Les ghats, de l’autre côté


Ce matin, on est remonté vers l’ouest, des ghats qu’on n’avait pas encore visité. On a été tout au bout, jusqu’au pont, le Malviya Bridge, tout en métal, un double pont, avec sur le niveau 1 les trains, et sur le niveau 2 , les voitures. Au Raj Ghat, on a vu les bâteaux chargeant le bois des crémations, et là, pas d’interdit pour faire des photos ….

Ces ghats là nous ont semblé moins fréquentés des touristes, plus sales avec des buffles d’eau de partout et les bouses qui vont avec, des troupeaux de chèvre,et surtout deux gros drains d’ordures de la ville se déversant directement dans le Gange. Nous avons    ensuite trouvé un parc, dans lequel Klara pensait trouver le service des eaux de Vanarasi, induite en erreur par une pancarte, et qui s’est avéré être un parc archéologique, avec une présentation des ruines du Raj Ghat dont certaines remontaient à – 800 avant J.C, et qui montrent l’évolution de l’aménagement urbain le long des ghats.  Gaelle est restée faire une sieste, Klara est partie visiter le temple de Vishnou, là encore un temple très ancien puisque Vishnou lui-même y aurait posé ses fameux pieds, juste à la confluence de la rivière Varuna et du Gange. Comme elle avait toujours dans l’idée de trouver ce fameux service des eaux, elle est rentrée dans ce qui avait l’air d’être une administration gardée des militaires et s’est retrouvée  à la Bhagant School de la Fondation Krishnamurti, dans les bureaux du directeur, qui l’a aidée à trouver la bonne personne pour parler de la pollution du Gange et de la politique d’assainissement de la ville : le brahmane du Sankat Mochan Temple, qui est aussi biologiste et a monté un laboratoire d’analyse des eaux au Tulsidas ghat. Klara est toute contente et part visiter le temple de Vishnou, en pleine puja, se fait réclamer des bakchichs par une vieille femme édentée à l’extérieur du temple, et…finit par se dépêcher de retrouver Gaelle, qui commençait à trouver le temps long . On est rentré, encore une fois par les ghats, en se prenant une averse. Un boatman boîteux en béquilles qui ne pouvait vraiment que ramer de ses petits bras, nous a proposé l’abri dans sa petite cahutte, quelques planches de bois assemblées en un cube pouvant se fermer et se verrouiller à l’avant, entre le truc de bouquiniste parisien (sans les livres évidemment) et la cabane de pêcheur, la fenêtre et la porte en moins …Nous étions un peu gênées de cette générosité spontanée, lui se retrouvant du coup presque sous la pluie. On a été à Assi Ghat, manger une pizza, parce que c’était juste à côté de Tulsi Ghat où Klara voulait voir le Brahmane, mais le labo était fermé. Gaelle est rentrée par les ghats, sous la pluie, au milieu des éclairs et des orages. Elle s’est abritée…sous l’auvent  où étaient stockés les corps en attente d’être brûlés (mais elle ne le savait pas avant d’y être et personne ne  l’a empêché d’y aller, d’ailleurs il y avait aussi d’autres étrangers…). Klara s’est abritée dans un cyber café, à documenter ces histoires de suivi de la pollution du  Gange.  Elle a notamment découvert que le gouvernement indien ne faisait vraiment pas grand-chose pour assainir l’endroit. Le professeur qu’elle doit interviewer dimanche , se bat depuis 1982 pour qu’un système de récupération des déchets et de retraitement des eaux usées soit installé. Sa fondation a notamment établi qu’aux points de déchargement des ordures , les concentrations en coliformes fécaux (des ‘crobes qu’on trouve dans le caca et qui donnent des diarrhées, pouvant aller jusqu’au choléra…) atteignent des chiffres astronomiques, de l’ordre de la cinquantaine de milliards d’unités au ml. Alors que la norme maximale tolérée fixée par l’OMS pour la baignade est de 500 U./ml , et pour la potabilité, de 0 U./ml…Mais ce n’est pas la préoccupation principale des politiques, même si, tous les ans au moment de la mousson, des  épidémies de choléra déciment les populations. Etonnant de voir comment les politiques netouchent pas aux aspects religieux de la culture indienne : le fleuve sacré est toujours réputé capable de résorber toute sa pollution par la seule intervention de Shiva… Comme la veille (on commence à avoir nos petites habitudes), on a dîné à l’hôtel et pis on est ressortie sur le manakarnika ghat. Klara avait eu moyennant bakchich autorisation de faire des photos , sous protection bien évidemment, mais, à la réflexion, ne voulant pas alimenter ce buiseness morbide à la Paris Match, et parce qu’il suffit d’aller sur Wikipedia (quelle bonne idée que cet espace d’échanges où tout est gratuit et libre de droit) pour trouver des photos trash des crémations, elle a décliné. Et du coup, comme tout le monde était prévenu dans le ghat, les gens ont commencé à nous parler pour nous proposer leurs propres buiseness, le vendeur d’eau minérale par exemple a une jolie collection de photos qu’il propose à la vente comme carte postale ou presque. Enfin , berk, ça ne nous viendrait pas à l’idée de vous envoyer ça. Non, par contre, Klara rêve toujours de poser son pied devant le feu de Shiva, le bois, le petit temple en haut, et tout ça de nuit, quand on ne voit plus rien d’autres que les mouvements des ombres et la lumière des flammes…

Sarnath

Après le Népal, le Tibet aujourd’hui, on a été à Sarnath, le lieu de pèlerinage bouddhiste , où le bouddha a proféré son premier sermon, le « Maha-Dharma-chakra Pravartan »   juste après avoir connu l’éveil. Sarnath est au bouddhisme ce que Vanarasi est à l’hindouisme, et comme ce n’est qu’à 10 km de distance on a fait d’une pierre deux coups. La route pour y aller : chaotique et fréquentée, avec des nuages de sable et de poussière qui rendent le foulard obligatoire pour respirer. Le temps : chaud, et plein soleil,  tendance orage. Visite éclair, écrasée par la chaleur. Nous avons démissionné des objectifs touristiques pour méditer dans le parc à l’ombre .

