Potosi, toujours les mines

Rendez-vous bolivien avec Olivier. 8h30 au début. Au final 10h! Pour cause d’un pneu dégonflé par un voisin mal intentionné. Là on va voir les terrils, ils sont monstrueux vus de haut.
C’est 4 millions de tonnes abandonnés en plein air, les habitants de Kantumarca, la cité historique de Potosi, première à avoir reçu l’exploitation des mines du Cerro Rico, peuvent remercier 20 ans d’activité de la Comibol! Ce qu’on va en faire? Un casse-tête invraisemblable…D’abord, on voulait déplacer ces terrils à 10km de là, dans un village peu peuplé dont la communauté avait accepté l’implantation moyennant finance, et puis on s’est rendu compte que peut-être le déplacement de toute cette poussière allait poser quelques problèmes… Alors on s’est dit qu’on allait encapsuler ces terrils dans de l’argile. C’était en 2007. Les cours des métaux ont invraisemblablement monté, alors la Comibol s’est dit que c’était bien dommage, qu’on pourrait tout de même essayer d’en tirer encore quelque chose, de ces déchets qui contiennent encore plein de minéraux, bien évidemment. Il n’y a qu’à voir, quand on va marcher dessus, on voit plein de petites rivières dorées… On dirait vraimen t une autre planète…mais il n’y a rien, pas âme qui vive, pas de chien pas d’oiseau, ça pue le souffre et on finit par avoir mal au crâne même si on fait de belles photos.
Il paraît que les enfants y viennent jouer régulièrement. Au menu, antimoine, cadmium, plomb, arsenic… résultats : des verrues en nombre sur les mains , l’antimoine provoquant une hyperkératose responsable de ces disgrâces cutanées. et puis des cancers, du saturnisme, de l’asthme et autres joyeusetés. Pourtant, on est fasciné de cette beauté minérale. Les terrils bizarrement ont même pris la forme de certaines montagnes andines, les chollitas, qu’on dirait constituer réellement de jupes… Ceci explique peut-être la passivité des habitants de la zone située tout autour? Cette beauté minérale a tout de même un côté fascinant… Une fois bien reminéralisés (!!! ) ou plutôt pleinement contaminés, nous repartons, manger à la Plata. ça y est je tente la salade, les crudités et tutti quanti.

Bien sûr, des mesures de protection ont été prises… Ainsi, la rivière qui avant dévalait la ville chargée des déchets miniers (résultat du génie espagnol qui au 16 ème siècle avait organisé un nombre incroyable de lagunes artificielles dans la région du Kari Kari pour alimenter en eau cette rivière…allant jusqu’à en tapisser le fond de cuir de vaches ou de lamas) a été couverte et bétonnée…
C’est au moins déjà ça! Même si le résultat est curieux d’un point de vue du développement urbain.

L’après midi, jolie visite privée historique des mines avec Mary, une guide bolivienne qui parle très bien français . Le seul souci, c’est que le vendredi, les mineurs finisssent tôt et vont se saoûler. On n’en rencontrera quasiment pas. un peu dommage tout de même (heureusement que j’ai vu ceux d’Oruro!). On visitera l’ancien site de la Comibol, en ruine mais bien gardé,
Avant de retrouver Dona Narda, infirmière du Centre de Santé des Mineurs qui nous explique les problèmes sanitaires des populations qui vivent sur la montagne. Il y a en particulier les Guardias, des femmes, souvent veuves de mineurs , qui gardent l’entrée des galeries…et tout leurs enfants. Près de 450 personnes au total probablement.
Le soir, nous mangeons tortillas, lasagnes et empanidas dans un petit restau typiquement bolivien. Nicolas reprend le bus de nuit pour La Paz. Je termine à la plata par un…café (j’en avais très envie) et un tarte au citron (idem) . J’ai décidé de passer une journée de plus à Potosi. Me reposer un peu, tout de même!

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