Pollution intérieure : préservez votre santé!

L’air extérieur est pollué, on le sait bien depuis longtemps…mais l’air intérieur, celui de nos home sweet homes l’est encore plus!
En cause, nos aménagements intérieurs et nos modes de vie : peintures, moquettes, revêtements de sol, meubles, tissus, autant de matériaux susceptibles d’émettre des polluants. Tout comme le tabagisme, la cuisine ou le ménage…Sans oublier la construction du bâti lui-même (amiante, plomb) ou sa situation particulière sur un site pollué.
La problématique , apparue tout d’abord aux Etats-Unis, en milieu professionnel, avec le « syndrome des bâtiments malsains », est aujourd’hui une problématique de santé publique. En France, un Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur a même vu le jour en 2001…
Mais comme son existence est aujourd’hui menacée et qu’ il ne faut pas compter non plus sur la législation pour nous aider à choisir des produits non polluants ( les obligations d’étiquetage, quand elles existent, ne sont pas suffisantes), autant commencer à agir par soi-même! Car il existe des moyens simples d’éliminer une partie de la pollution à la base, rien qu’en faisant les bons choix. Mais pour cela, encore faut-il être informés!
Cet ouvrage veut être un guide pratique pour aider chacun, pièce après pièce, à identifier les sources de pollution possible et à y remédier.

Recension : Magazine Elle , 5 mars 2020

  • Broché :200 pages
  • Dimensions  : 14cm X 1cm X 21cm
  • Poids de l’article : 282 g
  • Langue : Français
  • Éditeur :Le Particulier-Santé (23 mai 2019)
  • ISBN-10 : 9782357312456
  • ISBN-13 : 978-2-35731-245-6

Feuilleter un extrait?

Un autre canard disparaît…

Je signe ce mois-ci ma dernière contribution à Sens & Santé, magazine éphémère qui n’aura compté en un peu plus de 2 ans que 13 numéros.Pour ma part, j’y faisais les pages d’actualités santé, ainsi que des articles (j’y ai même réalisé un dossier, sur les allergies alimentaires, en mars 2018). Mon dernier est sur l’antigymnastique.

L’aventure était intéressante : ouvrir sur les manières alternatives de se soigner, éveiller sur de nouveaux modes de vie possibles, conscientiser chacun à l’importance de son propre bien-être…
Initiée au printemps 2017 par la rédactrice en chef de La Vie, la publication portée par Malesherbes Publications revendiquait son appartenance au groupe Le Monde, en partenariat avec Doctissimo. Avec le soutien de médecins reconnus comme Christophe André par exemple qui y tenait une chronique régulièrement.
Malgré un lancement prometteur et une courbe d’abonnés en augmentation, les ventes en kiosque ne suivaient pas : il faut bien dire qu’aujourd’hui, la concurrence dans ce domaine est très rude. Et qu’un journal neuf qui ne se vend pas n’est pas voué à un long avenir.
Première remise en cause, à l’été 2018 : les ventes du numéro de mars avaient été catastrophiques (comme celles de toute la presse d’ailleurs et indépendamment d’un flop purement lié au sujet des allergies alimentaires que j’aurais pu prendre personnellement ). Alors il a été décidé de suspendre la publication jusqu’à l’hiver. Et d’en changer la périodicité, de bimestrielle à trimestrielle. Et d’en changer la maquette.
Ces économies substantielles (au moins 25%) à la fabrication ont permis au magazine de tenir encore trois numéros. Et de se lancer dans des hors-séries. Et puis à la rentrée le couperet est tombé : le journal s’arrête. Seuls sont envisagés désormais quelques hors-séries thématiques.
Depuis le temps que je suis pigiste, évidemment j’en ai vu apparaître, disparaître , et même parfois ne jamais naître! , des publications. C’est à chaque fois un pincement au coeur. On est bien sûr triste de perdre un boulot. Mais on est aussi bien triste , même pigiste, détaché de la rédaction , de quitter une équipe qu’on appréciait..

Living Roof, histoire d’un jardin opensource sur un toit

 
Au tout début du mois de février 2016, le Living Roof a été démonté, après un peu plus de 7 mois d’existence sur le toit de la cité de la mode et du design. Cette installation temporaire visait à sensibiliser le grand public à l’agriculture urbaine, grâce à des modules développés en opensource.
1er février 2016. Sous un ciel gris mais doux d’hiver, le Living Roof quitte définitivement le toit de la Cité de la Mode et du Design. Cette résidence d’agriculture urbaine avait été installée au mois de juin 2015. Première œuvre du collectif Babylone, il a mobilisé une bonne dizaine d’associations, notamment Zone AH, Synterrea, Toits vivants, Vergers Urbains ou Miel de Quartier travaillant à une ville plus verte et regroupant architectes, urbanistes, designers, paysagistes, juristes, hackers, écologues, arboriculteurs, ingénieurs, jardiniers, biologiste, menuisiers, agronomes, permaculteurs, apiculteurs, récupérateurs, animateurs sociaux et développeurs, le Living Roof a été conçu « sur mesure », comme un système résilient, c’est à dire capable de fonctionner avec un minimum d’intervention humaine et en synergie avec son environnement. Il était constitué de différents modules, pour certains en expérimentation, présentés au grand public par des panneaux explicatifs et lors d’ateliers organisés pour initier petits et grands à la vie des poules en ville, à l’aquaponie, à la récupération des semences ou au lombricompostage. Depuis la mi-novembre, un arbre supplémentaire y agitait ses branches : un olivier, planté en hommage à Quentin, 29 ans, architecte et membre de Vergers Urbains, assassiné au Bataclan.

 

Des poules, des poissons, des vers…

Le poulailler modulaire (MAUDUL-R) a permis, au travers d’ateliers organisés, de sensibiliser le grand public à la vie des poules. Mais la gestion de ces dernières, Chantal, Michèle, Brigitte et Tania de leurs prénoms, s’est avérée perturbée par les protestations de protecteurs de la cause animale. Ainsi que par de malencontreux événements : en effet, elles sont toutes mortes, même si les sonos du Nüba et du Moonroof- les bars installés tout à côté et accueillant jusque tard le soir des noctambules parisiens- les ont dérangé moins que ce que l’on ne craignait. Une poule est morte en pondant son premier œuf, les autres, sous les griffes et les crocs de prédateurs, de rats notamment.. Seule la remplaçante de Chantal, une poule « diplomatique » qui avait coûté pas moins de 400 euros en frais vétérinaires en plein mois d’août, ( !) coule maintenant des jours paisibles à Ivry-sur-Seine, seule rescapée de cette expérience pas très concluante pour les gallinacées.

Les poissons des deux bacs d’aquaponie ont eu plus de chance – les défenseurs des animaux les ont laissé tranquilles : koïs, shubukins et carpes ont pu tranquillement nourrir de leurs déjections quelques cultures. Pareil pour les cyprinidés du mur végétal où poussaient sedum et salades. Qu’on ne s’y trompe pas, pourtant , l’aquaponie n’est pas si simple qu’il n’y paraît. Bien sûr, tout commence avec un bac à poissons avec des végétaux au-dessus. Mais la suite est un peu plus subtile : trop nourris, les poissons saturent les plantes en azote. Sans compter que le destin naturel des poissons n’est pas de nager dans de petits bassins. Même si peu se soucient de leurs états d’âme, c’est tout de même un peu comme si on les cultivait en mode bonzaï . Et faute de pouvoir s’épanouir pleinement libres dans un espace suffisamment grand, leur espérance de vie se réduit considérablement.

Les vers du bac à lombricompostage, réalisé avec l’école du compost ont quant à eux bien digéré les déchets végétaux du site et des restaurants alentours.

Des bancs, des bacs, une serre…et un jardin opensource sur un toit !

Sur les quelques centaines de mètres carrés alloués à l’espace du Living Roof, des modules de bancs-bacs, mixant des bancs de bois aménagés pour la détente les visiteurs aux bacs destinés aux plantations accueillaient petits fruitiers, plantes aromatiques, choux, salades , haricots verts, poivrons, tomates, courges,etc.. sans oublier les fleurs et les arbres fruitiers : pas moins de 22 arbres, principalement des pommiers et des poiriers, cultivés évidemment sans les produits phytosanitaires habituels de l’agroindustrie ! (ici on leur a préféré des remèdes traditionnels comme du bicarbonate de soude ou de la bouillie bordelaise). L’ensemble était agrémenté d’une pergola de bois, ainsi que d’une structure de tiges d’acier pour béton sculptées comme de l’osier (la cabane polypode®, conçue par De la plume à la bêche ).

La serre solaire connectée (Sunseek), développé par Solar coop en partenariat avec P2PFoodLab a pu fournir une photo par jour ainsi que les données d’hygrométrie à l’intérieur. Elle était supposée voir ses panneaux s’orienter en fonction de la course du soleil, mais tout n’a pas fonctionné comme souhaité, sans doute « un problème de puissance électrique du moteur, branché sur le secteur », selon Cyprien, l’un de ses concepteurs. Et puis, installer une serre, habituellement réservée aux situations de bas ensoleillement, en plein été, et sur le toit particulièrement bien exposé de la Cité de la Mode et du Design, était quelque peu insolite, tout de même !

Deux mois après son installation, le Living Roof a pu livrer « un petit quelque chose » aux journalistes présents à la conférence de presse du 25 août 2015. Pas une production délirante, loin de là. Rappelons que le jardin… avait raté le printemps ! Et que même les arbres, en deuxième année de croissance, n’étaient pas supposés produire de fruits. D’ailleurs, ce n’était pas là son but puisqu’ il visait avant tout à offrir un lieu de rencontres et d’échanges autour de l’agriculture urbaine.

Il a permis aussi de tester in vivo les différents modules opensource installés pour évaluer leur résistance à la prise au vent, aux intempéries, à la fréquentation du public, etc…Car les améliorations sont toujours possibles. Le mur végétal, par exemple et sa structure de 200kg, pesait environ 800kg. Grâce aux travaux menés sur le substrat nécessaire à la croissance des plantes au GreenLab de Jussieu, il gagnerait à être plus léger.

Le poids des installations est en effet un facteur limitant au développement des toits végétalisés. Question de portance. À la Cité de la Mode et du Design, la toiture peut supporter jusqu’à 500kg au m2. Le module aquaponique, sur 4m2, contenait à lui-seul près de 800 litres d’eau. Eau des bacs à poissons mise à part, le Living Roof nécessitait aussi 12 mètres-cube de terre ainsi que près d’une tonne de substrat organique (drêche, paille, etc…). Sans compter le poids des quelques 800 mètres linéaires de planches de bois issus de forêts tourangelles écogérées qu’il aura fallu pour construire tous les modules.

