Pourquoi j’ai jeté tous mes ustensiles de cuisine en plastique noir…

19 décembre 2024 . Figurez-vous que, informée d’une étude internationale pointant le danger des ustensiles de cuisine faits de plastique noir – tout pleins de « Black Carbone » ou «charbon suie », un composé toxique car contenant un peu tout et n’importe quoi, et notamment du déchet électronique – j’ai jeté tous les ustensiles de cuisine faits de plastique noir « à la jaille ».

Ou plutôt , je les ai apportés à ma Ressourcerie préférée en faisant la maline à leur dire « Surtout, ne les mettez pas au rayon vaisselle, ces trucs sont toxiques. Si je vous les rapporte, c’est qu’on peut pas les recycler il parait et je ne sais pas quoi en faire. »

Les ustensiles de cuisine de plastique noir seraient susceptibles de relarguer des perturbateurs endocriniens dans les aliments avec lesquels ils sont en contact…

L’origine de l’avertissement, c’était un article très sérieux de la revue scientifique « Chemosphere» paru en octobre 2024 (1). Les chercheurs avaient mesuré le relargage de retardateurs de flamme bromés contenus dans ces plastiques noirs. Et conclu que dans certains cas, de dangereux seuils de toxicité étaient atteints. Et que l’homme pouvait ainsi se contaminer par voie alimentaire, suite à la migration de ces dangereux composés dans la nourriture , depuis les ustensiles servant à la touiller. Seule solution : par prudence, se débarasser des dits ustensiles.

Mais le plus sérieux des chercheurs n’est pas à l’abri d’une erreur de calcul – ce qui non seulement aurait pu faire une jolie fable de la Fontaine mais aussi  me rassure, très égoïstement, ayant pour ma part toujours été nulle en maths… Et il se trouve que dans le numéro de décembre du même Chemosphere (2) , les auteurs se confondent en excuse de s’être trompés d’échelle (de valeurs) , et pas qu’un peu puisque c’est d’un facteur 10 – ça la fout mal !

En fait, ils se sont trompés en faisant une multiplication afin de  calculer la dose limite à laquelle peut être exposée  un adulte de 60 kg . La norme américaine étant de 7000 nanogrammes / kg/ jour, c’est pour un adulte de 60kg  une dose 60 fois journalière 60 fois plus élevée qui peut être tolérée, soit   420 000 nanogrammes par jour . Mais les chercheurs l’ont évaluée à   42 000  nanogrammes,   dans leur article initial ! La bourde !  Les ustensiles de cuisine les plus contaminés n’exposent pas à une migration supérieure à plus de  34 700 nanogrammes de composés bromés dans les aliments , ce qui serait  toujours moins que les « valeurs autorisées » pour un adulte de 60kg.  Mais qu’en est-il pour les enfants ? Et, par ailleurs, les experts notent que les taux de composés bromés migrant de ces produits ne sont pas très clairs.

Après, évidemment, on peut se demander sur quelles bases ont été fixées ces  « valeurs autorisées », s’agissant de composés perturbants notamment les fonctions endocriniennes, on peut supputer qu’elles sont de toutes les manières probablement toujours trop élevées. Mais les fabricants d’ustensiles de cuisine en plastique noir, qui avaient probablement eu quelques suées à lire l’article initial,   doivent être désormais rassurés.  Même si, comme tous les marchands de doute, certains scientifiques ne manquaient pas d’  expliquer que quand bien même les valeurs limites seraient dépassées –  ce qui arrive parfois tout de même ! –  il ne s’agirait pas de confondre risque et danger, citant à l’appui les habituels exemples :  un couteau n’est pas une arme tant qu’il n’est pas utilisé comme tel ou encore un requin n’est dangereux que si l’on se trouve dans l’eau à côté de lui  – s’il est dans la mer, et qu’on se trouve dans son canapé on ne craint rien. Cela va sans dire – mais ça va mieux en le disant, aurait dit Pierre Dac. Avec l’ erreur  reconnue des auteurs de l’étude, cette dernière a évidemment beaucoup moins d’impact.  

