Ce bio qui vient de loin…

Bonne nouvelle, la planète est de plus en plus « bio » : l’agriculture biologique s’y développe fortement, gagnant désormais quelque 20 % de superficie en plus par an selon le dernier rapport 2017 de l’Agence Bio. Le tout sous les bons auspices de la FAO (Food and Drug Administration) qui y voit désormais un moyen de vaincre la famine. À l’exemple de la région de Tigray en Éthiopie, où les terres, réhabilitées en bio, ont permis de redonner aux populations une autosuffisance alimentaire que l’on pensait perdue, après les terribles famines qui y ont sévi dans les années 80 .
On pourrait donc se réjouir que la « bio » s’épanouisse ainsi à grande vitesse. Malheureusement, la « bio » est loin d’être un critère suffisant pour les produits qui viennent de l’autre bout du monde. Les critères de certification n’ont d’ailleurs plus grand chose à voir aujourd’hui avec ceux des pionniers-fondateurs des années 60. Pire encore, pour entrer sur le marché économique mondialisé du bio (près de 100 milliards de dollars en 2018), certains pays en développement n’hésitent pas à faire des produits bio en agriculture intensive, sans grande considération ni pour les droits de l’homme ou de l’environnement : café, chocolat, quinoa, avocat…
Autant de denrées et de matières premières destinés aux consommateurs, le plus souvent des pays riches. Car les paysans n’ont souvent même jamais goûté ce qu’ils produisent. Tout part à l’exportation, pour approvisionner en matières premières l’industrie mondiale du bio .
Le bio, c’ est nécessaire…mais ça ne suffit plus ! Car il n’intègre dans ses critères ni la lutte contre la déforestation, ni celle contre l’accaparement des terres, ni la défense des droits de l’homme. Et nous qui pensions pouvoir acheter les yeux fermés biscuits, gâteaux, chocolat, café, sucre de canne, etc.. dès lors qu’ils sont estampillés de la si rassurante Eurofeuille ! Nous devons désormais aussi penser commerce équitable et protection de l’environnement. Certes, en cultivant bio, les agriculteurs d’ailleurs sont évidemment moins exposés aux pesticides – c’est déjà un grand progrès. Mais si nous continuons à consommer ainsi sans prendre en compte leur sort, ils pourraient bien finir par ne plus rien pouvoir cultiver du tout.

La suite de cette enquête a paru dans  le Hors-Série de juillet-août 2019 de 60 millions de consommateurs…

 

Pollution intérieure : préservez votre santé!

L’air extérieur est pollué, on le sait bien depuis longtemps…mais l’air intérieur, celui de nos home sweet homes l’est encore plus!
En cause, nos aménagements intérieurs et nos modes de vie : peintures, moquettes, revêtements de sol, meubles, tissus, autant de matériaux susceptibles d’émettre des polluants. Tout comme le tabagisme, la cuisine ou le ménage…Sans oublier la construction du bâti lui-même (amiante, plomb) ou sa situation particulière sur un site pollué.
La problématique , apparue tout d’abord aux Etats-Unis, en milieu professionnel, avec le « syndrome des bâtiments malsains », est aujourd’hui une problématique de santé publique. En France, un Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur a même vu le jour en 2001…
Mais comme son existence est aujourd’hui menacée et qu’ il ne faut pas compter non plus sur la législation pour nous aider à choisir des produits non polluants ( les obligations d’étiquetage, quand elles existent, ne sont pas suffisantes), autant commencer à agir par soi-même! Car il existe des moyens simples d’éliminer une partie de la pollution à la base, rien qu’en faisant les bons choix. Mais pour cela, encore faut-il être informés!
Cet ouvrage veut être un guide pratique pour aider chacun, pièce après pièce, à identifier les sources de pollution possible et à y remédier.

Recension : Magazine Elle , 5 mars 2020

  • Broché :200 pages
  • Dimensions  : 14cm X 1cm X 21cm
  • Poids de l’article : 282 g
  • Langue : Français
  • Éditeur :Le Particulier-Santé (23 mai 2019)
  • ISBN-10 : 9782357312456
  • ISBN-13 : 978-2-35731-245-6

Feuilleter un extrait?

Un autre canard disparaît…

Je signe ce mois-ci ma dernière contribution à Sens & Santé, magazine éphémère qui n’aura compté en un peu plus de 2 ans que 13 numéros.Pour ma part, j’y faisais les pages d’actualités santé, ainsi que des articles (j’y ai même réalisé un dossier, sur les allergies alimentaires, en mars 2018). Mon dernier est sur l’antigymnastique.

L’aventure était intéressante : ouvrir sur les manières alternatives de se soigner, éveiller sur de nouveaux modes de vie possibles, conscientiser chacun à l’importance de son propre bien-être…
Initiée au printemps 2017 par la rédactrice en chef de La Vie, la publication portée par Malesherbes Publications revendiquait son appartenance au groupe Le Monde, en partenariat avec Doctissimo. Avec le soutien de médecins reconnus comme Christophe André par exemple qui y tenait une chronique régulièrement.
Malgré un lancement prometteur et une courbe d’abonnés en augmentation, les ventes en kiosque ne suivaient pas : il faut bien dire qu’aujourd’hui, la concurrence dans ce domaine est très rude. Et qu’un journal neuf qui ne se vend pas n’est pas voué à un long avenir.
Première remise en cause, à l’été 2018 : les ventes du numéro de mars avaient été catastrophiques (comme celles de toute la presse d’ailleurs et indépendamment d’un flop purement lié au sujet des allergies alimentaires que j’aurais pu prendre personnellement ). Alors il a été décidé de suspendre la publication jusqu’à l’hiver. Et d’en changer la périodicité, de bimestrielle à trimestrielle. Et d’en changer la maquette.
Ces économies substantielles (au moins 25%) à la fabrication ont permis au magazine de tenir encore trois numéros. Et de se lancer dans des hors-séries. Et puis à la rentrée le couperet est tombé : le journal s’arrête. Seuls sont envisagés désormais quelques hors-séries thématiques.
Depuis le temps que je suis pigiste, évidemment j’en ai vu apparaître, disparaître , et même parfois ne jamais naître! , des publications. C’est à chaque fois un pincement au coeur. On est bien sûr triste de perdre un boulot. Mais on est aussi bien triste , même pigiste, détaché de la rédaction , de quitter une équipe qu’on appréciait..