Bien sûr, il reste aussi les questions financières. Si la Cité de la Mode et du Design a alloué quelques 35 000 euros pour la concrétisation du projet, cette somme était quelque peu dérisoire « en regard du coût réel de l’ installation, qui a nécessité un investissement sérieux en bénévolat pour l’entretenir » comme le précise Bruno, de Zone AH! . Ce qui explique son avis quelque peu mitigé sur l’intérêt de l’expérience. Il n’en demeure pas moins que le Living Roof aura au moins pu présenter une jolie vitrine de l’agriculture urbaine. Quant au devenir de ce « Toit Vivant » , précisons que modules et plantations auront une seconde vie dans d’autres espaces développant l’agriculture urbaine, comme le toit de La Générale dans le 11ème arrondissement ou bien encore le site de l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul dans le 14ème. Ou, comme l’arbre de Quentin , sur l’esplanade Nathalie Sarraute, dans le 18ème arrondissement devant la halle Pajol, où Vergers Urbains a aménagé un jardin mobile.
Pour l’heure, du Living Roof , il reste les archives du site,  et toutes les photos!

L’agriculture urbaine, dans l’air du temps…

Il va sans dire que les villes bétonnées manquent de terres à cultiver alors que les toits des immeubles offrent des surfaces bien exposées qu’il serait dommage de ne pas exploiter. Rien qu’à Paris intra-muros, « une étude de l’Apur (l’Agence Parisienne d’Urbanisme) a recensé 80 hectares de toits potentiellement végétalisables », rappelle Sébasien, président de Vergers Urbains. S’il y en a sans doute bien plus, puisque cette étude exclut les toits de moins de 200m2, Paris aurait de quoi faire pousser sur ces toits quelques tonnes de fruits et légumes ! D’ailleurs, la végétalisation des cours de récréation des écoles, des toits et des murs des immeubles est inscrite au programme de la mandature de l’actuelle Maire de Paris. Qui vient d’ailleurs de lancer un appel à projets pour faire émerger 40 projets sur les bâtiments parisiens, dont 20 en agriculture urbaine, comme le rappelle notre confère du Parisien. Et même une ferme urbaine, à l’instar de la ferme Lufa (Lufa Farm) à Montréal (Canada), mise au point dans les années 2010 après quatre ans de recherches mobilisant une quinzaine d’ingénieurs, qui occupe un immeuble de 3 000 m² en plein centre ville et approvisionne ainsi toute l’année près de 2 000 habitants en plus de 40 variétés de fruits et légumes, commercialisés sous forme de paniers, à la manière de nos AMAP …ou de la ferme urbaine de Berlin développée par la start-up ECF-farmsystems et opérationnelle depuis 2014 et qui produit déjà chaque année 30 tonnes de poissons et 35 tonnes de légumes cultivés en aquaponie.

Un vrai expresso bio, c’est possible !

Le secret du café expresso et de la mousse couleur caramel qui le caractérise ? Une pression d’au moins 9 bars pour faire passer l’eau chaude au travers du café. Côté technique, il existe depuis longtemps des machines à porte-filtres, du type des percolateurs que l’on trouve dans les cafés. Mais elles imposent nettoyage et remplissage des filtres et coûtent plutôt cher à l’acquisition…

Retour aux années 1990. Nespresso, filiale de Nestlé, lance en Europe sa machine éponyme et les capsules qui vont avec. Enfin un café facile à faire, et excellent qui plus est ! Il est rejoint sur le marché par Senseo (Maison du Café), Tassimo (Grand-Mère et Carte noire) et Ek’Oh (Malongo), cette dernière étant la seule machine à expresso dont la fabrication respecte les principes du développement durable… Autant de machines « captives » imposant l’utilisation des capsules idoines. Et un beau volume de déchets, puisque les dosettes de café doivent être jetées après usage dans la poubelle verte, celle qui finit à l’incinérateur.

Les plus écolos ? Sans conteste Malongo, donc, mais aussi Senseo dont les capsules de cellulose peuvent être compostées. Malongo propose en outre un café équitable, qui peut être bio. Certes, les autres fabricants tentent de verdir leur image : Nespresso a mis en place en 2008 une filière de récupération et de recyclage (filière qui impose au consommateur de collecter et rapporter lui-même ses capsules) et Tassimo propose à ses adeptes de renvoyer les capsules utilisées par la poste.

Dégâts écologiques

Mais la plupart du temps, les dosettes à base d’aluminium et de plastique pourrissent l’environnement. Au point que l’inventeur de la K-cup, homologue américaine de la capsule Nespresso (développée par la société Keurig) a publiquement regretté son invention. Un film satirique sorti au début de l’année pour la campagne d’une ONG américaine, « Kill the K-Cup », rappelle qu’avec les 9 milliards de capsules produites en 2014 aux États-Unis, il y aurait eu de quoi faire 10,5 fois le tour de la Terre ! La France n’est pas mieux lotie puisqu’elle consomme près de 2 milliards de capsules chaque année, soit plus de deux fois plus qu’en 2007, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Des capsules génériques

Si, pour le plaisir d’un café « comme au café », votre mauvaise conscience écologique peut être ignorée, il n’en va pas de même de votre portefeuille. En effet, les capsules de ces machines à système propriétaire risquent vite de vous coûter les yeux de la tête. Bien sûr, leur prix d’acquisition est alléchant, près de deux fois moindre que les machines porte-filtres « libres ». Mais à la capsule, vous y perdrez ! À raison de 4-5 g de café environ par capsule (7-9 g pour Senseo), le prix du café s’élève à 70 €/kg pour Nespresso, à plus de 40 €/kg pour Malongo et Tassimo et à près de 30 €/kg pour Senseo, contre moins de 20 €/kg le « café moulu » classique !

On comprend mieux les intérêts de ces systèmes captifs, qui profitent surtout à leurs inventeurs. Les capsules génériques permettent de réaliser des économies substantielles, de l’ordre de 30 %, avec souvent de vrais bénéfices pour l’environnement. Mais elles ne sont disponibles que pour les systèmes Senseo et Nespresso. Pour ce dernier, dont les brevets sont tombés dans le domaine public en 2012, la marque Ethical Coffee, également distribuée sous les marques Casino, Leader Price et Monoprix, propose ainsi des capsules constituées de fibres végétales et biodégradables (norme EN13432, compos­ta­ble en six mois). Mais l’opercule contient toujours un peu d’aluminium. La marque se défend : « La pulvérisation d’aluminium déposée sur la membrane représente moins de 0,01 % de la masse d’emballage d’une capsule complète. Pour comparaison, avec l’aluminium utilisé pour la fabrication d’une seule capsule Nespresso, nous pourrions fabriquer environ 400 000 de nos capsules ! ».

On salue ici l’initiative de la marque Cap’ Mundo, sur le point de sortir une gamme entièrement biodégradable de capsules compatibles Nespresso, avec des fibres végétales issues d’amidon de maïs garanti non OGM et des opercules en cellulose, remplies d’un vrai café de torréfacteur… biologique ! On devrait la trouver dès la rentrée dans les magasins bio, les brûleries et les épiceries fines.

Vers du 100 % écolo ?

Plus malines encore, les capsules à usage unique à remplir soi-même du café que l’on souhaite (vous pouvez donc le choisir bio et équitable). Pour les machines type Nespresso, Capsul’in, une entreprise française, devrait lancer dès septembre 2015 des capsules en fibres végétales non OGM et biodégradables (jusqu’à la colle qui permet d’y fixer l’opercule en cellulose) et entièrement compostables. Une démarche environnementale impeccable et à prix tout à fait raisonnable : moins de 10 centimes la capsule vide, en conventionnel comme en bio.

La capsule en acier chirurgical de Mycoffeestar pour Nespresso va encore plus loin. Inventée par l’ingénieur suisse Erwin Meier, le premier à s’être lancé sur ce marché en 2012, elle est indéfiniment réutilisable (autour de 40 €). Primée par le Red Dot Award 2015 « Best of the best », un concours allemand de design international, elle doit cependant être nettoyée comme un porte-filtre de percolateur classique : elle est bouillante après utilisation, ce qui rend également difficile son usage en série. Pour les Senseo, des dosettes permanentes existent : en plastique, avec une grille tamisée, elles s’utilisent dans le support pour double dosette. C’est Melitta qui s’est lancée sur ce créneau avec son Padfilter, lavable au lave-vaisselle. Et depuis décembre, une machine à expresso automatique avec moulin à café incorporé, qui fonctionne sans changements de filtres ou de capsules. Un must à s’offrir pour 899 € (Varianza).

En attendant, les détenteurs de machines à capsules Nespresso et Senseo peuvent être rassurés. Pour les fidèles de Tassimo, hélas, rien…

 

Machines manuelles

Et le plus écolo est… l’expresso maison 

Un expresso, oui, mais à l’huile de coude ! La Minipresso GR de Wacaco, compacte et portable, contient tous les ustensiles nécessaires : dévissez l’ensemble, mettez votre café dans le porte-filtre, ajoutez de l’eau chaude dans le récipient inférieur, revissez et retournez le tout. Puis débloquez la pompe (semi-automatique) et pressez une dizaine de fois : vous atteignez au moins 8 bars, suffisant pour un expresso bien crémeux. Autre système manuel, l’Aeropress, qui fonctionne sur le principe de la seringue : vous mettez un filtre de papier puis le café et l’eau chaude avant de presser le piston au-dessus de votre tasse. Enfin, avec son look vraiment très design tout en inox, la Rok dispose d’un porte-filtre façon machine à expresso. Il suffit là encore de remplir le récipient au-dessus avec de l’eau chaude et d’actionner les deux bras sur les côtés, façon presse-agrumes. La pression obtenue est de 9 bars.

Minipresso GR, 50 €, www.wacaco.com. Aéropress, 35 €, www.aeropress.com. Rok, autour de 150 €, www.rokkitchentools.com.

 

Côteaux Nantais : 
voyage en biodynamie

 
Côteaux Nantais : 
voyage en biodynamie

(Photo ©Clara Delpas : Vue des rangs de pommiers avec les bandes enherbées fertilisantes.)

