Algues vertes : peut-on prévoir les risques ?

Paru sur le blob, l’extra-média de la Cité des sciences et de l’industrie et du Palais de la découverte le 16/10/2009

Suite à la mort d’un cheval en juillet 2009, le ministère de l’Écologie a demandé à l’Ineris de mesurer sur le terrain les émanations de gaz provenant des dépôts d’algues vertes en décomposition. Ce risque sanitaire nouvellement démontré peut-il être anticipé ?

Retour sur les incidents de l’été 2009

En Bretagne, les algues se ramassent à la tractopelle
C’est grâce à la présence d’une entreprise de ramassage d’algues que le cavalier pris d’un malaise dans les algues a pu être sauvé. © Ifremer

À St-Michel-en-Grève (Côtes-d’Armor), le 28 juillet 2009, le vétérinaire Vincent Petit mène Sir Garett, son cheval, à la bride. À l’embouchure du Roscoat, dans une zone vaseuse, soudain, le cheval s’enlise et meurt en moins d’une minute. Son cavalier, saisi d’un malaise en voulant le tirer d’affaire, est sauvé in extremis par la fourche de levage d’un employé de l’entreprise de ramassage d’algues qui œuvrait sur la plage ce jour-là. Les gendarmes, photos à l’appui, concluent rapidement à une noyade. Mais l’autopsie pratiquée sur le cheval est formelle : le décès est consécutif à un œdème pulmonaire dû à l’inhalation d’hydrogène sulfuré (H2S), un gaz hautement toxique qui bloque la respiration cellulaire et qui est émis par les dépôts d’algues vertes en décomposition.

Dès lors, impossible de nier le danger, comme l’avait toujours fait la préfecture des Côtes-d’Armor, alors que déjà, au même endroit, en 1989, un jogger s’était écroulé, mort. Même sort pour deux chiens, en baie de Saint-Brieuc en 2008. Mais aucune autopsie n’avait pu alors établir la cause des décès. Ces dépôts d’algues sont soupçonnés pourtant depuis longtemps d’être nocifs : l’odeur d’œuf pourri qui s’en dégage signe en effet la présence d’hydrogène sulfuré (H2S). Et les capteurs à H2S s’affolent à leur contact, témoignant de dégagements dépassant les seuils limites admis en milieu professionnel. Pour autant, l’arbitrage de la métrologie restait nécessaire pour déterminer précisément les concentrations d’hydrogène sulfuré que sont susceptibles d’émettre ces dépôts d’algues en décomposition.

Les marées vertes

En Bretagne, les marées vertes sévissent depuis les années 70. Dès les années 1980, l’Institut français pour la recherche et l’exploitation de la mer (Ifremer), puis le Centre d’études et de valorisation des algues (Ceva) leur ont consacré de nombreux travaux de recherche qui ont permis de comprendre et modéliser le phénomène.

Comment a-t-on modélisé les marées vertes ? Réponse d’Alain Menesguen, directeur de recherche à l’Ifremer

« Ces éléments ont également permis d’en déterminer la cause : les nitrates excessifs des rivières bretonnes, liés aux engrais azotés et à l’élevage intensif » (1), précise Alain Menesguen, directeur de recherche à l’Ifremer.

Comment a-t-on déterminé que les nitrates étaient la cause des marées vertes ? Réponse d’Alain Menesguen, directeur de recherche à l’Ifremer

Les marées vertes n’ont donc plus de secrets depuis longtemps. Tout comme les mécanismes de putréfaction des algues : lorsqu’elles restent trop longtemps sur la plage, les algues sèchent et se couvrent en surface d’une croûte blanche solide sous laquelle la décomposition en milieu anaérobie (sans oxygène) entraîne l’émission de nombreux gaz dont le sulfure d’hydrogène (H2S), un gaz à l’odeur caractéristique d’œuf pourri. Pour l’instant, on ne connaît pas les variations de teneurs en H2S selon que les algues sont en décomposition depuis 6 heures, 24 heures ou 2 jours.

Évaluer les risques : un casse-tête ?

La plage d’Hillion couverte d’algues vertes ©Ifremer
Pourquoi ces dépôts d’algues sont-ils dangereux? Réponse d’Alain Menesguen, directeur de recherche à l’Ifremer.

À la suite de la mort du cheval fin juillet, le ministère de l’Écologie a commandé un rapport à l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) pour quantifier les émissions de gaz par les algues en décomposition (2). Pourquoi avoir attendu tant de temps alors que depuis toujours riverains et plagistes se plaignent des nuisances olfactives ? « La pestilence signe bien la présence de sulfure d’hydrogène, mais elle n’en prouve pas la toxicité, précise Martine Ramel, de la Direction des risques chroniques à l’Ineris. La sentir serait même paradoxalement plutôt bon signe ! En effet, en présence de teneurs élevées, l’inhalation d’hydrogène sulfuré se traduit par une paralysie des centres nerveux olfactifs et une anesthésie de l’odorat. »

En toxicologie, tout est question de niveau d’exposition. C’est ce qui permet d’évaluer les risques sanitaires de l’exposition à une substance. « Pour le sulfure d’hydrogène, l’H2S, en milieu industriel, chez les employés des raffineries, des stations d’épuration, des entreprises de ramassage d’algues ou de vidange de fosses à lisiers, ces risques sont bien connus, et depuis longtemps », rappelle Martine Ramel.

Mais en milieu ouvert, sur une plage par exemple, la métrologie de l’H2S est un vrai casse-tête. D’abord, l’H2S étant plus dense que l’air, on le trouve très concentré au sol. Il diffuse également dans l’air ambiant, mais à quelles doses ? Et que respire un chien à 10 cm du sol ? Un cheval ? Un enfant ? Un adulte ? De nombreuses variables sont en cause, telles que la santé de la personne (par exemple, l’H2S peut déclencher une crise chez un asthmatique), son activité physique du moment (on inhale plus d’air quand on court), le vent qui souffle sur la plage, le temps d’exposition, la quantité d’algues et depuis quand elles sont en décomposition. Sans compter que la distribution des algues elles-mêmes peut changer d’une marée à l’autre ou au gré des ramassages par les tractopelles.