Living Roof, histoire d’un jardin opensource sur un toit

 
Au tout début du mois de février 2016, le Living Roof a été démonté, après un peu plus de 7 mois d’existence sur le toit de la cité de la mode et du design. Cette installation temporaire visait à sensibiliser le grand public à l’agriculture urbaine, grâce à des modules développés en opensource.
1er février 2016. Sous un ciel gris mais doux d’hiver, le Living Roof quitte définitivement le toit de la Cité de la Mode et du Design. Cette résidence d’agriculture urbaine avait été installée au mois de juin 2015. Première œuvre du collectif Babylone, il a mobilisé une bonne dizaine d’associations, notamment Zone AH, Synterrea, Toits vivants, Vergers Urbains ou Miel de Quartier travaillant à une ville plus verte et regroupant architectes, urbanistes, designers, paysagistes, juristes, hackers, écologues, arboriculteurs, ingénieurs, jardiniers, biologiste, menuisiers, agronomes, permaculteurs, apiculteurs, récupérateurs, animateurs sociaux et développeurs, le Living Roof a été conçu « sur mesure », comme un système résilient, c’est à dire capable de fonctionner avec un minimum d’intervention humaine et en synergie avec son environnement. Il était constitué de différents modules, pour certains en expérimentation, présentés au grand public par des panneaux explicatifs et lors d’ateliers organisés pour initier petits et grands à la vie des poules en ville, à l’aquaponie, à la récupération des semences ou au lombricompostage. Depuis la mi-novembre, un arbre supplémentaire y agitait ses branches : un olivier, planté en hommage à Quentin, 29 ans, architecte et membre de Vergers Urbains, assassiné au Bataclan.

 

Des poules, des poissons, des vers…

Le poulailler modulaire (MAUDUL-R) a permis, au travers d’ateliers organisés, de sensibiliser le grand public à la vie des poules. Mais la gestion de ces dernières, Chantal, Michèle, Brigitte et Tania de leurs prénoms, s’est avérée perturbée par les protestations de protecteurs de la cause animale. Ainsi que par de malencontreux événements : en effet, elles sont toutes mortes, même si les sonos du Nüba et du Moonroof- les bars installés tout à côté et accueillant jusque tard le soir des noctambules parisiens- les ont dérangé moins que ce que l’on ne craignait. Une poule est morte en pondant son premier œuf, les autres, sous les griffes et les crocs de prédateurs, de rats notamment.. Seule la remplaçante de Chantal, une poule « diplomatique » qui avait coûté pas moins de 400 euros en frais vétérinaires en plein mois d’août, ( !) coule maintenant des jours paisibles à Ivry-sur-Seine, seule rescapée de cette expérience pas très concluante pour les gallinacées.

Les poissons des deux bacs d’aquaponie ont eu plus de chance – les défenseurs des animaux les ont laissé tranquilles : koïs, shubukins et carpes ont pu tranquillement nourrir de leurs déjections quelques cultures. Pareil pour les cyprinidés du mur végétal où poussaient sedum et salades. Qu’on ne s’y trompe pas, pourtant , l’aquaponie n’est pas si simple qu’il n’y paraît. Bien sûr, tout commence avec un bac à poissons avec des végétaux au-dessus. Mais la suite est un peu plus subtile : trop nourris, les poissons saturent les plantes en azote. Sans compter que le destin naturel des poissons n’est pas de nager dans de petits bassins. Même si peu se soucient de leurs états d’âme, c’est tout de même un peu comme si on les cultivait en mode bonzaï . Et faute de pouvoir s’épanouir pleinement libres dans un espace suffisamment grand, leur espérance de vie se réduit considérablement.

Les vers du bac à lombricompostage, réalisé avec l’école du compost ont quant à eux bien digéré les déchets végétaux du site et des restaurants alentours.

Des bancs, des bacs, une serre…et un jardin opensource sur un toit !

Sur les quelques centaines de mètres carrés alloués à l’espace du Living Roof, des modules de bancs-bacs, mixant des bancs de bois aménagés pour la détente les visiteurs aux bacs destinés aux plantations accueillaient petits fruitiers, plantes aromatiques, choux, salades , haricots verts, poivrons, tomates, courges,etc.. sans oublier les fleurs et les arbres fruitiers : pas moins de 22 arbres, principalement des pommiers et des poiriers, cultivés évidemment sans les produits phytosanitaires habituels de l’agroindustrie ! (ici on leur a préféré des remèdes traditionnels comme du bicarbonate de soude ou de la bouillie bordelaise). L’ensemble était agrémenté d’une pergola de bois, ainsi que d’une structure de tiges d’acier pour béton sculptées comme de l’osier (la cabane polypode®, conçue par De la plume à la bêche ).

La serre solaire connectée (Sunseek), développé par Solar coop en partenariat avec P2PFoodLab a pu fournir une photo par jour ainsi que les données d’hygrométrie à l’intérieur. Elle était supposée voir ses panneaux s’orienter en fonction de la course du soleil, mais tout n’a pas fonctionné comme souhaité, sans doute « un problème de puissance électrique du moteur, branché sur le secteur », selon Cyprien, l’un de ses concepteurs. Et puis, installer une serre, habituellement réservée aux situations de bas ensoleillement, en plein été, et sur le toit particulièrement bien exposé de la Cité de la Mode et du Design, était quelque peu insolite, tout de même !

Deux mois après son installation, le Living Roof a pu livrer « un petit quelque chose » aux journalistes présents à la conférence de presse du 25 août 2015. Pas une production délirante, loin de là. Rappelons que le jardin… avait raté le printemps ! Et que même les arbres, en deuxième année de croissance, n’étaient pas supposés produire de fruits. D’ailleurs, ce n’était pas là son but puisqu’ il visait avant tout à offrir un lieu de rencontres et d’échanges autour de l’agriculture urbaine.

Il a permis aussi de tester in vivo les différents modules opensource installés pour évaluer leur résistance à la prise au vent, aux intempéries, à la fréquentation du public, etc…Car les améliorations sont toujours possibles. Le mur végétal, par exemple et sa structure de 200kg, pesait environ 800kg. Grâce aux travaux menés sur le substrat nécessaire à la croissance des plantes au GreenLab de Jussieu, il gagnerait à être plus léger.

