Stévia : la filière bolivienne
Article paru sur le site de Science Actualités,consultable ici
En Bolivie, des paysans se lancent dans la culture de la stévia, dont les extraits – de puissants édulcorants naturels – intéressent le marché des additifs alimentaires… Reportage.
Dans la région de Bermejo, les paysans d’El Salado se sont mis depuis 2008 à la culture de la stevia.
Communauté d’El Salado, à 50 km au nord de Bermejo, sur la route de Tarija. Ici, dans un paysage verdoyant, 80 familles ont entrepris de dédier 30 000 m2 de leurs terres à la culture de la Stevia rebaudiana bertoni, une plante buissonnante héritée des Indiens guaranis. Les campesinos (paysans) d’El Salado ont auparavant bien étudié la question. Car, pour ces cultivateurs de canne à sucre, investir dans la culture de la stévia demandait quelques garanties. Une étude préalable a su les rassurer : dans cette zone du sud de la Bolivie, à la frontière argentine et à 416 mètres d’altitude, il fait 22,5 °C en moyenne toute l’année et il pleut suffisamment, pour que la stévia s’y plaise : 1 776 mm d’eau en 2008 soit plus du double que dans la région viticole de Tarija, de l’autre côté des montagnes (616 mm). La plante, qui pousse sans avoir besoin de produits phytosanitaires coûteux et de circuits d’irrigation, a commencé à être cultivée en 2008. Ici, mais aussi dans d’autres régions de la Bolivie, elle est en train de gagner du terrain.
Feuilles de stévia contre feuilles de coca ?
Pourtant question feuilles, la Bolivie est plus réputée pour celles de coca. Celles-ci sont consommées traditionnellement par les Boliviens, mais servent aussi à synthétiser de la cocaïne, illégale, dont la Bolivie est le troisième producteur au monde… Or la stévia semble séduire aussi quelques paysans cultivateurs de coca, qui se reconvertissent à sa culture. Il faut dire qu’en 2008 le kilo de feuilles de coca se négociait autour de 3 € et celui de feuilles de stévia autour de 7 €. Des coopératives de producteurs de stévia se montent comme dans la région de Wernes (Santa Cruz), et des ONG financent des programmes, comme Frères des Hommes par exemple, qui a engagé un plan de plus de 60 000 euros pour aider les paysans de la région de Caranavi (La Paz) à se mettre à la culture de la stévia. Un premier symposium sur la production et la commercialisation de la stévia bolivienne s’est tenu à la dernière foire agricole de Santa Cruz le 15 avril 2010, confirmant que l’engouement bolivien pour la stévia est bel et bien réel. Même si, pour l’instant, l’ensemble des surfaces qui lui sont consacrées reste faible : de 12 à 15 hectares, contre toujours plus de 30 000 hectares pour la coca…
De la plante à l’extrait convoité de rebaudioside A
Les feuilles sont mises à sécher puis infusées dans l’eau. La solution passe ensuite sur des résines qui vont en piéger les différentes molécules sucrantes. Les résines sont lavées avec un solvant (ethanol par exemple), et les différents extraits récupérés mis à sécher. On obtient ainsi un « cristal ». Il faut 12 kg de feuilles pour 1kg de cristal de rébaudioside A , le seul édulcorant autorisé.
Les conquistadors espagnols notaient déjà comment avec une simple feuille de stévia les Indiens guaranis sucraient des jarres entières de maté. Un pouvoir sucrant expliqué dans les années 1930 par les analyses du chimiste Bertoni : les feuilles contiennent de nombreuses molécules édulcorantes notamment du stévioside (5 à 10%) à l’arrière-goût de réglisse et du rebaudioside A (2 ou 4 %), trois cents fois plus sucrant que le sucre. C’est d’ailleurs pour cela que la stévia a le vent en poupe, surtout depuis 2008 : la FDA (Food and Drug Administration) aux États-Unis a en effet accepté que les firmes Coca-Cola et Pepsi-Cola en utilisent des extraits pour sucrer leurs sodas. Et cette autorisation, très attendue par les industriels de l’agroalimentaire qui cherchent depuis longtemps un remplaçant à l’aspartame – accusé de nombreux maux –, accroît de fait la demande en stévia… Pourtant, sur ce nouveau marché, les Boliviens doivent se faire une place. Car la concurrence est rude : cela fait longtemps que la plante est cultivée de façon intensive en Chine.