Rapport tardif

Le terrain de l’accident
C’est dans la zone où un cheval a trouvé la mort le 28 juillet 2009 que l’Ineris a procédé aux mesures d’émission de sulfure d’hydrogène. Plusieurs points de mesure ont été échantillonnés, afin de tenir compte des émissions variables de gaz : dans les sédiments, dans les algues vertes fraîches et près de l’embouchure du cours d’eau, à l’endroit exact de l’accident. © INERIS

« Les mesures ont été faites en posant plusieurs “cloches” [NDLR : des dispositifs métalliques permettant de récupérer un échantillon d’air] à la source, précise Martine Ramel. Il s’agissait non pas de modéliser une exposition en milieu ouvert, mais d’établir que dans la zone où le cheval était mort, il y avait bien possible émission d’un gaz toxique à haute dose. » Bien sûr, les mesures ne modélisent pas les émissions d’H2S de l’ensemble de la zone. Outre la question du nombre de points de prélèvements, se posait la question de la sécurité des intervenants : les zones rocheuses inaccessibles au ramassage des algues ont été exclues des analyses.

Par ailleurs, les conditions n’étaient pas exactement les mêmes le 13 août, jour du prélèvement, que le 28 juillet, pour la simple raison que les tractopelles étaient passées par là peu avant pour enlever les algues. Et puis, pour les algues qui avaient échappé au ramassage, il s’était écoulé quinze jours, elles n’étaient donc plus au même stade de décomposition. Verdict : les concentrations d’hydrogène sulfuré variaient de quelques ppmv (ppmv : partie par million de volume) à… 1 000 ppmv, une concentration rarissime, même sur les sites industriels (hors milieu confiné)… et mortelle à coup sûr en quelques minutes ! En conclusion, l’Ineris recommande d’interdire l’accès à la zone étudiée, ainsi qu’aux zones similaires, dans lesquelles les algues vertes sont sujettes à des phénomènes de fermentation avancée. Zones qu’il reste à identifier.

De nouveaux défis pour les scientifiques ?

Cartographie 2008 des sites concernés par les algues vertes
Cette carte représente les surfaces couvertes par les ulves (algues vertes) cumulées lors des 3 inventaires de surveillance de la saison 2008. L¹ensemble du linéaire côtier est survolé lors des grandes marées à la mi-mai, mi-juillet et mi-septembre. Pour tous les sites présentant des échouages d¹ulves sur sable, les surfaces de dépôt sont mesurées sur les photos aériennes. Les surfaces de dépôts sur les vasières ne sont pas représentées. Certains sites, en particulier sur le littoral sud, comportent une part importante d¹ulves située plus au large et non comptabilisée ici. © CEVA / Ifremer

La cartographie pourrait être un précieux allié pour repérer les zones potentiellement dangereuses. Elle est déjà largement développée dans l’étude des marées vertes depuis plus de vingt ans. Du fait de leur couleur, les scientifiques du Centre d’étude de valorisation des algues (Ceva) observent aisément la croissance des algues en mer, ainsi que leurs échouages, au cours de leurs missions aériennes d’observation à 1000 mètres d’altitude. Leurs photographies, traitées grâce aux derniers logiciels du Système d’information géographique (SIG), sont complétées par des données de terrain (tonnage des algues ramassées, prélèvement d’algues, d’eau de mer, d’eau de rivière) qui permettent d’actualiser des cartes de répartition des sites les plus exposés en Bretagne.

Pourquoi les algues se déposent-elles sur certaines plages plutôt que sur d’autres ? Réponse d’Alain Menesguen, directeur de recherche à l’Ifremer

Par ailleurs, le Ceva rend compte depuis longtemps des nuisances fortes engendrées par les dépôts pourrissants, ayant même contribué à la mise en place dès 2005 par la Ddass des Côtes-d’Armor de mesures régulières pour évaluer les nuisances olfactives. La cartographie aérienne a permis de dégrossir les zones les plus exposées aux échouages d’algues, donc les plus à risques de dépôts pourrissants. Mais ne pourrait-elle pas directement localiser les émissions problématiques de sulfure d’hydrogène ? « De nouvelles potentialités pourraient être apportées par des capteurs de type « télédétection » capables de détecter à distance les émanations de H2S ou les lieux de putréfaction intense que l’on sait, par exemple, être généralement associés à des élévations de température. Ces pistes, encore dans le domaine de la recherche, pourraient venir en complément des cartographies déjà en place permettant de localiser les plus gros dépôts », espère Sylvain Ballu, responsable du laboratoire Cartographie et Évaluation des ressources au Ceva. Cette cartographie aérienne pourrait être indicative des zones les plus à risque. Mais elle ne saurait être exhaustive, à moins de multiplier les vols, ce qui coûterait une fortune. Pour l’heure, le Ceva ne compte en effet que sept missions d’observation aérienne en moyenne par an. Comment dès lors garantir ne pas être passé à côté d’un dépôt d’algues fraîchement échoué, que l’on sait se décomposer au bout de deux à trois jours ?

Une mission interministérielle sur les algues vertes

À la suite du rapport de l’Ineris, une mission interministérielle a été lancée le 16 septembre. Elle a pour but de répertorier les lacunes dans les connaissances scientifiques, notamment en matière de risque sanitaire, et d’aboutir, d’ici la fin de l’année, à des mesures pour limiter les marées vertes à l’origine de ces dépôts. Pour les éviter, il faudrait changer radicalement les pratiques agricole. Et attendre, une fois les nouvelles pratiques mises en place, que l’eau des nappes phréatiques se renouvelle.