Le poids des installations est en effet un facteur limitant au développement des toits végétalisés. Question de portance. À la Cité de la Mode et du Design, la toiture peut supporter jusqu’à 500kg au m2. Le module aquaponique, sur 4m2, contenait à lui-seul près de 800 litres d’eau. Eau des bacs à poissons mise à part, le Living Roof nécessitait aussi 12 mètres-cube de terre ainsi que près d’une tonne de substrat organique (drêche, paille, etc…). Sans compter le poids des quelques 800 mètres linéaires de planches de bois issus de forêts tourangelles écogérées qu’il aura fallu pour construire tous les modules.

Bien sûr, il reste aussi les questions financières. Si la Cité de la Mode et du Design a alloué quelques 35 000 euros pour la concrétisation du projet, cette somme était quelque peu dérisoire « en regard du coût réel de l’ installation, qui a nécessité un investissement sérieux en bénévolat pour l’entretenir » comme le précise Bruno, de Zone AH! . Ce qui explique son avis quelque peu mitigé sur l’intérêt de l’expérience. Il n’en demeure pas moins que le Living Roof aura au moins pu présenter une jolie vitrine de l’agriculture urbaine. Quant au devenir de ce « Toit Vivant » , précisons que modules et plantations auront une seconde vie dans d’autres espaces développant l’agriculture urbaine, comme le toit de La Générale dans le 11ème arrondissement ou bien encore le site de l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul dans le 14ème. Ou, comme l’arbre de Quentin , sur l’esplanade Nathalie Sarraute, dans le 18ème arrondissement devant la halle Pajol, où Vergers Urbains a aménagé un jardin mobile.
Pour l’heure, du Living Roof , il reste les archives du site,  et toutes les photos!

L’agriculture urbaine, dans l’air du temps…

Il va sans dire que les villes bétonnées manquent de terres à cultiver alors que les toits des immeubles offrent des surfaces bien exposées qu’il serait dommage de ne pas exploiter. Rien qu’à Paris intra-muros, « une étude de l’Apur (l’Agence Parisienne d’Urbanisme) a recensé 80 hectares de toits potentiellement végétalisables », rappelle Sébasien, président de Vergers Urbains. S’il y en a sans doute bien plus, puisque cette étude exclut les toits de moins de 200m2, Paris aurait de quoi faire pousser sur ces toits quelques tonnes de fruits et légumes ! D’ailleurs, la végétalisation des cours de récréation des écoles, des toits et des murs des immeubles est inscrite au programme de la mandature de l’actuelle Maire de Paris. Qui vient d’ailleurs de lancer un appel à projets pour faire émerger 40 projets sur les bâtiments parisiens, dont 20 en agriculture urbaine, comme le rappelle notre confère du Parisien. Et même une ferme urbaine, à l’instar de la ferme Lufa (Lufa Farm) à Montréal (Canada), mise au point dans les années 2010 après quatre ans de recherches mobilisant une quinzaine d’ingénieurs, qui occupe un immeuble de 3 000 m² en plein centre ville et approvisionne ainsi toute l’année près de 2 000 habitants en plus de 40 variétés de fruits et légumes, commercialisés sous forme de paniers, à la manière de nos AMAP …ou de la ferme urbaine de Berlin développée par la start-up ECF-farmsystems et opérationnelle depuis 2014 et qui produit déjà chaque année 30 tonnes de poissons et 35 tonnes de légumes cultivés en aquaponie.

Un vrai expresso bio, c’est possible !

Le secret du café expresso et de la mousse couleur caramel qui le caractérise ? Une pression d’au moins 9 bars pour faire passer l’eau chaude au travers du café. Côté technique, il existe depuis longtemps des machines à porte-filtres, du type des percolateurs que l’on trouve dans les cafés. Mais elles imposent nettoyage et remplissage des filtres et coûtent plutôt cher à l’acquisition…

Retour aux années 1990. Nespresso, filiale de Nestlé, lance en Europe sa machine éponyme et les capsules qui vont avec. Enfin un café facile à faire, et excellent qui plus est ! Il est rejoint sur le marché par Senseo (Maison du Café), Tassimo (Grand-Mère et Carte noire) et Ek’Oh (Malongo), cette dernière étant la seule machine à expresso dont la fabrication respecte les principes du développement durable… Autant de machines « captives » imposant l’utilisation des capsules idoines. Et un beau volume de déchets, puisque les dosettes de café doivent être jetées après usage dans la poubelle verte, celle qui finit à l’incinérateur.

Les plus écolos ? Sans conteste Malongo, donc, mais aussi Senseo dont les capsules de cellulose peuvent être compostées. Malongo propose en outre un café équitable, qui peut être bio. Certes, les autres fabricants tentent de verdir leur image : Nespresso a mis en place en 2008 une filière de récupération et de recyclage (filière qui impose au consommateur de collecter et rapporter lui-même ses capsules) et Tassimo propose à ses adeptes de renvoyer les capsules utilisées par la poste.

Dégâts écologiques

Mais la plupart du temps, les dosettes à base d’aluminium et de plastique pourrissent l’environnement. Au point que l’inventeur de la K-cup, homologue américaine de la capsule Nespresso (développée par la société Keurig) a publiquement regretté son invention. Un film satirique sorti au début de l’année pour la campagne d’une ONG américaine, « Kill the K-Cup », rappelle qu’avec les 9 milliards de capsules produites en 2014 aux États-Unis, il y aurait eu de quoi faire 10,5 fois le tour de la Terre ! La France n’est pas mieux lotie puisqu’elle consomme près de 2 milliards de capsules chaque année, soit plus de deux fois plus qu’en 2007, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Des capsules génériques

Si, pour le plaisir d’un café « comme au café », votre mauvaise conscience écologique peut être ignorée, il n’en va pas de même de votre portefeuille. En effet, les capsules de ces machines à système propriétaire risquent vite de vous coûter les yeux de la tête. Bien sûr, leur prix d’acquisition est alléchant, près de deux fois moindre que les machines porte-filtres « libres ». Mais à la capsule, vous y perdrez ! À raison de 4-5 g de café environ par capsule (7-9 g pour Senseo), le prix du café s’élève à 70 €/kg pour Nespresso, à plus de 40 €/kg pour Malongo et Tassimo et à près de 30 €/kg pour Senseo, contre moins de 20 €/kg le « café moulu » classique !

