Fin d’oruro et la vierge du Socavon

J’oubliais, hier , nous avons interviewé avec Jacques les délégués à l’environnement de Oruro. C’était très beau, la métaphore entre la richesse minière et la richesse agricole. Ainsi, les cours du métal varient-ils, au moins la terre et les céréales qui poussent dessus peuvent-elles nourrir les hommes! Bien sûr que la santé et le bon développement de leurs enfants les préoccupent : mais on les imagine mal obliger les gens de la coopérative à porter des masques. En milieu industriel, bien sûr , ça s’envisage si on vire les gens qui n’appliquent pas ces obligations!
Résultat : 30 minutes sur le développement durable de la région, qu’il me reste encore à décrypter et qui fait un bon pont entre le développement industriel et le développement agricole!

Ce matin, comme cela arrive souvent, il y a eu défection de mamans à l’hôpital. Je photographie avec conscience l’autel . En parlant de croyance, pareil, hier soir nous avons eu une discussion passionnante sur les croyances populaires de la région à propos de l’éducation des enfants
Du coup j’ai entraîné toute l’équipe , Maria et Paloma, et même Marina, l’infirmière de l’hôpital à visiter l’église de la vierge du Socavon, la vierge des mineurs, celle qui les protège de tout….


Ainsi , elle protège du cancer, si si. C’est comme ça qu’on voit la santé au travail ici?
Enfin, ici ce qu’il y a de rigolo c’est qu’on est à la croisée des chemins entre la mythologie et l’histoire religieuse. Quand j’aurai décrypté l’histoire du Tyo (voir mardi) , alors je comprendrais toutes les péripéties de la vierge du Socavon! Bref, la particularité de cette église c’est qu’elle ouvre sur une vieille galerie minière parfaitement sécurisée. Donc on peut visiter la mine comme elle fonctionnait au siècle dernier.
On voit même comment les mineurs se débrouillaient pour voler les minéraux (un truc qui brisait le code de déontologie des mineurs et les exposait vraiment au lynchage (cf le joli pendu d’hier!) ) , en les mettant par exemple dans un biberon, ou bien en les mettant dans un linge sur le dos ou bien ou bien , tout plein de manières différentes et toutes répréhensibles!

La suite, la grève générale des usagers des transports, les graffitis anti-Evo sur les murs de la ville….
Enfin, après ces péripéties, me voilà dans le bus pour Potosi. 5 heures le long de la cordillère des andes, probablement le plus beau voyage en bus que j’ai jamais fait, des paysages somptueux, splendides, grandioses. Sur la route de Oruro à Potosi, les montagnes de la cordillère se découpent majestueuses dans le ciel bleu. Elles sont recouvertes d’herbe verte. On sait bien que dans quelques jours à peine le vert se transformera en jaune paille puis tout séchera jusqu’à la prochaine saison . À Challapata, le péage, un vieux urine en voyant passer le bus, même pas contre un mur! C’est là que le bus s’arrêtera au milieu de nulle part. Avec juste une petite échoppe, qui vend des fromages et doit tirer fortune de la halte du bus. Probablement toujours la même . deux fois par jour. Je repense à l’église de la vierge de Socavon, le matin en revoyant les photos. Pourquoi tout d’un coup cette envie furieuse de prendre absolumen les édifices religieux en photo, comme si less montagnes ne suffisaient pas à témoigner de la présence de quelque chose qui nous dépasserait? Les reliefs ont beau être toujours les mêmes et quasi identiques, on s’y plait à imaginer qui les pattes d’un lézard géant qui la queue d’un serpent. Moi qui me demandais l’origine de ces représentations reptiliennes! je commence à comprendre, à partager même les visions qui tout d’un coup affleurent comme si ces montagnes étaient des montagnes molles. Ou plutôt la curieuse impression qu’il s’agit d’éléments parfaitement vivants, meubles, avec les conditions climatiques. Dès que la pluie tombe, elles fondent comme des sucettes, comme c’est parait il mystérieusement arrivée à la vallée de la lune!
Autour de 55km avant Potosi, le soleil plus rasant, fin de journée oblige, donne à la cordillère une couleur brune particulière, les pointes encore éclairées commencent à tirer vers le rose. Le nombre de lamas et de troupeaux de chiens errants qu’on aura évité… Enfin d’autres frayeurs nous attendent, avec ce moment bizarre où le bus à 55 km de Potosi très précisément ne parvenait plus à monter la côte….mais dans un bruit redoutable avec une odeur de cramé monstrueuse en plus…Bon, pour finir, on est quand même arrivé à bon port. Je voulais descendre au Carlos V, mais il était fermé, je me suis rabattue sur les conseils du taxi sur un endroit vraiment très sympa, à deux pas de la place centrale.

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