Une place à prendre
C’est en plein cœur des terres guaranis, non loin des chutes d’ Iguaçu, que la stevia pousse à l’état sauvage. Le Paraguay est l’un des principaux producteurs (avec le Brésil) d’Amérique du sud : les surfaces cultivées paraguayennes devraient passer à 15000 hectares d’ici 2012
En Bolivie, les conditions climatiques et les pratiques de culture, traditionnelles et peu versées dans l’agriculture intensive, devraient encourager la culture de cette plante. D’autant que des filières de transformation sont créées pour permettre d’obtenir sur place des extraits purifiés. C’est déjà le cas, avec plusieurs entreprises qui transforment la stévia et fabriquent les extraits. Même si en août 2010, un scandale de la stévia frelatée a éclaté : une association de consommateurs a fait analyser les extraits vendus par quatre firmes boliviennes, qui se sont avérés être coupés à 20 % par de la saccharine ou du cyclamate de sodium. De quoi semer le trouble sur les ambitions boliviennes à prendre place sur ce marché mondial (la Bolivie exporte déjà quelque 20 tonnes d’extraits à destination de l’Europe et de l’Iran, censés être purs… à 97%). Mais aussi, plus probablement, d’instaurer de nouvelles procédures de contrôle et de nouveaux labels de qualité.
La Chine, premier producteur mondial
Dans les années 1960, les Japonais, sur le point d’interdire l’aspartame dans tous leurs aliments, ont rapporté des plants de stévia d’Amérique du Sud pour leurs pouvoirs sucrants et négocié avec les Chinois pour qu’ils la cultivent sur leurs vastes terres : à présent, les cultures chinoises de stévia s’étendent sur plus de 20 000 hectares. De quoi produire plusieurs millions de kilos de feuilles, en considérant un rendement de 1 500 à 3 000 kg de feuilles par hectare. Et quelques milliers de tonnes d’extraits. La Chine contrôle aujourd’hui près de 80 % de la production mondiale, dont 2 000 à 3 000 tonnes sont consommées tous les ans par les seuls Japonais et Coréens. Même si de nombreux pays se sont depuis mis à la culture de la stévia : Afrique du Nord, Amérique du Sud, Australie, Canada, États-Unis, Inde, Israël, Russie et, depuis cette année, France. Un essai dans l’Hérault, autorisé par la DGCCRF, est mené sous la direction de la chambre d’Agriculture de l’Hérault.
Un marché tributaire des autorisations mondiales
Aux États-Unis, les feuilles de stévia étaient disponibles sous leur forme sèche depuis les années 1970 et consommées, à l’instar des Guaranis, comme produit sucrant. Elles avaient alors le statut d’aliment, étant un produit non transformé et consommé tel quel. Mais dans les années 1980, l’industriel Celestial Seesonings eut l’idée d’en incorporer dans des biscuits, sous forme d’extraits obtenus à partir des feuilles. Et la FDA se saisit du dossier, car si la stévia était autorisée comme aliment, l’extrait de stévia, lui, n’avait jamais été homologué comme additif alimentaire. Des études toxicologiques ont été menées et, suite aux résultats de ces études, la FDA a donné son feu vert en 2008 à l’utilisation de l’extrait de rébaudioside A. Un extrait déjà utilisé au Japon depuis 1970. Suivant de peu l’autorisation américaine, l’avis favorable de l’AFFSSA a conduit à l’autorisation de mise sur le marché français du rébaudioside A depuis 2009 comme additif alimentaire et depuis 2010 comme édulcorant de table. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) ayant émis le 14 avril 2010 un avis favorable sur l’ensemble des glycosides de stéviols (stévioside, dulcoside A, rubusoside, steviolbioside, rébaudioside A, B, C, D, E et F) en tant qu’additifs alimentaires, on peut penser que les autorisations seront étendues aux autres édulcorants de la feuille de stévia. Et que le marché de la feuille de cette plante sucrante sera encore amené à s’étendre.