On comprend mieux les intérêts de ces systèmes captifs, qui profitent surtout à leurs inventeurs. Les capsules génériques permettent de réaliser des économies substantielles, de l’ordre de 30 %, avec souvent de vrais bénéfices pour l’environnement. Mais elles ne sont disponibles que pour les systèmes Senseo et Nespresso. Pour ce dernier, dont les brevets sont tombés dans le domaine public en 2012, la marque Ethical Coffee, également distribuée sous les marques Casino, Leader Price et Monoprix, propose ainsi des capsules constituées de fibres végétales et biodégradables (norme EN13432, compos­ta­ble en six mois). Mais l’opercule contient toujours un peu d’aluminium. La marque se défend : « La pulvérisation d’aluminium déposée sur la membrane représente moins de 0,01 % de la masse d’emballage d’une capsule complète. Pour comparaison, avec l’aluminium utilisé pour la fabrication d’une seule capsule Nespresso, nous pourrions fabriquer environ 400 000 de nos capsules ! ».

On salue ici l’initiative de la marque Cap’ Mundo, sur le point de sortir une gamme entièrement biodégradable de capsules compatibles Nespresso, avec des fibres végétales issues d’amidon de maïs garanti non OGM et des opercules en cellulose, remplies d’un vrai café de torréfacteur… biologique ! On devrait la trouver dès la rentrée dans les magasins bio, les brûleries et les épiceries fines.

Vers du 100 % écolo ?

Plus malines encore, les capsules à usage unique à remplir soi-même du café que l’on souhaite (vous pouvez donc le choisir bio et équitable). Pour les machines type Nespresso, Capsul’in, une entreprise française, devrait lancer dès septembre 2015 des capsules en fibres végétales non OGM et biodégradables (jusqu’à la colle qui permet d’y fixer l’opercule en cellulose) et entièrement compostables. Une démarche environnementale impeccable et à prix tout à fait raisonnable : moins de 10 centimes la capsule vide, en conventionnel comme en bio.

La capsule en acier chirurgical de Mycoffeestar pour Nespresso va encore plus loin. Inventée par l’ingénieur suisse Erwin Meier, le premier à s’être lancé sur ce marché en 2012, elle est indéfiniment réutilisable (autour de 40 €). Primée par le Red Dot Award 2015 « Best of the best », un concours allemand de design international, elle doit cependant être nettoyée comme un porte-filtre de percolateur classique : elle est bouillante après utilisation, ce qui rend également difficile son usage en série. Pour les Senseo, des dosettes permanentes existent : en plastique, avec une grille tamisée, elles s’utilisent dans le support pour double dosette. C’est Melitta qui s’est lancée sur ce créneau avec son Padfilter, lavable au lave-vaisselle. Et depuis décembre, une machine à expresso automatique avec moulin à café incorporé, qui fonctionne sans changements de filtres ou de capsules. Un must à s’offrir pour 899 € (Varianza).

En attendant, les détenteurs de machines à capsules Nespresso et Senseo peuvent être rassurés. Pour les fidèles de Tassimo, hélas, rien…

 

Machines manuelles

Et le plus écolo est… l’expresso maison 

Un expresso, oui, mais à l’huile de coude ! La Minipresso GR de Wacaco, compacte et portable, contient tous les ustensiles nécessaires : dévissez l’ensemble, mettez votre café dans le porte-filtre, ajoutez de l’eau chaude dans le récipient inférieur, revissez et retournez le tout. Puis débloquez la pompe (semi-automatique) et pressez une dizaine de fois : vous atteignez au moins 8 bars, suffisant pour un expresso bien crémeux. Autre système manuel, l’Aeropress, qui fonctionne sur le principe de la seringue : vous mettez un filtre de papier puis le café et l’eau chaude avant de presser le piston au-dessus de votre tasse. Enfin, avec son look vraiment très design tout en inox, la Rok dispose d’un porte-filtre façon machine à expresso. Il suffit là encore de remplir le récipient au-dessus avec de l’eau chaude et d’actionner les deux bras sur les côtés, façon presse-agrumes. La pression obtenue est de 9 bars.

Minipresso GR, 50 €, www.wacaco.com. Aéropress, 35 €, www.aeropress.com. Rok, autour de 150 €, www.rokkitchentools.com.

 

Côteaux Nantais : 
voyage en biodynamie

 
Côteaux Nantais : 
voyage en biodynamie

(Photo ©Clara Delpas : Vue des rangs de pommiers avec les bandes enherbées fertilisantes.)

Remouillé, à 30 km de Nantes. Sous un petit vent frais mais un soleil printanier, la ferme de La Caffinière nous accueille : un havre de nature de 36 hectares, dont 7 de bois, où s’épanouissent parmi les pissenlits en fleurs des vergers de pommiers et de poiriers, quelques pêchers, des serres de fraisiers et des plantations de rhubarbe, la dernière acquisition des Côteaux Nantais. « Riche en silicium, en retrait de la route, ce terrain servait de pâture aux animaux, une garantie qu’il n’était pas aspergé de pesticides », explique Robert Dugast, l’un des trois associés que compte aujourd’hui l’entreprise, fondée en 1943 par Jacques Moreau et René Delhommeau.

Robert Dugast, enfant du pays issu d’un milieu agricole, a découvert la biodynamie à la fin des années 1980 à l’occasion d’une visite au Goetheaneum, le centre de recherche appliquée fondé à Bâle par Rudolf Steiner, père de cette technique de culture globale. Depuis, formé à Colmar au siège français de Demeter, association internationale d’agriculture biodynamique, Robert Dugast applique les principes de ce mode d’agriculture respectueux du cycle de la vie. « Nous essayons de reproduire ce que faisaient nos parents, explique-t-il modestement. Mais nous consultons aussi les cycles de la lune et nous dynamisons l’eau. »

Ni intrants ni engrais

Ici, les intrants ne sont pas autorisés, à l’exception de quelques rares préparations homologuées. « L’ail en pulvérisation suffit à lutter contre les parasites habituels. » Hopoclampe du pommier, drosophile du fraisier ou cloque du pêcher ne lui résistent pas. Même chose pour les fertilisants. « Au milieu de chaque rang, on installe une bande enherbée avec différentes espèces végétales comme le trèfle, qui capte l’azote de l’air et vient le restituer au sol. Et nous faisons notre propre compost ! » Et pour les campagnols ? Les renards ou les éperviers s’en chargent! Intercalées entre les rangées d’arbres, des haies de buissons, des chênes, des frênes et des sureaux leur offrent un refuge idéal et freinent la propagation des parasites.