Avec nous, quelques moines en robe rouge, de nombreux pélerins tout vêtus de blanc, des tibétains en civil, des biches , des chiens, des petits oiseaux et de petits enfants   qui vendent des carottes coupées par leurs mères pour nourrir les biches,  au milieu des ruines de briques rouges, fondations et début de mur excavés où on imagine des dizaine de monastères , jadis, au temps du bouddha.

Nous avons été ensuite visiter le temple tibétain, avec de grandes photos du Dalaï-lama (qui est venu là il y a une quinzaine de jours à peine), et une statue en or énorme du bouddha.

Puis, visite du temple japonais, avec un bouddha en bois allongé cette fois, et beaucoup d’objets , des tentures, des peintures, des cloches, de l’écriture… Nous n’avons pas été jusqu’au temple chinois , sûrement Chan, ni au temple  thailandais, dont on a  juste pu en partant apercevoir la gigantesque statue du bouddha , debout cette fois, et selon la vue aiguisée de Gaelle, en rénovation probablement.  En chemin vers le temple tibétain au bord de la route, dans l’entrebaillement d’une petite maison ouverte, aux murs peints de bleu, Klara aperçoit un corps recouvert d’un linceul blanc allongé sur un lit ressemblant à un lit d’hôpital (d’ailleurs c’était à la sortie de l’hôpital) , avec au chevet un vieil homme se recueillant. À l’extérieur, une grande corbeille en osier avec de l’encens, les perches de bambou pour le brancard funèbre et ces tissus métallisés orange, rose, rouge, jaune, blanc, or, argent, prêts à recouvrir le corps , en partance pour la crémation. Le rickshaw ne nous a pas déposé là où on voulait, on a déambulé les rues, flânant jusqu’à notre hôtel où nous avons dîné pour ne pas nous laisser prendre par le temps. On est ressorti voir nos  amis de la petite boutique de tchai, continuant d’étudier la jeunesse du manikarnika ghat de Vanarasi.

Népalais …beau, quoi !

Aujourd’hui on est parti à Kathmandou, au Népal. Si si, on vous assure. Sur le ghat voisin du Manakarnika Ghat, le Lalita Ghat, se trouve un temple réplique d’un temple de Pashupatinath (également lieu de crémation au Népal, sur une rivière qui se jette dans le Gange) , construit par le roi du Népal au 19 ème  siècle, avec des bois sculptés de figures érotiques à faire rougir les vieilles rombières surmontant des sculptures très fines de yoginis ou de déesses.  Klara a vraiment trouvé cela drôle de revoir ce mélange de briques rouges  et de bois foncé.
L’intérieur du temple contenait un shivalingam surmonté d’un cobra et entouré de fleurs, mais aussi un calendrier et une horloge ( !).  Gaelle a commencé à se renseigner au centre d’informations touristiques népalais installé dans le centre sur les possibilités d’aller au Népal sur la fin de son séjour.

Puis, comme elle aime la couleur rose , et qu’il y avait un marchand ambulant de barbapapa sous plastique qui s’annonçait en disant « barbapapabarbapapa… » en hindi, et qu’il suffisait d’hêler pour le faire venir, elle a acheté de la barbapapa indienne (mais c’était pas bon alors elle l’a refourgué aux enfants népalais qui n’en voulaient pas non plus d’ailleurs…). Nous avons fait un tour en ville dans les rues car il faisait trop chaud sur le ghat. Nos bad boys nous proposaient une virée en bateau pour aller se baigner dans le Gange, mais bon on n’est pas encore prête.  Il paraît qu’il faut d’abord se débarasser de toutes les pensées négatives qu’on peut avoir sur le Gange (c’est sale, y a des cadavres qui flottent, les égouts de la ville s’y déversent, les gens s’y lavent , y lavent leurs linges, les bateaux à moteur polluent, les vaches et les chiens s’y baignent, y a des fleurs qui y pourissent de partout, etc..etc…).

Le soir, puja au Gange avec photos de nuit.

Puis, portraits à la boutique de tchai habituelle, , et là même dos au  Manakarnika Ghat, on entendait « no photos, no photos ». Et pas mal de monde est venu autour de nous voir ce qu’on foutait avec l’appareil photo.

 

 

 

 

On a traîné, ratant l’heure limite pour dîner à notre hôtel, qui nous a envoyé en ville, dans un restau recommandé par les guides du routard, etc..(le Fuji Restaurant) mais franchement mauvais : Gaelle a eu droit à une mixture décongelée de légumes au curry, c’était spécial, après avoir eu le Paleer panak (épinard au fromage) le plus mirtchi qu’on est jamais mangé ici. (Gaelle croit même d’ailleurs que les cuisiniers maintenant se vengent des touristes qui demandent de la nourriture pas épicée…)

Bad boys de Varanasi ?

Lever 5h30, on doit prendre le bateau pour assister à un coucher de lune (qui est pleine ici) et un lever de soleil sur le Gange, événements que nous avons partagés avec deux touristes chinois, et une thaïlandaise. Nous avons mis deux heures, notre rameur n’était pas bien réveillé, il baillait bruyamment et comme il mettait sa main devant sa bouche, cela lui faisait à chaque fois lâcher une rame. Et puis y en avait du trafic touristique à 7h sur le Gange… une heure très prisée pour l’activité qui se révèle le long de ce fleuve sacré.

