Maladie d’Alzheimer : une étude prometteuse

Une étude canadienne montre que l’entraînement de la mémoire retarde l’apparition de la maladie d’Alzheimer.

Avec plus de 800000 personnes atteintes en France, la maladie d’Alzheimer gagne du terrain. Devenue priorité nationale, la recherche bat son plein en quête de médicaments capables de la soigner ou de ses causes, comme en témoigne, début avril, l’identification de 5 nouveaux gènes de susceptibilité.[1] Moins médiatisées mais porteuses d’espoir, des recherches portent depuis quelques années sur une capacité que possède le cerveau, la plasticité cérébrale, capacité qui permet à ce dernier d’établir de nouveaux circuits de neurones afin de compenser la perte de ses fonctions. « La plasticité cérébrale est une formidable capacité de réorganisation », explique Sylvie Belleville, dont l’équipe a publié fin mars les résultats d’une étude menée à l’université de Montréal[2].

Plasticité à tout âge

Affectant tout le monde, et de façon inéluctable, le vieillissement condamne à lui seul le cerveau humain à perdre de 5 à 10 % de son poids entre 20 et 90 ans…Et, de fait, condamne aussi les fonctions cognitives à décliner inéluctablement…Ce déclin, dont fait partie la perte de la mémoire, est aussi l’un des premiers signes de la maladie d’Alzheimer. Si toutes les personnes âgées présentant des troubles cognitifs légers (tcl) ne vont bien sûr pas développer une maladie d’Alzheimer, il est établi qu’elles ont dix fois plus de risques de développer la maladie. À l’occasion de l’étude, trente personnes âgées (15 en santé et 15 présentant des tcl) ont participé à un programme d’entraînement de leur mémoire. Leur activité cérébrale a été analysée grâce à l’imagerie par résonance magnétique, 6 semaines avant, une semaine avant et une semaine après ce programme. « Alors qu’on a longtemps pensé que le cerveau perdait cette capacité plastique avec l’âge, notre étude montre que ce n’est pas le cas et ce, même dans les stades précoces de la maladie», affirme Sylvie Belleville. En effet, grâce à ce programme simple, d’autres zones du cerveau vont prendre la relève des zones qui commencent à décliner…

L’entraînement?

Très simple, il porte sur le développement de stratégies comme l’utilisation de moyens mnémotechniques, pour retenir, par exemple des listes de mots. Grâce à lui, le cerveau augmente l’encodage et la récupération des informations dans d’autres zones. « La comparaison de l’activité cérébrale avant et après le programme d’entraînement indique que les personnes âgées atteintes de tcl vont mobiliser de façon plus importante les régions normalement impliquées dans la mémoire mais également de nouvelles régions du cerveau habituellement reliées au langage, à la reconnaissance spatiale et aux capacités d’apprentissage. C’est ainsi qu’une région du cerveau saine (le gyrus inférieur pariétal droit) prend la relève de la zone malade », confirme Sylvie Belleville. De quoi retarder temporairement l’apparition de la maladie d’Alzheimer ! Un précieux répit…j’y

Clara DELPAS


[1] Paul Hollingworth et al- « Common variants at ABCA7, MS4A6A/MS4A4E, EPHA1, CD33 and CD2AP are associated with Alzheimer’s disease » Nature Genetics, 03/04/2011
[2] Sylvie Belleville et al. « Brain Training-related brain plasticity in subjects at
risk of developing Alzheimer’s disease » Brain : A journal of neurology 23/03/11

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