Remouillé, à 30 km de Nantes. Sous un petit vent frais mais un soleil printanier, la ferme de La Caffinière nous accueille : un havre de nature de 36 hectares, dont 7 de bois, où s’épanouissent parmi les pissenlits en fleurs des vergers de pommiers et de poiriers, quelques pêchers, des serres de fraisiers et des plantations de rhubarbe, la dernière acquisition des Côteaux Nantais. « Riche en silicium, en retrait de la route, ce terrain servait de pâture aux animaux, une garantie qu’il n’était pas aspergé de pesticides », explique Robert Dugast, l’un des trois associés que compte aujourd’hui l’entreprise, fondée en 1943 par Jacques Moreau et René Delhommeau.

Robert Dugast, enfant du pays issu d’un milieu agricole, a découvert la biodynamie à la fin des années 1980 à l’occasion d’une visite au Goetheaneum, le centre de recherche appliquée fondé à Bâle par Rudolf Steiner, père de cette technique de culture globale. Depuis, formé à Colmar au siège français de Demeter, association internationale d’agriculture biodynamique, Robert Dugast applique les principes de ce mode d’agriculture respectueux du cycle de la vie. « Nous essayons de reproduire ce que faisaient nos parents, explique-t-il modestement. Mais nous consultons aussi les cycles de la lune et nous dynamisons l’eau. »

Ni intrants ni engrais

Ici, les intrants ne sont pas autorisés, à l’exception de quelques rares préparations homologuées. « L’ail en pulvérisation suffit à lutter contre les parasites habituels. » Hopoclampe du pommier, drosophile du fraisier ou cloque du pêcher ne lui résistent pas. Même chose pour les fertilisants. « Au milieu de chaque rang, on installe une bande enherbée avec différentes espèces végétales comme le trèfle, qui capte l’azote de l’air et vient le restituer au sol. Et nous faisons notre propre compost ! » Et pour les campagnols ? Les renards ou les éperviers s’en chargent! Intercalées entre les rangées d’arbres, des haies de buissons, des chênes, des frênes et des sureaux leur offrent un refuge idéal et freinent la propagation des parasites.

Entre deux îlots de pommiers, une nouvelle plate-forme d’élévation électrique, silencieuse et non polluante, attend déjà la prochaine récolte pour acheminer les palox de pommes au bâtiment de stockage. « C’est la première machine de ce genre en France, spécialement aménagée pour nous par le constructeur italien », précise Benoît von Ossel, qui s’est associé à l’aventure des Côteaux Nantais en 1998. Sa longue expérience de businessman a contribué au développement de l’entreprise. Grâce à lui, les produits des Côteaux Nantais s’exportent en Europe, aux États-Unis, au Japon et aux Émirats arabes unis.

L’entreprise fournit un travail régulier à 111 salariés, auxquels s’ajoutent autant de saisonniers au moment de la récolte des fruits. Elle développe aussi une démarche solidaire, coopérant avec des instituts médico-éducatifs pour la cueillette des pommes ou avec les établissements et service d’aide par le travail (ESAT) pour la pose de coiffes sur les bouteilles.

2 500 tonnes de fruits

Direction Vertou, où tout a commencé. Le site n’accueille plus que les bureaux de l’entreprise, le centre de tri et l’unité de production des liquides. Les 20 hectares de verger qu’il comptait ne sont plus exploités, trop proches du périphérique de Nantes. Les vergers ont été installés sur d’autres communes de la région nantaise, à La Planche, Carquefou, Thouaré et Remouillé.

Les 96 hectares produisent chaque année entre 2 000 et 2 500 tonnes de fruits : 39 variétés de pommes et 7 de poires, ainsi que des coings, des pêches de vigne, des fraises, des kiwis, des prunes et de la rhubarbe. La moitié de cette production est vendue en frais. Le reste, auxquels s’ajoutent 2 500 tonnes d’autres fruits achetés par l’entreprise à des producteurs en biodynamie (abricots, mirabelle, framboises, fruits de la passion, bananes…), est destiné à la gamme variée des produits de transformation : jus, cidre, vinaigre, compotes, confitures et gelées.

Dans le hangar du centre de tri, un Fenwick dépose un lourd palox : 350 kg de pommes environ. Les fruits trop mûrs sont éliminés. Ils nourriront le compost installé sur le terrain d’en face. Les autres commenceront par être douchés à l’eau chaude (47-49 °C) durant trois minutes. Ce procédé de thermothérapie a été spécialement mis au point par l’entreprise. Il détruit les champignons tels que le gloeosporium qui se développe sur la peau des pommes.

Biodynamie moderne

Son apparente simplicité cache en réalité huit ans de mise au point. Placée dans le domaine public, l’invention a été récompensée en 2012 par les Trophées de l’Excellence bio organisés par l’Agence bio et le Crédit Agricole.
La suite des opérations est quasiment automatisée : les pommes mouillées défilent sur une machine gigantesque équipée de brosses et de rouleaux séchants, puis elles sont triées selon leur taille. Des employés procèdent ensuite à une ultime vérification avant de les placer manuellement dans des caisses. Elles sont ensuite dirigées vers la chambre froide pour être conservées naturellement, sans produits chimiques : l’atmosphère est contrôlée en oxygène et en azote ; un dispositif absorbe l’éthylène qu’elles produisent, afin de ne pas les faire mûrir trop vite. Ainsi l’entreprise dispose-t-elle de pommes toute l’année.

Fruits trop mûrs et trognons font du compost

Les fondateurs historiques des Côteaux Nantais se sont mis à produire du jus de pommes dans les années 1970 à la faveur d’une récolte de pommes qui risquait de pourrir… La machine d’origine a depuis été remplacée par une presse plus moderne, mais toujours aussi simple : les pommes passent entre deux tapis, le jus est récupéré aussitôt pour être mis en bouteille. En dehors du jus de pomme simple, l’entreprise produit également un pétillant aux pommes sans alcool (l’Apibul), du cidre et du vinaigre.

Bientôt un écovillage

L’unité de transformation, dernière étape avant la commercialisation, a déménagé en 2009 au Marché d’intérêt national (MIN) de Nantes. Dans ce lieu extérieur, les normes strictes de l’agroalimentaire imposent le port de la charlotte, des chaussons et de la blouse. Après un ultime tri des pommes (les plus abîmées repartiront pour le compost de Vertou), les fruits, juste coupés en deux, sont mis à cuire, à l’ancienne, dans de grands autoclaves. La préparation est ensuite tamisée, pour en extraire peau et trognons, également compostables. Puis, mélangée à d’autres ingrédients, elle sera mise en pots. Mais les recettes qui font le succès des Côteaux Nantais resteront secrètes.

Autour de l’ancienne ferme de 
La Caffinière, un écovillage 
devrait prochainement voir le jour. Il accueillera les enfants de la région pour les initier au maraîchage ou à l’apiculture.

 

Savoir-faire

 Un vinaigre mondialement réputé

 Michel Delhommeau, le fils de Jean, l’un des deux fondateurs, a créé l’unité de production de vinaigre de cidre, toujours à Vertou. « Le travail de trois personnes pendant quatre ans a été nécessaire pour mettre au point la technique », explique le troisième associé de l’entreprise. Rien à voir avec le vinaigre de cidre industriel, produit en moins de deux jours et pasteurisé. « Depuis 1985, c’est la même mer de vinaigre ! La fermentation à elle seule prend entre 22 à 25 jours. Quant à l’affinage, comptez entre six mois et un an », poursuit l’héritier des Côteaux Nantais. Résultat : un produit unique, le seul en biodynamie, qui s’exporte jusqu’aux États-Unis… Sept cents litres environ sont produits ici chaque jour, suffisant à peine à répondre à la demande mondiale !

 

En savoir plus : www.coteaux-nantais.com

Originellement paru ici https://www.bio-info.com/articles/societe/750-coteaux-nantais-voyage-en-biodynamie

Enfants : apprenez-leur à aimer les épinards… et le reste !

 
Enfants : apprenez-leur à aimer les épinards… et le reste !

Miam ! C’est sûr, vos lasagnes maison aux épinards et au chèvre bio vont régaler toute la famille. Vous les apportez fièrement sur la table quand votre petit dernier, trois ans, se met à crier fort : « J’aime pas les épinards ! ». La veille au soir, il n’a rien pris non plus, tout comme l’avant-veille… Vous commencez à être inquiet.

Vous êtes un peu au fait des dernières avancées de la psychologie de l’enfance, qui assurent qu’il ne faut pas forcer les enfants à manger. « En revanche, il faut l’obliger à goûter ! », affirme Nathalie de Boisgrollier, coach et auteure d’un ouvrage sur l’éducation bien­veillante publiée en octobre dernier, « Élever ses enfants sans élever la voix » (Albin Michel).

Lui apprendre à verbaliser ses goûts

Pour faire goûter, une cuillère à café suffit. N’expliquez pas tout de suite que ce sont des lasagnes aux épinards : laissez-le tester, comme si chaque nouveau plat était une surprise. Puis donnez-lui l’espace pour verbaliser. Il a évidemment le droit de ne pas aimer, mais pas celui de dire n’importe quoi. « On ne doit pas tolérer que l’enfant dise “Beurk, c’est nul” », appuie Nathalie de Boisgrollier. « Apprenez-lui à formuler plutôt “je ne trouve pas ça bon, je n’aime pas” et faites-lui décrire ses sensations : est-ce trop acide ? Trop amer ? » Surtout, ne vous découragez pas : les goûts changent avec le temps.

Au cours du repas, échangez autour de la nourriture, évoquez les plats que vous aimiez ou pas lorsque vous étiez enfant : vous montrerez que les avis peuvent changer et que goûter est un préalable indispensable à toute discussion culinaire. « Goûter quelque chose de nouveau, c’est apprendre à découvrir l’étrange », appuie Nathalie de Boisgrollier. « C’est un apprentissage essentiel pour pouvoir s’ouvrir à la nouveauté et à la rencontre avec l’autre. »

Le laisser se servir

Le repas, c’est surtout pour l’enfant l’occasion d’apprendre à bien se nourrir et à être autonome. « Il est important que l’enfant se serve lui-même sa portion », conseille la coach. Pour déterminer la quantité optimale qui lui correspond, une astuce : la cuillère à soupe. « À deux ans, l’enfant a le droit de se servir deux cuillères à soupe, à 3 ans, trois » et ainsi de suite, explique-t-elle. Bien sûr, l’enfant peut se resservir, mais toujours en petite quantité.