Fascinant marché…
La Cancha, c’est le grand marché de Cochabamba, je n’avais encore jamais vu une telle étendue, doublée d’une telle diversité et de tant de monde ! J’ai beau essayer d’en faire le tour, c’est juste impossible, à chaque fois je m’y perds, je me retrouve dans l’une des nombreuses avenues qui en délimitent la superficie et j’en suis bonne pour regarder à nouveau mon plan, voire essayer de me repérer à quelques bâtiments en hauteur, du style l’hôtel Canada ***, la banque BCP , voire même le corcovado de la colline…Il y a par exemple, une halle entière couverte avec rien que des bananes, des plantains, des normales, des petites. Ou bien encore des allées de téléphones mobiles et matériel hi fi. Ou de vélos, de pneus, de machines à coudre, d’aliments pour animaux (oui, on dit que les Boliviens crèvent la dalle, mais les croquettes whiskas s’achètent au poids), de céréales (où j’ai ENFIN pu voir quinoa, amarante, etc…). Bien entendu, c’est toujours difficile de faire des photos dans un tel endroit, les indiens n’aiment pas être photographiés. Alors parfois je demande, pour avoir un sourire sur des fruits et légumes. D’autre fois, je ne demande pas, la photo se laisse prendre, comme ça, sans que j’ai eu la moindre préméditation. Bon mon matériel est discret, j’ai pris mon petit appareil de secours, laissant l’autre enfermé dans ma chambre d’hôtel. C’est en déambulant ainsi, en me perdant dans les bruits, les odeurs, les couleurs, dans ce fourmillement intense de gens, dans ces allées où l’on peut aussi manger et boire à chaque détour, papillas de yuca au fromage cuits sur charbons, chicha de maïs, empanadas frits, conaques, jus d’orange, canne à sucre, maté…, que je suis tombée sur le marché des brujas, les sorcières. Elles ont de petits autels à la Pachamama, mais aussi toutes leurs herbes traditionnelles, et puis impressionants, des foetus de lamas séchés, à tous les stades ou presque de gestation. Je rappelle pour ceux qui ne savent pas à quoi servent ces foetus qu’il s’agit des offrandes qui seront faites à la Pachamama, avant des travaux importants, pour assurer le succès de l’entreprise…. Encore une chose qui a été soigneusement occulté pendant la Cumbre, comprenez, ça aurait fait désordre au milieu des végétariens et des écolos. Des foetus de lamas, et oui. La preuve…Pour cette photo j’ai demandé l’autorisation de photographier juste les foetus. Et à un autre stand, encore plus impressionnant, quand j’ai demandé, la sorcière m’a demandé un dollar, je lui ai rit au nez. Et n’ai pas fait de photo.
Les sorcières sur le marché, c’est quand même pas un truc courant. Comme j’avais vraiment une grosse crève, j’en ai profité pour demander à ce qui tenait plus d’une herboriste un remède. Et MAGIQUE, le nez dégagé d’un coup d’un seul. Incrédible , non? Bon, si les hypermarchés sont intéressants certes d’un point de vue sociologique ,franchement, les marchés ça vaut le coup d’oeil, surtout en Amérique du Sud. De grands marchés un peu exotiques et foutraques je ne connaissais que le marché …de Belleville. Et bien là, j’ai connu l’apothéose!!!!
Hasta luego! Dans quelques heures, je décolle avec une escale à Sao Paulo.
Et Cochabamba, in fine….
Retour à Rurre…
Bien, 5 jours dans la jungle à pister le jaguar, les pumas, osselots, mais aussi aras, toucans, oro pandulo, et encore tapirs, holy monkeys et singes capucins, je vous dis qu’une chose : ça crève. D’ailleurs, j’en ai chopé une bonne, de crève, à dormir dans la jungle, où, Amazonie oblige, il pleut souvent averse la nuit ! M’enfin c’était super, j’ai eu de la chance, non seulement j’ai eu un guide personnel, mais en plus, on était accompagné d’un cartographe du parc Madidi, avec qui j’ai pu discuter des problèmes liés à la préservation des espaces naturels du parc. J’ai fait quelques photos , un euphémisme bien sûr, et surtout fait des videos, et pris beaucoup de sons. Appris aussi beaucoup du mode de vie des indiens Tacanas, même si paradoxe du développement, ils sont amenés à déserter de plus en plus la forêt, scolarisation des enfants oblige. Pas d’école officielle dans la jungle, obligation d’aller à Rurrenabaque… Aujourd’hui, bien sûr mauvaise surprise, mon avion est reporté pour demain matin, ce qui fait que je ne vais pas avoir ma correspondance pour Cochabamba, du coup, ça m’occupe une partie de la journée, car avec la compagnie on cherche une solution, probable que je parte toute à l’heure…si l’autre compagnie me donne une place… sinon sans entrer dans les détails, la perspective d’un retour jusqu’à la paz en bus (18 heures…) ne m’enchante guère…Bref , attente et jus de maracuja au café de la jungle…
voici l’album de quelques unes de ces photos…cliquez ici
Lost in the jungle?