Les sites les plus fréquemment touchés de 1997 à 2008
Cette carte indique les sites les plus touchés par les échouages d¹ulves (algues vertes) durant la période estivale entre 1997 et 1998. L¹ensemble du linéaire côtier est survolé lors des grandes marées. Les sites sont classés comme touchés à partir du moment où les dépôts sont décelables d’avion et que les contrôles de terrain mettent en évidence des proportions anormales d¹ulves. Certains sites sont de très petite taille et ne correspondent pas à la description classique de « marée verte ». Certains secteurs n¹étaient pas survolés les premières années et sont donc sous comptabilisés. Enfin, certaines vasières ne sont pas représentées ici, alors qu’elles sont systématiquement touchées les dernières années du suivi. © CEVA/IFREMER
Peut-on stopper la prolifération des algues ? Réponse d’Alain Menesguen, directeur de recherche à l’Ifremer

Pour l’heure, sur le terrain, outre le ramassage des algues, une surveillance complémentaire semble d’ores et déjà incontournable. Comme le rappelle l’Ineris, l’urgence est à la protection des personnes : outre l’interdiction immédiate des zones dangereuses au public, les personnels chargés du ramassage des algues vertes sur les plages devraient être équipés d’un système de détection portable et, bien sûr, de masque. Autre recommandation de l’Ineris : l’évaluation des risques sur l’ensemble de la filière, du ramassage au traitement des algues vertes.

Actuellement, après ramassage, la majorité des algues sont soit portées directement dans les champs des agriculteurs où elles leur servent d’engrais gratuit, soit retraitées dans des centres de compostage. Ces centres à haut risque d’H2S soulèvent d’ailleurs de nombreuses inquiétudes : en juillet 2009, à la déchetterie de Lantic, la mort au travail d’un employé d’une entreprise de transport d’algues qui n’avait ni masque, ni gants, ni détecteur d’H2S, est soupçonnée d’être liée aux algues, de l’H2S ayant été retrouvé dans son sang (sans que cela ne suffise cependant à prouver quoi que ce soit : une enquête judiciaire est en cours). Les risques sanitaires commencent à être sérieusement pris en considération par les élus locaux. Ainsi la mairesse d’Hillion (Côtes-d’Armor), Yvette Doré, a-t-elle décidé, le 14 octobre 2009, de fermer la déchetterie Bleu-vert, non conforme aux normes et très polluante. Se pose ici la question cruciale de la responsabilité : en la matière, c’est aux élus et non aux scientifiques d’assurer la sécurité des personnes contre des risques naturels connus, susceptibles de survenir sur le territoire de leur commune. Début septembre 2009, trois cents plaintes ont été déposées au tribunal de Guingamp avant d’être centralisées au parquet de Paris contre le préfet des Côtes-d’Armor, notamment pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui. À charge peut-être bientôt pour les élus de se former auprès des scientifiques à l’usage des capteurs d’H2S et au port des masques à gaz pour pouvoir identifier croûtes blanches et vasières bouillonnantes…

(1) Menesguen, A – « Les Marées vertes en Bretagne, la responsabilité du nitrate », Éditions Ifremer, juin 2003, 11 pages.

(2) INERIS, « Résultats de mesures ponctuelles des émissions d’hydrogène sulfuré et autres composés gazeux potentiellement toxiques issues de la fermentation d’algues vertes (ulves) » Mesures réalisées le 13 août 2009 à Saint-Michel en Grève, RAPPORT D’ÉTUDE N° DRC-09-1 08407-1 0226A· (19/08/2009)

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La Paz

Une journée comme j’en ai pas passée depuis longtemps! Le matin, un peu de travail en salle de doc et une interview encore très riche sur la quinoa. L’après-midi, je déambule dans les rues de La Paz. J’ai zoné, flâné, vu du monde, discuté, enfin bref, j’adore. Je peux pas découvrir une ville autrement qu’en y marchant des heures, au hasard (avec quand même un plan pour me repérer) . Faire un city tour? Courir des musées? Pour moi ça n’a pas grand intérêt. Je préfère l’immersion. Après, ça ne m’a pas empêché de rester un bon moment dans l’église san francisco, fascinée par ce baroque hallucinant, ces statues parfois morbides qui ont l’air vivant , et qui sont encastrées dans des niches de verre creusées dans des retables couverts d’or. On comprend comment pour impressionner le peuple on développe fastes, or et richesses….
Je me suis même fait manucuré (faut dire que dans ma trousse de toilette j’ai oublié ciseaux et lime à ongle), les ongles poussent-ils plus vite en altitude? En tout cas, les miens trop longs commençaient à se casser. Very interesting isn’t it? Bah que voulez-vous, des fois on revient à des choses plus pratiques, sans déconner, c’est chiant d’avoir les ongles qui se cassent, et qui finissent par griffer tout ce qui se présente. Le truc, c’est que la manucure me les a peint à la bolivienne, c’est curieux. Je n’ose mettre la photo…Après j’ai découvert probablement la quantité d’artisanat la plus élevée au centimètre carré, si c’était du commerce équitable, j’en sais rien, en tout cas j’ai fait des emplettes.
Bref, compte-rendu d’activité pépère aujourd’hui. J’ai réussi à tenir une grande causette au chauffeur de taxi, fort sympa, c’était très embouteillé, alors on avait le temps, je peux presque dire que je parle espagnol comme une vache française. En tout cas, promis, je prends des cours intensifs avant de partir au Pérou!!!

La Paz- site de Milluni, vue sur la cordillère royale- calle Florida et calle Achumani

Ce matin, j’arrive à l’IRD de bonne heure (8h15 environ). Jacques est aussi là, comme il fait beau, il propose de m’emmener voir le site de Milluni. Quelle belle sortie!
Bien sûr, ça stigmatise le problème des pollutions minières qui finissent par contaminer irrémédiablement les réseaux de l’eau potable qui alimente la ville, mais la nature est si belle et si photogénique que ça se passe de commentaires.
Enfin j’aurai appris que pour diminuer un peu le problème de la pollution polymétallique, on verse…de la chaux pour faire précipiter les métaux et abaisser le ph.

Pour l’usine de chollage (comment s’écrit-ce?), impressionnant de voir ce bonhomme tout seul, sans même un poste de radio pour se tenir compagnie. La question : et quand il dort? un relais la nuiit? et quand il est malade?

Les montagnes exploitées à nouveau massivement par des particuliers depuis 2 ou 3 ans donnent lieu à des drames évités de justesse, commes cette galerie effondrée. Absence de régulation et de réglementation des exploitations, toujours…

Le site de Milluni n’est plus qu’une ville fantôme, pourtant gardée, nous devons montrer patte blanche et même dénouer les fils de fer qui ferment une barricade pour y entrer. On voit bien que la ville était développée pour que l’on y trouve tout sur place. Des bâtiments en dur, de l’église à l’école en passant par le cimetière des mineurs (maintes et maintes fois prises en cartes postales)

Par chance, le lac est au dessus du site minier, donc encore d’un bleu vert pur. En arrière plan le Wayne Potosi, un plus de 6000 m. En aval, c’est plus apocalyptique.