En tant que consommateur, cela ne suffira évidemment pas non plus à nous convaincre que   les normes relatives à des produits chimiques sont fixées « pour nous protéger ». On sait bien qu’elles sont établies  de manière plus arbitraire que scientifique, principalement pour permettre la mise sur le marché de produits toxiques qui ne devraient pas s’y trouver. En somme, à quoi servent -elles si ce n’est à délimiter un « seuil d’empoisonnement acceptable » ?

Et on aura beau rappeler que l’étude ne mentionnait pas plus de  8% des ustensiles   particulièrement contaminés, cela ne suffit pas à nous rassurer.  Car quand on tombe sur un ustensile contaminé, ben , …c’est 100% !

Finalement, même si l’erreur est humaine, le seul moyen d’être certain de se prémunir des risques des ustensiles de plastique noir…c’est ou de s’en débarasser, ou de les laisser pendus à leur crédance, façon déco – c’est pas très joli quand même et pis ça prend d’la place.

Que sont  les erreurs de calcul de chercheurs qui sont supposés vérifier leurs calculs si ce n’est    la  preuve flagrante ou de  l’étendue de leur ignorance ou de leur soumission aux intérêts industriels ? Je ne regrette pas m’en être débarassé, tout cela suggère plutôt de  ne pas s’en servir !!

 (1)Megan Liu, Sicco H. Brandsma, Erika Schreder « From e-waste to living space: Flame retardants contaminating household items add to concern about plastic recycling » Chemosphere, Volume 365, October 2024, Pages 143319

(2) Megan Liu, Sicco H. Brandsma, Erika Schreder « Corrigendum to ‘From e-waste to living space: Flame retardants contaminating household items add to concern about plastic recycling’ [Chemosphere 365 (2024) 143319] »

« The Substance », ou la dualité de la moi-elle

14 décembre 2024 – Un body-horror français? C’est ce qui m’a poussé à aller voir ce film de Coralie Fargeat. À la fois fiction sur le « dur désir de durer » et romance féministe autour de la vengeance d’une femme, « The substance » (en anglais dans le texte) , propose une allégorie de l’elixir de jeunesse et de la fontaine de jouvence, version Doppelgänger . L’histoire, en 3 mots : Elisabeth Sparkle dure depuis trop longtemps , on l’a virée de son émission de télé ; après avoir eu un méga accident de voiture en rentrant chez elle – elle n’arrive même plus à conduire sa vie! – , à l’hosto, un infirmier tâte son dos , mais ce n’est même pas pour la draguer. Il la juge « compatible », il lui dit mystérieusement que « ça a changé sa vie ». L’ex-star rentre chez elle, trouve dans sa poche une clé USB titrée the Substance qui lui parle « d’une meilleure version d’elle-même » qu’elle peut générer grâce à elle. Après quelques hésitations, elle se procure le kit, dans un vieil entrepôt désaffecté , et se l’injecte. Un clone d’elle (en plus jeune donc plus belle) lui sort de l’échine dans une scène digne d’Alien, comme une sorte d’enfant dans le dos? La règle, c’est l’alternance : 7 jours pour la version jeune, 7 jours pour la version vieille. Et il s’agit d’une seule et même personne. Sauf que la version jeune et belle finit par se prendre pour un individu, elle utilise la version veille comme substrat pour se régénérer, et la « pompe » au sens littéral, dans la moelle (la substantifique moelle?) . Quant à la version vieille, celle qui a décidé de l’expérience, elle se trouve à chaque fois qu’elle retrouve son état, comme dépossédée d’elle-même, se sentant remplacée, niée, c’est-à-dire…reléguée au rang où on l’a placée depuis le début ! Son état mental, loin d’évoluer, devient de plus en plus psychopathique. Elle cherche à marquer son territoire, en bouffant n’importe quoi, en faisant n’importe quoi dans son appartement. Au point de devenir de plus en plus haïssable à sa version jeune. Cette dernière devient une rivale qui la met en danger. et la fait vieillir de plus en plus vite. Pourtant, rappelle le mystérieux interlocuteur qui gère le service après-vente de the substance, les « deux sont une », elles sont une seule et même personne. Comme la dualité que nous pouvons porter en chacun de nous, ces deux parties sont cependant rivales et ennemies, jusqu’à s’anéantir l’une et l’autre. La belle ne pouvant pas exister sans la bête. Tandis que la bête , pour pouvoir continuer à vivre, doit accepter de tuer la belle …