Et bien me voilà arrivée à Rurrenabaque, lost in the jungle, pero con Internet et wifi. Enfin demain je ferai moins ma maline, ça y est je viens de rencontrer les gens de l agence indigène Mashequipe et je pars pour un trip de 5 jours dans la selva( la jungle) avec eux en bateau. Ils rassemblent en fait deux communautés indiennes qui cherchent à la fois à préserver la forêt amazonienne et à développer une sorte d’eco tourisme où ils apprennent aux participants à pêcher, cueillir les fèves de cacao, cuisiner dans des feuilles de bananiers, faire des onguents etc… Retour jeudi soir donc… Ici à rurrenabaque à part le tourisme communautaire on prône la jungle adventure, moi je vous dis à la Lost in the jungle…, même qu’on m’a proposé une cérémonie avec prise d’ ayahueshca le vendredi soir! Sachant que la cérémonie chamanique est suivie d’une nuit sous case en jungle et que mon avion décolle à 7h du mat samedi prochain c est pas bien raisonnable… D’ autant que le chamanisme à 400 bolivianos le trip me semble plus mercantile qu autre chose… Et que la rencontre avec l’organisateur, l air un peu débile avec des yeux hallucinés au plafond ne m a pas franchement inspiré d’ envie d ‘essayer!!!! Et qu en plus parait il voici 15 jours un gringo français est mort ici, probablement après un mauvais trip aux lianes, de source proche de l’ambassade….
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Un peu de boulot à Toro Toro
J’ai la chance de partir avec l’équipe Chagas au parc de Toro Toro. Ce parc, plein de grottes magnifiques (photos à venir de ma visite spéléo!!), est situé à 130 km de Cochabamba. Il a aussi les plus nombreuses empreintes de dinosaures fossiles …c’est impressionnant de voir les traces des sauropodes, ankilosaure, raptosaure, etc…préservées après tant de millions d’années. J’ai suivi François Noireau dans les hameaux et sur les rochers où il a été poser des pièges . Là encore, d’autres explications sont à venir…
Magie des grands espaces…
4 jours dans une région magnifique, je raconterai plus tard, en attendant, quelques photos sont visibles ici …
Sommet de Cochabamba : un premier bilan
Paru le 4 mai 2010 sur le site de Novethic
La déclaration de Cochabamba est présentée par Evo Moralès devant l’ONU, afin de pouvoir être prise en compte lors des prochaines négociations du COP16 à Cancùn . Retour sur les négociations qui ont permis son élaboration…
L’initiative d’Evo Moralès, lancée en réponse à l’éviction pure et simple des ONG aux derniers jours des « négociations » du sommet de Copenhague, a été saluée par les militants du climat (souvent aussi altermondialistes) et les scientifiques. Plus de 35 000 participants de 142 pays issus de mouvements sociaux, d’ONG et de délégations politiques gouvernementales s’étaient inscrits pour participer à cette première rencontre des peuples sur le réchauffement climatique et pour la défense des droits de la Terre Mère.
Une rencontre impossible ?
Pourtant, la désertion des groupes de travail n’aura échappé à personne. Bien sûr, l’éruption du volcan a empêché près de 4000 participants d’arriver par avion d’Europe et d’Afrique…et transformé ce sommet, initialement mondial, en un sommet presque exclusivement américano-américain. Mais il y avait aussi, rapporte Tadzio Mueller, militant allemand de Climate Justice Action – Climate Justice Now, « le soleil qui incitait plutôt les gens à la promenade et la nourriture gratuite distribuée par l’économie solidaire ! » Sans compter les inévitables et immanquables problèmes d’organisation (lieux et horaires fluctuants, à la mode bolivienne) et de traducteurs. Si le sommet n’était en effet qu’en espagnol, plus ou moins traduit en anglais, il était aussi marqué dans son intitulé par la défense des droits de la Terre-Mère, un « terme qui n’est pas sans faire grincer des dents tous ceux qui ont œuvré en Occident dans leurs luttes pour la séparation de l’Eglise et du pouvoir religieux », rappelle Christophe Aguiton, d’Attac, du nombre des empêchés par le volcan de se rendre à Cochabamba. Comment traduire cet élément de l’identité culturelle sud-américaine, quelque peu incompréhensible pour nous ?