De l’autre côté de ces montagnes minéralement riches, , changement de décor, les montagnes semblent en sable!
On croise même un cavalier! très rare dans les Andes, les chevaux! Mais surtout on on longe la cordillère royale et c’est d’une beauté à couper le souffle.

Et puis on voit bien des petites mines de ci de là mais dans des conditions beaucoup moins organisées ou développées que sur le site de Milluni. Là de l’autre côté de la montagne, les aménagements sont plus sommaires : en général, juste une cellule pour dormir. Pas vraiment de bistrot du coin par ici. Même plus de tôles de zinc faisant office de toit sur les cellules en adobe. Du coup, tout s’effrite et tombe en ruines, comme un peu partout. Dur de dater de quand tout cela date.

Un peu plus loin, encore un petit site minier, un peu plus aménagé en village. Du linge sèche, des chiens aboient, nous tentons de rencontrer âme qui vive et en trouvons deux, au bord d’un petit ruisseau qui descend d’une ancienne galerie bouchée.
Ils font partie d’une coopérative, bien sûr, la « Union » , qui regroupe une dizaine de mineurs. On dirait des chercheurs d’or! Ils procèdent par barattage du ruisseau au moyen d’une truelle, la boue résiduelle est mise à sécher, c’est presque de l’étain pur…qu’ils nous disent être obligés d’aller vendre à …Oruro (c’est loin!). Quand je leur demande comment ils vivent la chute des cours de l’étain , ils disent que certains retournent à la terre, parce que c’est dur.
Je m’essaye à photographier des lamas, mouais, c’est des drôles de bêtes qui adorent montrer leurs fesses…

Dans les eaux qui restent de la saison des pluies poussent de drôles de chenille dont le papillon reste encore un mystère (mais que Jacques a bon espoir de voir puisque ses fils en font l’élevage!)

Nous repartons pour el alto, passons par un village où nous devons attendre l’autorité ancestrale pour nous ouvrir la barrière qu’ils ont dressée (« contre les voleurs » nous explique-t-il). Son costume est magnifique.

De retour à La Paz, juste le temps de manger au café Berlin où oh surprise (décidément la Bolivie est petite et jamais deux sans trois!) , je retrouve à une table voisine…deux motards faisant le tour du monde, un allemand de stuttgart et un suisse de bern rencontrés dans les rues de Potosi alors qu’ils cherchaient un hôtel où garer leurs bécanes et auxquels j’avais indiqué La Casona où je logeais aussi…
Puis, rendez vous Calle Florida chez Sarah d’AVSF pour les interviewer avec Jean sur le projet intersalar toujours à propos de la quinoa. encore 2 heures passionnantes, et plein de nouveaux éléments notamment sur l’organisation sociale des communautés, et la pérénité des actions mises en place. Retour plus pénible, La Paz est une ville énorme et très étendue, les taxis n’ont pas de GPS, je ne parle pas espagnol. Mais je reconnais un peu les lieux quand même. Je demande à un premier taxi d’aller xx Calle Achumani, il me dit qu’il sait pas où c’est. Le deuxième dit connaître et m’emmène en fait au xx ème embranchement de la rue principale qui traverse le quartier Achumani, dans une rue sombre, peu éclairée. je refuse de descendre et lui dis que ce n’est pas là, il me dit si si, je lui dis que c’est près du lycée français, bref, il n’a même pas un plan de la ville dans sa voiture et ses collègues de station ne semblent pas mieux savoir où cette rue est (chez Sarah, j’avais vérifié l’endroit avec elle sur la grande carte de La Paz qu’elle a affiché dans sa cuisine) , et au final, heureusement que j’ai un portable avec une puce bolivienne pour appeler Jacques qui finalement explique au taxi comment se rendre chez lui. Et m’amène au final enfin bien au xx calle Achumani!
Le soir, détente devant la panthère rose, (quand la panthère rose s’emmêle), c’était d’un drôle, je me suis dit que j’allais tous les voir en rentrant….

Tiwanaku

Sitôt arrivée, on me propose de rejoindre un groupe qui part à Tiwanaku avec une guide aymara. parlant aussi anglais et espagnol. Quel périple! D’abord le minibus arrive avec une demi-heure de retard. Ici, depuis quelques jours, les commerçants protestent contre une interdiction faite par le gouvernement de vendre des vêtements usagés. Ils demandent même un référendum pour cela! Du coup, toutes les rues sont bloquées. Ce qui signifie ici, lorsqu’une voiture tombe sur un blocage, pas grave, elle fait demi-tour. Et le périph devient un gigantesque bazar. Au bout d’un moment je me demande même si nous allons y arriver un jour. Enfin tout finissant par arriver, on y arrive, par la route qui passe par el alto …De toutes façons, avec tout ces déplacements en car, je m’endors systématiquement, donc de là à profiter du paysage!! Le prix d’entrée du site est à la hauteur de sa grandeur (ouh là, Clara commence à écrire bizarre-bizarrement!) : 80 bolivianos (quand le maximum que j’avais payé jusqu’à présent était à la Casa de la Moneda à Potosi (20 Bs). Mais enfin ça vaut le coup. Même si officiellement on ne peut pas prendre de photos. Tout le monde en prenait. Tout est en chantier, en fait. La reconstruction de ce haut lieu spirituel détruit par les espagnols prend du temps et de l’argent.

Le décor? Digne de Tintin et le temple du soleil, vraiment. même si la porte du soleil est en fait toute petite. Et puis elle ne fait même pas partie de ce temple ci, mais du temple de punko punto à 1 petit km du site, c’est un temple dédié au puma. Et la porte a été déplacée.


Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que le site est bâti sur un des points d’acupuncture de la terre, comme à Porquerès, d’ailleurs, en Catalogne. Les chiffres : le 2 pour la dualité, le 3 pour l’équilibre, le 7 pour les points d’énergie (le même nombre que les chakras).
Tiwanaku est construit sur un champ magnétique puissant, les boussoles y perdent totalement le nord. Notamment sur ces 7 portes, dixit la guide toujours. Personne n’ayant de boussoles parmi le groupe, l’affaire ne put être scientifiquement vérifiée. Avec le Mexique (Tihatihuacan) et le Pérou (Cuzco), Tiwanaku forme un alignement parfait dont il est aussi pile au centre. ça oui, on le voit bien sur la carte.
Plein de trouvailles ingénieuses sur ce site, comme par exemple ces pierres creuses en forme d’oreille qui permettent quand on y colle l’oreille d’entendre un murmure qui se dit une vingtaine de mètres plus loin! Un téléphone cellulaire sans batterie? Mais à quoi sert le GSM? à être mis dans la poche peut être?

Ou bien encore ce temple à l’acoustique incroyable dont les briques présentent nombres d’inserts de têtes humaines en pierre.

Et bien entendu ces monolithes, hommes ou femmes qui nous disent qu’on reconnaît à la présence de larmes la capacité à lire le futur.
Comme celui ci, emblématique du site. Un homme de pouvoir qui voit déjà la fin de la civilisation de Tiwanaku.

Les explications de la guide (je précise!) : les habitants de Tiwanaku sont les premiers réfugiés du réchauffement climatique puisque tout le site était planté d’arbres tropicaux, et qu’il y avait de l’eau. C’est ce qui explique que l’on ait pu achever un tel ouvrage, avec des monolithes pouvant atteindre jusqu’à 8m de haut, ou des pierres de construction des temples absolument phénoménales. Les troncs des arbres coupés servaient à les hisser en haut des temples. La déforestation était elle à l’oeuvre?
Le site était habité par des religieux, juste des cellules pour dormir et méditer. quelques pièces pour entreposer vivres et offrandes. Des champions de la biodiversité ces tiwanalotes. à l’époque, toujours selon la guide, on recensait près de 4000 sortes de tubercules contre dix fois moins aujourdh’ui. Chic, j’arrive à dire pomme de terre en aymara. Mais je ne sais pas l’écrire! Et depuis hier j’ai oublié. L’aymara sonne guerrier, guttural, décideur. Certains indiens reprochent à Evo de ne pas bien le parler. La guide murmure du quetchua pour nous montrer la différence. Plus de musique et de douceur, ça me rappelle d’ailleurs mon retour en minibus de Tarabucco avec ce vieil homme presque édenté qui n’arrêtait pas de parler en quechua. Parenthèse fermée.
Pour la symbolique, les femmes se cachent le coeur et le ventre, vie et fertilité, les hommes ont les mains à la hauteur du buste. La main droite se présente à l’envers , pouce vers le haut. Signe d’apparenance à une classe sociale particulièrement élevée…
Le centre du temple principal, celui de la pyramide de ahapana, était taillé en forme de croix des andes. C’était en fait un bassin rempli d’eau qui jouait le rôle d’observatoire astronomique. En effet, plutôt que de se casser le cou à lever la tête pour regarder le ciel, ils en observaient le reflet des étoiles dans l’eau en étant simplement assis tout autour..C’est ce qui a fait la perte de Tiwanaku : les espagnols, voyant ces pratiques ,étaient persuadés que le temple, qui faisait 14 m de haut (7 marches de 2m) était en fait une colline remplie d’or. Ils ont creusé, oui mais, les tiwanakotes avaient en fait construit leur temple avec de gros blocs pour faire les marches et tout l’intérieur en petits gravillons… tout s’est écroulé…A cela on ajoute l’inquisition, où sur le monolithe précédemment montré, les espagnols ont fait graver la croix de l’inquisition, une montagne surmontée d’un soleil surmonté d’une croix, parce qu’ils voulaient en exorciser le mal.
A Tiwanaku, dans le petit musée attenant, c’est surprenant, on trouve des céramiques figurant des chinois, des mongoliens. Selon la guide, ça en laisse long à découvrir sur les probables relations que nourrissait Tiwanaku avec les autres civilisations pré-hispaniques. on découvre aussi qu’ils étaient avancés en médecine puisqu’ils pratiquaient même des interventions . C’était un contexte bizarre puisqu’ on mettait des « anneaux » au crâne des bébés pour allonger la forme de leur tête. Parfois ça donnait à l’âge du jeune adulte des crises d’épilepsie qu’on savait opérer : les crânes du musée attestent de telles interventions. Et de survie post-opératoire (mais à quel taux?). En tout cas, sur les sacrifices, plane toujours le doute, les figurations de sacrifice qu’on trouve sur certaines poteries tiendraient plutôt de ces opérations, dixit la guide toujours.
Les tiwanakotes mesuraient 1m90, vivaient jusqu’à 85 ans, avaient des dents sans carie. Explication : la feuille de coca, anti carie, dixit la guide. Plus la nourriture saine et sans cholestérol. C’est vrai que la collection de crânes dentus est impressionnante. ils sont en plus tous déformés…
Le retour se passe sans encombre, les manifs ont passé. Je passe à l’hôtel récupérer mon sac et file chez Marie-Danielle qui m’a gentiment invitée à finir mon séjour chez elle.

Potosi-Sucre-Tarabucco-Potosi- La Paz

La réception de La Casauna mon hôtel de Potosi est bien sympathique , elle me garde mon sac la journée et s’occupe de ma réservation de bus. Le taxi collectif passe bien me prendre à 7heures, mais , bêtement, ne me dit pas où il va, donc je ne monte pas dedans! On entend tellement d’histoires sur les faux taxis qu’on finit par se méfier. Du coup, l’hôtel le rappelle et il revient. Rien que des mamans avec des enfants, c’est assez drôle! c’est tout de même bien plus rapide que le bus. 9h22, nous y voilà, la place centrale de Sucre, celle du 25 mai de je-sais-plus-quelle-année-et-j’ai-la-flemme-de-chercher.

