Et bien voilà, là nous pouvons aller visiter la Casa Grande, l’une des cinq grandes bodegas de la région. Il est loin le temps où les prêtres espagnols se contentaient d’une piquette pour leur vin de messe, ici on s’est mis à cultiver du bon vin, un vin qui , effet mystérieux de l’altitude, n’a même pas besoin de vieillir pour être bu. Il faut dire que les boliviens se donnent les moyens : un artiste du secteur, qui intervient depuis des années dans toute l’Amérique latine, François Thorez, vient conseiller et inspirer les producteurs. A Casa Grande, c’est un cépage de cabernet sauvignon, importé du Chili, qu’on greffe sur des pieds américains, dont l’écorce, plus dure, reste insensible aux attaques du phyloxera. Pour le reste, attendre mon reportage, dégustation non comprise évidemment. Faire les caves à 9heures du matin vous assomme quelque peu pour la journée! Surtout qu’on a suivi au passage toute la vinification depuis les vendanges jusqu’à la mise en bouteille, et qu’on a dégusté, chardonnay, malbec, trivarietale, singani vieilli, sangria…parce qu’ici ils font un peu de tout. le mieux étant le Casa Grande trivarietale 2006, médaillé d’argent à Paris tout de même. Bref, après tout cela, nous savourons un super repas au Gattopardo, le grand restaurant de Trarija où on mange un plat et un dessert pour environ 3 euros… Le soir, j’interviewe Patricia Castillo, scientifique du CENAVIT, qui étudie la composition de ces vins d’altitude, notamment leur teneur en proanthocyanines, en resvératrol, en polyphénols… Bref, nous passons encore une fois une soirée sympa au Gattopardo, en compagnie d’autres français rencontrés par là, qui reviennent de Tupiza , eux… j’appréhende un peu cette route de tous les dangers dans les montagnes cette nuit à vrai dire!
Un petit coin de paradis
Le voyage pour Tarija, un peu fatigant, surtout les chollitas dans les bus n’arrêtent pas de manger de la viande mélangée à de la semoule et ça sent le gras et ça dérange mes petites narines d’occidentale ! Alors arrivée tôt le matin, avec la drôle d’impression d’être venue deux jours trop tôt. Effectivement, on est le 1er mai, et les ouvriers des bodegas, vues que les vendanges sont passées et le premier vin fait sont au repos, ainsi que demain. Du coup nous aussi. Un stagiaire de l’IRD, Kevin, m’accompagne et nous faisons un peu de tourisme, nous allons à San Lorenzo où se trouve la maison de Moto Mendès, c’est la seule chose qu’il y a à voir ici… Le village est un peu bizarre, surtout l’humour des gens ici qui te vantent les mérites d’une place …qui s’avère être une cour de ferme toute boueuse…bref, les blagues pour les gringos, ça y va quoi ! On finit la journée au lac de San Jacinto, à 8km de Tarija, un lieu où les familles se retrouvent manger du poisson grillé et des petits crustacés au bord du lac.
Le lendemain, plus couleurs locales, on part pour Coimata, une réserve naturelle à peu près protégée où une petite marche sur les rochers le long de la rivière nous emmène en fond de vallée à deux cascades…splendides.
Punaise !
Dans ma série de reportages, l’un d’entre eux porte sur la maladie de Chagas, une maladie parasitaire transmise par les chiures deVinchucas, sortes de punaises locales. Des punaises rupicoles, quand la plupart sont sylvestres, et qui se domestiquent relativement bien autour de leurs sites sauvages. C’est ce qu’on a été vérifier dans la campagne, banlieue de Cochabamba.,à Quilla Collo.
Là, juste aux pieds de ce qui fut le plus grand réservoir à maïs de l’empire inca (on dit que chaque sillo pouvait contenir jusqu’à 8 tonnes de maïs.. ) de gros rochers abritent des colonies impressionantes de punaises.
