Evo, l’homme qui plante des arbres

Le 23 avril, Evo Moralès plante le premier arbre parmi les 2000 à être plantés au cours du lancement du programme de reforestation

Le 23 avril, Evo Moralès plante le premier arbre parmi les 2000 à être plantés au cours du lancement du programme de reforestation

Toute la presse était prévenue depuis la veille : aujourd’hui, pour marquer la fin du sommet, Evo Moralès et les chefs d’Etat qui étaient restés allaient participer au lancement officiel de la campagne de reforestation lancée par le gouvernement bolivien. Rendez-vous à Contumayou, à quelques kilomètres dans les hauteurs de Tupiquaya. Le taxi qui m’embarque ne connaît même pas! Mais finalemement me rapproche. Il n’y a plus qu’à suivre la foule de boliviens qui là encore se montrent avec une ferveur sans pareil, civils et militaires. C »est sur ces hauteurs que là encore une estrade façon rock parade a été montée, avec un mélange de musique et de discours politique. Pour l’occasion, même la fanfare de l’armée est là. La chanson de la campagne officielle est chantée par une jolie chanteuse tatouée à la voix très puissante.  » Planta arboles, salva al planeta », « Salva la Pachamama, salva la Madre Tierra »… Rappelant que la déforestation est responsable de la disparition de nombreuses espèces animales et végétales, et qu’elle est encore et toujours un symptome du capitalisme prédateur, Evo, applaudi avec un brin d’idôlatrie là encore incroyable, se lève ensuite, et la foule se précipite autour de lui pour l’accompagner, le toucher, le voir de près. Je saisis une photo au vol, un profil de lui avec sa plante à la main…une petite marche et il va planter le premier arbre, qu’il entoure de sa couronne de fleurs blanches et plante du drapeau bolivien. De ce que je peux voir un peu après. J’attends que la foule se disperse pour monter. Puis, les officiels ont droit à leur buffet privé, sous bonne escorte militaire, qui fait un cordon vivant se donnant la main par matraques blanches interposées. Le peuple peut s’acheter des melons , des oeufs , des bonbons ou des pains aux stands sauvages qui se sont montés sur toute la colline. En fait il commence à faire très chaud sur cette colline et je n’ai pas pris de casquette, ça me tape sur la tête ce soleil.. Je m’aprête à redescendre quand je tombe sur une scène insolite, une femme, guitare à la main, chante en espagnol au cordon de militaires qui garde l’estrade. Je la retrouve un peu plus bas, elle me confie qu’elle est très déçue car elle aurait voulu chanter sa chanson à Evo en personne, et qu’elle n’a pas pu. Elle s’est adressée au capitaine responsable des forces militaires de sécurité du président, qui l’a applaudi pour sa prestation. Elle lui dédicace son CD et lui demande d’en transmettre un à Evo, il lui promet qu’elle le fera. Elle en doute mais au moins elle aura essayé. Je redescends avec elle, en profitant pour interviewer cette activiste vénézuélienne, ancienne chargée de management environnemental dans l’industrie pétrolière. Elle me parle du paradoxe vénézuélien, dont l’économie entière repose sur le pétrole de Chavez, on sait bien comment Hugo a mitraillé de ses pétrodollars tous les pays d’Amérique Latine ou presque. Sans pétrole, pas de développement économique, et pourtant c’est une industrie sale et qui pollue et que même l’accord de cochabamba invite à limiter. Bref, les actions environnementales du Vénézuéla sont financées par de l’argent qui pollue. Est ce pour cela que toutes , absolument toutes les propositions du Vénézuéla ont été intégrées à l’accord? Leonor ne pousse pas le rapprochement jusque là , elle souligne, c’est tout. Elle me raconte sa vie, elle a choisi de devenir troubadour, il y a 10 ans. Depuis elle arpente les routes de l’Amérique Latine (mais n’avait jusqu’à maintenant jamais été en Bolivie) en chantant ses poèmes, elle s’est autoproclamée Ambassadrice de la terre mère. Nous arrivons à Tupiquaya, rien à faire là bas, à part boire du jus d’orange dans la rue et manger un poulet rôti et des bananes plantains frites (hum un délice!). Boeuf dans la rue , j’en profite pour enregistrer sa chanson, et lui traduire en français (on en fera une version française par skype bientôt!). I call you, I ask you, I beg you To protect me the way I protect you My ocean womb, my savanna skin, my mountain breasts, Blue, brown and green My river arteries pure and free need to flow And my sky head with clouds and wings clean needs to glow Please look at me, the time has come Protect me now, daughters and sons Choir Hey ya hey ya hei hey ya hei hei hey ya hei ya ha My breath Itake with ,my forest lungs And in my most inner depths my living heart beats like a drum I want to live, give birth to more life Protect me now, this is the time Choir Hey ya hey ya hey I am Pachamama I am Madre Tierra I am Goddesss Gaia, I am Mother Earth I’m Inamaka, I am Tonqtzin, I’m Gpddesss Yara I am your Mother Earth I am your Mother Earth Protect me Traduction française Je t’implore, te demande, te supplie Protège-moi comme te protège Au fonds des océans, dans la savanne , mes sommets Bleus, marrons et verts Les artères de mes rivières pures et libres doivent couler Mon ciel nuageux et ailé doit briller S’il vous plait regarde moi, le temps est venu, Protége-moi, ma fille, mon fils.. Hey ya hey ya hei hey ya hei hei hey ya hei ya ha Je respire et les poumons sont ma forêt Au plus profond de moi, mon cœur vivant bat comme un tambour Je veux vivre, et donner naissance à plus de vie encore Protège moi maintenant, il est temps Hey ya hey ya hey Je suis la Pachamama, la Madre Tierra, la déesse Gaia, la mère Terre, Je suis Inamaka, Tonqtzin, la déesse Yara Je suis ta mère Terre, je suis ta Terre mère, Protège moi Elle doit passer un coup de fil à la délégation qui l’accompagnait et la, pour elle, plongeon dans la galère : elle voulait décaler son vol pour passer par La Paz et chanter dans un éco_village , la Planeta del Luz, ambiance new-age, et vient d’apprendre que sa fantaisie de troubadour va faire que son billet d’avion va lui coûter deux fois plus. Du coup, elle ne sait plus quoi faire, je lui propose, je ne sais pas pourquoi , de m’accompagner à cochabamba, à mon hôtel. Parfois , on a des intuitions heureuses : en arrivant, elle retrouve une documentariste environnementaliste qu’elle connaît bien ,et qu’elle me présente au passage, c’est aussi une révolutionnaire convaincue. Elle retrouve aussi toute la TV vénézuélienne, qui se trouve là, par chance, du coup ses problèmes sont résolus!! Moi avec tout ça, j’ai frisé l’insolation …et, épuisée, et lassée du wifi qui ne marche pas à l’hôtel dans ma chambre (on devient exigeant quand on doit bosser en plus), je m’endors vers 21h (une première…) , avec des boules quiès car ma chambre donne sur le Prado, super bruyant et j’ai besoin de calme…. Finalement, je fais un diaporama des deux jours de photos, petits problèmes techniques de mise en ligne mais voilà :

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