On voit des brahmanes faire des pujas (des cérémonies rituelles pour célébrer une divinité, ici le Gange), des gens faire leurs ablutions quotidiennes, laver les vaches, d’autres laver le linge, d’autres encore, vendre des fleurs ou des bougies votives, même des CD et DVD, boissons, poupées russes à l’indienne (Gaelle a vu quelque chose dans un bateau et essaye d’expliquer : c’est des poupées indiennes qui s’emboîtent les unes dans les autres comme des poupées russes , enfin on suppose parce qu’on les a pas vues séparées, déboîtées quoi) )…On voit aussi des corps flotter tranquillement. Comment ils n’ont pas été brulé ? Et non, les saddhus( hommes saints), les femmes enceintes, les enfants ,les lépreux et les personnes ayant été mordues par un cobra ne sont pas brûlés : les saddhus parce qu’ils n’appartiennent à aucune caste, les lépreux parce que la fumée de leur crémation risque de contaminer les personnes qui respirent autour, les femmes enceintes parce qu’elles portent un enfant, les enfants parce qu’ils sont innocents, et ceux qui ont été mordus par un cobra , parce que le cobra est un animal sacré de Shiva et qu’ils sont donc déjà « libérés ». On voit aussi des bagarres entre familles , nous explique notre rameur , qui a à peu près compris l’histoire en matant la scène, une bagarre violente entre des frères de famille différentes. Le bateau est revenu à bon port et nous aussi. Ensuite nous avons passé un bon moment à la gare des trains, mais pas trop parce qu’on commence à savoir lire la grille des horaires et à demander le trajet que l’on veut exactement. Alors on veut 2 allers pour Vanarasi-Khajuraho , 1 retour pour Khajuraho-Dehli et 1 retour pour Khajuraho-Chennai. Et oui , nos routes vont se séparer bientôt, dans 15 jours , si Klara n’arrive pas à prolonger son séjour . Et vu les désagréments des transports bondés, on préfère s’y prendre à l’avance, quitte à annuler si les choses changent. Pour le retour sur le ghat, on s’est débrouillées comme des chefs. En négociant durement notre retour à 40 Roupies…On retrouve S., au Burning Ghat, il nous emmènera le soir encore sur les bûchers de crémation. On le découvre un peu plus tous les jours, maintenant on sait qu’il a un bateau qu’il laisse à quai, juste derrière la petite échoppe de tchai rose. Et qu’il y dort souvent. Son nom est de notoriété publique tout le long du burning ghat, alors c’est vrai que personne ne nous embête. Il fait partie des « locaux » (local people). S’il est un « bad boy », comme il dit, c’est juste qu’il n’est pas un rigoriste de la religion hindoue : il fait la fête, boit de l’alcool et fume des cigarettes. Et puis, comme tous les hindous, il fume de la « Grass », une plante qui pousse par ici mais qui n’est pas de la Marijuana, ni du Bang (qui ne peut pas se fumer, que se mélanger à la nourriture). Il a 23 ans, à peu près comme son copain R., que nous avons croisé la veille et qui nous a expliqué comment fonctionnait le ghat. Le ghat est une grosse entreprise, comptant entre 200 et 300 personnes (des plus basses castes), rien que pour décharger le bois des crémations, parfois plusieurs tonnes par jour, coupé dans la jungle et qui arrive par bateaux ou par camions. Aux abords du ghats, des tas de bois de plusieurs mètres habillent le moindre recoin. En chemin, Klara croise le laitier du quartier. Elle le questionne sur son activité. Il a 20 vaches (type buffalo) , qui ne lui donnent en ce moment que 50 litres par jour car elles sont toutes enceintes, mais les petits vont naître le mois prochain et le lait recommencera à couler à flots… En attendant, il vit probablement des saddhus qu’il héberge avec les vaches dans son étable, ainsi qu’il l’explique tout en proposant à Klara (qui refuse bien évidemment) un peu de leur production locale, qu’ils n’ont parait-il pas leur pareil pour faire de leurs petites mains spirituelles à l’intention des touristes. Pour les locaux, nous explique S., tout est légal et disponible dans de petites échoppes sous contrôle du gouvernement indien avec des prix dix fois moindres…Nous passons un moment devant les braises, puis, une fois éteintes, re- buvons du tchai.

La vie ici suit son court, avec la mort au milieu de tout cela, sur les braises dorment des vaches, des chiens, au milieu des bouses on pose les brancarts de bambou sur lesquels les corps sont simplement posés , entourés d’un linceul blanc pour les hommes, d’un sari de couleurs pour les femmes. L’ambiance est étonnamment sereine. Pas de places pour les pleurs, les femmes sont donc interdites ici , car leurs larmes empêchent l’âme des morts de partir.. nous assistons, depuis la petite boutique à tchai, à la préparation d’un corps entouré d’un sari coloré que nous avons vu déposé à la poupe d’une barque. Il est ficelé à une pierre qui fait la taille de son dos. Une femme enceinte, qui n’est jamais brûlée. Un brahmane en fait le tour avec un peu de feu, lui découvre la tête, l’arrose d’eau du Gange, puis la barque part, avec quelques hommes de la famille et le boatman et le brahmane. C’est la nuit, les habituelles petites bougies du Gange flottent en scintillant le long des ondes du courant. La barque pour arriver à peu près à mi-chemin de l’autre rive aura dû traversé un embouteillage de barques de touristes…Là le brahmane se saisit du corps et de la pierre et le jette dans le Gange en le faisant glisser. Sur le chemin de l’hôtel, sous un bateau, nous retrouvons le saddhu que nous avons vu flotter le matin même, ses fesses entourées d’un linceul blanc toujours offertes à la surface, la tête et les épaules se laissant deviner sous quelques dizaines de centimètres. Juste à côté de lui, l’assemblage d’une perche de bambou et d’une guirlande de fleurs disposée en demi-cercle autour d’un de ses sommets forme un trident inopiné et surprenant…