La déclaration de Cochabamba
Les 17 groupes de travail traitaient de thèmes particulièrement chers au gouvernement bolivien, comme la rédaction des droits de la terre mère, la création d’un tribunal de justice climatique, l’élaboration d’un référendum global sur le changement climatique et la création d’un fond pour aider les pays affectés à réagir face au changement climatique et se sont conclus par des résolutions. A la liste des résolutions prises s’ajoutent un rejet total des programmes REDD, REDD+ et REDD++ qui selon lui violent les droits indigènes sur la gestion des forêts, ainsi qu’un un rejet absolu du marché du carbone et des biocarburants… Et un appel utopiste aux nations les plus industrialisées de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50%, contre celle de 7 à 16% proposée à Copenhague !
Les rares ONG françaises présentes satisfaites
Toujours pour cause d’avions cloués au sol, la plupart des ONG françaises ont été empêchées de participer. Malgré tout, pour Josie Riffaud, de la Confédération Paysanne, membre de la Via Campesina, Cochabamba est un succès. « Le résultat c’est une déclaration qui sera présentée à la prochaine réunion onusienne. A Copenhague, nous disions « Changer le système, pas le climat ». A Cochabamba, nous élaborons des solutions et proposons des mesures concrètes qui seront présentées à Cancùn au Mexique au mois de décembre prochain. » Franck Pupunat, du Mouvement UTOPIA, a salué une réussite incontestable, réaffirmant sa fierté d’avoir participé à cet événement historique. Quant à Pauline Lavaud de France Libertés, elle s’est « félicitée de la grande place qui a été accordée à l’eau dans le texte, eau qui est reconnue comme un droit de l’homme. »
Rares sont les ONG à avoir pointé les paradoxes de ce sommet : l’omniprésence militaire, le culte de la personnalité qui se développe autour d’Evo Moralès, le déni de l’opposition bolivienne (le 18ème groupe de travail tout à fait officieux sur les problèmes environnementaux en Bolivie n’a pas eu droit de parole) et l’attitude non écologique de la Bolivie et des autres pays d’Amérique Latine qui continuent leur « business as usual » notamment en ce qui concerne l’extraction minière et pétrolière, qui leur donne une position ambiguë pour parler des droits de la Terre Mère. Ces paradoxes alimentent la critique, au risque de réduire ce sommet à une grand messe contre le capitalisme prédateur. Mais, comme le rappelle « Urgence Climatique Justice Sociale », collectif français fédérant ONG et associations engagés dans le réseau CJN (Climate Justice Now), le sommet de Cochabamba demeure pour l’instant « la seule initiative internationale qui se donne pour objectif de transformer le rapport de force pour infléchir l’agenda international sur les enjeux climatiques et environnementaux. » Et la preuve sans nul doute que désormais, les négociations sur l’avenir de la planète devront intégrer les mouvements sociaux et la voix des indigènes. De gré ou de force. Si la déclaration de Cochabamba restait lettre morte, Hugo Chavez a déjà promis de déclencher la bataille de Cancùn!