Entre deux îlots de pommiers, une nouvelle plate-forme d’élévation électrique, silencieuse et non polluante, attend déjà la prochaine récolte pour acheminer les palox de pommes au bâtiment de stockage. « C’est la première machine de ce genre en France, spécialement aménagée pour nous par le constructeur italien », précise Benoît von Ossel, qui s’est associé à l’aventure des Côteaux Nantais en 1998. Sa longue expérience de businessman a contribué au développement de l’entreprise. Grâce à lui, les produits des Côteaux Nantais s’exportent en Europe, aux États-Unis, au Japon et aux Émirats arabes unis.

L’entreprise fournit un travail régulier à 111 salariés, auxquels s’ajoutent autant de saisonniers au moment de la récolte des fruits. Elle développe aussi une démarche solidaire, coopérant avec des instituts médico-éducatifs pour la cueillette des pommes ou avec les établissements et service d’aide par le travail (ESAT) pour la pose de coiffes sur les bouteilles.

2 500 tonnes de fruits

Direction Vertou, où tout a commencé. Le site n’accueille plus que les bureaux de l’entreprise, le centre de tri et l’unité de production des liquides. Les 20 hectares de verger qu’il comptait ne sont plus exploités, trop proches du périphérique de Nantes. Les vergers ont été installés sur d’autres communes de la région nantaise, à La Planche, Carquefou, Thouaré et Remouillé.

Les 96 hectares produisent chaque année entre 2 000 et 2 500 tonnes de fruits : 39 variétés de pommes et 7 de poires, ainsi que des coings, des pêches de vigne, des fraises, des kiwis, des prunes et de la rhubarbe. La moitié de cette production est vendue en frais. Le reste, auxquels s’ajoutent 2 500 tonnes d’autres fruits achetés par l’entreprise à des producteurs en biodynamie (abricots, mirabelle, framboises, fruits de la passion, bananes…), est destiné à la gamme variée des produits de transformation : jus, cidre, vinaigre, compotes, confitures et gelées.

Dans le hangar du centre de tri, un Fenwick dépose un lourd palox : 350 kg de pommes environ. Les fruits trop mûrs sont éliminés. Ils nourriront le compost installé sur le terrain d’en face. Les autres commenceront par être douchés à l’eau chaude (47-49 °C) durant trois minutes. Ce procédé de thermothérapie a été spécialement mis au point par l’entreprise. Il détruit les champignons tels que le gloeosporium qui se développe sur la peau des pommes.

Biodynamie moderne

Son apparente simplicité cache en réalité huit ans de mise au point. Placée dans le domaine public, l’invention a été récompensée en 2012 par les Trophées de l’Excellence bio organisés par l’Agence bio et le Crédit Agricole.
La suite des opérations est quasiment automatisée : les pommes mouillées défilent sur une machine gigantesque équipée de brosses et de rouleaux séchants, puis elles sont triées selon leur taille. Des employés procèdent ensuite à une ultime vérification avant de les placer manuellement dans des caisses. Elles sont ensuite dirigées vers la chambre froide pour être conservées naturellement, sans produits chimiques : l’atmosphère est contrôlée en oxygène et en azote ; un dispositif absorbe l’éthylène qu’elles produisent, afin de ne pas les faire mûrir trop vite. Ainsi l’entreprise dispose-t-elle de pommes toute l’année.

Fruits trop mûrs et trognons font du compost

Les fondateurs historiques des Côteaux Nantais se sont mis à produire du jus de pommes dans les années 1970 à la faveur d’une récolte de pommes qui risquait de pourrir… La machine d’origine a depuis été remplacée par une presse plus moderne, mais toujours aussi simple : les pommes passent entre deux tapis, le jus est récupéré aussitôt pour être mis en bouteille. En dehors du jus de pomme simple, l’entreprise produit également un pétillant aux pommes sans alcool (l’Apibul), du cidre et du vinaigre.

Bientôt un écovillage

L’unité de transformation, dernière étape avant la commercialisation, a déménagé en 2009 au Marché d’intérêt national (MIN) de Nantes. Dans ce lieu extérieur, les normes strictes de l’agroalimentaire imposent le port de la charlotte, des chaussons et de la blouse. Après un ultime tri des pommes (les plus abîmées repartiront pour le compost de Vertou), les fruits, juste coupés en deux, sont mis à cuire, à l’ancienne, dans de grands autoclaves. La préparation est ensuite tamisée, pour en extraire peau et trognons, également compostables. Puis, mélangée à d’autres ingrédients, elle sera mise en pots. Mais les recettes qui font le succès des Côteaux Nantais resteront secrètes.

Autour de l’ancienne ferme de 
La Caffinière, un écovillage 
devrait prochainement voir le jour. Il accueillera les enfants de la région pour les initier au maraîchage ou à l’apiculture.

 

Savoir-faire

 Un vinaigre mondialement réputé

 Michel Delhommeau, le fils de Jean, l’un des deux fondateurs, a créé l’unité de production de vinaigre de cidre, toujours à Vertou. « Le travail de trois personnes pendant quatre ans a été nécessaire pour mettre au point la technique », explique le troisième associé de l’entreprise. Rien à voir avec le vinaigre de cidre industriel, produit en moins de deux jours et pasteurisé. « Depuis 1985, c’est la même mer de vinaigre ! La fermentation à elle seule prend entre 22 à 25 jours. Quant à l’affinage, comptez entre six mois et un an », poursuit l’héritier des Côteaux Nantais. Résultat : un produit unique, le seul en biodynamie, qui s’exporte jusqu’aux États-Unis… Sept cents litres environ sont produits ici chaque jour, suffisant à peine à répondre à la demande mondiale !