Je visite l’incontournable Casa de la Libertad, et là , parmi les présidents boliviens, je vois le portrait de Carlos Meza , président 2003-2005, qui ne peut être que le frère de Javier Gisbert, le conseiller au gouvernement que j’ai interviewé pour la Quinoa, tant la ressemblance est frappante! D’ailleurs il s’appelle Carlos Meza Gisbert. Enfin il lui ressemble peut-être comme tous les boliviens barbus à lunettes peuvent se ressembler! Et je retrouve un couple d’américains “seniors” que j’avais rencontrés à l’hôtel de Potosi. Comme quoi, si le monde est petit, la Bolivie l’est aussi. Et ce n’est pas fini. En sortant, je remarque un arbre victime de la pollution porteur du message d’une association écologiste :

Pour la cathédrale, la chance, la messe dominicale me permet de regarder encore une fois toutes ces décorations baroques et dorées. Je ne sais ce que cela m’inspire, tout ce faste, une madonne parée d’une robe de fils d’or ou d’argent (un peu loin pour voir et j’ose pas interrompre la messe pour voir) est aussi exposée dans une vitrine de verre. Je ne m’attarde pas : à l’entrée, il y a même une affiche avec Benoît XVI , sa photo et l’annonce d’une conférence épiscopale prochaine. Brr. De voir sa tête m’indispose maintenant.
Je déambule dans ces jolies rues, au détour desquelles des places accueillantes sont plantées de …palmiers! Et oui, ici j’ai mis depuis longtemps vestes et pulls dans mon sac pour déambuler en T-shirt. Sur les coups de midi, à la faveur d’une discussion fortuite avec les barmans du Joy Ride, où je me suis pausée prendre un café-sandwich, je décide de partir pour Tarrabucco, où les paysans de la région tiennent un marché dominical, ce qui tombe bien puisqu’on est dimanche. Me voilà donc héler un taxi pour qu’il m’emmène au terminal de bus pour Tarrabucco. Les guides touristiques parlent d’événement incontournable, tout de même. Et puis, un petit tour à la campagne, dans un village planté d’eucalyptus, moi qui ne voit quasiment pas un arbre depuis que je suis là, ça va me changer….Et le taxi de me proposer de m’y emmener moyennant 100BS. Le bus n’en coûte que 20 , certes, mais là je me la joue vraiment confort, après tout pourquoi m’emmerder à attendre un bus quand je peux partir tout de suite. En chemin, il regonfle ses pneus, passe un coup de fil et…finit par récupérer sa femme et ses deux enfants qui profitent aussi du trajet.
Bref, au bout d’une heure nous y voilà. J’arrive sur la place de Tarrabucco, un groupe de danse folklorique est en train de faire un show. Tous ces stands étalés me font penser à une sorte de marché aux puces. En plus, vu comment sont les autochtones, même pas la peine d’imaginer sortir un appareil photo! Tout autour de la place, des boutiques, vraiment comme aux puces. Avant d’entrer sur le marché je croise ma copine tchèque Karolyn rencontrée à Potosi, comme quoi le monde est vraiment petit et la Bolivie aussi, elle continue sa route sur Santa Cruz, on se promet de s’e-mailer pour se tenir au courant de nos péripéties : elle était aux fameuses fêtes du Tinku (que les indiens m’ont dit être un attrape-gogos…) pendant que je suivais la cueillette de la quinoa! Nous nous étions donné rendez-vous avec le Taxi une heure plus tard au même endroit. Pour un retour à 100Bs aussi. Mais une heure après, pétante, le taxi n’est pas là. Je me dis qu’il est soit parti pique niquer en famille soit qu’il a trouvé un client plus offrant. Je me retrouve dans l’un de ses mini-bus , 8BS pour rentrer, départ imminent, 1 heure de trajet me dit le chauffeur. Tu parles! D’abord pour partir, tout le bus doit être plein (une quinzaine de personnes).Ce qui prend un certain temps… Et puis c’est un omni-bus, chacun l’arrête quand il veut descendre, et si des places sont libres, le chauffeur a tôt fait de s’arrêter pour les remplir de nouveaux paysans. Bref, au final, départ à 15h au lieu de 14h30 et arrivée à 16h40. Dans le bus je suis assise à côté d’un vieux vieux quechua qui me parle dans cette langue que je ne comprends pas. Il est très taquin et fait plein de blagues aux gens du bus… Ce qui fait qu’il faut déjà que je me grouille pour rentrer sur Potosi, où je dois encore passer par l’hôtel pour récupérer mon sac et attraper le bus de nuit pour La Paz à 20h30. Au terminal de bus, j’ai encore la chance de retomber sur un taxi communautaire (ça me met le trajet à 40Bs, pour 165 km on conviendra que ce n’est pas cher) , mais le trafic est important, il y a plein de travaux sur la route, la nuit tombe vite (6h30 environ) et le temps passe. Je n’arrête pas de regarder ma montre, 18h30, 19h , 19h30…enfin plus que 7km, le chauffeur comprend ma priorité et me pose 10 mn plus tard à l’hôtel. C’est encore la course jusqu’au terminal et puis après dans le terminal pour savoir de quel quai part mon bus, à 20h30 pétantes. Après des sons de cloche différents, je demande à un flic qui a la bonne idée de m’emmener au guichet de la compagnie qui gère mon bus qui me file la contremarque de mon billet et m’indique le quai : n°7. Le bus arrivera finalement quai n°5 à 20h40…. Allez comprendre quelque chose. C’est un bus couchette, et comme j’ai toujours de la chance, on m’a collé une place côté fenêtre-qui-ne-ferme-pas-vous-voyez-le-genre?-(courants-d’air-à-gogo). Finalement mon voisin use de sa force pour la claquer bien net. Je m’endors, mon ipod sur les oreilles et ne me réveille qu’à la pause traditionnelle à Challapata où je me prends cette fois le luxe de ne pas descendre, chacun aura compris pourquoi. Je ne me réveille qu’à La Paz, à 5h du mat. Aïe, c’est vrai, j’ai oublié de regarder où j’allais dormir . Je vais à la lumière, consulte mon petit fûté (qui date de je sais pas quand d’ailleurs parce qu’il est pas mal périmé sur plein de trucs) , qui présente l’hôtel Maya près du centre. À la file de taxi, je vérifie bien plaques d’immatriculations et numéros de licence avant de m’embarquer (tant d’histoire de faux taxis dépouilleurs…) . Le chauffeur m’annonce 10BS (contre 3, prix moyen à Oruro, et 4 , prix moyen à Potosi) .Je n’ai pas les moyens linguistiques de discuter et je suis un peu fatiguée tout de même. Je sonne à la porte de l’hôtel Maya, dérange bien sûr le veilleur de nuit, qui bien sympa me file une chambre. Parquet brillant, décor rococo, pas de wifi, (mais internet en bas). Enfin, du coup, impossible de dormir puisque je tiens ce blog! pfff… bon, allez, c’est bientôt l’heure de déjeuner et une bonne douche préalable me contentera grandement. …mince l’eau était froide…et puis internet marche pas…et puis y a même pas une fenêtre pour regarder dehors….

