Aujourd’hui s’est ouverte la COP 26, 26ème conférence des parties sur le changement climatique…Elle se tient à Glasgow, et je n’y suis pas. Je dois vous dire que je suis une traumatisée des grands messes onusiennes, ayant déjà donné dans la désillusion. J’ai couvert en son temps le sommet de Copenhague. C’était en 2009…et en 15 jours, l’humanité avait glissé de Hopenhague… à Flopenhague. Il l’avait bien dit Sarko, « si on échoue à Copenhague, ce sera foutu ». Ben oui, et on a échoué, et sans vouloir jouer les Cassandre, je parierai bien que Glasgow échouera aussi…
Des raisons d’être pessimiste ..
1) Jusqu’à présent , la grand messe onusienne annuelle qu’est la conférence des parties (COP) sur le changement climatique a beau réunir les représentants des 191 pays de la planète, elle ne les a jamais obligé à s’accorder sur une stratégie commune permettant de freiner le réchauffement climatique…
2) Le G20 qui vient de se tenir n’a envoyé aucun indice vraiment positif en matière de lutte contre le changement climatique. Et si l’on voudrait bien nous faire croire que tout reste à construire, on sait bien aussi que les négociations portent sur un texte qui est très probablement en grande partie déjà rédigé.
3) Il est déjà trop tard. En dépit de toutes les alertes des scientifiques, les émissions de CO2 n’ont cessé d’augmenter dans le monde, elles atteignent aujourd’hui plus de 33 milliards de tonnes par an ! Il faudrait qu’on tombe à zero émissions en 2050, seule façon de contenir désormais le réchauffement climatique à moins de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle d’ici la fin du siècle …Or les prévisions l’estiment désormais autour de 2,7°C si les choses restent en l’état. Certains plus pessimistes avancent…4,8°C !
Et oui, Depuis la fin des années 1980, nous savons que notre modèle n’est pas tenable, que nous épuisons les ressources de la planète, que nous sommes trop nombreux, que l’humanité court à sa perte.Et notre génération d’enfants gâtés, qui savait, mais n’a pas réussi à prendre les décisions qui s’imposaient, essaye de sauver les apparences devant ses enfants qui l’accusent de leur laisser un monde de merde! C’est qu’englués dans notre confort, nous devons aujourd’hui reconnaître que nous n’avons jamais eu d’autres ambitions que celle du pauvre petit colibri portant dans son bec de petites gouttes d’eau pour arroser une forêt en feu. Et voilà, le monde nous a dépassé – nous n’avons jamais envoyé les canadairs- le petit colibri sait bien que les petites gouttes ne font pas de grandes rivières.
De sommet en sommet, de Berlin à Glasgow, en passant par Kyoto, Copenhague, ou Paris, cela fait 26 ans que ça dure… 26 ans d’espoirs, et surtout de Blah blah , comme dirait Greta.
…Pourquoi s’y intéresser alors?
La conférence de Glasgow, pourtant, est évidemment à suivre. Car, réjouissons-nous :
1) les grands raouts onusiens savent nous faire oublier, quelques semaines par an, que nous n’avons gagné au fil des ans que le droit de ne plus décider de rien, que nos politiques ne sont plus que des pantins, manipulés par les intérêts économiques de leurs délégations, au service des vrais maître du monde, cette poignée de milliardaires qui a su se partager le commerce, les transports, l’énergie, la santé, l’agriculture, la culture…
2) les grands raouts onusiens nourrissent l’illusion d’un monde en paix, uni pour le bien de l’humanité! Et tout cela brille comme le cuivre d’une bassine à chauffer les draps ou d’un chaudron à confitures ! Faut dire qu’on y met le paquet, à chaque fois des centaines de millions d’euros et des dizaines de milliers de gens. Sans oublier les coup de triques et la police chargée de maintenir l’ordre et d’éviter les débordements de nos enfants, ces inconscients !
3) le Climate Action Network (CAN) est encore là, avec sa grande cérémonie quotidienne du « Fossile du jour ». Il y a toujours là matière à rire, d’un rire que Desproges disait être la politesse du désespoir. Et, finalement, on ne va peut-être pas tant s’ennuyer que cela à Glasgow…
Rions un peu…
Ce soir, après avoir essayé vainement de me connecter au journal de la COP que doit tenir chaque jour l’Usine à Ges, j’ai, oh joie !, reçu le bilan du jour rédigé par le CAN (Climate Action Network)
Le premier prix « Fossile du jour » a été décerné à la présidence britannique, et au secrétariat de la conférence, pour leur organisation exceptionnelle. Le CAN avait demandé le report de la COP , craignant que de nombreux représentants des pays les plus pauvres de la planète ne puisse venir plaider pour la justice climatique, COVID oblige. Mais la présidence britannique a insisté, promettant même « la COP la plus inclusive jamais organisée » ! « Cet esprit d’inclusion a mis en évidence ce que les Britanniques font de mieux : l’art de faire la queue » commente le CAN. «De nombreuses personnes ont attendu patiemment avant de se voir refuser l’accès au lieu de réunion , s’entendre proposer » rejoindre les événements en ligne » …et découvrir ensuite que ces événements se déroulaient hors ligne ! » Quant aux quelques chanceux qui ont pu réussir à entrer dans la forteresse, ils ne sont visiblement pas au bout de leur peine : la connectivité Internet y est préhistorique et la queue reste de mise, cette fois pour la nourriture, pour les boissons et pour les toilettes. Le CAN a décerné son deuxième prix « Fossile du jour » à l’Australie pour avoir visé à nouveau « le fond du baril ». Aucune ambition en faveur du climat pour 2030 et pire… trois nouveaux projets de charbon au cours des derniers mois. Numéro trois, la Nouvelle-Zélande, qui d’un côté promet avoir aligné son plan climat sur l’objectif de 1,5°C…et de l’autre refuse de freiner le développement de ses mines de charbon !
Sinon, chacun des dirigeants des pays représentés au sommet onusien sur le changement climatique a eu 3 minutes pour annoncer la couleur de ses engagements. On a noté l’absence de Poutine, de Xi et d’Erdogan… Notre président évidemment y était,et il s’est voulu donneur de leçon…
Tandis qu’à Glasgow, l’Anv-Cop21 a exhibé les portraits de lui décrochés des mairies et retournés, dénonçant le non-respect par la France des engagements pris à l’accord de Paris .. pic.twitter.com/zNvc8bzvp5
A demain, donc !.…pour de nouvelles palpitantes aventures