vois trois types en noir débouler de la foule des hommes noirs, passer sur le quai, et vêtir des doudounes, qu’ils avaient planquées au pied d’un réverbère, puis deux d’entre eux encadrent le troisième , avec des matraques qu’ils ont attrapées au passage, comme s’ils venaient de l’arrêter. La scène me laisse un étrange goût de comédie. Bien sûr qu’il peut s’agir de policiers en civil, qui interpellent un épiphénomène (j’ai de ces mots qui me viennent à cette heure…) , mais ça avait l’air d’être tellement joué que moi j’émets quelques doutes. D’autant que les hommes noirs, de toute la manif …je ne les ai jamais revus. C’était peut-être un exemple à l’adresse des manifestants pour leur montrer que la police contrôlait même ceux qui avaient l’air le plus méchant ! En chemin, les politi (policiers) sont d’ailleurs omniprésents, parfois ils déboulent en cordon au pas de charge en bordure de la manifestation, d’autres fois ,c’est juste les camions de police bleus (avec les gyrophares allumés pour faire impression). Une organisation du tonnerre, quand même. Y compris aux abords du Bella Center, sécurisé sur un périmètre d’au moins 500 m par des « deltabloks » des gros blocs en plastique surmontés de grillages inescaladables. Avant le Bella Center, la ligne de metro en trompe plus d’un, et il y a un essaimage naturel qui s’opère, une dispersion qui quand même si je peux me risquer une analyse de mon ressenti et de mon ressenti tout seul évidemment, et bien c’est un peu comme si chacun avait défilé dans son coin, on pourrait presque dire chacun dans son monde . Pas de cohésion réelle… trop cosmopolite… Il y a eu une initiative jolie d’un indianiste allemand, organiser une sweat-lodge à l’abord de trois sculptures géantes qui semblent regarder le Bella Center sans grand espoir qu’il s’y passe quelque chose… J’y pause quelques instants chanter avec eux, mais malgré les tambours, ça fait vraiment trop chant de Noël – et j’aime pas ça- , et puis il fait si froid ! et puis, il reste encore de la route jusqu’au centre même si tout le monde est en train de se barrer…
En arrivant, des cordons de flics derrière la scène, et même de l’autre côté de la petite rivière qui résolument protège encore un peu plus l’accès à cet endroit. Sur l’autre rive, les politi brillent comme des lucioles dans la nuit avec leur gilet jaune réflecteur. Je trouve ça plutôt drôle…
Mais eux ils rigolent pas du tout : je voulais suivre les représentants des peuples autochtones comme le Creel Tom Goldtooth qui avaient entrepris d’aller porter à Yvo de Boer himself, les grandes banderoles sur lesquelles les manifestants avaient laissé un message d’espoir sur l’issue du sommet… Rien à faire, au début les flics me laissent passer, avec mon accréditation pour le Bella Center, mais finalement écoutent une des chefs de tktktkt qui, elle, ne veut pas parce qu’ elle ne m’y a pas autorisée. Quelle conne !Plus flicarde que les flics! Faut le faire! Je fais tout le tour à pied. Et quand j’arrive au bella center, j’ai les pieds froids et les lèvres bleues….Je croise Tom Goldtooth au vestiaire, il est en train de discuter, je n’ose pas demander comment leur manif a été reçu…

Je reste au Bella Center, je pense que je suis increvable…ou que j’ai trop froid et que je ne repartirai qu’une fois un peu réchauffée. Il se passe des choses très drôle du côté des stands, comme la remise des Fossiles of the day… Après cette intense cérémonie, je me dirige vers une session plénière, enfin je vais voir ce qui s’y déroule. On négocie? Pff! Rien du tout! D’abord ça commence avec 3/4 d’heures de retard… Et puis ensuite, c’est juste la lecture des points du texte. En gros « qui ne dit mot consent »… Et les présidents des différents groupes de travail brossent tout le monde dans le sens du poil.

Après je rentre, et c’est très très cool, pas d’émeutes, un calme incroyable. Vraiment je crois que ces journalistes, là , ils racontent n’importe quoi. Je loge en plein centre, je suis passée dans la rue la plus commerçante de la ville (c’est à côté) et franchement, je n’ai pas vu une vitrine cassée, je n’ai rien entendu cette nuit , à croire que les journalistes racontent…vraiment n’importe quoi!!!

Tiens au fait, Tktktkk. C’est loin d’être une association de bricoleurs, ils ont des fonds considérables, à Copenhague un lieu entier leur est dédié, avec beaucoup de matériel technologique, des écrans plats, etc.. D’ailleurs, c’est de là que je blogue… Enfin, moi , ça pose une question qui fait un peu tâche tant dans le sommet des Nations-Unies que pour tktktkt : au fait, combien ça coûte tout ça ? Tout ça pour dire aussi que la nuit d’avant ils ont fait une nouba (on dort juste à côté) avec du bon vieux rock un peu trop fort quand même pour mes oreilles qui les ont entendus entre deux réveils…jusqu’à 4h du mat tout de même !