Qui est derrrière l’expérience? Une scène nous montre Elisabeth Sparkle prendre un café dans un restau situé non loin du hangar où elle s’approvisionne en kits pour poursuivre l’expérience. Et…son voisin semble être la version vieille de l’infirmier qu’elle avait vu à l’hôpital, son portefeuille tombe, il a une carte d’approvisionnement portant le code 207. Elisabeth a le code 503… on suppose ainsi qu’ils sont plusieurs centaines à prendre la substance …et se sont fait avoir . Car tous se retrouvent confrontés au même problème, se vivant relégués à l’arrière plan par la meilleure version d’eux-mêmes. Mais comment espérer rester intègralement bien avec soi-même quand on ne rêve que d’ être quelqu’un d’autre? The substance questionne aussi l’amour de soi …

Corée du Sud : non, le robot de la mairie de Gumi ne s’est pas suicidé!

L’intelligence artificielle explose… mais est-ce une excuse suffisante pour que les journalistes se laissent aller à la bêtise naturelle? À l’heure où l’on combat de manière si véhémente les fake news, ils ont, et dans le monde entier, rivalisé de débilité en évoquant l’histoire de ce « robot fonctionnaire municipal modèle à la mairie de Gumi, qui se serait suicidé, en se jetant dans les escaliers, victime de harcèlement au travail ou de Burn-out… »

Le 20 juin 2024, aux alentours de 16h, le robot de la mairie de Gumi a été retrouvé en pièces détachées au pied des escaliers allant du deuxième au premier étage (et réciproquement). Peu avant, les employés l’auraient vu « tourner en rond près de l’escalier, comme s’il y avait quelque chose »…. Le robot était en service depuis le mois d’août 2023. Mis au point par la société californienne Beat Robotics, il avait été construit dans l’ usine, Inbots, située à Gumi, ville industrielle du centre de la Corée du Sud qui aimerait devenir le fleuron de la robotique, prochain moteur de croissance économique du pays. Rapportée par le Daegu Ilbo le 23 juin, cette histoire a été reprise dans la presse mondiale, et notamment en France, où du tout premier article paru - celui du Parisien, au Figaro en passant par Libération … on a pu y lire une accumulation de conneries monumentales.

Un employé à part entière?
Première idiotie, les coréens considéraient le robot comme leur semblable, comme un employé municipal. Voici ce qu’écrit l’article du Parisien : « le robot avait tout d’un employé comme les autres depuis sa nomination août 2023. Il travaillait de 9 heures à 18 heures et possédait même sa propre carte d’agent de la fonction publique. À la différence d’autres androïdes cantonnés à un seul niveau, il pouvait appeler l’ascenseur et passer d’un étage à un autre. »
Notons l’utilisation du terme « androïde », qui désigne un robot d’ apparence humaine. Une simple photo  aurait levé l’ambiguïté, car ce robot n’a rien d’humain, et a fortiori ne saurait être confondu avec un employé municipal.