Potosi , repos

Rythme plus tranquille…grasse matinée, petit déjeuner, toujours ces cerbères qui engueulent toutes les filles (et que les filles) au réfectoire, on plaisante dessus. J’émerge à 11h, je flâne, un petit café à La Plata…je visite le clocher de la cathédrale et prend quelques photos panoramiques… Et puis, ensuite direction le bureau de médecins du monde. Je ne comptais y rester qu’une petite heure, le temps d’interviewer Ingrid et Olivier. Et puis en fin de compte, ils m’invitent…à un repas de famille. L’occasion de rencontrer la soeur d’Ingrid, Rosario (et oui, c’est un nom de garçon, mais c’est fréquent ici, ça veut juste dire Rosaire) , qui a fondé la SOPE , une société d’écologie pour la protection de l’environnement de Potosi. Bon, ça s’éternise un peu, mais le repas est très drôle, comme il y a beaucoup beaucoup de monde, c’est les chaises musicales! On mange des lassagnes, et on boit de la bière mélangée à du …fanta! (très bizarre)
Bref, après, retour au bureau, je lis plein de docs en espagnol sur les mines, les chiffres, etc…des films, des images… 19h Mais la journée est passée comme un rien, moi qui voulais faire quelques achats d’artisanat…enfin, de retour à l’hôtel, je bloggue en temps réel. Demain, je me suis organisée une petite virée à Sucre, avant de repartir pour La Paz, où je devrais arriver lundi matin aux aurores. Que l’on ne s’étonne donc pas si je ne donne pas de nouvelles avant lundi! Hasta luego !

Potosi, toujours les mines

Rendez-vous bolivien avec Olivier. 8h30 au début. Au final 10h! Pour cause d’un pneu dégonflé par un voisin mal intentionné. Là on va voir les terrils, ils sont monstrueux vus de haut.
C’est 4 millions de tonnes abandonnés en plein air, les habitants de Kantumarca, la cité historique de Potosi, première à avoir reçu l’exploitation des mines du Cerro Rico, peuvent remercier 20 ans d’activité de la Comibol! Ce qu’on va en faire? Un casse-tête invraisemblable…D’abord, on voulait déplacer ces terrils à 10km de là, dans un village peu peuplé dont la communauté avait accepté l’implantation moyennant finance, et puis on s’est rendu compte que peut-être le déplacement de toute cette poussière allait poser quelques problèmes… Alors on s’est dit qu’on allait encapsuler ces terrils dans de l’argile. C’était en 2007. Les cours des métaux ont invraisemblablement monté, alors la Comibol s’est dit que c’était bien dommage, qu’on pourrait tout de même essayer d’en tirer encore quelque chose, de ces déchets qui contiennent encore plein de minéraux, bien évidemment. Il n’y a qu’à voir, quand on va marcher dessus, on voit plein de petites rivières dorées… On dirait vraimen t une autre planète…mais il n’y a rien, pas âme qui vive, pas de chien pas d’oiseau, ça pue le souffre et on finit par avoir mal au crâne même si on fait de belles photos.
Il paraît que les enfants y viennent jouer régulièrement. Au menu, antimoine, cadmium, plomb, arsenic… résultats : des verrues en nombre sur les mains , l’antimoine provoquant une hyperkératose responsable de ces disgrâces cutanées. et puis des cancers, du saturnisme, de l’asthme et autres joyeusetés. Pourtant, on est fasciné de cette beauté minérale. Les terrils bizarrement ont même pris la forme de certaines montagnes andines, les chollitas, qu’on dirait constituer réellement de jupes… Ceci explique peut-être la passivité des habitants de la zone située tout autour? Cette beauté minérale a tout de même un côté fascinant… Une fois bien reminéralisés (!!! ) ou plutôt pleinement contaminés, nous repartons, manger à la Plata. ça y est je tente la salade, les crudités et tutti quanti.

Bien sûr, des mesures de protection ont été prises… Ainsi, la rivière qui avant dévalait la ville chargée des déchets miniers (résultat du génie espagnol qui au 16 ème siècle avait organisé un nombre incroyable de lagunes artificielles dans la région du Kari Kari pour alimenter en eau cette rivière…allant jusqu’à en tapisser le fond de cuir de vaches ou de lamas) a été couverte et bétonnée…
C’est au moins déjà ça! Même si le résultat est curieux d’un point de vue du développement urbain.

L’après midi, jolie visite privée historique des mines avec Mary, une guide bolivienne qui parle très bien français . Le seul souci, c’est que le vendredi, les mineurs finisssent tôt et vont se saoûler. On n’en rencontrera quasiment pas. un peu dommage tout de même (heureusement que j’ai vu ceux d’Oruro!). On visitera l’ancien site de la Comibol, en ruine mais bien gardé,
Avant de retrouver Dona Narda, infirmière du Centre de Santé des Mineurs qui nous explique les problèmes sanitaires des populations qui vivent sur la montagne. Il y a en particulier les Guardias, des femmes, souvent veuves de mineurs , qui gardent l’entrée des galeries…et tout leurs enfants. Près de 450 personnes au total probablement.
Le soir, nous mangeons tortillas, lasagnes et empanidas dans un petit restau typiquement bolivien. Nicolas reprend le bus de nuit pour La Paz. Je termine à la plata par un…café (j’en avais très envie) et un tarte au citron (idem) . J’ai décidé de passer une journée de plus à Potosi. Me reposer un peu, tout de même!

