24 janvier-Lever 7h pour prendre notre jeep de retour. Dernier thé et petits pains cachemiriens beurrés sur le ponton du bateau, face au lever du soleil au dessus du zero Bridge. Notre hôte nous accompagne à la Jeep, les filles se sont levées exprès pour nous dire au revoir, et hop c’est parti pour Jammu…croit-on ! Car un premier barrage de police nous invite à faire demi-tour. Contre toute attente, la circulation a été inversée cette nuit et ne s’opère que dans le sens Jammu –Srinagar… (juste pour préciser, quand il y a des chutes de neige importantes, comme cela fut le cas il y a 5 jours, la police routière régule le trafic sur ces routes de montagne en autorisant une journée les voitures dans le sens Jammu-Srinagar, et le lendemain dans le sens Srinagar-Jammu). La décision impromptue est venue, alors que l’Inde s’apprête à fêter, le 26 janvier, le jour de son indépendance. Le Cachemire s’en fout, puisque cette date n’a aucun sens dans son histoire : à l’époque de l’indépendance (1947), c’était un pays libre et indépendant… Et du coup, vu que le gouvernement indien craint les séparatistes qui vont jusqu’à faire des attentats pour demander la liberté du Cachemire , il a décidé de carrément isoler les cachemiriens, en les empêchant de circulerlibrement et totalement même le 25 et 26…dans les deux sens ) . S’ensuivent de nombreux aller-retours pour nous entre la police du trafic, les représentants du gouvernement du Cachemire, l’officier supérieur de police du district… Pour finir, notre guide, venu à la rescousse, fait jouer de son carnet d’adresse pour qu’on ait les bons interlocuteurs… Au final, à Amar Niwas, Complex Tankipura ( des lettres d’or que Gaelle a eu bien le temps de noter dans son carnet, à l’extérieur, car elle gardait les sacs puisque appareils photos, écouteurs de mp3, clé USB, chewing gum, produit à lentilles, fil dentaire, enfin bref, Klara avait tellement de choses qui ne passaient pas et le chauffeur de la Jeep était tellement con qu’il avait été garer la voiture à perpet sans dire où… que c’était plus simple. Dans cette administration, arrivée au 4 ème bureau, Klara accompagnée de son guide, suivis d’une dizaine de cachemiriens s’étant greffés au mouvement, par nécessité ou parce qu’ils étaient simplement curieux , a un éclair de génie et se met à brailler dans un anglais parfait : « Je suis française, je veux parler à mon ambassade, appelez mon ambassade tout de suite, j’en ai marre que personne soit foutu de prendre une décision ici. En plus je suis journaliste, j’étais pas venue pour ça ici mais j’ai le droit de circuler librement dans votre pays, regardez j’ai mon visa de travail. Alors faites quelque chose, j’ai un train à prendre demain matin ». Et là, l’officier du 4 ème bureau, a rappelé celui du 3ème, qui a rappelé celui du 2ème qui a rappelé celui du 1er (véridique) qui m’avait jeté quand je l’avais vu la première fois et qui donne à Klara là le numéro de téléphone de l’officier principal de la police du trafic (qu’on avait déjà cherché à choper à 9h, mais il n’était pas arrivé avant 11h au bureau ce jour là, soi disant pour cause des festivités du 26.
On l’appelle, il nous dit de passer, et nous voilà repartis pour la police du trafic où l’officier, sans nous faire de papier, se contente de nous donner son téléphone en nous disant qu’il va venir tous les postes barrière pour leur donner notre numéro d’immatriculation et que si nous avons un problème nous n’avons qu’à appeler. Il se croit connu comme le loup blanc .
Et nous voilà enfin parti pour Jammu, il est 13heures, nous devions partir à 8heures ce matin, c’est dire, 5heures de négociations pour avoir l’autorisation de sortir du Cachemire. Nous sommes toutes les deux, accompagnées de trois cachemiriens, dont deux vieux monsieurs typiques (voir photo). Le troisième parle et comprend l’anglais, mais seulement quand ça l’arrange. Il est pas beau, on l’a pas pris en photo. Ce sont trois commerçants, pro-indiens disent-ils (mais peut-être ont-ils juste peur de parler…).