[Image générée par l'IA de Leonardo] La vraie image du robot est ici ( site du Daegu Ilbo)

C’était juste une machine achetée par la mairie, pour faire la navette entre les quatre étages de la mairie afin de distribuer courrier et documents administratifs entre les services , tout en diffusant sur son écran LCD les informations municipales. Si la machine était dotée d’un badge , comme les employés de la mairie, c’était - suffit de réfléchir un peu à comment marchent les ascenseurs dans les administrations ! - pour lui permettre de prendre l’ascenseur de manière autonome . D’ailleurs, comment peut-on écrire, s’agissant d’une machine, qu’il « travaillait » de 9 heures à 18 heures? En omettant de parler des vrais fonctionnaires ou techniciens humains qui devaient appuyer sur son bouton marche le matin, et le mettre en charge la nuit …

Une machine douée de « raison »?
Deuxième bêtise, il s’agirait d’un suicide, le premier suicide de robot recensé, et l’affaire ferait la une de tous les journaux en Corée. L’officielle et fiable (?) France Info n’hésite pas à nourrir le mensonge en concluant ainsi sa chronique : « la presse se demande très sérieusement et en première page : "pourquoi ce fonctionnaire assidu a agi de la sorte", ou encore "le travail était-il trop dur pour le robot ? ».  Que nenni si ce n’est à vouloir vraiment faire passer les coréens pour des idiots! Ou à confondre tout simplement «  une de journal » et « commentaire d’article » !
Car une chose est vraie : les internautes coréens se sont bel et bien déchaînés au bas de l’ article du Daegu Ilbo ! Grâce à DeepL, merveilleux logiciel de traduction, on peut saisir l’essence de ces commentaires défouloirs : « le robot s’est sûrement tué parce qu’il en avait eu marre d’avoir trop de travail » ; « l’enquête devra vérifier qu’il ne s’agit pas d’un cas de harcèlement » ; « C’est moi qui l’ai poussé par derrière »; «  Et voilà où passent nos impôts » ; « Il dort dans les escaliers, c’est logique, c’est le chef» ; « C’est sûrement un meurtre » ; « Que la ferraille repose en paix »

 [Image générée par l'IA de Leonardo] Le robot de la mairie de Gumi n'était pas un androïde. Et il ne s'est pas suicidé! La vraie image du robot après sa chute est ici  (site du Daegu Ilbo)

Je me souviens quand j’étais petite, ma mère avait une coccinelle rouge. Et je l’adorais, cette voiture (oui, c’était la voiture , pas l’insecte) . J’étais persuadée qu’elle était vivante… tout comme la Choupette d’un amour de coccinelle, le film produit par les studios Disney, l’un des premiers films que j’ai vu au cinéma. Un jour, j’avais 4- 5 ans, le moteur de la coccinelle rouge a lâché. Maman est venue me voir, et le monde s’est écroulé . J’ai tellement pleuré, elle était partie à la casse , on ne la reverrait jamais. Mais depuis, j’ai grandi. Et j’ai compris que les voitures n’ont rien de vivant, même s’il nous arrive de leur parler et même de les supplier pour qu’elles avancent. Et il en est a priori de même de toutes les machines…À ceux que le bon sens ne suffit pas à faire revenir sur terre, demandez donc à Chat GPT. Il vous confirmera qu’ un robot n’a pas de sentiments humains. Selon l’intelligence artificielle [que les journalistes feraient donc bien parfois de consulter! ], le fait que des employés aient vu le robot tourner sur lui-même est plutôt évocateur d’un bug ou d’une panne dans ses capteurs de géolocalisation que d’un questionnement existentiel ou d’une envie de se suicider. Et cela semble aussi exclure tout acte de sabotage, les employés n’ayant vu personne pousser la machine dans les escaliers…
Pourtant, le respectable (?) Figaro , sort ici grand gagnant entre tous des titres foireux, avec : «Il était l'un des nôtres» : en Corée du Sud, un robot fonctionnaire municipal se jette du haut d'un escalier» . Libération n’est pas en reste, misant de la même manière sur la dramaturgie putaclic, « En Corée du Sud, une enquête ouverte après la mystérieuse chute d’un robot "employé municipal"».

