Ce bio qui vient de loin…

Bonne nouvelle, la planète est de plus en plus « bio » : l’agriculture biologique s’y développe fortement, gagnant désormais quelque 20 % de superficie en plus par an selon le dernier rapport 2017 de l’Agence Bio. Le tout sous les bons auspices de la FAO (Food and Drug Administration) qui y voit désormais un moyen de vaincre la famine. À l’exemple de la région de Tigray en Éthiopie, où les terres, réhabilitées en bio, ont permis de redonner aux populations une autosuffisance alimentaire que l’on pensait perdue, après les terribles famines qui y ont sévi dans les années 80 .
On pourrait donc se réjouir que la « bio » s’épanouisse ainsi à grande vitesse. Malheureusement, la « bio » est loin d’être un critère suffisant pour les produits qui viennent de l’autre bout du monde. Les critères de certification n’ont d’ailleurs plus grand chose à voir aujourd’hui avec ceux des pionniers-fondateurs des années 60. Pire encore, pour entrer sur le marché économique mondialisé du bio (près de 100 milliards de dollars en 2018), certains pays en développement n’hésitent pas à faire des produits bio en agriculture intensive, sans grande considération ni pour les droits de l’homme ou de l’environnement : café, chocolat, quinoa, avocat…
Autant de denrées et de matières premières destinés aux consommateurs, le plus souvent des pays riches. Car les paysans n’ont souvent même jamais goûté ce qu’ils produisent. Tout part à l’exportation, pour approvisionner en matières premières l’industrie mondiale du bio .
Le bio, c’ est nécessaire…mais ça ne suffit plus ! Car il n’intègre dans ses critères ni la lutte contre la déforestation, ni celle contre l’accaparement des terres, ni la défense des droits de l’homme. Et nous qui pensions pouvoir acheter les yeux fermés biscuits, gâteaux, chocolat, café, sucre de canne, etc.. dès lors qu’ils sont estampillés de la si rassurante Eurofeuille ! Nous devons désormais aussi penser commerce équitable et protection de l’environnement. Certes, en cultivant bio, les agriculteurs d’ailleurs sont évidemment moins exposés aux pesticides – c’est déjà un grand progrès. Mais si nous continuons à consommer ainsi sans prendre en compte leur sort, ils pourraient bien finir par ne plus rien pouvoir cultiver du tout.

La suite de cette enquête a paru dans  le Hors-Série de juillet-août 2019 de 60 millions de consommateurs…

 

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