 

En savoir plus : www.coteaux-nantais.com

Originellement paru ici https://www.bio-info.com/articles/societe/750-coteaux-nantais-voyage-en-biodynamie

Enfants : apprenez-leur à aimer les épinards… et le reste !

 
Enfants : apprenez-leur à aimer les épinards… et le reste !

Miam ! C’est sûr, vos lasagnes maison aux épinards et au chèvre bio vont régaler toute la famille. Vous les apportez fièrement sur la table quand votre petit dernier, trois ans, se met à crier fort : « J’aime pas les épinards ! ». La veille au soir, il n’a rien pris non plus, tout comme l’avant-veille… Vous commencez à être inquiet.

Vous êtes un peu au fait des dernières avancées de la psychologie de l’enfance, qui assurent qu’il ne faut pas forcer les enfants à manger. « En revanche, il faut l’obliger à goûter ! », affirme Nathalie de Boisgrollier, coach et auteure d’un ouvrage sur l’éducation bien­veillante publiée en octobre dernier, « Élever ses enfants sans élever la voix » (Albin Michel).

Lui apprendre à verbaliser ses goûts

Pour faire goûter, une cuillère à café suffit. N’expliquez pas tout de suite que ce sont des lasagnes aux épinards : laissez-le tester, comme si chaque nouveau plat était une surprise. Puis donnez-lui l’espace pour verbaliser. Il a évidemment le droit de ne pas aimer, mais pas celui de dire n’importe quoi. « On ne doit pas tolérer que l’enfant dise “Beurk, c’est nul” », appuie Nathalie de Boisgrollier. « Apprenez-lui à formuler plutôt “je ne trouve pas ça bon, je n’aime pas” et faites-lui décrire ses sensations : est-ce trop acide ? Trop amer ? » Surtout, ne vous découragez pas : les goûts changent avec le temps.

Au cours du repas, échangez autour de la nourriture, évoquez les plats que vous aimiez ou pas lorsque vous étiez enfant : vous montrerez que les avis peuvent changer et que goûter est un préalable indispensable à toute discussion culinaire. « Goûter quelque chose de nouveau, c’est apprendre à découvrir l’étrange », appuie Nathalie de Boisgrollier. « C’est un apprentissage essentiel pour pouvoir s’ouvrir à la nouveauté et à la rencontre avec l’autre. »

Le laisser se servir

Le repas, c’est surtout pour l’enfant l’occasion d’apprendre à bien se nourrir et à être autonome. « Il est important que l’enfant se serve lui-même sa portion », conseille la coach. Pour déterminer la quantité optimale qui lui correspond, une astuce : la cuillère à soupe. « À deux ans, l’enfant a le droit de se servir deux cuillères à soupe, à 3 ans, trois » et ainsi de suite, explique-t-elle. Bien sûr, l’enfant peut se resservir, mais toujours en petite quantité.

Surtout, ne dramatisez pas : s’il ne mange pas grand-chose, un enfant ne se laisse jamais mourir de faim ! Ce d’autant qu’« alors que les adultes ont besoin de rations quotidiennes, l’enfant équilibre ses besoins sur la semaine », précise Candice Lévy. S’il n’a pas d’appétence pour vos lasagnes, ne soyez pas vexé, il a le droit d’aimer ce que vous n’aimez pas, et réciproquement.

L’obliger sans faire de chantage

« Même s’il ne mange rien, un enfant doit rester à table », rappelle-t-elle, car « c’est un moment de convivialité, celui où la famille se retrouve, c’est essentiel ». Bien évidemment, à l’heure du repas, « tout le monde doit avoir un comportement cohérent » : pas question que l’un des membres de la famille se fasse un plateau-télé ! Pas question non plus de résoudre le problème du repas en cuisinant une portion de coquillettes au jambon à la place des lasagnes. Ou encore de faire du chantage avec la nourriture : il est inutile de le culpabiliser avec les pauvres petits enfants qui meurent de faim dans le monde ou de le priver de dessert s’il ne termine pas son assiette, ou bien encore de le récompenser avec une sucrerie s’il a bien mangé !

Le repas doit se dérouler dans le calme, et surtout durer suffisamment longtemps pour respecter le rythme des enfants. « Alors que les adultes expédient souvent le repas en vingt minutes, les enfants ont plutôt besoin de trois-quarts d’heure pour manger », complète Candice Lévy. Si, malgré tout, votre enfant continue de refuser de s’alimenter comme vous le souhaiteriez, gardez à l’esprit qu’en titillant ainsi votre anxiété, il vous invite peut-être tout simplement à vous pencher sur une problématique qui vous est propre et pour laquelle vous devriez peut-être consulter un spécialiste.

 

Fukushima : la contamination continue, mais les contrôles se relâchent

Trois ans et demi après la catastrophe nucléaire de Fukushima,   les produits japonais importés sont-ils sûrs? Oui affirment les autorités nippones. Mais le nouveau règlement européen baisse la garde sur les contrôles douaniers, tandis qu’un accord franco-japonais risque d’assouplir un peu plus les normes admissibles de radioactivité pour l’alimentation humaine ou animale. Précisions.

Dans la préfecture de Fukushima, réputée pour la qualité de ses produits biologiques, la vie tente de reprendre doucement son cours. Mais la peur de la radioactivité ne s’est  qu’en partie diluée avec le temps.  A la presque quatrième génération de végétation depuis l’accident,  les radioéléments sont loin de s’être volatisés, malgré les travaux titanesques  entrepris depuis 2012 par les autorités pour s’en débarrasser  (maisons passées au karcher, arbres  abattus et terre creusée sur 5cm). « La réalité, c’est qu’on ne sait pas décontaminer », affirme le Pr. Hiroiko Koidé, spécialiste de l’atome. Ce « Gandhi » japonais milite depuis 40 ans pour l’arrêt du nucléaire. La contamination, mise en sacs et en  décharges revient aux premières pluies, ou au gré des caprices de la centrale elle-même, toujours hors de contrôle depuis l’accident, et qui continue de fuir.

