La Paz

Une journée comme j’en ai pas passée depuis longtemps! Le matin, un peu de travail en salle de doc et une interview encore très riche sur la quinoa. L’après-midi, je déambule dans les rues de La Paz. J’ai zoné, flâné, vu du monde, discuté, enfin bref, j’adore. Je peux pas découvrir une ville autrement qu’en y marchant des heures, au hasard (avec quand même un plan pour me repérer) . Faire un city tour? Courir des musées? Pour moi ça n’a pas grand intérêt. Je préfère l’immersion. Après, ça ne m’a pas empêché de rester un bon moment dans l’église san francisco, fascinée par ce baroque hallucinant, ces statues parfois morbides qui ont l’air vivant , et qui sont encastrées dans des niches de verre creusées dans des retables couverts d’or. On comprend comment pour impressionner le peuple on développe fastes, or et richesses….
Je me suis même fait manucuré (faut dire que dans ma trousse de toilette j’ai oublié ciseaux et lime à ongle), les ongles poussent-ils plus vite en altitude? En tout cas, les miens trop longs commençaient à se casser. Very interesting isn’t it? Bah que voulez-vous, des fois on revient à des choses plus pratiques, sans déconner, c’est chiant d’avoir les ongles qui se cassent, et qui finissent par griffer tout ce qui se présente. Le truc, c’est que la manucure me les a peint à la bolivienne, c’est curieux. Je n’ose mettre la photo…Après j’ai découvert probablement la quantité d’artisanat la plus élevée au centimètre carré, si c’était du commerce équitable, j’en sais rien, en tout cas j’ai fait des emplettes.
Bref, compte-rendu d’activité pépère aujourd’hui. J’ai réussi à tenir une grande causette au chauffeur de taxi, fort sympa, c’était très embouteillé, alors on avait le temps, je peux presque dire que je parle espagnol comme une vache française. En tout cas, promis, je prends des cours intensifs avant de partir au Pérou!!!

La Paz- site de Milluni, vue sur la cordillère royale- calle Florida et calle Achumani

Ce matin, j’arrive à l’IRD de bonne heure (8h15 environ). Jacques est aussi là, comme il fait beau, il propose de m’emmener voir le site de Milluni. Quelle belle sortie!
Bien sûr, ça stigmatise le problème des pollutions minières qui finissent par contaminer irrémédiablement les réseaux de l’eau potable qui alimente la ville, mais la nature est si belle et si photogénique que ça se passe de commentaires.
Enfin j’aurai appris que pour diminuer un peu le problème de la pollution polymétallique, on verse…de la chaux pour faire précipiter les métaux et abaisser le ph.

Pour l’usine de chollage (comment s’écrit-ce?), impressionnant de voir ce bonhomme tout seul, sans même un poste de radio pour se tenir compagnie. La question : et quand il dort? un relais la nuiit? et quand il est malade?

Les montagnes exploitées à nouveau massivement par des particuliers depuis 2 ou 3 ans donnent lieu à des drames évités de justesse, commes cette galerie effondrée. Absence de régulation et de réglementation des exploitations, toujours…

Le site de Milluni n’est plus qu’une ville fantôme, pourtant gardée, nous devons montrer patte blanche et même dénouer les fils de fer qui ferment une barricade pour y entrer. On voit bien que la ville était développée pour que l’on y trouve tout sur place. Des bâtiments en dur, de l’église à l’école en passant par le cimetière des mineurs (maintes et maintes fois prises en cartes postales)

Par chance, le lac est au dessus du site minier, donc encore d’un bleu vert pur. En arrière plan le Wayne Potosi, un plus de 6000 m. En aval, c’est plus apocalyptique.

De l’autre côté de ces montagnes minéralement riches, , changement de décor, les montagnes semblent en sable!
On croise même un cavalier! très rare dans les Andes, les chevaux! Mais surtout on on longe la cordillère royale et c’est d’une beauté à couper le souffle.

Et puis on voit bien des petites mines de ci de là mais dans des conditions beaucoup moins organisées ou développées que sur le site de Milluni. Là de l’autre côté de la montagne, les aménagements sont plus sommaires : en général, juste une cellule pour dormir. Pas vraiment de bistrot du coin par ici. Même plus de tôles de zinc faisant office de toit sur les cellules en adobe. Du coup, tout s’effrite et tombe en ruines, comme un peu partout. Dur de dater de quand tout cela date.

Un peu plus loin, encore un petit site minier, un peu plus aménagé en village. Du linge sèche, des chiens aboient, nous tentons de rencontrer âme qui vive et en trouvons deux, au bord d’un petit ruisseau qui descend d’une ancienne galerie bouchée.
Ils font partie d’une coopérative, bien sûr, la « Union » , qui regroupe une dizaine de mineurs. On dirait des chercheurs d’or! Ils procèdent par barattage du ruisseau au moyen d’une truelle, la boue résiduelle est mise à sécher, c’est presque de l’étain pur…qu’ils nous disent être obligés d’aller vendre à …Oruro (c’est loin!). Quand je leur demande comment ils vivent la chute des cours de l’étain , ils disent que certains retournent à la terre, parce que c’est dur.
Je m’essaye à photographier des lamas, mouais, c’est des drôles de bêtes qui adorent montrer leurs fesses…

Dans les eaux qui restent de la saison des pluies poussent de drôles de chenille dont le papillon reste encore un mystère (mais que Jacques a bon espoir de voir puisque ses fils en font l’élevage!)