Golden Temple et crémations

On s’est lévé tôt mais bizarrement on a mis 3 heures à émerger. C’est bien de traîner aussi, la ville s’y prête bien, c’est comme si l’éternité de l’instant s’y  était arrêtée. «  A Varanasi , Bonjour Shanti … » résume Gaelle , l’âme poétique. Nous avions décidé de faire un jeune pendant trois jours ,parce qu’on est à Varanasi . C’est détoxifiant et plutôt bon pour la santé, et en plus c’est très sécure : dans les guides, on a lu tellement d’horreurs sur des trafics entre des restaurants qui servent de la cuisine empoisonnée pour ensuite pouvoir envoyer leurs clients dans des hôpitaux  dont les médecins sont de mêche avec eux. Gaëlle s’était pesée la veille à la gare des bus de Jaipur, sur un pèse- personne public et kitch, vraiment très indien, et qui lui a annoncé son poids idéal de déesse. Allez, encore moins 2kg !  On s’est dit qu’on allait commencer par une journée  plutôt tranquille, à déambuler dans les rues pour saisir l’esprit de la ville, et pour commencer, par  visiter le Golden Tempel, le Vishwanath Tempel , dédié à Shiva sous son incarnation de Vishwanath, seigneur de l’Univers.  En chemin, Eurekâ, une échope à lassi porteuse d’une pancarte WiFi free,enfin !  de la wifi gratuite, et un bon lassi à la banane pour Klara qui sans avoir vraiment mangé depuis la veille commençait à avoir mal à la tête (Gaëlle préfère aussitôt appeler sa maman, il est encore très tôt en France). Une heure  plus tard,(ben oui ça ne change pas ici, c’est toujours plus long de faire les choses) , Klara visite le temple la première, parce qu’on n’a pas le droit de rentrer avec les sacs , et que donc Gaelle fait   consigne dans la rue.  On flashe sur le nombre de policiers dans les ruelles aux abords de ce temple, policiers (ou militaires ? Leur uniforme est vert et ils ont des mitraillettes…) exclusivement  dévolus à la surveillance de ce joyau de l’hindouisme, haut lieu de pélerinage. Depuis l’affaire états-uniennes des deux tours en 2001, les indiens ont renforcé leur politique sécuritaire car le gouvernement craint aussi des attentats de la part des séparatistes cachemiriens par exemple. à l’intérieur de ce temple se trouve l’un des 12 joytris lingam du pays, c’est-à-dire un lingam particulièrement ancien (rappelons que le lingam est une sorte de symbole phallique associée à Shiva, et qu’il repose sur une yoni, symbole du sexe féminin.). Avant d’entrer dans le Golden Temple, on subit une fouille comme à l’entrée d’un aéroport, avec notamment un passage obligé dans un portique électronique. Puis en tant que touriste, on doit passer au bureau de police où deux policiers, l’un pour dicter l’autre pour écrire, notent scrupuleusement numéros de passeport , de visa etc… comme de règle, on laisse ses chaussures à l’entrée. Les offrandes sont facultatives, spontanément Klara achète pour 10 roupies une feuille bien fraîche et verte couverte de fleurs jaunes et rouges, repasse un check point,   fait la queue avec tous les hindous et entre sans problème dans le Golden Temple ! Aidée même par une garde armée du temple qui l’amène jusqu’au joyti lingam pour qu’elle puisse y déposer les fleurs et tremper ses mains dans la grande soupe qui entoure le lingam, soupe de lait, de cactus, de fleurs colorées…Et , en retour, se retrouve avec…une couronne de fleurs jaunes lancée par le brahmane autour du cou ! Le temps étant compté pour chacun dans le temple (les militaires y veillent en attrapant les fidèles pour les jeter dehors au bout de quelques dizaines de seconde !). Un jeune brahmane, 15 ans tout au plus, s’approche alors d’elle et l’emmène faire une série de cérémonies dans les temples entourant le Golden Temple. Cela commence par un autre temple à Shiva, puis un temple à Vischnou, où le brahmane lui passe une couronne de fleurs roses cette fois autour du cou. Klara repasse alors un autre point de sécurité, avec re-fouille corporelle. Traverse une vaste salle remplie de lingams, n’en avait jamais vu autant, de toutes les époques et de toutes les tailles. Le brahmane lui fait réciter des mantras , la fait tourner 5 fois autour d’un lingam rouge sur un autel bleu, puis entrer dans un temple à Hanuman où là le Brahmane officie pour la famille toute entière (z’en avez de la chance la famille), puis pour finir lui plaque la joue contre le marbre de l’autel. Tout cela a pris un certain temps, une bonne demi-heure,  et quand elle est sortie, Klara a vu Gaelle en pleine conversation avec le patron de la consigne des sacs : était-elle en train de  lui expliquer  notre stratagème pour s’épargner des frais de vestiaire ? Elle lui a dit : « vas-y, ça vaut le coup ! » Et a alors gardé le sac de Gaelle, qui a expédié la visite en 10mn, car il y avait trop de monde à l’entrée du temple trouvait-elle.  Elle a remarqué l’endroit où ils comptent l’argent, des montagnes de roupies , impressionnantes il est vrai. Même si l’hindouisme n’est pas une religion payante, les fidèles pensent aussi ici que plus ils mettent d’argent, plus leurs prières vont être exhaucées. Et les brahmanes les aident  à y croire, avec un brin de cupidité qui transparaît largement dans la façon qu’ils ont de vous regarder…et surtout lorsqu’ ils tendent la main à la fin des cérémonies… L’après midi se passe tranquillement, le soir, nous faisons une petite promenade le long des ghats, à la tombée de la nuit se déroule une série impressionnante de pujas pour le Gange, quasiment à tous les ghats. Au puja ghat, on se croirait dans un peplum sur l’antiquité, 5 danseurs dansent avec le feu, puis avec des plumes de paon, puis avec de l’eau puis avec des fleurs qu’ils lancent dans le fleuve. Klara profite du mouvement pour offrir aussi  sa couronne de fleurs roses au Gange. C’est ce qu’on lui a dit de faire. La première, une couronne d’œillets jaunes, avait fait le régal d’une grosse vache sacrée. Le soir, on retrouve les bad boys du Manakarnika ghat  (le burning ghat) et on boit…du  tchai (ben oui , qu’est-ce que vous croyez, on est en Inde ici…)

 

Entre Karma et Klub Med’