Ah…tupiza, sa quebrada et ses pizzas…
Je n’ai rien vu de la route entre Tarija et Tupiza, et je crois bien que c’est tant mieux, je l’ai sentie la route, encore une nuit où on se sent reposé à l’arrivée…l’arrivée, Tupiza, 5h du mat, un froid de canard, je sors emmitouflée dans mon duvet,une habitude maintenant, les bus ne sont pas chauffés et pas de couverture…et dix heures sans bouger, on se refroidit… bref, la complainte de Klara passée, je cherche « el grano de Oro », non que je prospecte un nouveau filon, mais simplement parce que c’est la bonne adresse commnune aux divers guides consultés, et je n’ai pas à chercher longtemps : Sylvia, la patronne, est sur le pas de sa porte, j’entre et lui demande aussitôt si un prochain départ pour le sud lipez et le salar est prévu, j’ai de la chance, dès demain. 4 jours pleins. Arrivée dimanche à Uyuni. Du coup, je fais une croix sur la visite de la mine pilote de lithium, il faut dire que la personne de la COMIBOL que j’ai pour contact est un peu spéciale : d’abord elle m’écrit tous ses mails en majuscules, ce qui parait il en symbolique de langage typo dénote d’une certaine agressivité. Et puis en plus, moi, dès le début j’ai fait une bourde en l’appelant Yasmina au lieu de Yolanda (mais bon Dieu d’où vient donc cette inversion bizarre ?) . Bref, grâce à Google Trad j’avais pu écrire en espagnol et obtenir un rendez vous pour le vendredi, mais là c’est râpé, et je ne me sens pas de prendre un autre rendez-vous…Je passe une petite heure au cybercafé, moi qui m’étais super équipée pour bloguer en direct, me voilà limitée par la lenteur des connexions internet, et c’est vraiment bizarre , on change son rapport à la communication, moi qui était pathologiquement tout le temps en train de relever mes mails et d’y répondre, me voilà devenue un peu plus détachée… J’ai vite fait le tour de Tupiza, petite ville où tout le monde est super sympathique et souriant, rien à voir avec Tarija, bien plus froide ai-je trouvé. Ou question de feeling, je ne sais. Je fais un tour au marché, mange pour 5bs (soit 50cts…), 1 beignet de patates et de viande avec un grand verre de jus d’orange pressé dans la rue puis décide d’aller marcher dans la quebrada Pallala où se trouve un magnifique mille feuille rouge gigantissime témoin des premiers temps de la création de la terre, comme il fait chaud (incroyable cette différence de température entre la nuit glaciale et le jour …) et que je deviens habituée des transports motorisés, j’ai la flemme de marcher, et monte dans un mini bus, de la ligne 2 , qui dessert donc le cimetière et Pallala. Le chauffeur sympathise vite avec moi, il me pose plein de questions, et moi aussi, il a 25 ans, un enfant de 4 ans qui s’appelle Roberto, lui-même s’appelle Rinaldo…et il collectionne les pièces de monnaie, c’est sa façon à lui de voyager. Il me demande si j’ai des pièces françaises, j’essaye de lui expliquer l’euro, mais c’est un peu difficile avec mon espagnol de vache, enfin je lui dis que oui, j’ai des pièces mais pas sur moi, et que je lui donnerai toute à l’heure. Il m’emmène à Pallala, là où la quebrada commence, enfin il faut marcher un peu, en plein cagnard, et Rinaldo fait un peu de hors piste pour m’amener…en minibus si si, à l’entrée de ce lieu de western. Oui, on se croirait en Arizona, ici les falaises sont rouges et plantées dans du sable. Des cactus centenaires et des sortes d’aloès complètent ce décor de far west. Je passe une après midi délicieuse, à marcher seule , croisant parfois un âne, un troupeau de moutons, voire quelques lamas, ce qui m’a plongé dans une perplexité temporaire, ayant lu un peu tintin. Oui, vous imaginez, vous êtes seul, sur une piste de sable, et …vous tombez sur 5 lamas au milieu de la route qui vous regarde d’un air hostile…ben quand on connaît pas et qu’on a lu tintin, c’est plutôt une situation où on a envie de s’enfuir !!!Ce petit désagrément mis à part, lasse de la route (où les camions d’une carrière voisine passent en faisant une poussière du diable), je prends un chemin qui va vers ce qui ressemble à un mille feuille géant effectivement, marche méditative, pause et retour. Je me fais prendre en stop par un papa et sa fille, qui avaient du pronostiquer de ma nationalité et vouloir vérifier. ..Je termine en suivant la voie de chemin de fer, mythique… Et le soir, étant à Tupiza, je mange la spécialité de la ville qui comme son nom l’indique…est la pizza. Arrosée d’un verre de merlot argentin , un Colon. 50 Bs , dix fois plus qu’à midi ! (c’est le rapport coût de la vie habituel, prix touristes…)