Nous repartons pour el alto, passons par un village où nous devons attendre l’autorité ancestrale pour nous ouvrir la barrière qu’ils ont dressée (« contre les voleurs » nous explique-t-il). Son costume est magnifique.

De retour à La Paz, juste le temps de manger au café Berlin où oh surprise (décidément la Bolivie est petite et jamais deux sans trois!) , je retrouve à une table voisine…deux motards faisant le tour du monde, un allemand de stuttgart et un suisse de bern rencontrés dans les rues de Potosi alors qu’ils cherchaient un hôtel où garer leurs bécanes et auxquels j’avais indiqué La Casona où je logeais aussi…
Puis, rendez vous Calle Florida chez Sarah d’AVSF pour les interviewer avec Jean sur le projet intersalar toujours à propos de la quinoa. encore 2 heures passionnantes, et plein de nouveaux éléments notamment sur l’organisation sociale des communautés, et la pérénité des actions mises en place. Retour plus pénible, La Paz est une ville énorme et très étendue, les taxis n’ont pas de GPS, je ne parle pas espagnol. Mais je reconnais un peu les lieux quand même. Je demande à un premier taxi d’aller xx Calle Achumani, il me dit qu’il sait pas où c’est. Le deuxième dit connaître et m’emmène en fait au xx ème embranchement de la rue principale qui traverse le quartier Achumani, dans une rue sombre, peu éclairée. je refuse de descendre et lui dis que ce n’est pas là, il me dit si si, je lui dis que c’est près du lycée français, bref, il n’a même pas un plan de la ville dans sa voiture et ses collègues de station ne semblent pas mieux savoir où cette rue est (chez Sarah, j’avais vérifié l’endroit avec elle sur la grande carte de La Paz qu’elle a affiché dans sa cuisine) , et au final, heureusement que j’ai un portable avec une puce bolivienne pour appeler Jacques qui finalement explique au taxi comment se rendre chez lui. Et m’amène au final enfin bien au xx calle Achumani!
Le soir, détente devant la panthère rose, (quand la panthère rose s’emmêle), c’était d’un drôle, je me suis dit que j’allais tous les voir en rentrant….

Tiwanaku

Sitôt arrivée, on me propose de rejoindre un groupe qui part à Tiwanaku avec une guide aymara. parlant aussi anglais et espagnol. Quel périple! D’abord le minibus arrive avec une demi-heure de retard. Ici, depuis quelques jours, les commerçants protestent contre une interdiction faite par le gouvernement de vendre des vêtements usagés. Ils demandent même un référendum pour cela! Du coup, toutes les rues sont bloquées. Ce qui signifie ici, lorsqu’une voiture tombe sur un blocage, pas grave, elle fait demi-tour. Et le périph devient un gigantesque bazar. Au bout d’un moment je me demande même si nous allons y arriver un jour. Enfin tout finissant par arriver, on y arrive, par la route qui passe par el alto …De toutes façons, avec tout ces déplacements en car, je m’endors systématiquement, donc de là à profiter du paysage!! Le prix d’entrée du site est à la hauteur de sa grandeur (ouh là, Clara commence à écrire bizarre-bizarrement!) : 80 bolivianos (quand le maximum que j’avais payé jusqu’à présent était à la Casa de la Moneda à Potosi (20 Bs). Mais enfin ça vaut le coup. Même si officiellement on ne peut pas prendre de photos. Tout le monde en prenait. Tout est en chantier, en fait. La reconstruction de ce haut lieu spirituel détruit par les espagnols prend du temps et de l’argent.

Le décor? Digne de Tintin et le temple du soleil, vraiment. même si la porte du soleil est en fait toute petite. Et puis elle ne fait même pas partie de ce temple ci, mais du temple de punko punto à 1 petit km du site, c’est un temple dédié au puma. Et la porte a été déplacée.


Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que le site est bâti sur un des points d’acupuncture de la terre, comme à Porquerès, d’ailleurs, en Catalogne. Les chiffres : le 2 pour la dualité, le 3 pour l’équilibre, le 7 pour les points d’énergie (le même nombre que les chakras).
Tiwanaku est construit sur un champ magnétique puissant, les boussoles y perdent totalement le nord. Notamment sur ces 7 portes, dixit la guide toujours. Personne n’ayant de boussoles parmi le groupe, l’affaire ne put être scientifiquement vérifiée. Avec le Mexique (Tihatihuacan) et le Pérou (Cuzco), Tiwanaku forme un alignement parfait dont il est aussi pile au centre. ça oui, on le voit bien sur la carte.
Plein de trouvailles ingénieuses sur ce site, comme par exemple ces pierres creuses en forme d’oreille qui permettent quand on y colle l’oreille d’entendre un murmure qui se dit une vingtaine de mètres plus loin! Un téléphone cellulaire sans batterie? Mais à quoi sert le GSM? à être mis dans la poche peut être?