Surtout, ne dramatisez pas : s’il ne mange pas grand-chose, un enfant ne se laisse jamais mourir de faim ! Ce d’autant qu’« alors que les adultes ont besoin de rations quotidiennes, l’enfant équilibre ses besoins sur la semaine », précise Candice Lévy. S’il n’a pas d’appétence pour vos lasagnes, ne soyez pas vexé, il a le droit d’aimer ce que vous n’aimez pas, et réciproquement.

L’obliger sans faire de chantage

« Même s’il ne mange rien, un enfant doit rester à table », rappelle-t-elle, car « c’est un moment de convivialité, celui où la famille se retrouve, c’est essentiel ». Bien évidemment, à l’heure du repas, « tout le monde doit avoir un comportement cohérent » : pas question que l’un des membres de la famille se fasse un plateau-télé ! Pas question non plus de résoudre le problème du repas en cuisinant une portion de coquillettes au jambon à la place des lasagnes. Ou encore de faire du chantage avec la nourriture : il est inutile de le culpabiliser avec les pauvres petits enfants qui meurent de faim dans le monde ou de le priver de dessert s’il ne termine pas son assiette, ou bien encore de le récompenser avec une sucrerie s’il a bien mangé !

Le repas doit se dérouler dans le calme, et surtout durer suffisamment longtemps pour respecter le rythme des enfants. « Alors que les adultes expédient souvent le repas en vingt minutes, les enfants ont plutôt besoin de trois-quarts d’heure pour manger », complète Candice Lévy. Si, malgré tout, votre enfant continue de refuser de s’alimenter comme vous le souhaiteriez, gardez à l’esprit qu’en titillant ainsi votre anxiété, il vous invite peut-être tout simplement à vous pencher sur une problématique qui vous est propre et pour laquelle vous devriez peut-être consulter un spécialiste.

 

Fukushima : la contamination continue, mais les contrôles se relâchent

Trois ans et demi après la catastrophe nucléaire de Fukushima,   les produits japonais importés sont-ils sûrs? Oui affirment les autorités nippones. Mais le nouveau règlement européen baisse la garde sur les contrôles douaniers, tandis qu’un accord franco-japonais risque d’assouplir un peu plus les normes admissibles de radioactivité pour l’alimentation humaine ou animale. Précisions.

Dans la préfecture de Fukushima, réputée pour la qualité de ses produits biologiques, la vie tente de reprendre doucement son cours. Mais la peur de la radioactivité ne s’est  qu’en partie diluée avec le temps.  A la presque quatrième génération de végétation depuis l’accident,  les radioéléments sont loin de s’être volatisés, malgré les travaux titanesques  entrepris depuis 2012 par les autorités pour s’en débarrasser  (maisons passées au karcher, arbres  abattus et terre creusée sur 5cm). « La réalité, c’est qu’on ne sait pas décontaminer », affirme le Pr. Hiroiko Koidé, spécialiste de l’atome. Ce « Gandhi » japonais milite depuis 40 ans pour l’arrêt du nucléaire. La contamination, mise en sacs et en  décharges revient aux premières pluies, ou au gré des caprices de la centrale elle-même, toujours hors de contrôle depuis l’accident, et qui continue de fuir.

Des « normes » pour accepter le risque nucléaire

Pour être exportables, les produits japonais doivent respecter des normes admissibles de radioactivité. Ces normes ont été fixées par le Codex Alimentarius[2] afin de préserver les intérêts du commerce mondial, même en cas de contamination nucléaire accidentelle des aliments destinés aux hommes ou aux animaux par le césium. « Les normes ne sont qu’un critère administratif que l’on donne à croire scientifique. Rien à voir avec une limitation de vitesse qu’il suffirait de respecter pour conduire en sécurité !   précise Yves Lenoir, président des Enfants de Tchernobyl Belarus. Car avec les radioéléments, le problème est  l’accumulation biologique.  “En mangeant des produits contaminés, on augmente peu à peu la radioactivité interne du corps, explique le scientifique. “Or   certains organes la concentrent   jusqu’à 10 fois plus que la moyenne corporelle, ce qui peut provoquer des lésions au bout d’un certain temps d’intoxication chronique.”  

Fin des contrôles douaniers 

Le nouveau règlement européen adopté le 1er avril 2014, relâche la bride sur les produits nippons : il n’exige plus de certificat d’analyse de conformité aux normes de radioactivité, sauf pour les champignons, dont on sait qu’ils accumulent les radioéléments, et pour les produits provenant de la préfecture de Fukushima, qui continue d’avoir mauvaise presse, puisqu’elle a eu le malheur d’héberger sur ses terres la centrale éponyme. Pourtant, la contamination s’est étendue bien au-delà de Fukushima, aux alentours de Tokyo, par exemple, à 225km de la centrale. « Au Japon, nous continuons d’analyser la nourriture, explique Wataru Iwata, co-fondateur du CMRS, organisme citoyen de mesure de la radioactivité, et nos appareils décèlent des traces de contamination, souvent loin de Fukushima! »

De plus, le règlement européen prévoit l’allègement des contrôles douaniers, le Japon ayant su gagner la confiance des autorités européennes, avec, ces deux dernières années, moins de 1% de produits non conformes détectés. Produits de la pêche, plantes sauvages comestibles, légumes, fruits, riz et soja, produits transformés et dérivés  (bière, tofu, sauce soja, umeboshi, thé) sont désormais exportés sur la seule bonne foi des autorités nippones.

Qui rassurera les consommateurs ?

Les importateurs restent confiants : «  A Saitama, au Nord-Ouest de Tokyo, ils n’ont pas eu de chance, rappelle Esther Miquel, gérante de la société Koedo qui ouvrira un restaurant de « bento » japonais à Issy sur Seine en janvier prochain. Seules les montagnes ont en effet touchées par le nuage, mais toute la préfecture a été considérée comme contaminée. C’est justement dans cette province que se trouve le producteur « de la plus délicieuse des sauces sojas qui existe », selon elle. Depuis 2012 qu’elle traite avec lui, elle assure que « tous les lots sont assortis des certificats d’analyse qui garantissent le respect des normes de radioactivité».  ISSE Workshop  semble en revanche ne pas être au courant de la nouvelle réglementation ( !) tout en certifiant n’importer que des produits contrôlés. Foodex n’a pas pris la peine de nous répondre.

Et le « Bio » japonais ?

On peut être rassuré !  Celnat, qui ne s’approvisionne que dans le Sud du Japon (non contaminé), certifie la contamination zéro de ses produits, continuant même de les faire analyser en France par des laboratoires indépendants. 

Clara Delpas

Le bilan de Fukushima

En mars 2011, l’explosion de trois réacteurs nucléaires, équivalente à 168 fois la bombe d’Hiroshima, a formé un nuage noir gigantesque de particules radioactives dont, « par chance », la plus grande partie (84%) est retombée dans l’océan Pacifique,  le reste se déposant « en taches de léopard »,   suite aux pluies et neiges de saison, sur près de 14 000 km2 de terres dans l’archipel[1]. Bilan : outre la préfecture de Fukushima, 13 autres préfectures japonaises ont été touchées, sur les 47 que compte le territoire. Quant à l’océan, le Césium s’y serait tout simplement dilué ou bien tombé au fond, là où les poissons ne vont pas …

La France plus laxiste que l’Europe pour les produits japonais ?

La France  a signé en mai dernier  avec le Japon un accord pour un « rapprochement des économies et de la croissance », se déclarant même à une révision des normes admissibles concernant la radioactivité des produits japonais, dont les aliments. Dénoncé aussitôt par EELV, ce point revient dans l’actualité : le 16 octobre dernier la sénatrice socialiste du Haut-Rhin,  Patricia Schillinger, a interpellé le gouvernement, qui  n’a pas encore répondu …    

Fin  du certificat d’origine géographique pour le thé japonais

Le nouveau règlement européen sur le contrôle de la radioactivité des aliments en provenance du Japon (voir Focus) dispense depuis mai dernier les producteurs japonais non seulement de fournir les certificats d’analyse mais aussi les certificats d’origine géographique des feuilles de thé, qui concentrent pourtant les radioéléments plus ou moins selon les préfectures. Il ne nous reste plus qu’à faire confiance aux maisons de thé japonaises , qui, souvent en place depuis des générations, ne se risqueraient certainement pas à un quelconque  scandale lié à la découverte fortuite d’une radioactivité excessive …


[1] Selon l’estimation de l’équipe du Dr. Nobuhiro Sawano de l’Université de Kanazawa Seiryo

[2]à 100bq/kg pour les aliments pour adultes, depuis 2012 (le bq ou becquerel mesure le nombre de désintégrations radioactives survenant en une seconde dans un matériau contaminé)

Diane 35 : Un scandaleux retour

Mise sur le marché comme traitement contre l’acné, elle était prescrite comme pilule contraceptive. Après avoir été reliée à plus de cent accidents vasculaires, mortels pour certains, elle a été interdite en France début 2013. Un retrait de courte durée puisqu’elle est de nouveau disponible dans les officines depuis mi-janvier.

Emballage, nom, présentation, composition et stratégie marketing, Diane 35 a été dès son lancement la « pilule qui donne une belle peau ». Avec ses 2 mg de cyprotérone (un progestatif actif contre l’acné) et ses 35 μg d’éthinylestradiol (d’où son nom Diane 35), elle se présente comme un antiacnéique puissant, doté de propriétés contraceptives. Sauf qu’officiellement, Diane 35 n’a jamais été une pilule contraceptive mais seulement un médicament contre l’acné… Et c’est pour cette seule indication qu’elle a reçu son autorisation de mise sur le marché en France en 1987.

Six fois plus dangereuse

Dès les années 2000, des chercheurs britanniques ont montré que la cyprotérone exposait à un risque d’événements thromboemboliques (phlébites ou embolies pulmonaires) particulièrement élevé… « Diane 35 présente six fois plus de risques de provoquer un accident vasculaire que la pilule classique », précise le Pr Henri Joyeux. En France, «  la Haute Autorité de santé a signalé le problème il y a dix ans, mais il aura fallu des morts pour que l’alerte soit enfin donnée… par les médias ! » souligne Claude Reiss, ancien chercheur au CNRS et fondateur d’Antidote Europe… Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), en vingt-cinq ans, 125 cas de thromboses (caillots) veineuses, dont quatre mortels, lui sont directement imputables.

