Les LEDs : un danger pour les yeux ?

Un rapport d’expertise de l’Anses paru fin octobre pointe les risques sanitaires des diodes émettrices de lumière, les LEDs, que l’on trouve aujourd’hui partout ! Y aura-t-il des guirlandes à Noël ?

Ce n’est un mystère pour personne : il vaut mieux ne pas regarder le soleil en face ! Les campagnes de sensibilisation au moment de l’éclipse solaire de 1999 ont bien asséné le message. La lumière du soleil peut conduire à des lésions irréparables de la rétine lorsqu’elle parvient directement à l’œil. Mais au moins peut-on se protéger de la lumière solaire par un filtre. Il semble que nous soyons en revanche beaucoup plus vulnérables devant une autre source de lumière, moins naturelle, fruit des progrès technologiques : les diodes émettrices de lumière (LEDs).

L’écologie et la volonté à tout prix  de faire des économies d’énergie peuvent avoir leur revers : après l’alarme lancée récemment à propos des champs électromagnétiques importants générés par les ampoules fluocompactes, au tour des diodes émettrices de lumière d’être mises sur la sellette. La raison ? La lumière bleue qu’elles émettent.

 

L’agression de la lumière bleue

Petit rappel physiologique : lorsque la lumière visible parvient à la rétine, elle se transforme en stimulation électrique au niveau de la macula, une zone centrale de quelques millimètres de diamètre. Or, lorsque la lumière émet un rayonnement à dominante bleu, ce qui est précisément le cas des LEDs, elle agresse la macula. Ce sont d’ailleurs des agressions répétées de la macula qui sont responsables de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), une affection qui conduit à des  malvoyances sévères.

Comme le rappelle Jean-Pierre Césarini, anatomopathologiste et co-signataire du rapport de l’Anses, « Un enfant, avant l’âge de 7 ans, est doté d’un cristallin absolument transparent qui le rend totalement vulnérable à la lumière bleue ! ». D’autres personnes sont particulièrement exposées au danger de ce rayonnement: celles qui n’ont pas de cristallin, celles qui sont dotées d’un cristallin artificiel, celles qui présentent une dégénérescence maculaire liée à l’âge, et enfin celles qui prennent des médicaments photo-sensibilisants.

L’expertise de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses),  pointe  plus particulièrement l’effet toxique de la lumière bleue et le risque d’éblouissement. En ajoutant aussi un certain inconfort visuel, lié à un éclairage très directif et à une piètre qualité de la lumière émise.

Si les ampoules à LED n’éclairent pas nécessairement en rapport avec l’intensité de la lumière qu’elles émettent, c’est leur intensité, très élevée,     (jusqu’à 1000 fois plus que les éclairages classiques !) qui est particulièrement dangereuse. Elle peut abîmer la rétine, et de façon irréversible. En clair, rendre aveugle…

 

Des normes à appliquer

La « tolérance » de l’œil humain à la lumière est pourtant connue. Il existe même une norme européenne de sécurité photobiologique (NF EN 62471) permettant de définir précisément le danger éventuel des dispositifs d’éclairage. Le problème est que la norme n’est pas obligatoire pour la mise sur le marché. Certains produits se targuent certes d’un étiquetage CE…mais il faut rappeler que ce dernier n’inclut que le bon respect des normes de sécurité électrique et pas cette norme de sécurité photobiologique !  (et que, par ailleurs, ce logo CE est  autoproclamé…)

Au final, l’Anses recommande de limiter l’usage des LEDs dans les lieux fréquentés par les enfants (maternités, crèches, écoles, lieux de loisirs, etc.), de développer des  lunettes de protection optique spécifiques aux LED (ce qui n’existe pas encore) et surtout d’informer les consommateurs sur les produits qu’ils achètent. Une information qui est du ressort du fabricant. Bien sûr, à la parution du rapport, regroupés sous l’égide du Syndicat de l’éclairage, les fabricants ont réagi aussitôt en précisant que dans des conditions normales d’utilisation (c’est à dire sous réserve de ne pas regarder la source lumineuse  en face, et de ne l’utiliser que dans un diffuseur,  un réflecteur intégré ou un luminaire limitant la luminance perçue par l’utilisateur…), les LED ne présentaient pas de risque sanitaire particulier. Osram, l’un des grands fabricants mondiaux de LED a même précisé dans un communiqué que tous ses produits  entraient dans les groupes de risques d’effets photochimiques les plus faibles, groupes 0 et 1, à l’exception de ses lampes de poche, qui elles rentrent dans le groupe de risque 2. Mais quid des autres dispositifs incorporant des LEDs ? Les enfants peuvent-ils éviter de regarder directement les LEDs de leurs jouets , afficheurs lumineux, consoles et manettes de jeu ? Peuvent-ils éviter  les flashs  (à LEDs !) des  téléphones portables  avec lesquels on les photographie , souvent dès la maternité? Évitent-ils, depuis leur poussette qui place leurs yeux à hauteur des pare-chocs, le rayonnement éblouissant des nouveaux phares des voitures?  Et oui, il est hélas probable qu’il y ait encore   des guirlandes clignotantes à Noël et qu’il soit toujours aussi difficile de s’empêcher de les regarder !

Clara Delpas

 

Encadré 1 : Où trouve-t-on les LED’s ?

 

Signalisation routière :

  • feux de circulation

  • balisage urbain

  • sécurité routière

  • feux de véhicules

 

Éclairage domestique ou professionnel :

  • lampes torches et frontales

  • luminaires

  • spots

  • guirlandes de Noël

  • blocs opératoires

  • fauteuils dentaires

 

Dispositifs de soin

-lampes de luminothérapie

  • lampes de soin anti-acné ou d’esthétique…

 

Encadré 2 : Quels risques ?

La norme européenne de sécurité photobiologique (NF EN 62471)  s’applique aux lampes et aux appareils utilisant des lampes et propose des limites d’exposition au rayonnement de ces sources de lumière.  S’intéressant à l’ensemble des dangers photobiologiques pour l’oeil (dangers thermiques et photochimiques), elle définit 4 groupes de risques :

le groupe de risque 0 (exempt de risque),

le groupe de risque 1 (risque faible),

le groupe de risque 2 (risque modéré)

le groupe de risque 3 (risque élevé).

Certains produits à base de LEDs relèvent de groupes de risques supérieurs à ceux des éclairages traditionnels, jusqu’alors accessibles par le grand public.

Petite astuce pour repérer le danger : plus la  lumière est «  froide » plus on peut supposer qu’elle est riche en couleur bleue.

 

 

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