Ce matin, j’arrive à l’IRD de bonne heure (8h15 environ). Jacques est aussi là, comme il fait beau, il propose de m’emmener voir le site de Milluni. Quelle belle sortie!
Bien sûr, ça stigmatise le problème des pollutions minières qui finissent par contaminer irrémédiablement les réseaux de l’eau potable qui alimente la ville, mais la nature est si belle et si photogénique que ça se passe de commentaires.
Enfin j’aurai appris que pour diminuer un peu le problème de la pollution polymétallique, on verse…de la chaux pour faire précipiter les métaux et abaisser le ph.
Pour l’usine de chollage (comment s’écrit-ce?), impressionnant de voir ce bonhomme tout seul, sans même un poste de radio pour se tenir compagnie. La question : et quand il dort? un relais la nuiit? et quand il est malade?
Les montagnes exploitées à nouveau massivement par des particuliers depuis 2 ou 3 ans donnent lieu à des drames évités de justesse, commes cette galerie effondrée. Absence de régulation et de réglementation des exploitations, toujours…
Le site de Milluni n’est plus qu’une ville fantôme, pourtant gardée, nous devons montrer patte blanche et même dénouer les fils de fer qui ferment une barricade pour y entrer. On voit bien que la ville était développée pour que l’on y trouve tout sur place. Des bâtiments en dur, de l’église à l’école en passant par le cimetière des mineurs (maintes et maintes fois prises en cartes postales)
Par chance, le lac est au dessus du site minier, donc encore d’un bleu vert pur. En arrière plan le Wayne Potosi, un plus de 6000 m. En aval, c’est plus apocalyptique.
De l’autre côté de ces montagnes minéralement riches, , changement de décor, les montagnes semblent en sable!
On croise même un cavalier! très rare dans les Andes, les chevaux! Mais surtout on on longe la cordillère royale et c’est d’une beauté à couper le souffle.
Et puis on voit bien des petites mines de ci de là mais dans des conditions beaucoup moins organisées ou développées que sur le site de Milluni. Là de l’autre côté de la montagne, les aménagements sont plus sommaires : en général, juste une cellule pour dormir. Pas vraiment de bistrot du coin par ici. Même plus de tôles de zinc faisant office de toit sur les cellules en adobe. Du coup, tout s’effrite et tombe en ruines, comme un peu partout. Dur de dater de quand tout cela date.
Un peu plus loin, encore un petit site minier, un peu plus aménagé en village. Du linge sèche, des chiens aboient, nous tentons de rencontrer âme qui vive et en trouvons deux, au bord d’un petit ruisseau qui descend d’une ancienne galerie bouchée.
Ils font partie d’une coopérative, bien sûr, la « Union » , qui regroupe une dizaine de mineurs. On dirait des chercheurs d’or! Ils procèdent par barattage du ruisseau au moyen d’une truelle, la boue résiduelle est mise à sécher, c’est presque de l’étain pur…qu’ils nous disent être obligés d’aller vendre à …Oruro (c’est loin!). Quand je leur demande comment ils vivent la chute des cours de l’étain , ils disent que certains retournent à la terre, parce que c’est dur.
Je m’essaye à photographier des lamas, mouais, c’est des drôles de bêtes qui adorent montrer leurs fesses…
Dans les eaux qui restent de la saison des pluies poussent de drôles de chenille dont le papillon reste encore un mystère (mais que Jacques a bon espoir de voir puisque ses fils en font l’élevage!)
Nous repartons pour el alto, passons par un village où nous devons attendre l’autorité ancestrale pour nous ouvrir la barrière qu’ils ont dressée (« contre les voleurs » nous explique-t-il). Son costume est magnifique.
De retour à La Paz, juste le temps de manger au café Berlin où oh surprise (décidément la Bolivie est petite et jamais deux sans trois!) , je retrouve à une table voisine…deux motards faisant le tour du monde, un allemand de stuttgart et un suisse de bern rencontrés dans les rues de Potosi alors qu’ils cherchaient un hôtel où garer leurs bécanes et auxquels j’avais indiqué La Casona où je logeais aussi…
Puis, rendez vous Calle Florida chez Sarah d’AVSF pour les interviewer avec Jean sur le projet intersalar toujours à propos de la quinoa. encore 2 heures passionnantes, et plein de nouveaux éléments notamment sur l’organisation sociale des communautés, et la pérénité des actions mises en place. Retour plus pénible, La Paz est une ville énorme et très étendue, les taxis n’ont pas de GPS, je ne parle pas espagnol. Mais je reconnais un peu les lieux quand même. Je demande à un premier taxi d’aller xx Calle Achumani, il me dit qu’il sait pas où c’est. Le deuxième dit connaître et m’emmène en fait au xx ème embranchement de la rue principale qui traverse le quartier Achumani, dans une rue sombre, peu éclairée. je refuse de descendre et lui dis que ce n’est pas là, il me dit si si, je lui dis que c’est près du lycée français, bref, il n’a même pas un plan de la ville dans sa voiture et ses collègues de station ne semblent pas mieux savoir où cette rue est (chez Sarah, j’avais vérifié l’endroit avec elle sur la grande carte de La Paz qu’elle a affiché dans sa cuisine) , et au final, heureusement que j’ai un portable avec une puce bolivienne pour appeler Jacques qui finalement explique au taxi comment se rendre chez lui. Et m’amène au final enfin bien au xx calle Achumani!
Le soir, détente devant la panthère rose, (quand la panthère rose s’emmêle), c’était d’un drôle, je me suis dit que j’allais tous les voir en rentrant….