De la même manière que les antennes-relais ne sont, en France, absolument pas dangereuses, il ne saurait exister d’électrohypersensibles ! On se demande alors qui grossit les rangs des réseaux mis en place par les associations !
L’électrohypersensibilité passe souvent pour une lubie. Et les personnes qui en sont atteintes, pour des cas relevant de la psychiatrie. On les taxe sans hésiter de réfractaires au progrès et de socialement inadaptées en brandissant l’étendard de la maladie psychosomatique. Se savoir voisin d’une antenne suffirait à rendre malade… Au cours du colloque du 23 mars organisé au sénat, le professeur Johanson a rappelé qu’en Suède le syndrome d’électrohypersensibilité est reconnu comme un trouble fonctionnel depuis 2000. 230 à 290 000 suédois en seraient atteints, relevant des mêmes lois sur l’égalité des chances que les handicapés et bénéficiant du soutien de l’état pour se protéger des ondes électromagnétiques qu’ils ne supportent pas, en prenant en charge par exemple tous les travaux d’aménagement de l’habitat (peintures isolantes, voilages, etc…! En France, bien sûr, la maladie n’existerait pas ! Enfin, selon les autorités… Car pour les associations et pour certains médecins, des cas existent . Ainsi, au Sénat, le professeur Dominique Belpomme (cancérologie, Hôpital Georges Pompidou, Paris) a présenté les premiers résultats de son étude sur le Syndrome d’Intolérance aux Champs Electromagnétiques (SICEM). Chez les 88 malades (24 hommes et 64 femmes), âgés de 47 ans en moyenne, qu’il a suivis, la maladie démarre par des douleurs cervico-cranio-faciales (céphalées), des troubles de la sensibilité superficielle et profonde, ainsi qu’un déficit d’attention ou de concentration. Puis, les personnes manifestent de l’insomnie, de la fatigue et de la dépression. L’évolution de la maladie ? Variable. Elle peut aller vers une régression des symptômes, une atteinte dégénérative du système nerveux central, une surdité de perception, un neurinome, un cancer… Le SICEM est un autre nom pour la maladie que l’on désigne par « Electrohypersensibilité » (EHS). Si le professeur Belpomme tient à la distinction, c’est que la sensibilité suggère quelque chose de génétique , alors que le SICEM s’acquiert, au bout d’un certain « seuil » d’exposition.
Témoignage d’une électrohypersensible
« Je suis rentrée de vacances début septembre 2007 dans mon appartement , et j’ai commencé à avoir des troubles bizarres, des crises de tachycardies, des migraines très dures, un problème sur un oeil (de l’eau qui s’est glissé sous le cristallin), des sensations de brûlures au niveau des mains, surtout la nuit. J’étais extrêmement fatiguée, j’avais des problèmes cognitifs, je ne pouvais plus comprendre ce que je lisais, j’avais des pertes de mémoire, je me suis retrouvée entre autres devant la porte de mon appartement les clefs à la main et à rester comme ça un certain temps sans savoir ce que je venais faire! Au point qu’une semaine après j’ai quitté l’appartement … Mais je ne pouvais plus supporter de téléphoner avec un portable, lorsque quelqu’un allumait un portable, ça me faisait une vrille dans le cerveau. J’étais devenue réceptive à des choses qui une semaine auparavant ne me faisaient rien!J’ai alors découvert que l’on venait de mettre en service 6 antennes-relais en face de chez moi! Depuis je me suis isolée dans un appartement que j’ai blindé. J’ai gardé une certaine électrosensibilité, mais elle s’est atténuée, et surtout varie suivant le temps que je suis exposée! Je dois faire attention à mes déplacements. Et me protèger la tête avec une casquette dotée d’un voile protecteur. Je ne peux plus prendre le TGV, aller dormir ailleurs que chez moi, ou aller dans les parcs ou les bibliothèques équipées en Wi-fi, le pire, encore plus agressif que le téléphone portable! »
Evelyne, 50 ans
A la recherche de signes biologiques
Les enregistrements de l’activité cérébrale de ces patients ressemblent à ceux des patients atteints de maladie d’alzheimer. Et les analyses d’urine montrent une baisse de la mélatonine. Il y a également une augmentation des protéines de stress cellulaire HSP27 et ou HSP70. Le lien avec la présence de champs électromagnétiques (CEM) ? Établi sur la foi des déclarations des gens (lorsqu’ils sont en présence d’un tel champ, ils disent aller mal, mais mieux lorsqu’ils en sont loin) et de tests de provocation. Hypothèse : la maladie serait liée à la présence de magnétosomes dans les cellules. Les magnétosomes sont des agrégations de 50 à 100 cristaux de magnétite. Le système nerveux en contient des millions, en particulier les cellules gliales (astrocytes). Le professeur Belpomme a d’ailleurs en projet le dosage de ces magnétosomes afin d’établir une éventuelle corrélation avec les symptômes observés. [Kirschvink JL, Kobayashi-Kirschvink A, Woodford BJ. Magnetite biomineralization in the human brain.Proc Natl Acad Sci U S A. 1992 Aug 15;89(16):7683-7]