L’UE court-circuite, Bayer gagne

L’alerte des médias a au moins eu pour conséquence le retrait immédiat de Diane 35 (distribuée depuis 2008 par les laboratoires Bayer) et de ses 135 génériques, dès la fin janvier 2013, par l’ANSM. Mais comme pour des raisons réglementaires, aucun pays de l’Union européenne n’a le droit d’interdire un médicament sans en référer à l’autorité communautaire, le dossier fut confié à l’arbitrage de l’Agence européenne du médicament (EMA).

En mai 2013, le Comité de pharmacovigilance et d’évaluation des risques (PRAC) de cette institution concluait ainsi que le rapport bénéfice-risque de Diane 35 était favorable chez les patientes souffrant d’hirsutisme ou d’une acné résistant aux traitements. Autrement dit que, limitée à ces indications, cette pilule peut continuer à être prescrite ! Même si, en plus d’être à haut risque thromboembolique, son efficacité sur l’acné reste discutable, tout comme son pouvoir contraceptif (et pour cause,  celui-ci n’a jamais été évalué !)…

Le 30 juillet 2013, la Commission européenne a imposé à la France de laisser Bayer remettre sa Diane 35 sur le marché, ce que le laboratoire a fait en janvier dernier. Si Diane 35 ne peut plus être prescrite que comme antiacnéique contraceptif (et non plus comme contraceptif antiacnéique…), tout comme ses homologues, osons dire qu’elle ne devrait plus l’être du tout !

 

Miel de Manuka, le plus pro des antiseptiques

Le miel de Manuka est un miel aux propriétés antiseptiques scientifiquement reconnues. Disponible en France, depuis quelques années, il reste rare et cher. Qu’a-t-il donc de plus que les autres miels, dont les propriétés antiseptiques, connues depuis l’Antiquité égyptienne, les font déjà utiliser dans le monde entier depuis des décennies dans de nombreux services de chirurgie hospitalière ? Comment bien le choisir et bien l’utiliser ?

Le miel de Manuka possède des propriétés antiseptiques remarquables : il est souverain pour traiter des infections bactériennes en tout genre, des plaies qui cicatrisent difficilement aux angines et bronchites récidivantes en passant par la prévention des caries dentaires ou la guérison des ulcères gastriques, dus à la bactérie Helicobacter pylori. Selon l’affection, on l’applique directement sur les plaies ou on le mange à la petite cuillère…

Aujourd’hui, on sait que tous les miels contiennent naturellement de l’eau oxygénée (ou peroxyde d’oxygène), d’où leur activité antibactérienne dite peroxydique, ainsi qu’une molécule aux propriétés anti-inflammatoires et antibactériennes très puissantes, le méthylglyoxal (MGO). Mais, alors que dans les miels classiques, la concentration de MGO oscille de 1 à 5 mg par kg, elle peut atteindre 800 mg par kg dans le miel de Manuka. Cette concentration élevée est liée à son origine botanique particulière : les abeilles de Nouvelle-Zélande le fabriquent en butinant les fleurs roses et blanches du Manuka (Leptospermum scoparium), un arbuste endémique de l’île, cousin du Tea-tree cher aux aborigènes d’Australie.

Comment choisir son miel ?

« À partir de 100mg/kg (UMF 10+),  le MGO joue son rôle antibactérien », affirme David Lechaux, chirurgien de l’appareil digestif à l’Hôpital Yves Le Foll de St Brieuc. Inutile donc d’aller chercher les indices les plus élevés, et donc les miels les plus chers….

Mais, question subsidiaire, comment être sûr de la qualité du miel de Manuka que l’on achète ? David Coirot, le PDG de Comptoir et Compagnies qui importe depuis 2009 du miel de Manuka en France, délivre sur demande les certificats d’analyse du laboratoire néozélandais qui teste les lots de miel qu’il importe. Tout comme Family Mary, qui commercialise aussi du miel de Manuka mais effectue ses propres analyses. Aux clients de leur faire confiance, même si, au prix du miel, ils pourraient au moins donner la traçabilité du miel qu’ils importent : d’où vient le miel, du Nord ou du Sud de l’île, et par qui est-il cultivé ? Des informations élémentaires que les importateurs français de miel ne se risquent pourtant pas à dévoiler, afin, disent-ils, de préserver leurs sources d’approvisionnement sur ce marché hautement concurrentiel… Malgré un contexte agité où les fraudes sont de plus en plus fréquentes, puisqu’il se vend aujourd’hui plus de Miel de Manuka dans le Monde qu’il n’en est produit dans son pays d’origine : en 2013, 10 000 tonnes ont été vendues pour 1700 tonnes produites en Nouvelle-Zélande ! Après la saisie l’été dernier de miels de Manuka frauduleux au Royaume-Uni et à Hong Kong, le gouvernement néo-zélandais planche sur la mise en place de nouvelles garanties. Des mesures que les consommateurs attendent avec impatience pour pouvoir enfin acheter du miel de Manuka, sans avoir à se demander au préalable si c’est vraiment du miel de Manuka !

Encadré La qualité antibactérienne d’un miel de Manuka peut être certifiée soit par sa concentration en MGO soit par son activité antibactérienne non péroxydique, donnée sous forme d’un indice, UMF® (pour Unique Menuka Factor), marque réservée aux adhérents de l’UMFA en Nouvelle-Zélande ou IAA (Indice d’Activité Antibactérienne), développée par Comptoir et Compagnies.

 Bioinfo Mars 2014

Une cosmétique plus propre

Face aux nouvelles réglementations européennes mais aussi à la vigilance accrue des consommateurs, les cosmétiques tendent à devenir beaucoup plus propres qu’ils ne l’étaient. Les conventionnels sont de plus en plus nombreux à emprunter pour cela le chemin tracé par le bio. Pour autant, le bio, s’il a permis de grandes avancées, est encore loin d’offrir au consommateur la garantie d’une innocuité parfaite. S’informer de manière attentive non seulement sur les labels, mais aussi sur la composition des produits et les pratiques des fabricants reste encore un passage obligé pour le consommateur final. D’autant plus que les labels sont nombreux et ne garantissent pas tous la même chose… 

létude sur les cosmétiques publiée en septembre 2013 par le Réseau environnement santé (RES) a encore donné l’alerte : sur 15 000 produits notés par l’institut indépendant Noteo, près de 40 % contiennent au moins un perturbateur endocrinien ! Parmi les plus fréquemment trouvés, les parabènes (23 %) et le cyclopentasiloxane (15 %). Toutes les catégories de produits d’hygiène et de beauté sont concernées : au premier chef, les vernis à ongles (dont 74 % contiendraient un ou plusieurs perturbateurs endocriniens), les fonds de teint (71 %), les produits de maquillage pour les yeux (51 %), puis les rouges à lèvres (43 %), les soins du visage (38 %), les déodorants (36 %), les dentifrices (30 %) et enfin les shampooings (24 %). Les substances incriminées dans l’étude ne sont rien moins que celles qu’un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de février 2013 considérait comme « une menace mondiale » pour la santé humaine et l’environnement. Une menace qui ne concerne que très peu les produits bio : l’étude de Noteo ne retrouve de perturbateurs endocriniens que dans 1,3 % d’entre eux. Il s’agit principalement du cinnamal, une molécule naturellement présente dans certaines huiles essentielles (cannelle, jacinthe, patchouli…). Autre cri d’alarme récent : une étude de l’Association allemande pour l’environnement et la protection de la nature (BUND) parue en juillet révélait la présence de substances chimiques problématiques dans un tiers des 60 000 produits cosmétiques distribués Outre-Rhin.

Poisons quotidiens

Des études toxicologiques menées par des chercheurs indépendants ou appartenant à des organismes de recherche publique montrent déjà depuis une bonne dizaine d’années que de nombreuses substances utilisées dans les cosmétiques peuvent irriter la peau et enlever son enveloppe protectrice, la traverser, circuler dans le sang, s’accumuler à certains endroits de l’organisme ou prendre la place habituellement réservée aux hormones (perturbateurs endocriniens). On sait que certaines déclenchent, aussi, des réactions allergiques ou provoquent des cancers. Les substances pointées sont des produits dérivés de la chimie des hydrocarbures, que les industriels eurent un jour l’idée d’incorporer à des crèmes de beauté, probablement plus pour exploiter au maximum les résidus des raffineries de pétrole que pour la santé de notre peau. Or les cosmétiques, contrairement aux médicaments, ont le droit de se passer d’autorisation de mise sur le marché car ils sont supposés ne pas avoir d’effets notoires sur l’organisme. Pourtant la peau étant ce qu’elle est, une simple interface entre l’intérieur et l’extérieur, toute substance chimique qu’on lui applique peut finir par pénétrer dans l’organisme et y avoir un effet bien moins anodin que ce que l’on ne pensait ! L’histoire n’est pas neuve. Déjà du temps des Égyptiens et des Romains, les belles utilisaient un fard à base de céruse, une poudre de plomb qui rendait la peau blanche. Mais aussi du vermillon, poudre de cinabre (minerai de mercure) qui leur donnait le rouge aux joues. Non sans effets notoires, bien évidemment.