21h30, notre train démarre. Nous n’avons pas trouvé de
place assise, même dans le dernier compartiment qui est parait il
celui qu’on réserve à ceux qui n’ont pas de réservation. On monte
en « sleeper » , la classe couchette. On trouve un petit recoin à
côté du lavabo à droite des chiottes (ah qu’est ce qu’on a appris à
faire comme concessions ici sur les mauvaises odeurs…) , et on
cale les sacs contre la porte du train, ça nous fait d’abord un
siège, puis un dossier car on s’installe…par terre sur la
couverture à 100 roupies de Gaelle . On sort le sac de
couchage de Klara et on roupille comme on peut. En face de nous, un
petit groupe de 4 indiens fait comme nous, et nous discutons,
rigolons, parlons des films qu’on a vu etc..(ils travaillent
apparemment pour bollywood). On demande s’ils n’ont pas un jeu de
cartes pour faire une crapette, on partage avec eux nos délicieuses
petha (voir hier) et on finit par dormir un peu. Au premier arrêt,
4heures après notre départ, le train se vide et on trouve une
couchette, et même deux, et là on s’installe et on passe la nuit.
Même pas vu le contrôleur, sauf tôt le matin, et il croyait qu’on
avait déjà été contrôlé dônc même pas payé le supplément. C’est le voyage le
plus économique qu’on ait fait. Arrivé à Vanarasi, notre rickshaw
envoyé par l’hôtel nous attendait et nous a conduit, après un
dédale de petites ruelles labyrinthiques, à notre guest house, sur
le Scyndhia Ghat, juste à côté du burning ghat, là où se font
toutes les crémations . En regardant par la fenêtre, aux jumelles,
Gaelle a même vu carrément un corps, pas complétement consumé.
On s’est promené
tranquillement à pied le long des ghats, atmosphère paisible et
reposante. On a retrouvé Mariette qui était à Varanasi depuis un
mois et elle nous a donné quelques tuyaux pour notre séjour. Le
soir, on a vu que tout était très animé ici, l’activité spirituelle
n’a pas de répit et les bords du Gange sont remplis de pujas, fêtes
de lumière, de couleur.. Et, à notre surprise, le Gange n’a
pas l’air aussi sale qu’on pensait. On ne s’est pas encore baigné
dedans. il n’y a pas trop d’emmerdeurs non plus, contrairement à ce
qu’on avait lu . La ville est sympathique et les gens aussi.
au Burning ghat on a rencontré un varanasien qui nous a
expliqué toute l’histoire de ce ghat, que le feu qui servait
à incendier les bûchers de crémation avait été allumé par Shiva
voici 5000 ans et qu’il ne s’était jamais éteint depuis. Il nous a
emmené le voir, dans un tout petit creuset, bordé de colonnes, et
effectivement on a vu que c’était de là qu’on prenait les
braises avec des bouquets de paille pour les bûchers. à sa
droite, un petit temple fait une cérémonie à Ram, tous les matins à
9h et tous les soirs à 21h. on peut y méditer aussi. Mais ici on
médite très naturellement devant les feux gigantesques (300kg de
bois par corps brûlant pendant 3heures) …On est rentré bien
remplies de braises dans le nez et bien fatiguées..

Vanarasi, première journée sympa

en très très bref, (on vous prépare le récit détaillé de notre voyage dans le train de nuit archi complet…) on est bien arrivé à Vanarasi on a pris un tchai sur le ghatt des crémations Manikarnika avec Mariette, la fille de Gwenaëlle, une copine de Klara,.  on loge sur le scyndia ghat, dans la guest house du même nom, et la fenêtre donne sur le Gange. Très agréable journée ici, apaisant, reposant…on se sent trop trop bien …. même si Gaelle a mal au dos , mais quand on vous aura raconté la nuit, vous comprendrez pourquoi! A très vite

The Taj Mahal

Ce matin, on check-out de l’hôtel et on part pour le Taj Mahal,avec notre guide . Le monument le plus cher d’Inde : 750 Roupies l’entrée ! (contre une dizaine de roupies pour les indiens) Bon, pour le prix, on nous donne un joli sac avec une bouteille d’eau et des protège chaussures.

L’histoire du Taj, c’est une histoire d’amour trop trop triste, un empereur moghol qui a perdu sa femme à la naissance de leur 14ème enfant et qui fou de douleur lui a érigé ce mausolé de marbre blanc construit en une petite vingtaine d’années . Monumental. Photo obligatoire, bien plus facile à faire d’ailleurs à faire qu’avec la Tour Eiffel en arrière plan !  , il fait beau , le ciel est bleu et le soleil . A l’entrée du Taj, Gaelle met ses protèges chaussure rouges, et Klara, adore trop marcher pieds nus donc met ses chaussures dans son sac à dos (sinon on sait pas où on les retrouve, il y a ici des pyramides de chaussure partout).

Intérieur du Taj, ça a  beau être un tombeau, avec elle et lui enterrés dedans,  ça pépie comme dans un hall de gare. Klara trouve ça bizarre comme ambiance. Gaelle n’avait pas réalisé que c’était un tombeau. Klara lui a quand même soufflé « t’as vu ça sent pas bon , y a des corps enterrés la dessous ». Gaelle a acquiécé. De toute manière, à l’intérieur du Taj, pas le temps de se recueillir , y a rien à voir, à part les deux tombes bordés d’une sorte de grille de marbre incrustées de pierres précieuses représentant des fleurs, et puis les gardes sifflent pour faire accélérer le mouvement circulaire de la foule, dans le sens des aiguilles d’une montre comme le veut la tradition.  On découvre que le Taj est symétrique sur absolument tous ses côtés et que sa face est est aussi photogénique que sa face sud, les pelouses en moins. Attenant à cette face Est, un monument en pierres rouges ouvert sur l’extérieur.  Klara et Gaelle vont découvrir aujourd’hui des métiers insolites, comme décrotteur de pigeon. Un employé du Taj gratte les crottes de pigeon  avec une spatule puis balaye le tout pour faire propre (il ne ramasse pas les crottes, on suppose qu’elles servent  à remplacer les joints entre les carrelages)…

Après cette première mission accomplie, notre guide nous emmène au Fort d’Agra, mais bon, il ressemble à celui de Dehli, il commence à faire chaud, tout cela est un peu toujours la même chose…Du coup, on ne le visite pas. Notre guide nous explique que la moitié du fort est fermée et occupée par l’armée. Il nous dit qu’il s’y déroule des expériences militaires dans les sous-sols, en secret, qu’il y a même une prison sous la terre . Il nous dit même que l’armée a pris le contrôle de cette partie car il s’y trouve un tunnel permettant d’aller à cheval jusqu’à Dehli !!! (Encore un de ces mythes, comme en Amérique du Sud ou en Egypte où des tunnels relient toutes les pyramides..) On passe par des petites ruelles sympa, il nous fait découvrir un autre mausolée,

cette fois dit-il gratuit, un de ses amis fait quand même le guide en nous montrant où était écrit allah et deux bricoles puis tente de nous soutirer des roupies, sous prétexte que le monument était gratuit.