Salinas-Potosi

7h30- La place, le bus, supposé partir à 8 h, arriver à 12h. Partira à 9h, arrivera à …14h. Voyage chiant et éprouvant sur de la piste. 100km environ, calculez la vitesse…la route est en construction. Elle fera le bonheur des habitants de challapata (et oui, c’est encore là que nous allons) , plate forme de la contrebande de voitures du chili…et probablement aussi de narcotrafic!)
Bref, à 14h on arrive, et par chance on chope un bus qui partait aussitôt pour Potosi. Ouf, plus que 3h, mais dans de meilleures conditions . Et puis, à l’approche de la destination, mon portable remarche! Je joins donc Olivier, qui passera plus tard à l’hôtel me rapporter les affaires que j’avais laissé au bureau de médecins du monde pour voyager léger. Le soir, nous allons manger dans un lieu sublime, une ancienne raffinerie minière (ingenio) construite par les espagnols, réhabilitée et abritant, dans un décor semi industriel un très bon restaurant. un petit syrrha nous met d’ailleurs bien en train!

Quinoa, 3ème jour

Nous partons dès 6h30, profiter de la lumière du soleil levant … Reportage dans les champs…toutes les étapes de la cueillette…et de la transformation de la quinoa.
je ne fais pas de photos, ou si peu, là , je prends du son. On cueille, ensuite on fait sécher les épis, puis on les fagotte, on roule dessus avec le tracteur, on trie les épis des grains, on évente (photo), on frotte la quinoa pour en éliminer la première peau, on la grille pour en faciliter la cuisson, on l’évente encore une fois, et on la lave pour en enlever la saponine (mais promis, je ferai un topo complet de ce processus très complexe).
C’est très sympa, nous arrivons à parler avec tout le monde. C’est Clemente , un des responsables d’AVSF sur l’intersalar depuis le début du projet qui nous emmène. Il me raconte le quotidien des paysans et des communautés, j’enregistre tout ce qu’il me dit, sur fond de moteur de 4×4 toujours, mais bon.
En chemin nous croisons des lamas…

des cactus…

… une autruche…

… et même une vigogne!

J’ai même droit au prilivège d’une petite virée dans le Salar…

Pour la grande traversée, il aurait fallu attendre vendredi midi, c’était ce jour là que l’équipe se rendait à Uyuni.
Mais, comme nous devions repartir à Potosi pour les mines…il ne m’était pas possible d’attendre. Et le soir j’ai de la chance, je mène des interviews fleuves du représentant d’AVSF, du gérant de Jatari qui passait par là (!) , du consultant au ministère de la Terre pour la gestion des terres indigènes (un élément inscrit dans la nouvelle constitution..) bon, un peu devant un match de foot (les moins de 17 ans, bolivie-argentine je crois bien mais je n’ai pas suivi et ne vous dirai pas qui a gagné, d’ailleurs ça m’a amusée par contre l’affect que les commentateurs mettent devant les matchs, qu’est ce qu’ils crient!!!! Moralité, je me couche à plus de 2heures du mat, alors que le lendemain, j’ai rendez-vous avec Nicolas à 7h30 sur la place du village pour rejoindre Potosi , à nouveau, la belle Potosi. Avant de partir, je règle l’hôtel et je suis encore saisie du prix pour 3 nuits en pension complète (5 repas donc) : 202 bolivianos (soient 20 euros) TTC…

Quinoa, 2ème jour

Je visite Salinas, vite on en fait le tour.
Mon portable ne passe pas, et dans toute la ville, aucune connexion internet ne fonctionne. Dans ce coin reculé, pas la peine d’espérer surfer! à part sur le désert de sel qu’on voit au bout de la ville, juste au pied du volcan Thunupa.
Thunupa, ce volcan magnifique, emblématique, divinifiée, se dresse, majestueux à plus de 5000 m . Il parait qu’on le gravit sans crampons ni cordes aisément…mais qu’il faut compter la journée. Ici, je me rends compte que je n’arrive pas à monter la pente qui me remonte à l’hôtel sans être complètement essouflée. L’altitude quoi. Ah oui, et puis l’autre truc bizarre, c’est qu’on mouche que du sang. Il paraît là aussi que c’est tout à fait normal.
Je me suis adaptée aux menus boliviens : soupe, frites-riz-viandes et maté de coca.
L’après midi, nous allons chercher un jeune étudiant français en stage pour avsf, puis visiter une communauté. La récolte de la quinoa y a été faite, bien qu’on puisse encore en voir des épis.
La raison? On ne mélange pas la quinoa rouge et la quinoa blanche, qui poussent souvent ensemble. Donc on laisse les rouges sur pied. D’ailleurs, pour mieux préserver la terre, on n’arrache plus les pieds de quinoa. Enlever les racines a pour effet de labourer le champ, et ça assèche la terre au final. Alors, on coupe , bien que ce soit plus difficile, un pied de quinoa c’est dur et même coupant, en plus, il faut une certaine adresse car sinon, on perd une bonne partie des grains!

La quinoa, séchée en tas depuis une ou deux semaines (ici, il ne pleut plus puisque ce n’est pas la saison des pluies!) est amenée en fagots alignés sur une bâche stratégique.
Le papy, qui a la jambe amochée par un coup de disque coupant (tronçonneuse aménagée pour la coupe de la quinoa) , est parait-il un homme riche. Il n’en a pas l’air, il est en guenille, avec des peaux de moutons pour protéger sa jambe des coups. Il peut à peine marcher, est toujours à 4 pattes.
Mais conduit son tracteur, outil indispensable, non pour labourer la terre (ça se sera pour plus tard, éventuellement au moment des semis) , mais pour commencer à faire tomber les grains de la quinoa et couper les têtes des tiges. C’est bio, ça? La communauté est en transition, durant cette période, de 3 ans, pas d’intrants dans la terre et des pratiques de culture respectueuses de l’environnement… Pour le tracteur, ben, en fait, il n’y aurait pas tant de problèmes que cela, tout simplement parce que le pot d’échappement est sur le haut du tracteur !

C’est assez spectactulaire ! Le soir, redîner, puis, siège d’AVSF où je rencontre Nicolas, le photographe qui va m’accompagner demain en reportage sur la cueillette de la quinoa. On passe la soirée à discuter, à manger des crémosas (des gâteaux boliviens à 1 Bs les 10 pièces!!!) et à boire du maté.