L’Europe plus stricte

Que les cosmétiques puissent être dangereux n’est donc pas une découverte, mais le législateur a quelque peu tardé à intervenir dans le domaine de la beauté. Il aura fallu pour cela qu’éclate en France l’affaire du talc Morhange, en 1972. Suite à une erreur de manipulation, le fabricant de ce talc destiné aux fesses des nourrissons avait surdosé son produit en hexachlorophène, une substance bactéricide toxique à haute dose. Bilan : plus de 30 morts et 200 victimes lourdement handicapées. S’en était suivie dès 1975 une loi et rendant obligatoires l’étiquetage des cosmétiques et la traçabilité des lots. Mais pas leur innocuité. Trois décennies plus tard, en mars 2005, un reportage d’Envoyé spécial, sur France 2, remettait le problème sur le tapis en révélant au grand jour que les produits cosmétiques recelaient de nombreux ingrédients nocifs : conservateurs comme les parabènes ou le phénoxyéthanol, éthers de glycol, phtalates, sels d’aluminium antitranspirants. Plusieurs campagnes d’ONG écologistes comme Greenpeace (Cosmétox) ou le WWF (Toxiques au quotidien) dénonçaient, outre les effets néfastes de ces substances pour la santé humaine, leurs conséquences désastreuses pour l’environnement. Les législateurs ont alors renforcé les règles, favorisées par le contexte de renforcement réglementaire de l’Union européenne… Pour notre santé, une réglementation européenne sur les cosmétiques s’est mise en place dès 2006. Puis une version plus stricte, rédigée en 2009, entrée en application le 11 juillet decette année. Plus largement, concernant tous les produits chimiques employés par l’industrie (dont celle des cosmétiques), une réglementation européenne REACH (Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals) demande depuis 2007 aux fabricants de réaliser des évaluations toxicologiques des produits qu’ils mettent sur le marché et dont bon nombre, donc, entrent dans la composition des cosmétiques. Mais son application est suivie avec la lenteur du mastodonte, ce qui laisse encore bon nombre de substances dangereuses sur le marché…

Le nouveau règlement Bien sûr, ce nouveau règlement entré en vigueur le 11 juillet dernier interdit l’utilisation des substances reconnues comme cancérogènes (tels que les colorants azoïques ou les muscs de synthèse) et comme perturbateurs endocriniens (nonylphénol ou bisphénol A). Il interdit aussi les phtalates les plus dangereux tels que le dibutylphtalate (DBP) ou le diéthylhexylphtalate (DEHP) ainsi que de nombreux hydrocarbures, comme le pétrole (petrolatum) qui avait fait les beaux jours d’une célèbre lotion

Les industriels, pas pressés de faire évaluer leurs ingrédients

La réglementation européenne REACH impose depuis 2007 à tous les fabricants de produits chimiques (dont font partie les ingrédients de l’industrie cosmétique) de réaliser eux-mêmes les évaluations toxicologiques des produits qu’ils mettent sur le marché. Malgré ces obligations, de nombreux produits que l’on sait être dangereux continuent d’être diffusés. Les industriels, réunis dans un lobby puissant et influent, se réfugient derrière l’ampleur de la tâche : 30 000 substances à évaluer…, également derrière son coût (ces évaluations toxicologiques coûtent très cher), pour faire traîner les choses. Même si la commission européenne a dressé un bilan plutôt positif en juin 2012, recensant plus de 7 000 substances correctement enregistrées, des ONG comme Greenpeace pointent le fait qu’il ne s’agit pas des plus dangereuses ou des plus préoccupantes : des 500 substances connues comme cancérogènes, seules moins d’une centaine ont été évaluées. Quant aux substances produites en petite quantité (moins de 10 tonnes), comme les nanoparticules qui ont fait les beaux jours de l’innovation cosmétique de ces dernières années, elles ne seront pas évaluées avant 2014 • * Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals.

6 conseils pour bien choisir

Lire les étiquettes ? Pas toujours facile… Voici comment aller à l’essentiel dans lechoix d’un produit.

Cherchez le label ! Bio, les cosmétiques sont moins toxiques.

Observez la liste des ingrédients et privilégiez les compositions courtes. Plus un produit contient d’ingrédients, plus il risque d’entraîner des allergies. Notez que même certains produits cosmétiques biologiques présentent des formules « chargées » de 20 à 50 ingrédients, ce qui n’est pas sans rappeler parfois la cosmétique classique…

Ne vous faites pas avoir par les mises en avant trompeuses d’un extrait de plante. Les ingrédients sont présentés par ordre décroissant d’importance. Mais lorsqu’ils sont présents en quantité inférieure à 1 %, ils peuvent être cités dans le désordre, sans préciser le pourcentage. Rien n’empêche alors le fabricant de placer un extrait de fruit ou de plante représentant seulement 0,001 % de la composition avant un conservateur conventionnel présent à 0,2 % ou 0,3 % !

Si vous choisissez un cosmétique non labellisé, repérez dans la liste les ingrédients qui risquent de mettre votre santé en danger (voir encadré). Méfiez-vous aussi des produits étiquetés « sans paraben » qui peuvent contenir des conservateurs non moins problématiques.

Préférez la douceur : privilégiez les formules à base d’eau (aqua), et même d’eaux thermales ou florales. Pour les produits lavants, évitez le SLS (sodium lauryl sulfate) et le laureth sulfate, réputés être les plus irritants pour la peau, mais autorisés, y compris en cosmétique bio, ainsi que l’ammonium lauryl sulfate, particulièrement irritant mais là encore autorisé par exemple dans la charte Cosmébio. A contrario, privilégiez les tensioactifs issus du sucre (gluco) ou du coco comme le sodium cocoyl glutamate.

N’oubliez pas qu’en vertu de la loi du 1er janvier 1997 sur l’étiquetage des cosmétiques, vous êtes en droit de demander au fabricant la composition exacte de son produit.

capillaire visant à empêcher la chute des cheveux… et qui a, depuis, dû être remplacé. Enfin, il interdit également pas moins de vingt-deux ingrédients particulièrement dangereux qui étaient jusqu’alors autorisés dans les teintures capillaires. Mais il continue d’autoriser les controversés parabènes, des conservateurs accusés d’affecter aussi la qualité du sperme, le développement du foetus mâle et d’être de forts sensibilisants et irritants pour la peau et les yeux, des alkylphénols, utilisés pour la fabrication de parfums, ainsi que d’autres substances problématiques comme les butylhydroxytoluène (BHT), le butylhydroxyanisole (BHA), l’ethylenediaminetetraacetate (EDTA), et certains filtres solaires.

Les risques de la substitution

Poussés par la mauvaise publicité faite autour de ces substances, certains laboratoires ainsi que de grandes marques de cosmétiques ont commencé à revoir totalement leurs formulations, comme en témoignent les nombreuses étiquettes « sans » qui fleurissent sur les flacons de gels douche, de crèmes ou de shampooings. Un progrès qui ne doit pas nous rendre dupes : même si l’étiquette est très vendeuse, la mention « sans parabène » ne signifie pas pour autant sans danger. Certains fabricants ont en effet remplacé ces conservateurs par d’autres, tout aussi hasardeux. Ce qu’illustre parfaitement le cas des lingettes pour bébé sans parabène : celles-ci contiennent souvent de la chlorhexidine digluconate, un antiseptique qui passe dans le sang et peut être responsable d’eczéma de contact, ainsi que du méthylisothiazolinone (MIT) et du méthylchloroisothiazolinone (MCIT)… Cela alors même que les lingettes, ainsi que l’a dénoncé dès 2008 le Comité pour le développement durable en santé (C2DS), ne sont pas supposées devoir être suivies d’un rinçage à l’eau et qu’elles mettent la peau des nourrissons (à l’endroit où elle est le plus sensible !) longtemps en contact avec ces substances. Le MIT a clairement été associé par la Société française de dermatologie à l’explosion du nombre d’irritations et d’eczéma chez les nourrissons. Cela, précisément, depuis que… les parabènes sont tombés en disgrâce. Autres conservateurs tout autant autorisés dans les produits sans parabènes, le formaldéhyde, pourtant reconnu comme cancérigène par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ainsi que des conservateurs susceptibles d’en émaner au contact de l’eau (ce qui est habituellement le cas lorsque l’on se lave !) – DMDM hydantoïne, quaternium-15, imidazolidinyl urea, qui peut causer des dermatites, ou les 2-bromo-2-nitropropane-1,3- diol. Pas de réserve non plus pour le triclosan, un agent antibactérien qui pourrait notamment favoriser l’apparition des résistances aux antibiotiques.

Le bio à portée de fraude

Une enquête publiée en 2009 par la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) rappelle même que les industriels peuvent mentir sur la concentration en ingrédients d’origine naturelle (autrement dit avoir recours à la place à des composés synthétiques) : sur 47 prélèvements réalisés en 2006 et 2007 par l’organisme officiel, six ont même été déclarés non conformes à cause de la présence de produits de synthèse dans des produits pourtant qualifiés de naturel ou de bio

Exclus dans les produits bio

Face à ces produits douteux, le bio s’impose clairement comme un rempart. Les substances synthétiques les plus dangereuses y sont proscrites, même si, les conservateurs restant indispensables, la plupart des labels en autorisent certains, les plus doux : acide sorbique, acide citrique ou benzoate de sodium. En cosmétique bio comme en conventionnelle, la mention « sans conservateurs » mise en avant par certains fabricants demande, là encore, méfiance : mis à part certains conditionnements (airless) qui permettent vraiment de se passer de ces substances, elle signifie que le fabricant utilise simplement un produit qui n’est pas référencée comme conservateur dans le règlement européen. Par exemple des huiles essentielles ou des alcools, dont l’utilisation peut aussi exposer le consommateur à des risques d’allergie ou d’intolérance cutanée.

Sous leurs jolis noms, ils cachent le pire de la chimie…

Parmi les quelques 2 500 substances couramment employées en cosmétique, une dizaine, depuis

longtemps interdites en bio, sont toujours utilisées dans des produits cosmétiques courants.

Si vous n’achetez pas bio, sachez les éviter.

Avène, Cold Cream Pain surgras, Klorane, Déodorant très doux à l’althéa blanc, bille

Contient :Butylhydroxyanisole (BHA),antioxydant

Nocivité : Perturbateur endocrinien.

Axe, Style Mèches au vent Crème Fix & Flex

Contient : Iodopropynyl butylcarbamate, conservateur

Nocivité : libérateur de formaldéhyde, cancérigène

Bioderma, Matriciane Rides Crème matricielle resurfaçante,

Kéraknyl, Stick correcteur teinté

Contient : Butylhydroxytoluene (BHT), antioxydant

Nocivité : Perturbateur endocrinien

Clinique, BB Cream SPF 30

Contient :Benzophenone-3 (BP3) (oxybenzone),filtre solaire

Nocivité :Perturbateur hormonal

Decléor, Crème double éclatLife Radiance

Contient : Methylisothiazolinone (MIT),conservateur

Nocivité :Irritant et allergisant

Erborian, BB Crème au ginseng

Contient : Cyclopentasiloxane (D5), émollient

Nocivité : Perturbateur endocrinien

Laboratoires Didier Rase, Masque relaxant détoxifiant

Contient : Butylparaben, conservateur

Nocivité : Perturbateur endocrinien

Laino, Savon liquide d’Alep

Contient Ethylenediaminetetraacetate (EDTA), agent de liaison

Nocivité Réactions chimiques incertaines

La Roche-Posay, Hydreane riche Crème hydratante peaux sensibles

Contient Chlorhexidine, antibactérien Nocivité

Résistant aux antibiotiques

Le Petit Marseillais, Crème mains nourrissante peaux très sèches

Contient : Phenoxyethanol (EGPhE), conservateur

Nocivité : Allergisant

L’Occitane en Provence, Gel douche verveine agrumes

Contient : Methylchloroisothiazolinone (MCIT),conservateur

Nocivité : Irritant et allergisant.