Avant on avait le « Baby Taj Mahal », encore des tombes,  où on découvre un autre métier insolite : coupeur de pelouse. 5-6 hommes taillent l’herbe au couteau, toute la journée durant, toute la semaine durant.

Après on a été voir le Taj Mahal par la face Nord, vue gratuite et bonne après un noman’s land gardé par des militaires et la rivière Jahamuna. On ambitionnait d’y retourner le soir faire des photos du Taj sous la pleine lune, Klara se voyait déjà avec son pied…et la photo touristique mais de nuit avec  nous dessus. 

Ensuite, on  a préféré faire le marché aux épices que les monuments, alors on s’est promené au milieu des étals colorés…

puis une ruelle pleine d’échoppes  présentant le summum  du kitsch indien (bijou de pacotilles, fontaines animées , bangles, ganesh clignotants, guirandes et pompons de couleur) Et on a rencontré plusieurs commerçants et leurs clients pour leur demander si on pouvait leur tirer le portrait et on a passé un bon moment à faire des photos et à discuter avec eux. …

puis, le guide était un peu paresseux ce soir, il avait mis la lune dans sa poche et on n’a pas pu faire notre fameuse photo. Ne resteEt il nous a déposé à la gare où Klara s’est vengée en posant son pied pour prendre quelques photos des quais animés.

 

 

 

 

 

 

 

La nuit reste un suspens, on achète de quoi survivre : du chocolat, des biscuits …et des pethas, la spécialité d’Agra, excellentissime confiserie (dire qu’on a pris ça pour de la canne à sucre ou des loukoums !), qu’on trouve partout,  en vrac, en boîte… 40 roupies les 500g…

bon d’accord on a mis  les photos de la journée , mais on laisse quand même cet autoportrait de nous , pris à Jaipur, en pleine crise de déprime  dans cette ville terrible !

Fatehpur Sikkri : à l’aller, notre bus attaqué, au retour notre bus détourné

Ce matin, quand Gaelle s’est réveillée, elle était toute seule. Elle n’était pas bien du tout mais a émergé quand même vers 11h. Klara était déjà dans la jolie cour de la guest house, à l’ordinateur.  Elle proposait d’aller à pâté-pour-souris (NDLR : Fatehpur Sikkri) car aujourd’hui vendredi, le Taj Mahal est fermé. Comme Gaelle était pas de très bonne humeur, elle a d’abord dit « Moi je m’en fous, j’reste là j’vais végéter ». Et puis Klara a vaqué comme si de rien (mais quand même un peu ennuyée de cette mauvaise humeur), mais finalement Gaelle a changé d’avis assez vite et n’avait pas envie de rester là comme une abrutie, et a fini par dire d’accord. Donc on chope un auto-rickshaw pour aller à la gare des bus, 50 roupies , alors que c’était pas très loin (mais c’est les tarifs d’Agra) . On arrive à la gare des bus, on demande à une première personne qui nous envoie par ici, ce n’est pas par là, puis une deuxième personne qui nous envoie par là mais c’est par ici, bref, comme d’hab’ à la cinq ou sixième personne, on entend le numéro du bus, 2290, on le trouve : c’est un bus pourri de chez pourri (c’est normal on va sur Fatehpurri dit Gaelle qui décidemment finalement est plutôt bout-en-train ce matin),  tout rouillé,  avec à l’avant une caisse métallique genre cantine sous laquelle il y avait soi-disant un moteur, dessous on voyait la route et surtout un levier de vitesse qui n’en est même plus un, c’est une grosse barre de métal  ,qui fait rrrrrh quand il passe les vitesses. Donc le vieux bus pourri démarre. Gaelle a un doute sur le fauteuil du conducteur dont un boulon commence à se dévisser : va-il tomber avec les bosses de la route ? Et Gaelle se retrouver avec le conducteur sur les genoux ?  Le bus est crade, le chauffeur verse de l’eau dans ce qu’on peut imaginer selon nos connaissances somme toute sommaire en mécanique automobile être un radiateur. Au bout d’une bonne vingtaine kilomètres, on arrive au péage. Beaucoup de monde, comme d’habitude . Et donc, c’est le gros bazar, comme d’habitude. Ici en Inde on ne sait pas faire la queue, donc ça arrive de gauche, ça arrive de droite, des tuk-tuks de droite, des voitures de gauche et le bus, bien sûr qui essaye de poursuivre  sa voie.  Mais pour passer au péage, il est obligé de forcer le passage.  Et krhhhhhhhhhhhhhh, notre bus  effleure, enfin suffisamment pour bien rayer du coup l’aile droite et enlever le rétroviseur d’une voiture, qui nous doublait par la gauche. Il faut dire à sa décharge que son rétroviseur gauche, qui ne tenait plus qu’à un fil, s’était décroché et pendait, tout à fait inutile, de côté et que donc ne pouvant voir , le conducteur du bus n’avait rien vu. Ici en Inde, on roule à gauche, donc on double par la droite. Donc a priori la voiture était en tort (mais on connaît pas plus que ça le code de la route indien) .  Alors voyant les dégâts ,  les copains et le conducteur de la voiture n’étaient pas contents du  tout, on peut l’imaginer. Ils sont arrivés en cognant la carroserie et commencent à l’engueuler et on imagine bien ce qu’ils lui on dit : « ouais, t’as vu ce que t’as fait à la voiture, tu crois que tu vas t’en tirer comme ça, etc…etc… ». Ils ont commencé à attraper le conducteur en passant les mains par les fenêtres y compris celles de Klara et Gaelle, juste derrière. Mais Klara a eu le réflexe de pousser les fenêtres coulissantes sur les doigts d’un des assaillants pour lui faire lâcher prise  ….Le conducteur a  alors démarré pour achever de    faire tomber les autres. Il a enlevé tous ses objets de valeur, sa montre, ses liquidités, son portefeuille… et les a confiés à celui qui vendait les billets dans le bus.  Après le péage, comme ils étaient au moins à trois voitures, ils nous ont  rattrapé. Et comme le conducteur avait fermé sa fenêtre, ils se sont saisis de leurs chaussures pour les cogner  contre la vitre , jusqu’à la casser à moitié sur le bras du conducteur, des éclats de verre fusant alors avec fracas dans tout le bus.