Des « normes » pour accepter le risque nucléaire

Pour être exportables, les produits japonais doivent respecter des normes admissibles de radioactivité. Ces normes ont été fixées par le Codex Alimentarius[2] afin de préserver les intérêts du commerce mondial, même en cas de contamination nucléaire accidentelle des aliments destinés aux hommes ou aux animaux par le césium. « Les normes ne sont qu’un critère administratif que l’on donne à croire scientifique. Rien à voir avec une limitation de vitesse qu’il suffirait de respecter pour conduire en sécurité !   précise Yves Lenoir, président des Enfants de Tchernobyl Belarus. Car avec les radioéléments, le problème est  l’accumulation biologique.  “En mangeant des produits contaminés, on augmente peu à peu la radioactivité interne du corps, explique le scientifique. “Or   certains organes la concentrent   jusqu’à 10 fois plus que la moyenne corporelle, ce qui peut provoquer des lésions au bout d’un certain temps d’intoxication chronique.”  

Fin des contrôles douaniers 

Le nouveau règlement européen adopté le 1er avril 2014, relâche la bride sur les produits nippons : il n’exige plus de certificat d’analyse de conformité aux normes de radioactivité, sauf pour les champignons, dont on sait qu’ils accumulent les radioéléments, et pour les produits provenant de la préfecture de Fukushima, qui continue d’avoir mauvaise presse, puisqu’elle a eu le malheur d’héberger sur ses terres la centrale éponyme. Pourtant, la contamination s’est étendue bien au-delà de Fukushima, aux alentours de Tokyo, par exemple, à 225km de la centrale. « Au Japon, nous continuons d’analyser la nourriture, explique Wataru Iwata, co-fondateur du CMRS, organisme citoyen de mesure de la radioactivité, et nos appareils décèlent des traces de contamination, souvent loin de Fukushima! »

De plus, le règlement européen prévoit l’allègement des contrôles douaniers, le Japon ayant su gagner la confiance des autorités européennes, avec, ces deux dernières années, moins de 1% de produits non conformes détectés. Produits de la pêche, plantes sauvages comestibles, légumes, fruits, riz et soja, produits transformés et dérivés  (bière, tofu, sauce soja, umeboshi, thé) sont désormais exportés sur la seule bonne foi des autorités nippones.

Qui rassurera les consommateurs ?

Les importateurs restent confiants : «  A Saitama, au Nord-Ouest de Tokyo, ils n’ont pas eu de chance, rappelle Esther Miquel, gérante de la société Koedo qui ouvrira un restaurant de « bento » japonais à Issy sur Seine en janvier prochain. Seules les montagnes ont en effet touchées par le nuage, mais toute la préfecture a été considérée comme contaminée. C’est justement dans cette province que se trouve le producteur « de la plus délicieuse des sauces sojas qui existe », selon elle. Depuis 2012 qu’elle traite avec lui, elle assure que « tous les lots sont assortis des certificats d’analyse qui garantissent le respect des normes de radioactivité».  ISSE Workshop  semble en revanche ne pas être au courant de la nouvelle réglementation ( !) tout en certifiant n’importer que des produits contrôlés. Foodex n’a pas pris la peine de nous répondre.

Et le « Bio » japonais ?

On peut être rassuré !  Celnat, qui ne s’approvisionne que dans le Sud du Japon (non contaminé), certifie la contamination zéro de ses produits, continuant même de les faire analyser en France par des laboratoires indépendants. 

Clara Delpas

Le bilan de Fukushima

En mars 2011, l’explosion de trois réacteurs nucléaires, équivalente à 168 fois la bombe d’Hiroshima, a formé un nuage noir gigantesque de particules radioactives dont, « par chance », la plus grande partie (84%) est retombée dans l’océan Pacifique,  le reste se déposant « en taches de léopard »,   suite aux pluies et neiges de saison, sur près de 14 000 km2 de terres dans l’archipel[1]. Bilan : outre la préfecture de Fukushima, 13 autres préfectures japonaises ont été touchées, sur les 47 que compte le territoire. Quant à l’océan, le Césium s’y serait tout simplement dilué ou bien tombé au fond, là où les poissons ne vont pas …

La France plus laxiste que l’Europe pour les produits japonais ?

La France  a signé en mai dernier  avec le Japon un accord pour un « rapprochement des économies et de la croissance », se déclarant même à une révision des normes admissibles concernant la radioactivité des produits japonais, dont les aliments. Dénoncé aussitôt par EELV, ce point revient dans l’actualité : le 16 octobre dernier la sénatrice socialiste du Haut-Rhin,  Patricia Schillinger, a interpellé le gouvernement, qui  n’a pas encore répondu …    

Fin  du certificat d’origine géographique pour le thé japonais

Le nouveau règlement européen sur le contrôle de la radioactivité des aliments en provenance du Japon (voir Focus) dispense depuis mai dernier les producteurs japonais non seulement de fournir les certificats d’analyse mais aussi les certificats d’origine géographique des feuilles de thé, qui concentrent pourtant les radioéléments plus ou moins selon les préfectures. Il ne nous reste plus qu’à faire confiance aux maisons de thé japonaises , qui, souvent en place depuis des générations, ne se risqueraient certainement pas à un quelconque  scandale lié à la découverte fortuite d’une radioactivité excessive …


[1] Selon l’estimation de l’équipe du Dr. Nobuhiro Sawano de l’Université de Kanazawa Seiryo

[2]à 100bq/kg pour les aliments pour adultes, depuis 2012 (le bq ou becquerel mesure le nombre de désintégrations radioactives survenant en une seconde dans un matériau contaminé)

Diane 35 : Un scandaleux retour

Mise sur le marché comme traitement contre l’acné, elle était prescrite comme pilule contraceptive. Après avoir été reliée à plus de cent accidents vasculaires, mortels pour certains, elle a été interdite en France début 2013. Un retrait de courte durée puisqu’elle est de nouveau disponible dans les officines depuis mi-janvier.

Emballage, nom, présentation, composition et stratégie marketing, Diane 35 a été dès son lancement la « pilule qui donne une belle peau ». Avec ses 2 mg de cyprotérone (un progestatif actif contre l’acné) et ses 35 μg d’éthinylestradiol (d’où son nom Diane 35), elle se présente comme un antiacnéique puissant, doté de propriétés contraceptives. Sauf qu’officiellement, Diane 35 n’a jamais été une pilule contraceptive mais seulement un médicament contre l’acné… Et c’est pour cette seule indication qu’elle a reçu son autorisation de mise sur le marché en France en 1987.