Ou bien encore ce temple à l’acoustique incroyable dont les briques présentent nombres d’inserts de têtes humaines en pierre.

Et bien entendu ces monolithes, hommes ou femmes qui nous disent qu’on reconnaît à la présence de larmes la capacité à lire le futur.
Comme celui ci, emblématique du site. Un homme de pouvoir qui voit déjà la fin de la civilisation de Tiwanaku.

Les explications de la guide (je précise!) : les habitants de Tiwanaku sont les premiers réfugiés du réchauffement climatique puisque tout le site était planté d’arbres tropicaux, et qu’il y avait de l’eau. C’est ce qui explique que l’on ait pu achever un tel ouvrage, avec des monolithes pouvant atteindre jusqu’à 8m de haut, ou des pierres de construction des temples absolument phénoménales. Les troncs des arbres coupés servaient à les hisser en haut des temples. La déforestation était elle à l’oeuvre?
Le site était habité par des religieux, juste des cellules pour dormir et méditer. quelques pièces pour entreposer vivres et offrandes. Des champions de la biodiversité ces tiwanalotes. à l’époque, toujours selon la guide, on recensait près de 4000 sortes de tubercules contre dix fois moins aujourdh’ui. Chic, j’arrive à dire pomme de terre en aymara. Mais je ne sais pas l’écrire! Et depuis hier j’ai oublié. L’aymara sonne guerrier, guttural, décideur. Certains indiens reprochent à Evo de ne pas bien le parler. La guide murmure du quetchua pour nous montrer la différence. Plus de musique et de douceur, ça me rappelle d’ailleurs mon retour en minibus de Tarabucco avec ce vieil homme presque édenté qui n’arrêtait pas de parler en quechua. Parenthèse fermée.
Pour la symbolique, les femmes se cachent le coeur et le ventre, vie et fertilité, les hommes ont les mains à la hauteur du buste. La main droite se présente à l’envers , pouce vers le haut. Signe d’apparenance à une classe sociale particulièrement élevée…
Le centre du temple principal, celui de la pyramide de ahapana, était taillé en forme de croix des andes. C’était en fait un bassin rempli d’eau qui jouait le rôle d’observatoire astronomique. En effet, plutôt que de se casser le cou à lever la tête pour regarder le ciel, ils en observaient le reflet des étoiles dans l’eau en étant simplement assis tout autour..C’est ce qui a fait la perte de Tiwanaku : les espagnols, voyant ces pratiques ,étaient persuadés que le temple, qui faisait 14 m de haut (7 marches de 2m) était en fait une colline remplie d’or. Ils ont creusé, oui mais, les tiwanakotes avaient en fait construit leur temple avec de gros blocs pour faire les marches et tout l’intérieur en petits gravillons… tout s’est écroulé…A cela on ajoute l’inquisition, où sur le monolithe précédemment montré, les espagnols ont fait graver la croix de l’inquisition, une montagne surmontée d’un soleil surmonté d’une croix, parce qu’ils voulaient en exorciser le mal.
A Tiwanaku, dans le petit musée attenant, c’est surprenant, on trouve des céramiques figurant des chinois, des mongoliens. Selon la guide, ça en laisse long à découvrir sur les probables relations que nourrissait Tiwanaku avec les autres civilisations pré-hispaniques. on découvre aussi qu’ils étaient avancés en médecine puisqu’ils pratiquaient même des interventions . C’était un contexte bizarre puisqu’ on mettait des « anneaux » au crâne des bébés pour allonger la forme de leur tête. Parfois ça donnait à l’âge du jeune adulte des crises d’épilepsie qu’on savait opérer : les crânes du musée attestent de telles interventions. Et de survie post-opératoire (mais à quel taux?). En tout cas, sur les sacrifices, plane toujours le doute, les figurations de sacrifice qu’on trouve sur certaines poteries tiendraient plutôt de ces opérations, dixit la guide toujours.
Les tiwanakotes mesuraient 1m90, vivaient jusqu’à 85 ans, avaient des dents sans carie. Explication : la feuille de coca, anti carie, dixit la guide. Plus la nourriture saine et sans cholestérol. C’est vrai que la collection de crânes dentus est impressionnante. ils sont en plus tous déformés…
Le retour se passe sans encombre, les manifs ont passé. Je passe à l’hôtel récupérer mon sac et file chez Marie-Danielle qui m’a gentiment invitée à finir mon séjour chez elle.

Potosi-Sucre-Tarabucco-Potosi- La Paz

La réception de La Casauna mon hôtel de Potosi est bien sympathique , elle me garde mon sac la journée et s’occupe de ma réservation de bus. Le taxi collectif passe bien me prendre à 7heures, mais , bêtement, ne me dit pas où il va, donc je ne monte pas dedans! On entend tellement d’histoires sur les faux taxis qu’on finit par se méfier. Du coup, l’hôtel le rappelle et il revient. Rien que des mamans avec des enfants, c’est assez drôle! c’est tout de même bien plus rapide que le bus. 9h22, nous y voilà, la place centrale de Sucre, celle du 25 mai de je-sais-plus-quelle-année-et-j’ai-la-flemme-de-chercher.