L’Oréal Paris, Mascara Beauty Tubes Double Extension

Contient : Imidazolidinyl Urea, conservateur

Nocivité : Libérateur de formaldéhyde, cancérogène

Mavala, Mavala scientifique Durcisseur d’ongles

Contient : Formaldéhyde, durcisseur

Nocivité : Cancérogène

Parogencyl, Dentifrice Sensibilité Gencives

Le Petit Marseillais, Crème mains nourrissante

Contient : Methylparaben, conservateur

Nocivité : Perturbateur endocrinien

Rogé Cavaillès, Gel fraîcheur « sans parabènes »

Contient : DMDM Hydantoin, conservateur

Nocivité : Libérateur de formaldéhyde, cancérogène

Rogé Cavaillès, Soin toilette intime

Contient : Triclosan, antibactérien

Nocivité : Résistant aux antibiotiques

Shu Uemura, Cleansing Oil Shampoo Shampooing Doux Éclat

Contient :Polyethylene glycol (PEG), tensioactif

Nocivité :Irritant

Vichy, Derma Blend Ultra Correcteur Teint stick

Contient : Paraffinum liquidum, base

Nocivité :Hydrocarbure irritant

Source : Observatoire des cosmétiques

Une éthique qui ne coule pas de source

L’industrie cosmétiques pose un problème auquel on pense moins : le pillage des savoirs traditionnels. C’est souvent dans les savoirs des peuples lointains que les laboratoires puisent l’inspiration de leurs nouveaux produits, faisant même souvent de ces savoirs des arguments marketing. Qu’on pense simplement au monoï des vahinés ou au beurre de karité des Africaines. Les choses changent, là encore, avec les réglementations, qui imposent peu à peu que des négociations soient menées en amont avec les communautés détentrices des savoirs pour qu’elles soient indemnisées. Des labels comme Rainforest Alliance, Forest Garden Products Bioéquitable ou Fair Trade Max Havelaar intègrent ces critères de protection de la nature ou de commerce durable et équitable sur les ressources végétales. Mais les autres n’en tiennent pas compte, ne précisant pas souvent leurs filières d’approvisionnement.

Des repères

Ironie du sort, pour les cosmétiques, la mondialisation est peut-être bien une chance pour le consommateur. Pour pouvoir les diffuser sur le marché mondial, les fabricants de cosmétiques doivent depuis décliner la liste de leurs ingrédients conformément à une nomenclature commune, l’INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients ou Nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques). Définie par l’association internationale des professionnels du secteur, la CTFA (Cosmetic, Toiletry and Fragrance Association), elle n’est cependant pas facile quand on n’est ni chimiste ni botaniste. Car les ingrédients se traduisent dans la liste INCI dans deux langues, l’anglais et le latin, ou sous forme de codes… Les noms latins désignent souvent des substances d’origine naturelle comme l’eau (aqua) ou les extraits de plantes (dénomination botanique scientifique). Ils sont habi tuellement suivi des mots anglais : leaf (feuille), seed (graine), extract (extrait), oil (huile), wax (cire) pour désigner la partie utilisée de la plante. Parmi les plus couramment rencontrés, prunus armeniaca oil désigne ainsi par exemple l’huile d’amande d’abricot ou butyrospermum parkii butter le beurre de karité, tandis que l’hydrogenated castor oil est le petit nom de l’huile de ricin hydrogénée. Le latin n’est pas une garantie, car il ne désigne pas que des végétaux ! Il désigne des produits naturels beaucoup moins désirables comme… les sous-produits résultants de la distillation du pétrole. On distingue cependant ces derniers assez facilement : paraffinum liquidum désigne l’huile de paraffine, cera microcristallina la cire de paraffine, ces deux ingrédients étant connus pour obstruer les pores de la peau, voire déclencher des allergies. Les noms anglais sont pour leur part les noms des molécules chimiques ou de matières premières usuelles. Là non plus, à moins d’être bilingue, pas facile de s’y retrouver mis à part pour zinc oxyde (oxyde de zinc), honey (miel), éventuellement bee wax, cire d’abeille. Les codes à 5 chiffres précédés des initiales CI (Color Index) correspondent quant à eux aux colorants, sans distinction d’innocuité et de nocivité. À 7 chiffres, là on abandonne ! Ce sont des ingrédients dont le fabricant veut garder le secret et auquel l’INCI accorde un code. Dans cette confusion de substances, les cosmétiques biologiques ou naturels, toujours, font la différence : ils présentent des formules avec des ingrédients plus naturels, voire biologiques, une garantie d’exclusion des produits de la pétrochimie et des composés les plus toxiques, mais aussi une volonté de transparence pour le consommateur avec, en regard de la composition INCI, obligatoire depuis 1998 en Europe, la traduction du nom des ingrédients dans la langue du marché visé.

L’eau n’est pas comptée

La nomenclature INCI, en plus d’être opaque pour la plupart des consommateurs, a aussi ses limites : la quantité exacte des ingrédients reste inconnue, ainsi que leur origine géographique, leur mode d’obtention ou de fabrication. L’eau, par exemple, n’a pas de certification en bio. Or elle est loin d’être toujours puisée dans une source, comme le fait par exemple la marque Léa Nature avec sa gamme cosmétique à l’eau thermale de Jonzac. L’eau des ingrédients peut très bien être de l’eau déminéralisée, distillée, osmosée… ou simplement provenir du robinet. Toutes sont bonnes en cosmétique conventionnelle ou bio. Les chimistes vous diront que toutes les molécules se valent… Autre limite, les plantes, qui peuvent, si elles ne sont pas cultivées en bio, avoir poussé sur des sols contaminés aux pesticides sans aucune obligation d’étiquetage. Ou avoir été génétiquement modifiées. La lécithine par exemple peut provenir du soja, dont on sait qu’une grande partie est d’origine transgénique. Car, réglementairement, à moins de 1 % de la composition totale, comme dans les produits alimentaires, il n’est nul besoin de spécifier sur l’étiquette la présence d’OGM… En proscrivant les OGM et en privilégiant les plantes issues de l’agriculture biologique, les labels bio offrent a priori aux consommateurs des garanties précieuses, vérifiables sur l’étiquette : un ingrédient issu de l’agriculture biologique mérite dans la nomenclature INCI d’avoir un astérisque accolé à son nom. Enfin, même l’origine naturelle d’un ingrédient pose parfois question, les laboratoires de cosmétiques s’approvisionnant en ingrédients auprès de multiples fournisseurs, souvent situés à l’étranger et pas toujours transparents…

Parfum or not parfum ?

De nombreux cosmétiques bio ou conventionnels contiennent du parfum, pour être plus attrayants ou tout simplement masquer l’odeur du mélange chimique de la composition. Les parfums sont certes présents en très faible quantité (moins de 1 %), et les labels bio interdisent les parfums synthétiques. Mais, un parfum, même d’origine végétale ou animale, a besoin de produits chimiques pour être stabilisé, tels que… des phtalates (aujourd’hui interdits), des alkylphénols ou des éthoxylates d’alkylphénols. Dispensé d’étiquetage exhaustif par la réglementation, le parfum n’est mentionné que de façon très laconique par la mention générique fragrance (ou parfum) qu’impose la nomenclature INCI. Sa composition n’a pas d’obligation à être détaillée pour des raisons de secret industriel (le parfum est un mélange mis au point par des « nez »…). Il existe une exception : lorsque l’un des 26 allergènes listés par la réglementation européenne est présent dans sa composition, sa présence est mentionnée. Dans le doute, mieux vaut s’abstenir et préférer les produits parfumés avec des huiles essentielles (même si certaines contiennent les substances allergisantes à déclaration obligatoire) ou des hydrolats de fleurs, ce qui est d’ailleurs généralement précisé sur l’étiquette (la nature étant toujours mise en avant par des industriels qui n’oublient pas qu’elle est leur meilleur argument de vente !). La mention « non parfumé », elle, n’est pas une garantie : elle signifie simplement qu’il n’y a pas de parfums ajoutés, ou qu’il y a un ingrédient qui masque l’odeur des autres ingrédients dans le cosmétique. En cosmétique conventionnelle, le phénoxyéthanol reste utilisé. S’il est interdit en bio (sauf dans la charte du label Soil) la cosmétique bio continue, elle, d’autoriser l’alcool benzylique, un conservateur qui se trouve aussi masquer fort bien les odeurs…

La jungle des labels bio

Dans ce contexte d’opacité, les labels bio veulent apporter quelques garanties fermes au consommateur. Sontelles suffisantes ? Avec près d’une vingtaine de labels, le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas facile de s’y retrouver. Tous sauf Nature & Progrès autorisent des ingrédients de synthèse, certains comme Écocert autorisent même par dérogation des procédés issus de la pétrochimie et la plupart des labels gonflent le pourcentage d’ingrédients biologiques en incluant l’eau ! Tous les labels ne se valent pas, d’autant plus que la part du bio y varie, aussi, de 10 à 95 % ! À la source de cette variation, la confusion savamment entretenue entre le naturel et le bio. D’abord, naturel ne signifie nullement végétal. C’est simplement tout ce qui n’est pas artificiel. Le pétrole, par exemple, est un ingrédient tout à fait naturel. Comme l’aluminium, le bore, les silicones ou le propane. Si les ingrédients plus nocifs ou de plus mauvaises presses ont été interdits par la plupart des labels, on voit bien que la compréhension de la notion de naturel par les labels est plus qu’étendue… La plupart autorisent aussi des ingrédients « d’origine naturelle », c’est-àdire des ingrédients naturels qui ont subi des transformations physiques ou chimiques et dont les résultats n’ont plus grand-chose de naturel : une huile de palme estérifiée comme l’isoamyle laurate, par exemple, est considérée comme un ingrédient d’origine naturelle… La certification bio, elle, ne peut s’appliquer qu’à ce qui est cultivé – selon les principes de l’agriculture biologique, donc qu’aux végétaux et aux produits d’origine animale (lait…). Pas à l’eau, nous l’avons dit, et pas à des ingrédients minéraux comme les sels d’alun. Dans une volonté d’harmonisation européenne, et après plus de dix ans de discussions (sur fond de concurrence entre les marques) entre les labels européens – BDIH (Allemagne), Cosmébio et Écocert Greenlife (France), ICEA (Italie) et Soil Association (Royaume-Uni) – les labels Cosmos sont apparus en 2009 pour harmoniser les standards et faciliter le repérage des cosmétiques biologiques (Cosmos Organic) et des cosmétiques naturels (Cosmos Naturel) certifiés. Comme dans toute harmonisation, on peut cependant reprocher que les normes aient été abaissées à l’exigence minimale : les cosmétiques bio européens s’alignent sur une composition d’au moins 10 % d’ingrédients biologiques et autorisent 5 % d’ingrédients d’origine synthétique.

