Les ghats, de l’autre côté


Ce matin, on est remonté vers l’ouest, des ghats qu’on n’avait pas encore visité. On a été tout au bout, jusqu’au pont, le Malviya Bridge, tout en métal, un double pont, avec sur le niveau 1 les trains, et sur le niveau 2 , les voitures. Au Raj Ghat, on a vu les bâteaux chargeant le bois des crémations, et là, pas d’interdit pour faire des photos ….

Ces ghats là nous ont semblé moins fréquentés des touristes, plus sales avec des buffles d’eau de partout et les bouses qui vont avec, des troupeaux de chèvre,et surtout deux gros drains d’ordures de la ville se déversant directement dans le Gange. Nous avons    ensuite trouvé un parc, dans lequel Klara pensait trouver le service des eaux de Vanarasi, induite en erreur par une pancarte, et qui s’est avéré être un parc archéologique, avec une présentation des ruines du Raj Ghat dont certaines remontaient à – 800 avant J.C, et qui montrent l’évolution de l’aménagement urbain le long des ghats.  Gaelle est restée faire une sieste, Klara est partie visiter le temple de Vishnou, là encore un temple très ancien puisque Vishnou lui-même y aurait posé ses fameux pieds, juste à la confluence de la rivière Varuna et du Gange. Comme elle avait toujours dans l’idée de trouver ce fameux service des eaux, elle est rentrée dans ce qui avait l’air d’être une administration gardée des militaires et s’est retrouvée  à la Bhagant School de la Fondation Krishnamurti, dans les bureaux du directeur, qui l’a aidée à trouver la bonne personne pour parler de la pollution du Gange et de la politique d’assainissement de la ville : le brahmane du Sankat Mochan Temple, qui est aussi biologiste et a monté un laboratoire d’analyse des eaux au Tulsidas ghat. Klara est toute contente et part visiter le temple de Vishnou, en pleine puja, se fait réclamer des bakchichs par une vieille femme édentée à l’extérieur du temple, et…finit par se dépêcher de retrouver Gaelle, qui commençait à trouver le temps long . On est rentré, encore une fois par les ghats, en se prenant une averse. Un boatman boîteux en béquilles qui ne pouvait vraiment que ramer de ses petits bras, nous a proposé l’abri dans sa petite cahutte, quelques planches de bois assemblées en un cube pouvant se fermer et se verrouiller à l’avant, entre le truc de bouquiniste parisien (sans les livres évidemment) et la cabane de pêcheur, la fenêtre et la porte en moins …Nous étions un peu gênées de cette générosité spontanée, lui se retrouvant du coup presque sous la pluie. On a été à Assi Ghat, manger une pizza, parce que c’était juste à côté de Tulsi Ghat où Klara voulait voir le Brahmane, mais le labo était fermé. Gaelle est rentrée par les ghats, sous la pluie, au milieu des éclairs et des orages. Elle s’est abritée…sous l’auvent  où étaient stockés les corps en attente d’être brûlés (mais elle ne le savait pas avant d’y être et personne ne  l’a empêché d’y aller, d’ailleurs il y avait aussi d’autres étrangers…). Klara s’est abritée dans un cyber café, à documenter ces histoires de suivi de la pollution du  Gange.  Elle a notamment découvert que le gouvernement indien ne faisait vraiment pas grand-chose pour assainir l’endroit. Le professeur qu’elle doit interviewer dimanche , se bat depuis 1982 pour qu’un système de récupération des déchets et de retraitement des eaux usées soit installé. Sa fondation a notamment établi qu’aux points de déchargement des ordures , les concentrations en coliformes fécaux (des ‘crobes qu’on trouve dans le caca et qui donnent des diarrhées, pouvant aller jusqu’au choléra…) atteignent des chiffres astronomiques, de l’ordre de la cinquantaine de milliards d’unités au ml. Alors que la norme maximale tolérée fixée par l’OMS pour la baignade est de 500 U./ml , et pour la potabilité, de 0 U./ml…Mais ce n’est pas la préoccupation principale des politiques, même si, tous les ans au moment de la mousson, des  épidémies de choléra déciment les populations. Etonnant de voir comment les politiques netouchent pas aux aspects religieux de la culture indienne : le fleuve sacré est toujours réputé capable de résorber toute sa pollution par la seule intervention de Shiva… Comme la veille (on commence à avoir nos petites habitudes), on a dîné à l’hôtel et pis on est ressortie sur le manakarnika ghat. Klara avait eu moyennant bakchich autorisation de faire des photos , sous protection bien évidemment, mais, à la réflexion, ne voulant pas alimenter ce buiseness morbide à la Paris Match, et parce qu’il suffit d’aller sur Wikipedia (quelle bonne idée que cet espace d’échanges où tout est gratuit et libre de droit) pour trouver des photos trash des crémations, elle a décliné. Et du coup, comme tout le monde était prévenu dans le ghat, les gens ont commencé à nous parler pour nous proposer leurs propres buiseness, le vendeur d’eau minérale par exemple a une jolie collection de photos qu’il propose à la vente comme carte postale ou presque. Enfin , berk, ça ne nous viendrait pas à l’idée de vous envoyer ça. Non, par contre, Klara rêve toujours de poser son pied devant le feu de Shiva, le bois, le petit temple en haut, et tout ça de nuit, quand on ne voit plus rien d’autres que les mouvements des ombres et la lumière des flammes…

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One Comment

  1. Klara devant le feu de shiva … Ca c’est une bonne idée photo … Plus qu’une photo … Une évidence … la photo… La photo … La photo …

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