Accidentologie robotique
La chute de ce robot pourrait donc être assez aisément expliquée grâce à l’«  enquête menée pour connaître les causes exactes de la défaillance » . Mais ce qu’omettent tous les articles, c’est de dire que l’histoire a surtout conduit les employés de la mairie à exiger des mesures de sécurité plus grandes pour les protéger d’ accidents éventuels avec les robots. [On rappellera qu’il y a quelque temps, un travailleur est mort dans une usine de conserves, écrasé par un robot….]
En Corée du Sud, les robots semblent amenés à se déployer dans l’espace public : le maire de Gumi, Kim Jang-ho, avait d’ailleurs déclaré au Daegu Ilbo en août 2023 acquérir le « robot  » pour la municipalité en soutien à l’industrie locale pour encourager «  son extension du secteur privé (où elle est déjà très développée) au secteur de l'administration publique ».
La municipalité de Gumi a précisé suite à l'accident  qu’elle n’envisageait pas pour l’instant d’ acquérir d’ autre robot pour compenser la perte. Passée l’excitation première, liée au sentiment glorieux d’être partie prenante de la modernité, la mairie aurait déchanté assez vite : le robot s’est avéré plutôt décevant, étant en particulier trop lent à accomplir les tâches qu’on lui demandait…Alors, pour les 40 millions de wons que ça lui avait coûté (associé à un entretien technique de 20 millions de wons par an), la mairie préfère probablement revenir, finalement , à des ressources humaines plutôt que robotiques ! Reste à savoir qui peut bien vouloir faire à ce point passer les coréens pour des idiots…ou à comprendre pourquoi, à la banale vérité technologique, les sites de presse cherchent à ce point à faire du putaclic, avec un exotisme, certes difficilement vérifiable, qui ne fait que conforter ce vieux proverbe : "A beau mentir qui vient de loin "...

Le 14/07/2024 , Clara Delpas

On aurait pu rappeler à l'occasion

 

 Les 3 (+1) lois de la robotique d’Asimov
Ces lois , formulées par Isaac Asimov, auteur américain de science-fiction, dans le roman Cercle vicieux ( Runaround, 1942) et complétées dans Fondation ( Foundation and Earth, 1986) d’une quatrième loi, désignée comme Loi Zéro, fondent la charte éthique adoptée en 2007 par le gouvernement sud coréen pour le développement des robots.
1) Un robot ne peut pas nuire à un être humain. Ni, restant passif, le laisser exposé au danger.
2) Un robot doit obéir aux ordres de l’être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première Loi.
3) Un robot doit protéger sa propre existence tant que ça n’entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième Loi.
4) (loi Zéro) Un robot ne peut nuire à l’humanité ni laisser sans assistance l’humanité en danger.
Ces lois ne s’appliquent évidemment ni aux robots militaires, ni aux drones robotisés tueurs dirigeables à distance. Elles n’intègrent pas non plus le fait qu’un robot puisse défaillir et dérailler. Ni qu’on puisse le saboter.

Ou encore la difficile situation des travailleurs en Corée...

 

En 2023, le gouvernement sud-coréen a réduit la durée maximale légale du travail de 68 à 52 heures par semaine et mené une campagne visant à promouvoir l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Mais les habitudes culturelles et sociétales ont la vie dure. Le coût de la vie et les attentes des entreprises continuent à mettre le travail aux premières lignes, dans un environnement hautement compétitif. La pression que subissent les employés au travail pour atteindre leurs objectifs est énorme, entraînant des niveaux de stress élevés et un épuisement professionnel. La Corée du Sud a le taux de suicide le plus élevé des pays de l'OCDE.
Depuis juillet 2024, les travailleurs de Samsung, l'une des entreprises les plus importantes du pays, se sont mis en grève pour réclamer de meilleurs salaires et conditions de travail. Une grève qui serait apparemment historique…