Je visite l’incontournable Casa de la Libertad, et là , parmi les présidents boliviens, je vois le portrait de Carlos Meza , président 2003-2005, qui ne peut être que le frère de Javier Gisbert, le conseiller au gouvernement que j’ai interviewé pour la Quinoa, tant la ressemblance est frappante! D’ailleurs il s’appelle Carlos Meza Gisbert. Enfin il lui ressemble peut-être comme tous les boliviens barbus à lunettes peuvent se ressembler! Et je retrouve un couple d’américains “seniors” que j’avais rencontrés à l’hôtel de Potosi. Comme quoi, si le monde est petit, la Bolivie l’est aussi. Et ce n’est pas fini. En sortant, je remarque un arbre victime de la pollution porteur du message d’une association écologiste :

Pour la cathédrale, la chance, la messe dominicale me permet de regarder encore une fois toutes ces décorations baroques et dorées. Je ne sais ce que cela m’inspire, tout ce faste, une madonne parée d’une robe de fils d’or ou d’argent (un peu loin pour voir et j’ose pas interrompre la messe pour voir) est aussi exposée dans une vitrine de verre. Je ne m’attarde pas : à l’entrée, il y a même une affiche avec Benoît XVI , sa photo et l’annonce d’une conférence épiscopale prochaine. Brr. De voir sa tête m’indispose maintenant.
Je déambule dans ces jolies rues, au détour desquelles des places accueillantes sont plantées de …palmiers! Et oui, ici j’ai mis depuis longtemps vestes et pulls dans mon sac pour déambuler en T-shirt. Sur les coups de midi, à la faveur d’une discussion fortuite avec les barmans du Joy Ride, où je me suis pausée prendre un café-sandwich, je décide de partir pour Tarrabucco, où les paysans de la région tiennent un marché dominical, ce qui tombe bien puisqu’on est dimanche. Me voilà donc héler un taxi pour qu’il m’emmène au terminal de bus pour Tarrabucco. Les guides touristiques parlent d’événement incontournable, tout de même. Et puis, un petit tour à la campagne, dans un village planté d’eucalyptus, moi qui ne voit quasiment pas un arbre depuis que je suis là, ça va me changer….Et le taxi de me proposer de m’y emmener moyennant 100BS. Le bus n’en coûte que 20 , certes, mais là je me la joue vraiment confort, après tout pourquoi m’emmerder à attendre un bus quand je peux partir tout de suite. En chemin, il regonfle ses pneus, passe un coup de fil et…finit par récupérer sa femme et ses deux enfants qui profitent aussi du trajet.
Bref, au bout d’une heure nous y voilà. J’arrive sur la place de Tarrabucco, un groupe de danse folklorique est en train de faire un show. Tous ces stands étalés me font penser à une sorte de marché aux puces. En plus, vu comment sont les autochtones, même pas la peine d’imaginer sortir un appareil photo! Tout autour de la place, des boutiques, vraiment comme aux puces. Avant d’entrer sur le marché je croise ma copine tchèque Karolyn rencontrée à Potosi, comme quoi le monde est vraiment petit et la Bolivie aussi, elle continue sa route sur Santa Cruz, on se promet de s’e-mailer pour se tenir au courant de nos péripéties : elle était aux fameuses fêtes du Tinku (que les indiens m’ont dit être un attrape-gogos…) pendant que je suivais la cueillette de la quinoa! Nous nous étions donné rendez-vous avec le Taxi une heure plus tard au même endroit. Pour un retour à 100Bs aussi. Mais une heure après, pétante, le taxi n’est pas là. Je me dis qu’il est soit parti pique niquer en famille soit qu’il a trouvé un client plus offrant. Je me retrouve dans l’un de ses mini-bus , 8BS pour rentrer, départ imminent, 1 heure de trajet me dit le chauffeur. Tu parles! D’abord pour partir, tout le bus doit être plein (une quinzaine de personnes).Ce qui prend un certain temps… Et puis c’est un omni-bus, chacun l’arrête quand il veut descendre, et si des places sont libres, le chauffeur a tôt fait de s’arrêter pour les remplir de nouveaux paysans. Bref, au final, départ à 15h au lieu de 14h30 et arrivée à 16h40. Dans le bus je suis assise à côté d’un vieux vieux quechua qui me parle dans cette langue que je ne comprends pas. Il est très taquin et fait plein de blagues aux gens du bus… Ce qui fait qu’il faut déjà que je me grouille pour rentrer sur Potosi, où je dois encore passer par l’hôtel pour récupérer mon sac et attraper le bus de nuit pour La Paz à 20h30. Au terminal de bus, j’ai encore la chance de retomber sur un taxi communautaire (ça me met le trajet à 40Bs, pour 165 km on conviendra que ce n’est pas cher) , mais le trafic est important, il y a plein de travaux sur la route, la nuit tombe vite (6h30 environ) et le temps passe. Je n’arrête pas de regarder ma montre, 18h30, 19h , 19h30…enfin plus que 7km, le chauffeur comprend ma priorité et me pose 10 mn plus tard à l’hôtel. C’est encore la course jusqu’au terminal et puis après dans le terminal pour savoir de quel quai part mon bus, à 20h30 pétantes. Après des sons de cloche différents, je demande à un flic qui a la bonne idée de m’emmener au guichet de la compagnie qui gère mon bus qui me file la contremarque de mon billet et m’indique le quai : n°7. Le bus arrivera finalement quai n°5 à 20h40…. Allez comprendre quelque chose. C’est un bus couchette, et comme j’ai toujours de la chance, on m’a collé une place côté fenêtre-qui-ne-ferme-pas-vous-voyez-le-genre?-(courants-d’air-à-gogo). Finalement mon voisin use de sa force pour la claquer bien net. Je m’endors, mon ipod sur les oreilles et ne me réveille qu’à la pause traditionnelle à Challapata où je me prends cette fois le luxe de ne pas descendre, chacun aura compris pourquoi. Je ne me réveille qu’à La Paz, à 5h du mat. Aïe, c’est vrai, j’ai oublié de regarder où j’allais dormir . Je vais à la lumière, consulte mon petit fûté (qui date de je sais pas quand d’ailleurs parce qu’il est pas mal périmé sur plein de trucs) , qui présente l’hôtel Maya près du centre. À la file de taxi, je vérifie bien plaques d’immatriculations et numéros de licence avant de m’embarquer (tant d’histoire de faux taxis dépouilleurs…) . Le chauffeur m’annonce 10BS (contre 3, prix moyen à Oruro, et 4 , prix moyen à Potosi) .Je n’ai pas les moyens linguistiques de discuter et je suis un peu fatiguée tout de même. Je sonne à la porte de l’hôtel Maya, dérange bien sûr le veilleur de nuit, qui bien sympa me file une chambre. Parquet brillant, décor rococo, pas de wifi, (mais internet en bas). Enfin, du coup, impossible de dormir puisque je tiens ce blog! pfff… bon, allez, c’est bientôt l’heure de déjeuner et une bonne douche préalable me contentera grandement. …mince l’eau était froide…et puis internet marche pas…et puis y a même pas une fenêtre pour regarder dehors….