Pour les piéger, les chercheurs ont inventé un piège ingénieux : une boîte plastique dans laquelle ils placent une souris avec un peu de nourriture au fond. La boîte est grillagée et son sommet est encollé d’un scotch double-face. L’ensemble est placé dans des cachettes sous les rochers. Sur le principe du papier attrape_mouche, les vinchucas viennent se coller pendant la nuit avant d’avoir fait le moindre mal à la souris. Le lendemain, au relevé des pièges, on note à quel stade d’évolution les vinchucas sont capturées (il y a 5 stades avant l’âge adulte) ; parallèlement, des boîtes ont été distribuées dans les maisons pour que les gens qui en sont infestés puissent en capturer quelques unes pour les remettre aux chercheurs! L’expérience de terrain à laquelle j’ai assisté a conduit à 80% de rendements! 17 pièges sur 20 se sont avérés positifs. Puis, au laboratoire, une séance de dissection commence, on enlève les pattes, les ailes, l’abdomen. Avec ce dernier, on va pouvoir savoir le contenu du dernier repas de sang de la bête… Avec les pattes et les ailes , on fait du typage génétique, histoire de bien préciser les choses! Et la maladie? Ben, c’est une maladie très grave dont on meurt , et qui plus est, pas en bonne santé du tout : ça attaque les sens, on a des atteintes neurotoxiques et cardiaques, bref, pas la joie. Il paraît que Charles Darwin en est mort, de retour des Galapagos où il avait du passer par la Bolivie. En fait, c’est surprenant de se dire que ces insectes aiment les vieilles pierres, et de voir que les habitations traditionnelles sont un joyeux capaharnaüm , avec tout plein de cachettes à Vinchucas! Quelle campagne d’éradication pourrait être efficace puisque toutes les conditions seraient après à peu près réunies pour qu’elles trouvent à nouveau des refuges !
Après ces festivités, me voilà partie pour rallier Potosi en 10 heures, sur une route bordant des ravins impressionnants (manque de bol c’est la pleine lune et on voit tout). J’ai pu constater qu’ils ont refait leur terminal de bus, complètement extraordinaire Je vais essayer de passer voir Olivier et Ingrid, de médecins du monde, toujours resté à Potosi bien que la mission de MMSF se soit arrêtée… Ils préparent leur intervention à l’université sur les pollutions minières, j’arrive toujours au bon moment, je crois que je ne vais pas pouvoir y échapper. Alors ça fait quoi de se retrouver à 4060 mètres? Ben, le corps il a plus l’habitude, Cochabamba, à 2800m , est supportable. Ici, on sent non seulement le froid (en une journée, je suis passée de 30 à ..5°C…) mais les UV qui tapent (écran total 50 obligatoire) … Les comprimés de Gravol que m’a laissé Caroline sont bienvenus. Ce soir, je pars donc en bus pour Tarija. J’y arriverai à 5h du mat, le temps de trouver un hôtel et de recharger les batteries de tout…après j’ai rendez vous avec Kevin, chargé des RP de lIRD…pour faire la tournée des bodegas (et du reportage, ben oui quand même)
Le vrai sommet de Cochabamba
1350 marches, et oui encore un bon moyen de faire de l’écologie, fermeture hebdomadaire du téléphérique oblige. Et tout du long, confirmation que le respect de la Mère Terre n’empêche pas les monceaux de bouteilles plastiques de jalonner le chemin. On est à 2500 mètres d’altitude tout de même , dès qu’on parle pendant la montée, on s’essouffle vite. Mais pas de regrets pour le téléphérique, de chaque côté des escaliers buissonnent sauge , myrrhe, et autres simples qui font le ravissement des guêpes, assez grosses pour motiver
En haut, le buiseness du tourisme bat son plein : un vieil homme sous un parasol propose des boissons fraîches et des poches d’eau. Je me dis qu’elles doivent être pleines de phtalates . Et une voiture, avec un photographe pouvant immortaliser la montée guette le chaland. Enfin, arrivant en haut, y a pas foule. Ce christ de la concordia, qui fait quelques mètres de plus que celui de Rio de Janeiro et que celui de Lisbonne (les 3 sont des clones du même) , et qui surtout est perché bien plus haut , est creux et un escalier permet d’y circuler. Sauf qu’aujourd’hui, comme le téléphérique, c’est fermé ! Du coup, après une petite pause, on a la satisfaction de descendre les 1350 marches beaucoup plus rapidement. Bref, journée touriste, mais qui m’inspire la photo du vrai sommet de Cochabamba : une statue imposante dominant des constructions sur lesquelles peuvent pousser des déchets…
Autre endroit très chouette de la ville, sa cathédrale, assez épurée et en même temps si zen avec ce drôle de saint qui parait il est invoqué à chaque fois qu’on veut garder un secret. Et, pour symboliser ce gardiennage, on lui colle un cadenas accroché à un ruban! Plutôt drôle…
J’ai quand même un peu comme l’impression d’être en vacances. Même si la veille au soir j’ai monté une émission pour la radio avec Caroline, 1h38 précises, que j’ai mis pas moins de 2heures à transférer dans un cybecafé voisin parce que franchement le wi fi ça ne passe pas! L’émission, quand même peut être écoutée ici
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p style= »text-align: right; »>Et puis fière et contente que mon article dans novethic soit paru.
