Dans la région d’Oruro, on rapporte plein de troubles de santé potentiellement en rapport avec des pollutions aux métaux lourds. Si l’on reprend la population de l’étude, bien que la corrélation soit difficile à faire d’un point de vue scientifique, on peut noter effectivement un taux particulièrement élevé d’avortements spontanés. Et l’on sait bien que le plomb peut causer des avortements spontanés, même si c’est surtout quand il y a exposition occupationnelle , ce qui n’est pas forcément le cas ici… Pas moins de 84 mamans ont eu au moins un avortement (18,46%) avant leur inclusion dans le projet.
Une centrifugeuse permet immédiatement de mesurer le nombre d’hématocrites : on place le sang dans un micro tube, la centrifugeuse sépare le sang du plasma et une simple règle graduée permet la numération!
Un autre appareil permet de mesurer le taux d’hémoglobine. Le sang prélevé est là encore centrifugé, on en met une goutte sur une toute petite plaque que l’on met dans la machine qui par un principe encore mystérieux affiche quelques minutes après le pourcentage d’hémoglobine de la maman.
L’ostéodensitométrie du talon a à voir avec la quantité de plomb qui a pris la place du calcium dans les os. En effet, le plomb et le calcium entrent en concurrence dans l’organisme, le plomb prenant la place du calcium dans les os. Lors de la grossesse, le bébé ayant besoin de calcium va puiser dans les os de la mère, qui s’ils contiennent trop de plomb vont contaminer également le bébé …d’où l’intérêt de telles études pour assoir par exemple la nécessité d’une supplémentation calcique au cours de la grossesse.
La mèche de cheveu a le même but et son intérêt avait été montré dans le suivi de la contamination au mercure des populations amazoniennes…
L’échographie du thymus du bébé permet de mesurer la bonne capacité immunitaire. Un gros thymus est associé à une bonne immunité. On corrèle éventuellement ,si le thymus est petit, avec un certain nombre d’épisodes infectieux consignés lors des consultations de suivi.
Le prélèvement de cellules de la muqueuse buccale , facile à réaliser tant chez la mère que chez l’enfant (il suffit de frotter énergiquement un coton-tige sur la muqueuse à l’intérieur de la joue puis de presser ce coton humide de salive et de cellules dans un tube à essai) permet d’analyser la génotoxicité éventuelle . Comment? Avec un simple microscope. On sait qu’une cellule “stressée” (par un environnement polymétallique par exemple) peut, en se divisant, présenter des anomalies structurelles (comme par exemple la présence de deux noyaux) , absolument visibles au microscope.
Les analyses d’urine de la maman ont pour but d’analyser la présence éventuelle d’Arsenic, autre élément non essentiel , et de Cadmium.
Les reviewers du projet , question de méthode, ont demandé à ce que des analyses des urines des bébés soient aussi réalisées, notamment pour le Cadmium. Ce qui a bien fait rire l’équipe! Les “burocrates” n’ont probablement pas pensé qu’il était quand même sacrément difficile de faire pisser un bébé dans un tube en plastique ! Presser les couches? « Mouais, certes cela permet de recueillir des gouttes…mais pour des éléments -traces tels que ceux qui sont recherchés, ce n’est pas la meilleure méthode. »
Les tests de développement psychomoteur recourent à l’échelle de Brazelton qui peut être utilisée dès les premiers jours de l’enfant et qui permet de voir s’il réagit bien au son, à la lumière, etc…mais aussi s’il a un bon tonus musculaire.
Une étude difficile
La complexité de l’étude et quelques bâtons dans les roues (les autorités qui dissuadent les mamans de venir se faire traiter par exemple) ont fait que 79% des grossesses ont abouti, soient 358 bébés.
Les prélèvements de sang ont été menés sur 426 mamans au 2ème trimestre et sur le cordon (placenta) de 256 bébés. Des bébés n’ont pas été prélevés pour diverses raisons, soit que leurs mères ont refusé ( les médecins de l’hôpital n’ont pas hésiter à dissuader les mamans de laisser prélever leurs enfants en faisant passer l’idée que l’équipe de l’IRD traficotait avec des cellules souches !), soit qu’ils sont morts ( la mortalité infantile atteint 4 à 5,7%. 14 bébés sont décédés, dont 8 à la Caja) .
Le système de santé bolivien permet à chaque citoyen de se faire soigner gratuitement (la SUMI) . Une ville comme Oruro est tout à fait typique d’une ville du Sud de l’Espagne, hors pollution des métaux lourds, évidemment.