Grand moment d’émotion. Le conducteur, sans se démonter, a redémarré, en accélérant pour là encore achever de faire tomber tous ces énervés.

Course poursuite entre le bus pourri et les trois voitures. Puis, à quelques centaines de mètres de la grand’ porte de la citadelle de  Fatehpur Sikkri, les voitures  ont à nouveau bloqué la route, et ses occupants se sont rués à l’intérieur du bus pour se saisir du conducteur, tous les passagers du bus sont descendus et nous aussi. Gaëlle a eu le temps de prendre deux photos. Ils n’en sont pas venus aux mains  mais c’était chaud, la police s’en est aussitôt mêlé et a peut-être bien évité un lynchage.  On a retrouvé notre bus, quelques mètres plus loin, avec des flics autour. Mais pas le chauffeur. On ne sait pas ce qu’il est devenu : hypothèse 1, il est à l’hôpital avec un œil au beurre noir. hypothèse 2, il a des points de suture sur l’avant-bras (c’est tout  à fait possible de s’ouvrir les veines sur un rebord de fenêtre brisée non ?) De nombreuses autres questions subsidiaires se posent  à notre curiosité insatiable de touristes : a-t-il récupéré ses sous ? sa montre ?   était-il ou non un abruti? On s’est rendu compte après coup que les bagnoles, c’était des voitures de l’armée. Peut-être sont-elles prioritaires ? Et nous les passagers, alors ? On aurait pu…en mourir !!!

Bref, alors cette visite de Fatehpur Sikkri ?    D’abord on est rentré par un grand parking style centre commercial et là un,  deux, trois, quatre, dix individus se tenaient à la queue leu leu. Certains ont demandé si on voulait un guide : « Do you want a guide ? ». D’autres : « non mais moi je ne veux pas d’argent…  je veux juste vous accompagner un petit peu et puis après si vous voulez vous pouvez entrer dans mon magasin regarder ce qu’il y a??? »  Le tout pour 100 roupies, d’autres 200, d’autres 300 peut-être, bref, on a  pris un petit bus pour faire les 3km qui nous séparaient du site de Fatehpurr sikkri. Même à l’éntrée du site (on avait payé quand même 260 roupies, c’est pas donné), il y avait une horde de guides qui prétendaient être mieux que tous les Lonely Planet réunis. Un autre   a dit « Non mais je ne suis pas guide, je suis professeur, je veux juste vous montrer le site comme ça » Alors Gaelle a failli lui dire : « you say to me you’re not a guide you’re a professor but you do like the guides, fuck ». Mais on était déjà parties. Bref, après on trouve un site magnifique, grandiose, construit en 25 ans, en pierres rouges virant sur le blanc. C’est l’histoire d’Akbar, le grand empereur moghol, qui se désespérait de ne pas avoir d’enfants et qui avait été en pèlerinage voir un saint soufi, Salim, qui l’a béni en lui prédisant cette naissance attendue pour bientôt .

Ce qu’il advint. En remerciement, l’empereur baptisa son fils Salim, en hommage au Saint, et construisit, à cet emplacement, une vaste cité dont il fit la capitale de son empire mais qui fut mystérieusement désertée à peine 16 ans après avoir été achevée. (ils avaient mis 25 ans à la construire) .


L’empereur dit-on adorait jouer avec ses esclaves. Il jouait à cache-cache (si je te trouve je te décapite),  à plouf-crocodile (si tu tombes dans l’eau, tu te fais manger), à colin-maillard (si tu me touches, je te bouffe) le tout sur des plateaux et des pistes de jeu grandeur nature ..


Gaelle manque encore d’adopter un chien, un petit chiot tout mignon qu’elle nourrit de biscuits achetés en chemin et qui ont déjà été grignotées par les souris (ce qui est presque normal vu le nom du lieu) . Bref, à la sortie, on veut faire un tour dans la ville fantôme mais elle est squattée par des enfants qui nous demandent du shampooing,du chocolat, des roupies… C’est un peu stressant, ici nous on donne des biscuits aux chiens mais les enfants on est obligé de les zapper sinon on ne vient pas en Inde franchement.


Enfin comme il nous restait des biscuits, on leur a donné. Pour le retour, on a hésité entre le dromadaire, la jeep (20 roupies quand on est une quinzaine dedans, 300 roupies quand on est deux), l’auto-rickshaw (à 18-19 personnes dedans, véridique) et le bus. Finalement, on a attendu le bus (27 roupies). Celui là est mieux entretenu, et tout se passe bien… jusqu’au moment où ….le chauffeur tourne à droite alors qu’il fallait rester sur la route principale pour aller à Agra !  7-8 passagers se mettent à gueuler, comme s’ils lui  disaient, « mais qu’est ce que tu fais, c’est pas par ici… »