Potosi , repos

Rythme plus tranquille…grasse matinée, petit déjeuner, toujours ces cerbères qui engueulent toutes les filles (et que les filles) au réfectoire, on plaisante dessus. J’émerge à 11h, je flâne, un petit café à La Plata…je visite le clocher de la cathédrale et prend quelques photos panoramiques… Et puis, ensuite direction le bureau de médecins du monde. Je ne comptais y rester qu’une petite heure, le temps d’interviewer Ingrid et Olivier. Et puis en fin de compte, ils m’invitent…à un repas de famille. L’occasion de rencontrer la soeur d’Ingrid, Rosario (et oui, c’est un nom de garçon, mais c’est fréquent ici, ça veut juste dire Rosaire) , qui a fondé la SOPE , une société d’écologie pour la protection de l’environnement de Potosi. Bon, ça s’éternise un peu, mais le repas est très drôle, comme il y a beaucoup beaucoup de monde, c’est les chaises musicales! On mange des lassagnes, et on boit de la bière mélangée à du …fanta! (très bizarre)
Bref, après, retour au bureau, je lis plein de docs en espagnol sur les mines, les chiffres, etc…des films, des images… 19h Mais la journée est passée comme un rien, moi qui voulais faire quelques achats d’artisanat…enfin, de retour à l’hôtel, je bloggue en temps réel. Demain, je me suis organisée une petite virée à Sucre, avant de repartir pour La Paz, où je devrais arriver lundi matin aux aurores. Que l’on ne s’étonne donc pas si je ne donne pas de nouvelles avant lundi! Hasta luego !

Potosi, toujours les mines

Rendez-vous bolivien avec Olivier. 8h30 au début. Au final 10h! Pour cause d’un pneu dégonflé par un voisin mal intentionné. Là on va voir les terrils, ils sont monstrueux vus de haut.
C’est 4 millions de tonnes abandonnés en plein air, les habitants de Kantumarca, la cité historique de Potosi, première à avoir reçu l’exploitation des mines du Cerro Rico, peuvent remercier 20 ans d’activité de la Comibol! Ce qu’on va en faire? Un casse-tête invraisemblable…D’abord, on voulait déplacer ces terrils à 10km de là, dans un village peu peuplé dont la communauté avait accepté l’implantation moyennant finance, et puis on s’est rendu compte que peut-être le déplacement de toute cette poussière allait poser quelques problèmes… Alors on s’est dit qu’on allait encapsuler ces terrils dans de l’argile. C’était en 2007. Les cours des métaux ont invraisemblablement monté, alors la Comibol s’est dit que c’était bien dommage, qu’on pourrait tout de même essayer d’en tirer encore quelque chose, de ces déchets qui contiennent encore plein de minéraux, bien évidemment. Il n’y a qu’à voir, quand on va marcher dessus, on voit plein de petites rivières dorées… On dirait vraimen t une autre planète…mais il n’y a rien, pas âme qui vive, pas de chien pas d’oiseau, ça pue le souffre et on finit par avoir mal au crâne même si on fait de belles photos.
Il paraît que les enfants y viennent jouer régulièrement. Au menu, antimoine, cadmium, plomb, arsenic… résultats : des verrues en nombre sur les mains , l’antimoine provoquant une hyperkératose responsable de ces disgrâces cutanées. et puis des cancers, du saturnisme, de l’asthme et autres joyeusetés. Pourtant, on est fasciné de cette beauté minérale. Les terrils bizarrement ont même pris la forme de certaines montagnes andines, les chollitas, qu’on dirait constituer réellement de jupes… Ceci explique peut-être la passivité des habitants de la zone située tout autour? Cette beauté minérale a tout de même un côté fascinant… Une fois bien reminéralisés (!!! ) ou plutôt pleinement contaminés, nous repartons, manger à la Plata. ça y est je tente la salade, les crudités et tutti quanti.