Des cosmétiques plus éthiques ?

Tous ces labels ne tiennent pas encore compte non plus de l’éthique des approvisionnements. Car la recherche d’actifs naturels dans les plantes n’est pas sans poser des questions plus larges : les plantes viennent souvent de l’autre bout du monde et posent des problèmes écologiques et humains. Sur place, elles risquent par exemple, à force d’être cueillies, de disparaître. Souvent, elles conduisent à l’exploitation des populations humaines : pour réduire les intermédiaires, les grandes marques installent sur place des « filiales » chargées de négocier en direct avec les producteurs locaux, faisant la pluie et le beau temps tout en se vantant, au mieux, de faire du commerce équitable ou éthique… En septembre 2009, un reportage d’une chaîne de la télévision allemande dénonçait Daboon, producteur colombien d’huile de palme notamment pour la marque The Body Shop (achetée en 2006 par L’Oréal). Ce reportage accusait Daboon d’avoir participé à l’expulsion par la force publique de 123 familles de petits paysans, dans le but de faire de la place pour implanter ses cultures de palmier à huile. Suite au scandale, L’Oréal a coupé les ponts avec son fournisseur colombien afin de ne pas ternir son image de marque auprès des consommateurs. Mais l’huile de palme, dont on connaît les ravages environnementaux, est irremplaçable, car très peu chère. Et entre dans la composition d’un grand nombre d’ingrédients cosmétiques, y compris autorisés en bio… de façon assez discrète mais très repérable comme en témoignent les dénominations en palm, lauryl, myrist voire stearat. Seul Nature & Progrès en exige la certification bio. S’il est déjà difficile d’être bio à 100 %, il semble l’être encore plus d’être écolo jusqu’au bout des ongles !

Encore du chemin à faire

On voit donc bien que le bio a su tirer vers le haut le conventionnel. De plus en plus de fabricants se conforment à son cahier des charges minimal. La cosmétique conventionnelle a elle-même su tirer avantage des normes et exigences des cosmétiques bio ou naturels en développant des produits moins toxiques pour notre santé. Il ne faut pas oublier qu’elle y a été contrainte par les réglementations environnementales, qui tendent à mettre les industries aux normes de la chimie verte… Pour autant, tout est loin d’être résolu en matière de toxiques, notamment en ce qui concerne les perturbateurs endocriniens qui menacent la fertilité de l’espèce humaine. Pour le conventionnel, le chemin risque d’être très long car les pouvoirs publics et les industriels traînent. Début 2013, une enquête publiée par les associations de consommateurs européens (dont l’UFC-Que Choisir) a inspiré nos sénateurs, au nom du principe de précaution, à demander au mois de juin dernier au ministre des Affaires sociales et de la Santé d’indiquer la position du gouvernement français face aux problèmes posés par ces substances, dont font partie les parfums… Sans doute parce que le marché des cosmétiques pèse son poids dans la balance économique, la réponse, à ce jour, n’a pas été donnée. Mais le travail est en cours : fin 2012, les perturbateurs endocriniens ont été inscrits au programme de la conférence environnementale, ils ont fait l’objet d’un groupe de travail et même d’une consultation publique du 20 août au 20 septembre 2013 afin que chaque citoyen puisse donner son avis. En attendant, les consommateurs ont tout intérêt à se fier aux labels biologiques, qui demeurent les plus rigoureux pour choisir des cosmétiques plus sains, voire plus écologiques et plus éthiques. S’il est important de rappeler que tous les labels ont été mis en place avant tout en réaction à la cosmétique conventionnelle, longtemps simple filiale de l’industrie chimique, il faut rappeler aussi que, sur ce nouveau segment de marché porteur qu’est le bio, des industriels repentis, « convertis » à une cosmétique plus propre, sont loin d’avoir le même niveau d’exigence que les marques historiques et les pionniers de la cosmétique bio comme Weleda, Cattier ou Lavera ou bon nombre d’entreprises plus familiales. Cela s’en ressent dans la jungle des labels verts – écologiques, biologiques, équitables ou solidaires… En clair pour le consommateur, les labels bio font une première partie d’un travail, à lui de faire le reste. Il nous appartient de ne pas nous laisser berner par de fausses assertions, de lire un tant soit peu les étiquettes et de rester vigilant sur la philosophie et l’éthique des marques auxquels nous accordons notre confiance.

Quelles normes pour les labels bio ou naturels ?

tous les labels bio interdisent le recours à des ingrédients végétaux issus d’OGM, l’ajout intentionnel de nanomatériaux ou d’ingrédients issus de la pétrochimie, l’exploitation des espèces végétales ou animales en danger et, comme tous les cosmétiques désormais, les tests sur les animaux. Pour le reste, difficile de comprendre ce qui les différencie… Pour se repérer dans la jungle des labels verts, comprendre certaines définitions est un passage obligé. On vous guide.

NATUREL Ingrédients présents en tant que tels dans la nature, non transformés ou transformés au moyen de procédés physiques autorisés par les cahiers des charges reconnus. Éléments végétaux, mais aussi minéraux, marins ou encore issus de la production animale. Et l’eau, bien sûr.

VÉGÉTAL Ingrédients issus exclusivement d’un végétal : il peut s’agir d’un extrait de plante, d’une huile, d’une huile essentielle…

BIOLOGIQUE Ingrédients issus de l’agriculture biologique, donc exclusivement végétaux ou animaux.

LE RESTE ? Ce sont des ingrédients synthétiques, obtenus en laboratoire par réaction chimique. Ils peuvent être artificiels… ou semblables à un ingrédient présent dans la nature, auquel cas ils sont dits « nature-identique » ou « naturelike ». Chaque label fixe ainsi (sauf Nature & Progrès et Demeter qui exigent 100 % de naturel) des listes positives d’ingrédients synthétiques autorisés. Selon leurs déclarations, les colorants synthétiques, parfums de synthèse et ingrédients issus de la pétrochimie sont interdits ; cependant aucun ne communique la liste exacte des composants interdits…

Chercher le bio

La plupart des labels ne mentionnent la part de bio que sur que la partie végétale et non sur l’ensemble du produit. Seuls deux mentionnent un pourcentage de bio minimum sur la part totale : Cosmébio (de 5 à 10 %) et Cosmos Organic (20 %). Mais ce ne sont justement que des minimums, là où les autres labels préfèrent viser le maximum

possible, tout en interdisant les ingrédients de synthèse.

Labels  Part bio sur ingrédients végétaux  Ingrédients  synthétiques

Nature & Progrès 100 % NON

Demeter, Agriculture bio-dynamique 100 % NON

NaTrue, Cosmétique biologique 95 % NON

Cosmos Organic 95 % OUI < 5%

Écocert, Cosmétique biologique 95 % OUI < 5%

Cosmébio, Bio 95 % OUI < 5%

NaTrue, Cosmétiques naturels en partie bio 70 % NON

NaTrue, Cosmétiques naturels – NON

Cosmos Natural – OUI < 2%

Écocert, Cosmétique écologique 50 % OUI < 5%

Cosmébio Éco 50 % OUI < 5%

Soil Association 70-95 % NON

BDIH 95 % OUI *

Bio Équitable 95 % OUI

Bio Solidaire 95 % OUI

Écocert ESR 95 % OUI

Cheveux : des teintures explosives

Aussi incroyable que cela puisse paraître, les ingrédients qui composent nos teintures capillaires sont sans doute les plus dangereux de toute l’industrie cosmétique : une raison suffisante pour trouver d’autres façons d’embellir nos crinières.

Au mois d’août, Carole M. a fait les frais d’un cocktail détonnant. En testant sur sa chevelure L’Ultra-Blond, dernier-né de la gamme Inoa de L’Oréal, cette coiffeuse professionnelle s’est très vite aperçue, au rinçage, qu’ils tombaient par paquets, se cassant à un centimètre du cuir chevelu, comme s’ils avaient été brûlés. Bilan des dégâts : des plaques de calvitie. En attendant que ses cheveux repoussent, Carole, comme beaucoup d’autres, a porté plainte contre L’Oréal et la teinture a été retirée du marché. « Résorcinol, EDTA, paraphénylediamine (PPD) ou dérivés de diaminophénol pour ne citer que quelquesuns des principaux constituants des teintures, furent des explosifs utilisés par l’armée avant d’entrer dans la composition des teintures capillaires ! affirme Rémi Guyomarch, fondateur de Terre de Couleur, marque de soins et colorations végétales. Le principe de la coloration conventionnelle est d’exploser la cuticule du cheveu pour que la couleur prenne directement sur la kératine. » Mais les teintures capillaires chimiques menacent à plus long terme encore nos bulbes capillaires : leurs résidus s’accumulent jusqu’à loin sous le cuir chevelu et pour longtemps. « À l’heure où 60 % des femmes et 5 à 10 % des hommes se teignent les cheveux, il n’est plus rare de constater lors des autopsies une couche noire de quelques millimètres d’épaisseur sous le cuir chevelu », rapporte France Guillain dans son livre « L’argile tout simplement ». Détonnant, mais pas étonnant : les produits présents dans les teintures chimiques sont classés comme mutagènes ou potentiellement cancérogènes ! On comprend mieux pourquoi elles ne doivent pas être utilisées sur les cils et les sourcils, sont déconseillées aux moins de 16 ans et formellement interdites aux femmes ayant déclaré un cancer. Les teintures capillaires ont été associées à un risque important de récidive…

Libérer ses bulbes !

Les colorations végétales ne sont pas toutes inoffensives, même le henné (Lawsonia inermis), susceptible de contenir des métaux lourds. Les marques 3 Chênes, Martine Mahé, Beliflor et Wella n’excluent que partiellement les produits dangereux*. Aujourd’hui, seules quatre marques sont considérées sans risques : Logona, Terre de Couleur, Marcapar et, depuis cette année, Nathalie Tuil Création, qui propose des soins et couleurs haut de gamme, sans aucune substance de synthèse. De quoi se refaire une jolie teinte et éliminer les résidus d’anciennes teintures chimiques.

* Source : enquête de Féminin Bio, juillet 2010. 2 1 novembre 2013 by adminBioinfo