Potosi-Challapata

Le matin, je file au terminal de bus prendre mon ticket pour Challapata. Compagnie Transazul m’avait on conseillé . Je fais ce qu’on me dit. Le bus part à 13h30. Il me reste la matinée pour faire un bon tour de la région pour appréhender la problématique de la production minière de la région. Je retrouve donc Olivier de médecin du monde, qui vient me chercher …en coccinnelle blanche! Oui, une “peta” comme ils disent ici, au moins vieille de 25 ans mais toujours bien brave et tellement attachante. Je souligne le fait qu’il s’agisse d’une coccinelle blanche tout simplement parce que ce qu’elle doit subir entre la piste de terre et de cailloux et les dénivelés constants la rend tout à fait digne face aux plus gros Nissan Patrol ! Et oui, comme dans les films de Disney, et comme quand j’étais petite (moi, j’adorais la coccinelle rouge de ma maman), j’ai fait le tour de Potosi en peta!
Toujours impressionnant cette pollution minière, ces terrils, que j’entraperçois, mais que je compte bien revenir photographier dans quelques jours… Puis, nous retrouvons la jeune génération bolivienne, un neveu d’Olivier et son cousin, l’un étudiant en environnement, l’autre documentariste de films sur l’environnement… venus eux aussi se rendre compte de la problématique environnementale des alentours de la ville.
Je vais ensuite pour prendre mon bus pour Challapata! 3h30 de bus, sous un soleil pénible, avec comme d’habitude, les cholas et leurs cargaisons de patates, les femmes et leurs enfants, enfin un bus bondé de chez bondé… un peu pénible, mais bon, la perspective de cette semaine me réjouis, alors…
Le dernier SMS de confirmation me donne rendez vous à 18h sur la place centrale de Challapata, devant la mairie.
Lorsqu’à 17h j’arrive à Challapata, c’est toujours le noman’s land, on me dit que la place est vraiment loin, qu’il me faut prendre un taxi. ça commence bien, aucun taxi ne veut me prendre… Heureusement, une bonne âme m’entraîne avec elle dans un mini-bus collectif, et après avoir profité du voyage pour faire un mini-tour touristique de la ville, (mais malheureusement, il n’y a rien, mais alors absolument rien à voir à Challapata!!! ), j’arrive sur la place centrale, que je parcours là encore en tournant à la recherche de la mairie…que je ne trouve pas. ça commence bien! Alors je cherche à téléphoner, mais manque de bol, mon téléphone n’est probablement pas tri-bande ou que-sais-je, je ne capte aucun réseau, j’essaye une cabine téléphonique qui me recrache inlassablement ses pièces, je marche au hasard dans ces rues qui ressemblent à un décor à la western, j’entre dans une boutique “entel” qui dispose de cabines téléphoniques , et j’appelle nico, mon contact à la paz, il me dit “t’inquiète, t’as rendez vous à 6h, et pour la mairie, ça se dit Halcaldia en espagnol (heureusement qu’il me le dit, parce que vraiment “mairia” personne ne comprenait, on a beau dire, il suffit pas de rajouter loin de là que des o ou des a aux mots pour les hispaniser de façon intelligible.
Bref, en demandant l’halcaldia, on finit par m’expliquer où elle est, dans une rue vraiment paumée…j’attends, sagement, 18h, 18h15, 18h30…toujours personne…. et la nuit tombe. Tout est désert, pas une boutique.
Merde. Qu’est ce que je vais faire si personne ne vient? Alors je bouge, ma gentille boutique entel est…fermée! Je cherche un point de lumière, et tombe dans une quincaillerie. Je baraguine trois mots , un peu paniquée, je veux téléphoner , personne ne me comprend. Et puis, tout d’un coup , la chance. Il y a là un vieux papi qui achète des néons et des ampoules, et quand je lui demande si je peux téléphoner avec son portable, en lui expliquant que le mien ne marche pas, il me prend tout de suite sous son aile. Il appelle les gens d’avsf,(les boliviens), leur demande ce qui se passe, pourquoi ils ne sont pas là…En fait, ils ont décidé de passer la nuit à Oruro, (faut dire qu’à Challapata y a même pas un hôtel!!!) au dernier moment, et soi-disant ils ont essayé de me joindre. Enfin, mon portable “passait” jusqu’à 14h tout de même! Bref, la solution qu’ils me proposent, c’est de les retrouver à Oruro. Le vieux papi , qui me dit s’appeler “Pépé”, m’emmène dans son 4×4 aux bus qui partent pour Oruro. Il est 19h, le dernier est en train de partir, il est tellement bondé qu’il y a autant de personnes debout qu’assises. Il me dit qu’il ne me laissera pas monter dedans, que c’est beaucoup trop dangereux pour moi, que des accidents de “flotta” (les bus ici) il y en a tout le temps… En plus, le terminal d’Oruro, j’ai déjà pratiqué, ça craint un max, même si le type d’avsf m’a dit qu’il m’enverrait son chauffeur me chercher, c’est quand même pas top top. Bref, Don Pépé finit par me proposer de dormir sur un lit de camp dans l’usine de fromages qu’il vient d’ouvrir, à quelques rues de là.. On rappelle les gens d’AVSF qui passeront donc me chercher là à 7h tapantes le lendemain.. Enfin maintenant je commence à comprendre la mentalité bolivienne. Quand on te donne un rendez-vous, ce n’est vraiment pas rare qu’il saute… Mais bon, Don Pépé m’emmène dans son usine à fromages.
Il m’explique qu’il est un entrepreneur de Cochabamba qui conseille les entreprises dans toute la Bolivie. Là, son usine à fromages, c’est en fait une usine de la PIL, le principal groupe laitier de Bolivie.
Du coup , il m’emmène la visiter …et goûter les fromages et le yaourt qui y est fait. Un régal bien réconfortant après tout ce stress. ça y est je commence à retrouver le sourire. On boit une dernière infusion de coca, et je vais me coucher. sur les coups de …9heures !
Je suis épuisée… et dors d’une traite jusqu’au lendemain matin.
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