Bien sûr, des mesures de protection ont été prises… Ainsi, la rivière qui avant dévalait la ville chargée des déchets miniers (résultat du génie espagnol qui au 16 ème siècle avait organisé un nombre incroyable de lagunes artificielles dans la région du Kari Kari pour alimenter en eau cette rivière…allant jusqu’à en tapisser le fond de cuir de vaches ou de lamas) a été couverte et bétonnée…
C’est au moins déjà ça! Même si le résultat est curieux d’un point de vue du développement urbain.

L’après midi, jolie visite privée historique des mines avec Mary, une guide bolivienne qui parle très bien français . Le seul souci, c’est que le vendredi, les mineurs finisssent tôt et vont se saoûler. On n’en rencontrera quasiment pas. un peu dommage tout de même (heureusement que j’ai vu ceux d’Oruro!). On visitera l’ancien site de la Comibol, en ruine mais bien gardé,
Avant de retrouver Dona Narda, infirmière du Centre de Santé des Mineurs qui nous explique les problèmes sanitaires des populations qui vivent sur la montagne. Il y a en particulier les Guardias, des femmes, souvent veuves de mineurs , qui gardent l’entrée des galeries…et tout leurs enfants. Près de 450 personnes au total probablement.
Le soir, nous mangeons tortillas, lasagnes et empanidas dans un petit restau typiquement bolivien. Nicolas reprend le bus de nuit pour La Paz. Je termine à la plata par un…café (j’en avais très envie) et un tarte au citron (idem) . J’ai décidé de passer une journée de plus à Potosi. Me reposer un peu, tout de même!

Salinas-Potosi

7h30- La place, le bus, supposé partir à 8 h, arriver à 12h. Partira à 9h, arrivera à …14h. Voyage chiant et éprouvant sur de la piste. 100km environ, calculez la vitesse…la route est en construction. Elle fera le bonheur des habitants de challapata (et oui, c’est encore là que nous allons) , plate forme de la contrebande de voitures du chili…et probablement aussi de narcotrafic!)
Bref, à 14h on arrive, et par chance on chope un bus qui partait aussitôt pour Potosi. Ouf, plus que 3h, mais dans de meilleures conditions . Et puis, à l’approche de la destination, mon portable remarche! Je joins donc Olivier, qui passera plus tard à l’hôtel me rapporter les affaires que j’avais laissé au bureau de médecins du monde pour voyager léger. Le soir, nous allons manger dans un lieu sublime, une ancienne raffinerie minière (ingenio) construite par les espagnols, réhabilitée et abritant, dans un décor semi industriel un très bon restaurant. un petit syrrha nous met d’ailleurs bien en train!

Quinoa, 3ème jour

Nous partons dès 6h30, profiter de la lumière du soleil levant … Reportage dans les champs…toutes les étapes de la cueillette…et de la transformation de la quinoa.
je ne fais pas de photos, ou si peu, là , je prends du son. On cueille, ensuite on fait sécher les épis, puis on les fagotte, on roule dessus avec le tracteur, on trie les épis des grains, on évente (photo), on frotte la quinoa pour en éliminer la première peau, on la grille pour en faciliter la cuisson, on l’évente encore une fois, et on la lave pour en enlever la saponine (mais promis, je ferai un topo complet de ce processus très complexe).
C’est très sympa, nous arrivons à parler avec tout le monde. C’est Clemente , un des responsables d’AVSF sur l’intersalar depuis le début du projet qui nous emmène. Il me raconte le quotidien des paysans et des communautés, j’enregistre tout ce qu’il me dit, sur fond de moteur de 4×4 toujours, mais bon.
En chemin nous croisons des lamas…

des cactus…

… une autruche…

… et même une vigogne!