Six fois plus dangereuse

Dès les années 2000, des chercheurs britanniques ont montré que la cyprotérone exposait à un risque d’événements thromboemboliques (phlébites ou embolies pulmonaires) particulièrement élevé… « Diane 35 présente six fois plus de risques de provoquer un accident vasculaire que la pilule classique », précise le Pr Henri Joyeux. En France, «  la Haute Autorité de santé a signalé le problème il y a dix ans, mais il aura fallu des morts pour que l’alerte soit enfin donnée… par les médias ! » souligne Claude Reiss, ancien chercheur au CNRS et fondateur d’Antidote Europe… Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), en vingt-cinq ans, 125 cas de thromboses (caillots) veineuses, dont quatre mortels, lui sont directement imputables.

L’UE court-circuite, Bayer gagne

L’alerte des médias a au moins eu pour conséquence le retrait immédiat de Diane 35 (distribuée depuis 2008 par les laboratoires Bayer) et de ses 135 génériques, dès la fin janvier 2013, par l’ANSM. Mais comme pour des raisons réglementaires, aucun pays de l’Union européenne n’a le droit d’interdire un médicament sans en référer à l’autorité communautaire, le dossier fut confié à l’arbitrage de l’Agence européenne du médicament (EMA).

En mai 2013, le Comité de pharmacovigilance et d’évaluation des risques (PRAC) de cette institution concluait ainsi que le rapport bénéfice-risque de Diane 35 était favorable chez les patientes souffrant d’hirsutisme ou d’une acné résistant aux traitements. Autrement dit que, limitée à ces indications, cette pilule peut continuer à être prescrite ! Même si, en plus d’être à haut risque thromboembolique, son efficacité sur l’acné reste discutable, tout comme son pouvoir contraceptif (et pour cause,  celui-ci n’a jamais été évalué !)…

Le 30 juillet 2013, la Commission européenne a imposé à la France de laisser Bayer remettre sa Diane 35 sur le marché, ce que le laboratoire a fait en janvier dernier. Si Diane 35 ne peut plus être prescrite que comme antiacnéique contraceptif (et non plus comme contraceptif antiacnéique…), tout comme ses homologues, osons dire qu’elle ne devrait plus l’être du tout !

 

Miel de Manuka, le plus pro des antiseptiques

Le miel de Manuka est un miel aux propriétés antiseptiques scientifiquement reconnues. Disponible en France, depuis quelques années, il reste rare et cher. Qu’a-t-il donc de plus que les autres miels, dont les propriétés antiseptiques, connues depuis l’Antiquité égyptienne, les font déjà utiliser dans le monde entier depuis des décennies dans de nombreux services de chirurgie hospitalière ? Comment bien le choisir et bien l’utiliser ?

Le miel de Manuka possède des propriétés antiseptiques remarquables : il est souverain pour traiter des infections bactériennes en tout genre, des plaies qui cicatrisent difficilement aux angines et bronchites récidivantes en passant par la prévention des caries dentaires ou la guérison des ulcères gastriques, dus à la bactérie Helicobacter pylori. Selon l’affection, on l’applique directement sur les plaies ou on le mange à la petite cuillère…

Aujourd’hui, on sait que tous les miels contiennent naturellement de l’eau oxygénée (ou peroxyde d’oxygène), d’où leur activité antibactérienne dite peroxydique, ainsi qu’une molécule aux propriétés anti-inflammatoires et antibactériennes très puissantes, le méthylglyoxal (MGO). Mais, alors que dans les miels classiques, la concentration de MGO oscille de 1 à 5 mg par kg, elle peut atteindre 800 mg par kg dans le miel de Manuka. Cette concentration élevée est liée à son origine botanique particulière : les abeilles de Nouvelle-Zélande le fabriquent en butinant les fleurs roses et blanches du Manuka (Leptospermum scoparium), un arbuste endémique de l’île, cousin du Tea-tree cher aux aborigènes d’Australie.

Comment choisir son miel ?

« À partir de 100mg/kg (UMF 10+),  le MGO joue son rôle antibactérien », affirme David Lechaux, chirurgien de l’appareil digestif à l’Hôpital Yves Le Foll de St Brieuc. Inutile donc d’aller chercher les indices les plus élevés, et donc les miels les plus chers….

Mais, question subsidiaire, comment être sûr de la qualité du miel de Manuka que l’on achète ? David Coirot, le PDG de Comptoir et Compagnies qui importe depuis 2009 du miel de Manuka en France, délivre sur demande les certificats d’analyse du laboratoire néozélandais qui teste les lots de miel qu’il importe. Tout comme Family Mary, qui commercialise aussi du miel de Manuka mais effectue ses propres analyses. Aux clients de leur faire confiance, même si, au prix du miel, ils pourraient au moins donner la traçabilité du miel qu’ils importent : d’où vient le miel, du Nord ou du Sud de l’île, et par qui est-il cultivé ? Des informations élémentaires que les importateurs français de miel ne se risquent pourtant pas à dévoiler, afin, disent-ils, de préserver leurs sources d’approvisionnement sur ce marché hautement concurrentiel… Malgré un contexte agité où les fraudes sont de plus en plus fréquentes, puisqu’il se vend aujourd’hui plus de Miel de Manuka dans le Monde qu’il n’en est produit dans son pays d’origine : en 2013, 10 000 tonnes ont été vendues pour 1700 tonnes produites en Nouvelle-Zélande ! Après la saisie l’été dernier de miels de Manuka frauduleux au Royaume-Uni et à Hong Kong, le gouvernement néo-zélandais planche sur la mise en place de nouvelles garanties. Des mesures que les consommateurs attendent avec impatience pour pouvoir enfin acheter du miel de Manuka, sans avoir à se demander au préalable si c’est vraiment du miel de Manuka !

Encadré La qualité antibactérienne d’un miel de Manuka peut être certifiée soit par sa concentration en MGO soit par son activité antibactérienne non péroxydique, donnée sous forme d’un indice, UMF® (pour Unique Menuka Factor), marque réservée aux adhérents de l’UMFA en Nouvelle-Zélande ou IAA (Indice d’Activité Antibactérienne), développée par Comptoir et Compagnies.

 Bioinfo Mars 2014