Et Gaelle aussi, du coup, sur le même ton, en français, s’exerce à la traduction simultanée… Et le chauffeur de leur expliquer quelque chose que nous n’avons toujours pas compris : faisait-il un détour pour  nous faire visiter la campagne, ravissante ? D’ailleurs , on a vu un magnifique soleil couchant , ainsi que des gens et des paons dans les champs, des buffles d’eau (Water buffalo) et des agencements intéressants de bouses de vache  mises à sécher…Sans compter les petits villages typiques au détour desquels des colonnades sculptées augurent la présence d’un temple, les murs colorés et les gens aussi.  Voulait-il éviter le péage ? Avait-il plein de drogue dans ses roues ? Il voulait aller chercher ou déposer des amis plus près de chez eux ? On ne saura jamais, mais nous sommes arrivées à Agra en pleine nuit. (faut dire que la nuit tombe tôt) Et là une vieille dame s’est mise à crier comme une poissonière. Hypothèse 1 : avait-elle raté sa correspondance ? Hypothèse 2 : avait-elle raté sa station sur la route principale ? (ici chacun arrête le bus où il veut pour descendre) Hypothèse 3 : était-elle la belle mère du chauffeur ? Nous n’avons rien solutionné, notre compréhension de l’hindi étant encore assez limitée.  A l’arrivée à Agra, vu qu’on est à l’une des 3 stations de bus de la ville, on se renseigne pour le bus pour Varanasi qu’on doit atteindre demain, et c’est compliqué car ce n’est pas la bonne station de bus pour cette destination. On va ensuite à la gare en se disant qu’on aura plus de chance avec   le train  qui est direct et de nuit, pratique : mais là, surprise, 200 personnes sont déjà sur  liste d’attente en sleeping et on ne veut même pas nous délivrer les billets, en nous disant qu’on risque fort de ne pas pouvoir partir. On cherche tous les trajets possibles, avec les correspondances. Tout est complet.  Un petit jeune sympathique qui ne nous tend pas la main pour qu’on la lui serre, qui ne nous invite pas à boire une bière, qui ne nous demande rien, nous explique le bon tuyau : prendre un General Ticket pour le train de 21 h demain (un ticket général donc, sans réservation, sans rien) , et on va voir le contrôleur, pourqu’il nous trouve une place. Ça nous a coûté seulement 232 roupies à 2 !  à la sortie, on trouve un rickshaw sympathique, qui ne commence pas par nous agresser comme tous ses collègues. Il faut vous dire qu’ici on ne fait pas trois pas sans être sollicité, à la fin de la journée on n’a plus de salive, à force d’avoir dit non, et on n’a une tête comme une citrouille. Et ce rickshaw  nous propose de nous emmener demain faire le tour des sites d’Agra , puis de nous ramener à la gare le soir avec nos sacs.  Donc on accepte. On dîne à l’hôtel et après toutes ces émotions, on va dormir…

Gemmothérapie et Bus Deluxe

Donc on quitte Jaipur aujourd’hui. Le gemmothérapeute, le Dr Chausan, nous a répondu favorablement, il peut nous recevoir ce matin quand on veut. on lui dit vers 12h, et c’est ok, on check-out de l’hôtel , on laisse nos sacs à dos dans le cloakroom, et on part consulter. On vous raconte le truc : sur son bureau, il a une sorte de grille métallique reposant sur trois rouleaux blancs en on sait pas quoi . Il demande de poser la main à un bout de la grille , puis pose au centre une carte carrée avec les organes du corps humain, et commence à procéder à un diagnostic avec …son pendule. Il pose des questions sur tous les troubles qu’il identifie, en nous demandant si on a mal là ou là, qu’on ressent ça où ça. Et tout ce qu’il dit est tout de même assez incroyablement juste.Y compris au plan émotionnel. Puis il passe au diagnostic astrologique, toujours avec le pendule, et identifie les planètes qui sont déficientes pour nos énergies vitales, puis passe aux traitements, en nous donnant notre pierre, une fleur de Bach, une huile essentielle, un bija mantra . (en clair, dans le système des chakras, chaque chakra est associé à une résonnance sonore, lam, ram , rung alhung, etc…  ). De ce qu’il nous dit, le travail à la grille et  au pendule est une forme de soins très ancienne, inspirée par Shiva lui-même. Le prix de sa consultation ? Ce qu’on veut, et vraiment ce qu’on veut. Gaelle a laissé 100 roupies, Klara 500, soit respectivement 2 et 10 euros…il nous a expliqué ensuite qu’il choisissait ses clients au pendule, donc il ne doit rien y avoir de surprenant pour lui, et puis il a aussi des clients du SPA du Rambargh Palace de Jaipur, un hôtel de luxe dont on a vu la plaquette de tarifs, et ben c’était bonbon, du genre 7000 roupies le massage. Il a prescrit un saphir jaune à Gaelle, c’est très cher (minimum 300 euros), donc on lance une souscription. Ceci dit, comme il est bien conscient que c’est cher aussi, il lui a trouvé une autre pierre, du cristal de roche tout simplement. Quand à Klara, il lui a prescrit une  amétrine, (ceux qui ont suivi ses aventures boliviennes 2010 savent à quel point cette pierre signifie quelque chose, puisque l’an passé elle devait en visiter une des mines et n’a point pu…) Après on a été à la gare se renseigner pour le train de 23 heures pour Agra, et là surprise, il était complet, avec plus de 200 personnes en liste d’attente. Donc on s’est rabattu sur les bus et on a trouvé un beau bus avec Air conditioné et surtout soute à bagage , siège inclinable à presque position allongée, et amortisseurs suffisants pour écrire ce billet tout en roulant, et dans le noir puisqu’on est sur une voix rapide ( mal au cœur ? nous, jamais !) , et motivées en plus, on a deux abrutis qui n’arrêtent d’écouter de la musique de variet’ hindi à fond, en téléphonant en parlant à fond aussi… et personne ne leur dit rien, sauf Gaelle qui les engueule en français, ce qui ne change pas grand-chose. On arrive à minuit, à Agra, et comme la guest house où on a réservé dispose d’ un service de pick up, on en a profité…Et là on est arrêté en plein milieu de la route, on ne sait pas ce qui se passe…c’est même pas la pause !

Bon, on a fini par arriver, vers 23h20, un rickshaw envoyé par l’hôtel est venu nous chercher, parce que  c’était pas tout près… et on est bien arrivé, vu qu’on a pu poster ce billet !