J’ai même droit au prilivège d’une petite virée dans le Salar…

Pour la grande traversée, il aurait fallu attendre vendredi midi, c’était ce jour là que l’équipe se rendait à Uyuni.
Mais, comme nous devions repartir à Potosi pour les mines…il ne m’était pas possible d’attendre. Et le soir j’ai de la chance, je mène des interviews fleuves du représentant d’AVSF, du gérant de Jatari qui passait par là (!) , du consultant au ministère de la Terre pour la gestion des terres indigènes (un élément inscrit dans la nouvelle constitution..) bon, un peu devant un match de foot (les moins de 17 ans, bolivie-argentine je crois bien mais je n’ai pas suivi et ne vous dirai pas qui a gagné, d’ailleurs ça m’a amusée par contre l’affect que les commentateurs mettent devant les matchs, qu’est ce qu’ils crient!!!! Moralité, je me couche à plus de 2heures du mat, alors que le lendemain, j’ai rendez-vous avec Nicolas à 7h30 sur la place du village pour rejoindre Potosi , à nouveau, la belle Potosi. Avant de partir, je règle l’hôtel et je suis encore saisie du prix pour 3 nuits en pension complète (5 repas donc) : 202 bolivianos (soient 20 euros) TTC…

Quinoa, 2ème jour

Je visite Salinas, vite on en fait le tour.
Mon portable ne passe pas, et dans toute la ville, aucune connexion internet ne fonctionne. Dans ce coin reculé, pas la peine d’espérer surfer! à part sur le désert de sel qu’on voit au bout de la ville, juste au pied du volcan Thunupa.
Thunupa, ce volcan magnifique, emblématique, divinifiée, se dresse, majestueux à plus de 5000 m . Il parait qu’on le gravit sans crampons ni cordes aisément…mais qu’il faut compter la journée. Ici, je me rends compte que je n’arrive pas à monter la pente qui me remonte à l’hôtel sans être complètement essouflée. L’altitude quoi. Ah oui, et puis l’autre truc bizarre, c’est qu’on mouche que du sang. Il paraît là aussi que c’est tout à fait normal.
Je me suis adaptée aux menus boliviens : soupe, frites-riz-viandes et maté de coca.
L’après midi, nous allons chercher un jeune étudiant français en stage pour avsf, puis visiter une communauté. La récolte de la quinoa y a été faite, bien qu’on puisse encore en voir des épis.
La raison? On ne mélange pas la quinoa rouge et la quinoa blanche, qui poussent souvent ensemble. Donc on laisse les rouges sur pied. D’ailleurs, pour mieux préserver la terre, on n’arrache plus les pieds de quinoa. Enlever les racines a pour effet de labourer le champ, et ça assèche la terre au final. Alors, on coupe , bien que ce soit plus difficile, un pied de quinoa c’est dur et même coupant, en plus, il faut une certaine adresse car sinon, on perd une bonne partie des grains!

La quinoa, séchée en tas depuis une ou deux semaines (ici, il ne pleut plus puisque ce n’est pas la saison des pluies!) est amenée en fagots alignés sur une bâche stratégique.
Le papy, qui a la jambe amochée par un coup de disque coupant (tronçonneuse aménagée pour la coupe de la quinoa) , est parait-il un homme riche. Il n’en a pas l’air, il est en guenille, avec des peaux de moutons pour protéger sa jambe des coups. Il peut à peine marcher, est toujours à 4 pattes.
Mais conduit son tracteur, outil indispensable, non pour labourer la terre (ça se sera pour plus tard, éventuellement au moment des semis) , mais pour commencer à faire tomber les grains de la quinoa et couper les têtes des tiges. C’est bio, ça? La communauté est en transition, durant cette période, de 3 ans, pas d’intrants dans la terre et des pratiques de culture respectueuses de l’environnement… Pour le tracteur, ben, en fait, il n’y aurait pas tant de problèmes que cela, tout simplement parce que le pot d’échappement est sur le haut du tracteur !

C’est assez spectactulaire ! Le soir, redîner, puis, siège d’AVSF où je rencontre Nicolas, le photographe qui va m’accompagner demain en reportage sur la cueillette de la quinoa. On passe la soirée à discuter, à manger des crémosas (des gâteaux boliviens à 1 Bs les 10 pièces!!!) et à boire du maté.