Evo, l’homme qui plante des arbres
Toute la presse était prévenue depuis la veille : aujourd’hui, pour marquer la fin du sommet, Evo Moralès et les chefs d’Etat qui étaient restés allaient participer au lancement officiel de la campagne de reforestation lancée par le gouvernement bolivien. Rendez-vous à Contumayou, à quelques kilomètres dans les hauteurs de Tupiquaya. Le taxi qui m’embarque ne connaît même pas! Mais finalemement me rapproche. Il n’y a plus qu’à suivre la foule de boliviens qui là encore se montrent avec une ferveur sans pareil, civils et militaires. C »est sur ces hauteurs que là encore une estrade façon rock parade a été montée, avec un mélange de musique et de discours politique. Pour l’occasion, même la fanfare de l’armée est là. La chanson de la campagne officielle est chantée par une jolie chanteuse tatouée à la voix très puissante. » Planta arboles, salva al planeta », « Salva la Pachamama, salva la Madre Tierra »… Rappelant que la déforestation est responsable de la disparition de nombreuses espèces animales et végétales, et qu’elle est encore et toujours un symptome du capitalisme prédateur, Evo, applaudi avec un brin d’idôlatrie là encore incroyable, se lève ensuite, et la foule se précipite autour de lui pour l’accompagner, le toucher, le voir de près. Je saisis une photo au vol, un profil de lui avec sa plante à la main…une petite marche et il va planter le premier arbre, qu’il entoure de sa couronne de fleurs blanches et plante du drapeau bolivien. De ce que je peux voir un peu après. J’attends que la foule se disperse pour monter. Puis, les officiels ont droit à leur buffet privé, sous bonne escorte militaire, qui fait un cordon vivant se donnant la main par matraques blanches interposées. Le peuple peut s’acheter des melons , des oeufs , des bonbons ou des pains aux stands sauvages qui se sont montés sur toute la colline. En fait il commence à faire très chaud sur cette colline et je n’ai pas pris de casquette, ça me tape sur la tête ce soleil.. Je m’aprête à redescendre quand je tombe sur une scène insolite, une femme, guitare à la main, chante en espagnol au cordon de militaires qui garde l’estrade. Je la retrouve un peu plus bas, elle me confie qu’elle est très déçue car elle aurait voulu chanter sa chanson à Evo en personne, et qu’elle n’a pas pu. Elle s’est adressée au capitaine responsable des forces militaires de sécurité du président, qui l’a applaudi pour sa prestation. Elle lui dédicace son CD et lui demande d’en transmettre un à Evo, il lui promet qu’elle le fera. Elle en doute mais au moins elle aura essayé. Je redescends avec elle, en profitant pour interviewer cette activiste vénézuélienne, ancienne chargée de management environnemental dans l’industrie pétrolière. Elle me parle du paradoxe vénézuélien, dont l’économie entière repose sur le pétrole de Chavez, on sait bien comment Hugo a mitraillé de ses pétrodollars tous les pays d’Amérique Latine ou presque. Sans pétrole, pas de développement économique, et pourtant c’est une industrie sale et qui pollue et que même l’accord de cochabamba invite à limiter. Bref, les actions environnementales du Vénézuéla sont financées par de l’argent qui pollue. Est ce pour cela que toutes , absolument toutes les propositions du Vénézuéla ont été intégrées à l’accord? Leonor ne pousse pas le rapprochement jusque là , elle souligne, c’est tout. Elle me raconte sa vie, elle a choisi de devenir troubadour, il y a 10 ans. Depuis elle arpente les routes de l’Amérique Latine (mais n’avait jusqu’à maintenant jamais été en Bolivie) en chantant ses poèmes, elle s’est autoproclamée Ambassadrice de la terre mère. Nous arrivons à Tupiquaya, rien à faire là bas, à part boire du jus d’orange dans la rue et manger un poulet rôti et des bananes plantains frites (hum un délice!). Boeuf dans la rue , j’en profite pour enregistrer sa chanson, et lui traduire en français (on en fera une version française par skype bientôt!). I call you, I ask you, I beg you To protect me the way I protect you My ocean womb, my savanna skin, my mountain breasts, Blue, brown and green My river arteries pure and free need to flow And my sky head with clouds and wings clean needs to glow Please look at me, the time has come Protect me now, daughters and sons Choir Hey ya hey ya hei hey ya hei hei hey ya hei ya ha My breath Itake with ,my forest lungs And in my most inner depths my living heart beats like a