Stanislas Grof est l’un des pères de la psychologie transpersonnelle. Dans les années 60, riches en expérimentation en tout genre, il fût le pionnier de l’utilisation du LSD dans le traitement des patients schizophrènes. Puis, à la recherche de thérapies plus « naturelles », sans recours à des drogues, du développement de la respiration holotropique. Avec le soutien indéfectible de sa femme, Cristina, professeur de yoga. Pour Grof, les dimensions de la psyché humaine sont « infiniment plus vastes que ne le décrivent les manuels de psychologie et de psychiatrie classiques ». Pour bien les comprendre, doivent être intégrés, outre le modèle classique du psychisme, limité à la biographie postnatale et à l’inconscient individuel au sens freudien, deux autres niveaux « transbiographiques » (et accessibles par la respiration holotropique) : le domaine transpersonnel qui concerne notamment l’identification expérientielle à d’autres personnes et animaux, les expériences karmiques ou l’identification au vide supracosmique… et le domaine périnatal lié au traumatisme de la naissance biologique.
La naissance est, pour chacun, un événement déterminant qui va modeler et organiser toutes ses expériences ultérieures. « Notre manière de nous sentir et de percevoir le monde, ultérieurement dans la vie, est lourdement teintée de ce rappel constant de la vulnérabilité et du sentiment d’inadaptation et de faiblesse que nous avons connus à notre naissance » explique Stanislas Grof. Alors que la psychiatrie classique nie en général la possibilité que la naissance biologique puisse avoir un impact traumatisant sur le psychisme, (à moins bien sûr d’un traumatisme physique réel mettant en souffrance par exemple des cellules cérébrales), l’approche holotropique permet, en s’identifiant au nouveau-né confronté à l’épreuve de sa naissance, de se connecter à l’universelle lutte de la venue au monde. Tout ce qui survient lors de cet événement, nous l’avons, certes, complètement oubliés. Néanmoins chacune des 4 étapes majeures qui le composent, est associée à des émotions, à des sensations physiques et à des images symboliques bien distinctes… formant des « constellations dynamiques de l’inconscient profond » que Grof désigne sous le nom de Matrices Périnatales Fondamentales (MPF). Ces matrices se comportent aussi comme des principes organisateurs pour des expériences relevant d’autres niveaux de l’inconscient. L’intérêt de s’y reconnecter ? « À mesure que nous purgeons ces vieux programmes en les laissant émerger à la conscience, ils perdent toute pertinence et d’une certaine manière, meurent » explique-t-il.
MPF1 (union originelle avec la mère)
Correspond à l’univers amniotique, avant l’accouchement
Emotions & sensations physiques : sentiment d’être dans de vastes régions sans frontières ni limites ou (ventre inhospitalier) menace sombre, sentiment d’être empoisonné, sentiment apocalyptique
images symboliques : galaxies, espaces interstellaires, cosmos, océan, animaux aquatiques ou (si perturbé) eaux polluées, décharges toxiques..
MPF II (engloutissement cosmique, sans issue – enfer)
Correspond au déclenchement de la naissance biologique (déclenchement)
Emotions & sensations physiques : sentiment d’être menacé d’engloutissement, claustrophobe, anxiété et paranoïa, pour toujours sans aucun moyen d’en sortir
Identification : prisonniers dans un donjon ou dans un camp de concentration, animal pris au piège
MPFIII (la lutte mort-renaissance)
Correspond au passage au travers du canal vaginal
On se sent suffoquer, en danger, menacé..
Emotions & sensations physiques : scènes sataniques et sexuelles, rencontres avec le feu…
Idenitification : personnages héroïques et divinités représentant mort et renaissance…
MPFIV (expérience de mort-renaissance)
Naissance et coupure du cordon ombilical
Emotions & sensations physiques : libération explosive, entrer dans la lumière
Identification : souvenirs très concrets et réalistes (anesthésie, forceps, etc…)