Un vrai expresso bio, c’est possible !

Le secret du café expresso et de la mousse couleur caramel qui le caractérise ? Une pression d’au moins 9 bars pour faire passer l’eau chaude au travers du café. Côté technique, il existe depuis longtemps des machines à porte-filtres, du type des percolateurs que l’on trouve dans les cafés. Mais elles imposent nettoyage et remplissage des filtres et coûtent plutôt cher à l’acquisition…

Retour aux années 1990. Nespresso, filiale de Nestlé, lance en Europe sa machine éponyme et les capsules qui vont avec. Enfin un café facile à faire, et excellent qui plus est ! Il est rejoint sur le marché par Senseo (Maison du Café), Tassimo (Grand-Mère et Carte noire) et Ek’Oh (Malongo), cette dernière étant la seule machine à expresso dont la fabrication respecte les principes du développement durable… Autant de machines « captives » imposant l’utilisation des capsules idoines. Et un beau volume de déchets, puisque les dosettes de café doivent être jetées après usage dans la poubelle verte, celle qui finit à l’incinérateur.

Les plus écolos ? Sans conteste Malongo, donc, mais aussi Senseo dont les capsules de cellulose peuvent être compostées. Malongo propose en outre un café équitable, qui peut être bio. Certes, les autres fabricants tentent de verdir leur image : Nespresso a mis en place en 2008 une filière de récupération et de recyclage (filière qui impose au consommateur de collecter et rapporter lui-même ses capsules) et Tassimo propose à ses adeptes de renvoyer les capsules utilisées par la poste.

Dégâts écologiques

Mais la plupart du temps, les dosettes à base d’aluminium et de plastique pourrissent l’environnement. Au point que l’inventeur de la K-cup, homologue américaine de la capsule Nespresso (développée par la société Keurig) a publiquement regretté son invention. Un film satirique sorti au début de l’année pour la campagne d’une ONG américaine, « Kill the K-Cup », rappelle qu’avec les 9 milliards de capsules produites en 2014 aux États-Unis, il y aurait eu de quoi faire 10,5 fois le tour de la Terre ! La France n’est pas mieux lotie puisqu’elle consomme près de 2 milliards de capsules chaque année, soit plus de deux fois plus qu’en 2007, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Des capsules génériques

Si, pour le plaisir d’un café « comme au café », votre mauvaise conscience écologique peut être ignorée, il n’en va pas de même de votre portefeuille. En effet, les capsules de ces machines à système propriétaire risquent vite de vous coûter les yeux de la tête. Bien sûr, leur prix d’acquisition est alléchant, près de deux fois moindre que les machines porte-filtres « libres ». Mais à la capsule, vous y perdrez ! À raison de 4-5 g de café environ par capsule (7-9 g pour Senseo), le prix du café s’élève à 70 €/kg pour Nespresso, à plus de 40 €/kg pour Malongo et Tassimo et à près de 30 €/kg pour Senseo, contre moins de 20 €/kg le « café moulu » classique !

On comprend mieux les intérêts de ces systèmes captifs, qui profitent surtout à leurs inventeurs. Les capsules génériques permettent de réaliser des économies substantielles, de l’ordre de 30 %, avec souvent de vrais bénéfices pour l’environnement. Mais elles ne sont disponibles que pour les systèmes Senseo et Nespresso. Pour ce dernier, dont les brevets sont tombés dans le domaine public en 2012, la marque Ethical Coffee, également distribuée sous les marques Casino, Leader Price et Monoprix, propose ainsi des capsules constituées de fibres végétales et biodégradables (norme EN13432, compos­ta­ble en six mois). Mais l’opercule contient toujours un peu d’aluminium. La marque se défend : « La pulvérisation d’aluminium déposée sur la membrane représente moins de 0,01 % de la masse d’emballage d’une capsule complète. Pour comparaison, avec l’aluminium utilisé pour la fabrication d’une seule capsule Nespresso, nous pourrions fabriquer environ 400 000 de nos capsules ! ».

On salue ici l’initiative de la marque Cap’ Mundo, sur le point de sortir une gamme entièrement biodégradable de capsules compatibles Nespresso, avec des fibres végétales issues d’amidon de maïs garanti non OGM et des opercules en cellulose, remplies d’un vrai café de torréfacteur… biologique ! On devrait la trouver dès la rentrée dans les magasins bio, les brûleries et les épiceries fines.

Vers du 100 % écolo ?

Plus malines encore, les capsules à usage unique à remplir soi-même du café que l’on souhaite (vous pouvez donc le choisir bio et équitable). Pour les machines type Nespresso, Capsul’in, une entreprise française, devrait lancer dès septembre 2015 des capsules en fibres végétales non OGM et biodégradables (jusqu’à la colle qui permet d’y fixer l’opercule en cellulose) et entièrement compostables. Une démarche environnementale impeccable et à prix tout à fait raisonnable : moins de 10 centimes la capsule vide, en conventionnel comme en bio.

La capsule en acier chirurgical de Mycoffeestar pour Nespresso va encore plus loin. Inventée par l’ingénieur suisse Erwin Meier, le premier à s’être lancé sur ce marché en 2012, elle est indéfiniment réutilisable (autour de 40 €). Primée par le Red Dot Award 2015 « Best of the best », un concours allemand de design international, elle doit cependant être nettoyée comme un porte-filtre de percolateur classique : elle est bouillante après utilisation, ce qui rend également difficile son usage en série. Pour les Senseo, des dosettes permanentes existent : en plastique, avec une grille tamisée, elles s’utilisent dans le support pour double dosette. C’est Melitta qui s’est lancée sur ce créneau avec son Padfilter, lavable au lave-vaisselle. Et depuis décembre, une machine à expresso automatique avec moulin à café incorporé, qui fonctionne sans changements de filtres ou de capsules. Un must à s’offrir pour 899 € (Varianza).

En attendant, les détenteurs de machines à capsules Nespresso et Senseo peuvent être rassurés. Pour les fidèles de Tassimo, hélas, rien…

 

Machines manuelles

Et le plus écolo est… l’expresso maison 

Un expresso, oui, mais à l’huile de coude ! La Minipresso GR de Wacaco, compacte et portable, contient tous les ustensiles nécessaires : dévissez l’ensemble, mettez votre café dans le porte-filtre, ajoutez de l’eau chaude dans le récipient inférieur, revissez et retournez le tout. Puis débloquez la pompe (semi-automatique) et pressez une dizaine de fois : vous atteignez au moins 8 bars, suffisant pour un expresso bien crémeux. Autre système manuel, l’Aeropress, qui fonctionne sur le principe de la seringue : vous mettez un filtre de papier puis le café et l’eau chaude avant de presser le piston au-dessus de votre tasse. Enfin, avec son look vraiment très design tout en inox, la Rok dispose d’un porte-filtre façon machine à expresso. Il suffit là encore de remplir le récipient au-dessus avec de l’eau chaude et d’actionner les deux bras sur les côtés, façon presse-agrumes. La pression obtenue est de 9 bars.

Minipresso GR, 50 €, www.wacaco.com. Aéropress, 35 €, www.aeropress.com. Rok, autour de 150 €, www.rokkitchentools.com.

 

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