drum I want to live, give birth to more life Protect me now, this is the time Choir Hey ya hey ya hey I am Pachamama I am Madre Tierra I am Goddesss Gaia, I am Mother Earth I’m Inamaka, I am Tonqtzin, I’m Gpddesss Yara I am your Mother Earth I am your Mother Earth Protect me Traduction française Je t’implore, te demande, te supplie Protège-moi comme te protège Au fonds des océans, dans la savanne , mes sommets Bleus, marrons et verts Les artères de mes rivières pures et libres doivent couler Mon ciel nuageux et ailé doit briller S’il vous plait regarde moi, le temps est venu, Protége-moi, ma fille, mon fils.. Hey ya hey ya hei hey ya hei hei hey ya hei ya ha Je respire et les poumons sont ma forêt Au plus profond de moi, mon cœur vivant bat comme un tambour Je veux vivre, et donner naissance à plus de vie encore Protège moi maintenant, il est temps Hey ya hey ya hey Je suis la Pachamama, la Madre Tierra, la déesse Gaia, la mère Terre, Je suis Inamaka, Tonqtzin, la déesse Yara Je suis ta mère Terre, je suis ta Terre mère, Protège moi Elle doit passer un coup de fil à la délégation qui l’accompagnait et la, pour elle, plongeon dans la galère : elle voulait décaler son vol pour passer par La Paz et chanter dans un éco_village , la Planeta del Luz, ambiance new-age, et vient d’apprendre que sa fantaisie de troubadour va faire que son billet d’avion va lui coûter deux fois plus. Du coup, elle ne sait plus quoi faire, je lui propose, je ne sais pas pourquoi , de m’accompagner à cochabamba, à mon hôtel. Parfois , on a des intuitions heureuses : en arrivant, elle retrouve une documentariste environnementaliste qu’elle connaît bien ,et qu’elle me présente au passage, c’est aussi une révolutionnaire convaincue. Elle retrouve aussi toute la TV vénézuélienne, qui se trouve là, par chance, du coup ses problèmes sont résolus!! Moi avec tout ça, j’ai frisé l’insolation …et, épuisée, et lassée du wifi qui ne marche pas à l’hôtel dans ma chambre (on devient exigeant quand on doit bosser en plus), je m’endors vers 21h (une première…) , avec des boules quiès car ma chambre donne sur le Prado, super bruyant et j’ai besoin de calme…. Finalement, je fais un diaporama des deux jours de photos, petits problèmes techniques de mise en ligne mais voilà :
Grand messe au stade
Bien! A peine les pieds posés, me voici en route pour le stade où se tient la cérémonie finale de ce sommet mondial des peuples pour la terre mère. Un concours d’heureuses circonstances me fait tomber nez à nez avec un représentant du gouvernement qui se charge lui_même de m’amener au stade, avec ma valise et mon bardas. Une entrée directe en matière pourrait-on dire! En fait, me voilà, sans même une accréditation en bonne et due forme (mais je dois pas avoir une tête de révolutionnaire sud-américaine), juste à temps pour voir une tribune façon spectacle de Evo Morales, Hugo Chavez et consorts… .j ai reçu d’une indienne une couronne de fleurs blanches et d’un organisateur un petit drapeau bolivien, alors cela devrait aller… et puis je trouve la tribune presse , et j’en profite pour glisser mon bardas sous le stand. Dans un stade comble avec une chaude ambiance à la woodstock néomarxiste. Le refrain ce serait « La crise, c’est la faute au capitalisme prédateur…alors un autre monde est il possible? » .Tout est en espagnol mais je sais pas, je comprends tout maintenant !
Mais au fait, ce sommet, qu’est-ce? Une réponse à la technocratie onusienne, une assemblée populaire géante,avec des peuples indigènes de toutes les Amériques, mais aussi des ONG, des syndicats, des représentants des gouvernements…et même de l’ONU. Tout le monde était invité à rejoindre l’un des 17 groupes de travail qui s’étaient constitués en amont, autour de thèmes tels que les forêts, le tribunal de justice climatique, le referendum mondial, les droits de la terre mère…L’idée? Que les résolutions adoptées au sein de chaque groupe soient portées par Evo Moralès le 26 avril au plus tard, pour qu’elles soient relayées dans le cadre de la suite de Copenhague, à Cancun (Mexique) au mois de décembre prochain. La voix des peuples portée à l’ONU, et par le seul président indigène du monde qui plus est, voilà une grande première qu’il est étonnant que presqu’aucun media ne relaye…
Alors bien sûr, les critiques, inévitables , vont fuser : ce sont de doux idéalistes, ils rêvent totalement avec leurs mesures…et alors? ça vaut le coup d’essayer, non?