Quinoa, 1er jour…

Tôt le matin, nous prenons donc la route. De Challapata, nous prenons quelques pistes en passant par Huari, le village célèbre pour sa bière. Au point qu’on ne sait lequel a donné le nom de l’autre. Mes trois compères ne sont pas causant. Par contre, ils écoutent de la bonne musique, des chants révolutionnaires andins, assez sublimes, qui me rappellent un peu les quilapayun de quand j’étais plus jeune. En tout cas, cela change de cette horrible pop péruvienne , sur fond de flûtes de pan saturées qu’on nous balance dans tous les bus ici! A l’aller, mon ipod m’avait sauvé la mise , et d’Oruro à Potosi , j’avais écouté tout Bashung. (C’est incroyable comme l’album « l’imprudence » collait à la traversée de la cordillère dess Andes d’ailleurs. Là , comme j’avais décidé de voyager léger, tout était resté dans les bureaux de MDM.
Après 2 heures de piste en 4×4, nous voilà arrivés à la Marka Aroma, un village qui semble perdu au milieu de nulle part..
Dans la salle de la mairie, le représentant des autorités locales ouvre la réunion avec les familles productrices de quinoa du district indigène écologique n°3, l’un des derniers et plus petits groupements (8 familles seulement) à avoir rejoint l’ANAPQUI, Association Nationale des Producteurs de Quinoa. Pour ouvrir la réunion , on commence par faire tourner l’alcool potable à 96°. Pour un Aymara, l’alcool doit être pur! On verse un peu d’alcool au sol, délicatement, en bouchant d’un doigt le goulot de la bouteille( en plastique et de format identique à une bouteille d’eau de javel ! ) , puis on en ingurgite une gorgée (ou on mouille juste ses lèvres…c’est tellement fort!) . Si encore il n’y avait qu’une bouteille! mais non, pour la Pachamama, la terre mère, chaque famille a aussi sa bouteille, plus petite, plutôt format eau de toilette cette fois, et la fait tourner. Puis , on distribue les feuilles de coca, dans les deux mains, toujours. Car c’est des deux mains qu’on reçoit traditionnellement, pas d’une seule. Les chefs ont en plus du ljari, un résidu de cendres très dur qu’ils croquent tout en mâchant les feuilles. ça ressemble à un gros caillou gris et ça fait le même bruit quand on croque dedans. le Ljari donne de la vitalité, normal, la cendre alcaline aide à extraire les alcaloïdes de la coca, qui en contient pas moins de 13 (alors qu’un seul sert à faire la cocaïne) , c’est dire si la plante sacrée est riche. À 4000m d’altitude, un tel rituel augure une réunion cordiale. Chacun se présente. Pour que ce soit plus simple, les gens d’AVSF m’invitent à me présenter comme l’un des leurs. Bien sûr suivre une réunion en espagnol quand on ne parle pas la langue n’est pas des plus faciles, et la traduction simultanée serait mal venue. J’arrive à peu près à suivre, la communauté a présenté ses activités par un diaporama très didactique qui présente les conditions de culture, leurs intentions. La raison de la présence d’AVSF ici, c’est une étude commanditée par la plate forme du commerce équitable qui vise à évaluer l’équité du commerce de la quinoa. L’enquête est menée par Romain, d’AVSF Pérou, spécialiste du commerce équitable de la mangue et de la banane. Vers 11h30, les trois femmes assises dans le fond s’endorment sans vergogne ! Avant de se réveiller à la fin, et d’agréer tout ce qu’on dit, comme un bel exemple de communautarisme participatif. Puis, nous sommes invités à manger. Au menu, quinoa cuite à l’eau comme il faut, légumes et viande de lama bouillie. C’est très bon. Je mourrai de faim, n’ayant grignoté que du fromage depuis la veille (partie en bus à 13h30 la veille , je n’avais mangé que des conneries du genre gateaux et coca-coloa).
Puis, l’après midi, nous avons visité les terres de cette communauté. Et avons pu constater qu’ils utilisaient la tholla pour régénérer les sols, la laissant en place durant 2 ans, ne cultivant donc la quinoa qu’une année sur 3, qu’ils utilisaient aussi des plantes vivaces comme la lampaya , plante médicinale souveraine contre les coups de froid et au goût délicieux .
En répétant bien le mot de llampaya pour le noter dans mon carnet j’ai d’ailleurs fait gentiment rire toute la communauté aymara, qui a un son guttural inimitable , pour moi tout du moins, sur les “a “). Quant à la culture de la quinoa, nous avons vu qu’ils en cultivaient de la rouge, de la noire et de la blanche, les trois principales sortes parmi les plus de 180 recensées par l’université de (zut! je n’ai pas noté laquelle!) .
Le problème est posé : si la gestion durable des sols est un objectif affirmé de coopératives comme l’ANAPQUI qui regroupe aujourd’hui plus de 1500 familles sur tout l’altiplano , avec un cahier des charges très serré sur la régénération des sols, une culture trisannuelle, l’absence d’intrants, une agriculture respectueuse des hommes et de l’environnement, l’explosion récente des cours de la quinoa sur le marché international (cours qui sont fixés d’ailleurs tous les samedis au marché de …challapata…) a amené certains industriels peu scrupuleux et peu soucieux du devenir des terres et des hommes de l’altiplano à soudoyer certains petits producteurs à sortir des cahiers des charges très serrés de l’ANAPQUI en leur offrant le même prix d’achat de leurs productions. Tel est par exemple, l’industriel français Jatari, qui fournit par exemple le groupe Carrefour…
Bref, j’apprends que le commerce équitable n’est pas une question de prix juste aux producteurs, à la manière du el gringo de jacques vabre. Mais que ce qui est vraiment le commerce équitable, c’est le développement économique global de la région de production.
Nous essayons aux alentours de Salinas de rencontrer de ces petits producteurs , mais c’est difficile pour les petits producteurs qui traitent directement avec Jatari d’avouer cela (l’enrichissement personnel sont plutôt mal vu des communautés aymara).

Et puis la police municipale nous surveille, se demande se que fout la gringa avec son appareil photo.
Les chiens deviennent hostile. Je vois un troupeau gigantesque de lama rentrer des pâtures, mais c’est déjà trop sombre pour le prendre en photos.
Nous arrivons à l’écolodge de Salinas, un joli espace tout aménagé en bois de cactus. ça aussi c’est une découverte. Des meubles en bois de cactus, très jolis, on voit les trous laissés aux emplacements des épines, très esthétique…. Dîner et…dodo. Dans une chambre sans un poil de chauffage , brrr, je suis bien contente d’avoir mon duvet.