Premier barrage, personne. Deuxième barrage, à Qazigund, une foule énorme, et des soldats qui semblent traiter et négocier des autorisations de passages au milieu de la rue. On ne sait plus trop qui est qui, le chef, l’officier, le sous off… Alors on racontre dix fois notre histoire, accompagnés de nos accolytes (qui sans nous ne passeraient pas d’ailleurs…). On finit par rentrer dans le bâtiment officiel de la police du trafic, dans le bureau du chef des chefs, qui, après avoir vérifié le numéro de l’officiel de Srinagar, nous fait un petit bout de papier attestant que nous avons bien le droit d’aller à Jammu. On repart. Nos trois copains sont très contents. Ils embrasseraient presque Klara, tellement ils sont contents. On fait une heure de route à peine..et re-belote, barrage de Bahanal Tunil, voitures, camions, beaucoup de monde, on ne reconnaît pas qui est qui, les badauds font la circulation, les contrôles, etc…et surtout les voitures et camions en sens inverse veulent passer aussi et ne sont pas filtrées….
On remontre notre autorisation , mais en fait ce n’était pas la peine car le militaire avait déjà notre plaque d’immatriculation inscrite dans la main… On repart. Toujours pas arrivés, la nuit commence à tomber, il est autour de 17h. Le reste de la route (de montagne…) se déroule sans encombre ou presque, tout le long , sur les 295 kilomètres qu’on mettra finalement 16heures à atteindre, il y a beaucoup de militaires. Nous enregistrons notre sortie d’étrangères à une énième halte, et finissons, vu l’heure tardive, et toujours la bêtise de notre chauffeur , qui ne comprend pas un traître mot d’anglais, dans un hôtel miteux, ou plutôt cafardeux, pueux, où même pas on aura posé une fesse sur le lit. Mais , avantage indéniable, juste à côté de la gare.
Gaelle a beau tenter de dresser les cafards en leur parlant pour qu’ils rebroussent chemin, nous faisons face à une invasion de 3 cafards, dont un mesure au moins 5 cm de long (il ne serait probablement pas sans déplaire à Damien ;-). Klara expérimente un insecticide bio, comme attendu sans aucun effet (c’est une antinomie en soi…surtout sur les irréductibles cafards ) , et demande à Gaelle de faire Bégon Net Express car Gaelle est armée d’un broc d’eau dont elle se servira pour rendre sa proie inopérationnelle en l’écrabouillant avec (ceci dit, on l’entend toujours gigoter, le cafard, bien sûr, pas Gaelle). Là, tout est calme, enfin, à côté c’est dortoir, et au moins cinq indiens dorment à même le sol avec des couettes et des coussins, alors c’est concert de ronflements pour l’instant. Klara, qui en a marre que Gaelle la traite de mauviette, vient de prendre son courage à deux mains et d’en écraser un (qui fera demain des milliers de petits cafards, puisqu’en les écrasant on étale leurs œufs, mais on s’en fout, on part dans deux heures…) . Et oui, il est quatre heures du mat et nous sommes parties pour une nuit blanche. Pour être restées éveillées, on s’est fait une manucure, épilation visage, nettoyage des oreilles, du nez, tout ça prend du temps bien sûr. On écoute de la musique… on fait le blog… Nous partons dans quelques heures pour 26 heures de voyage en sleeping….Au moins on dormira bien…
A 6 heures du matin, nous quittons cette chambre, sans regrets, laissant malheureusement le cafard géant sous le broc, sûrement encore vivant, mais dans la précipitation… Gaelle lui avait pourtant promis de le libérer quand on partirait….ah ….en espérant que la vengeance de la blatte ne soit pas trop terrible… (on l’a pas en photo, parce qu’elle était sous le broc, et avant, on lui avait pas demandé son autorisation)…
brrr,de vrais cafards made in India,moi,j’aime bien les gentilles blattes en pomme de pins,courage pour la suite les fille!,bises