En tout cas, ce que je note, c’est la rareté des européens ici, c’est un sommet américain en fait! Je rencontre, encore un hasard, Horacio, l’ambassadeur de la Bolivie à Vienne (Autriche), fort sympathique. Il m’accompagne dans ma recherche de Gadir, le responsable presse du sommet . Je le retrouve à Tuquipaya, après près de trois quart d’heure de taxi, la grande université du village où se déroulait le sommet , vraiment par hasard. Et le plus drôle, c’est qu’on se connaissait de Copenhague ! C’est lui qui m’avait fait la traduction de l’interview que j’avais fait de Juvencia ! Il me réserve dare-dare…une suite à l’hôtel Regina, juste sur le Prado! Tout s’enchaînait donc vraiment bien. Le soir, la fête continuait au stade, mais j’ai préféré aller tester le Casablanca, un bar que m’avait recommandé Karolyn, ma copine tchèque que j’avais rencontré l’an passé à Potosi… Horacio me raconte le déroulé de l’atelier sur le tribunal de justice climatique et de l’engagement en matière d’environnement et de son métier d’ambassadeur. Mais le décalage horaire étant ce qu’il est, je rentre me coucher et m’écroule littéralement.
Décollage!
Aujourd’hui, 23h20, de Roissy. Vol direct jusqu’à Buenos Aires. Grâce à l’enregistrement en ligne d’Air France, je peux même imprimer ma carte d’embarquement sans avoir à faire la queue.
J’ai des nouvelles de Cochabamba par Internet, aussi. Le ratage du jour? Un voyage de presse organisé à l’issue de l’intervention d’Evo Moralès au sommet, avec lui-même en personne, pour l’ inauguration d’un stade de foot (avec une démonstration de foot par le président en prime…), avec rencontre et repas dans la communauté!
Pour le reste, le suspens reste entier, ce que je sais, c’est que je ne suis pas la seule à ne pas avoir pu m’y rendre!
Je prends des nouvelles du volcan , tiens, j’ai reçu un communiqué de presse de l’université de Charleroi qui a suivi les émissions…
(Y) être ou ne pas (y) être?
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p style= »text-align: right; »>Ainsi, il nous aura fallu nous rendre à l’évidence. Les avions ne décollant pas, nous sommes contraints de réduire notre empreinte écologique en restant cloués aux terrasses des cafés (mais ça tombe bien car il fait beau, très beau, même si ça n’arrange pas les affaires du nuage, au moins, on a du ciel bleu… ). Seuls ceux qui sont au Sud du fameux axe Nantes Bordeaux ont pu tenter le coup…
L’occasion de tester le suivi virtuel d’un tel événement. Et de nous poser la question : est-ce que bientôt nous n’aurons vraiment plus besoin de bouger? Le monde nous sera-t-il acquis par notre petit écran d’ordinateur qui nous ouvrira les fenêtres des webcams disposées dans le monde entier?
C’est moins commode pour discuter, certes. Quoique le plus gros est fait : les groupes de travail auxquels chaque participant était libre de s’inscrire se sont déjà réunis et ont déjà établi les textes de leurs propositions.Quoique… Ce n’est peut être pas si rébarbatif que cela! Les boliviens ont fait un site avec retransmission en live.
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p style= »text-align: left; »>Le site de la cmpccSeul problème : le décalage horaire avec lequel il faut compter !
Bon et puis, aujourd’hui, à 10h, c’était l’assemblée des mouvements sociaux.
Convocation à l’Assemblée des Mouvements sociaux Cochabamba, Bolivia, le 19 avril 2010, 10 h
Nous, militants et militantes de divers mouvements sociaux, pensons que l’époque actuelle est marquée par la toute-puissance des Etats- Unis, la Union Européenne et des multinationales. Ceci a été flagrant à Copenhague où très peu de pays ont essayé d’imposer un résultat en désaccord avec la COP 15 et rien n’a été fait pour arrêter le réchauffement climatique et la crise climatique.
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p style= »text-align: left; »>L’augmentation de la présence militaire et des bases militaires dans différentes parties du monde, les invasions et les occupations
”humanitaires” indiquent bien que la guerre, l’occupation des marchés et des terres, la présence militaire pour contrôler les ressources énergétiques, l’eau, la biodiversité sont des stratégies de sortie de la crise de civilisation du capitalisme et de sa logique déprédatrice, raciste et patriarcale. Ces stratégies invoquent la crise climatique pour mener des négociations illégitimes.
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p style= »text-align: left; »>Nous répondons en luttant pour le droit des peuples à bien vivre sur leur terre, contre les fausses solutions à la crise, contre la
militarisation en tant que réponse à la crise, et contre les actions des multinationales. Ces multinationales, avec l’appui des gouvernements ou des institutions multilatérales comme la Banque mondiale, accaparent des terres pour la monoculture, privatisent l’air et créent des marchés spéculatifs appelés “crédits compensatoires du carbone”.
Voilà pourquoi nous, les mouvements sociaux, serons présents à la Conférence mondiale des Peuples sur le Changement climatique et les Droits de la Terre-Mère, à Cochabamba où, dans la logique de nos travaux, nous organiserons une Assemblée des Mouvements sociaux sur deux axes:
– débat et organisation de notre soutien aux propositions et initiatives des gouvernements engagés dans la protection des droits des peuples et de la nature;
– débat et organisation de notre programme en tant que mouvements sociaux pour renforcer nos alternatives et notre résistance à l’expansion de la marchandisation des personne et de la nature, à l’offensive des multinationales et à la militarisation.
Alianza Social Continental / ATALC (Amigos de la Tierra América Latina)/ Cebrapaz/ Central Sindical de las Américas/ Climate Justice Now!/ CLOC/ COMPA/ Fdim/ Marcha Mundial das Mulheres/ Oclae/ Red CADTM AYNA/ Via Campesina
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p style= »text-align: right; »>
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p style= »text-align: right; »>Du coup, de nombreux français n’ont pas pu partir, comme Christophe Aguiton, d’Attac, rencontré à la terrasse du soleil, au soleil :
L’interview de Christophe Aguiton
Et comme je m’entraîne à bloguer en live, j’expérimente, par exemple, la mise en ligne de mon diaporama sur la rue des cascades. N’hésitez pas à commenter pour me dire ce que vous en pensez!
Du sentiment d’impuissance
Les nouvelles n’étaient déjà pas bien bonnes. Un aéroport qui ferme totalement, ça ne présage rien de bon. Le responsable? Eyjafjoell. Un nom impossible à prononcer. C’est normal , un volcan on ne l’appelle pas souvent. Surtout quand il dort, ou quand il se réveille après des siècles de repos. C’est ce qu’il vient de faire, et c’est spectaculaire.
Un volcan, c’est fascinant. Petite, j’ai toujours rêvé devant les films de Katia et Maurice Kraft, et entendant la voix d’Haroun Tazieff…Mais là, je trouve ça un peu embêtant. Un peu, parce que les forces de la nature sont insondables et ses motivations profondes aussi… D’ailleurs se demande-t-on ce que l’on a fait pour mériter ça? Certains reparlent d’apocalypse. Même ma mère, qui me dit : « Mais tu sais, à la radio ils ont dit que certains voyants avaient donné l’apocalypse en 2012 ». On n’en est plus très loin. (J’en ai profité pour dire à ma mère que ce n’était pas un scoop, qu’elle avait qu’à écouter Radio Ici et Maintenant et qu’elle entendrait parler de tous les détails de l’apocalypse, si elle voulait…)
Enfin là, le ciel est en danger : le volcan libère des cendres particulièrement dangereuses. Disons que cette éruption marque la rencontre du feu de la lave et du froid des glaces islandaises. Un cocktail rare mais explosif! Une cristallisation de particules fines, de soufre et de fluorine, qui risquent en rentrant dans les réacteurs des avions…de les bousiller! Le biilan? Au 18 avril, pas moins de 17 000 vols avaient été annulés. Pire qu’au 11 septembre il parailt. Et surtout, aucune idée de quand ils vont rouvrir….
Bref, on va faire comme si tout allait s’arranger. On a préparé une version française du blog….Vérifié qu’on pouvait bien bloguer de l’iphone, et Voilà, A très vite!
Bientôt la suite!
Aujourd’hui je m’apprête à décoller à nouveau. Le sommet de Cochabamba approche et plein de reportages m’attendent. Du coup, j’ai fait un blog un peu plus « chiadé » à cette adresse-là : http://etlavieestbelle.free.fr
A très vite!