 

 

 

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2024

Ivry-sur-Sein (p.11) 01/10/2024 Ivry ma ville

Le radon, un polluant invisible souvent sous-estimé 17/10/2024 Alternative Santé

Jouets lumineux, jouets dangereux? 11/10/2024 60 millions de consommateurs (web) et aussi dans le numéro de décembre du magazine, p.31

Du rififi dans les AMM 26/06/2024 Alternative Santé

Covid long : quel bilan quatre ans après ? (p.9) 01/06/2024 Alternative Santé (dossier)

Covid long : un engrenage de causes… et d’effets (p.10-11) 01/06/2024 Alternative Santé (dossier)

Covid long : les remèdes naturels pour soulager (p.12-14) 01/06/2024 Alternative Santé (dossier)

Covid long : une difficile prise en charge (p.15) 01/06/2024 Alternative Santé (dossier)

Une petite partie? (p.30) 01/06/2024  Ivry ma ville

Oser apprendre (p.31) 01/05/2024 Ivry ma ville

Végétaux issus des NGT, enjeux, risques et perspectives (video 180mn) 02/04/2024 Webinaire AJE (Association des Journalistes de l’environnement)

Chaleur Humaine (p.30) 01/04/2024 Ivry ma ville

Yoga au Dojo (p.18) 01/03/2024 Ivry ma ville

La renommée de l’angélique de Niort (p.66-67) 01/02/2024 Plantes et Santé

L’odyssée d’un jeu (p.19) 01/02/2024 Ivry ma ville

 

 

 

 

 

 

 

2023

Pas de pitié pour les pigistes malades!

Inflation Rester bio malgré la crise (p.95)

le 1er novembre 2023 pour 60 millions de consommateurs Hors série PREMIERS PRIX

NB. Les rédactions sont sans pitié pour les pigistes malades…écrit au mois d’août, quand j’avais le covid et que j’étais en burn out, cet article, pourtant réécrit trois fois,  a été pudiquement signé « la rédaction ». Et payé à bas prix. Sympa. Je pourrais aussi mentionner  » Petits prix versus marques nationales le match des produits bruts » (p.42-47)que j’avais commencé à documenter (en particulier la recherche des produits) mais que je n’ai pas pu écrire, pour cause de Covid et de Burn Out (mais non écrit = non travaillé! et donc carrément non payé…)

 

Taï Chi : efficace contre la maladie de Parkinson

Le Taï Chi peut freiner les symptômes et les complications de la maladie de Parkinson pendant plusieurs années, révèle une étude publiée en ligne dans le Journal of Neurology Neurosurgery & Psychiatry, revue affiliée au BMJ (British Medical Journal).

Selon les résultats de l’étude, cette pratique est associée à une progression plus lente de la maladie et à une diminution des doses de médicaments nécessaires au fil du temps.
Deux groupes de patients atteints de la maladie de Parkinson ont été suivis pendant plus de 5 ans, de janvier 2016 à juin 2021 : le premier, de 147 patients, pratiquait le tai-chi deux fois par semaine pendant une heure, en suivant des cours pour améliorer leur technique. L’autre, de 187 patients, continuait de recevoir les soins habituels, mais ne pratiquait pas le tai-chi. Dans le groupe qui pratiquait le Tai chi, la progression de la maladie a été plus lente , la fonction cognitive s’est moins vite détériorée, le sommeil et la qualité de vie se sont continuellement améliorés, il y avait aussi moins de complications (dyskinésie, dystonie,hallucinations, troubles cognitifs légers,syndrome des jambes sans repos) , mais aussi de chutes,   vertiges et   douleurs dorsales.
Il ne s’agit certes que d’une étude d’observation (elle ne permet pas de déduire de liens de cause à effet) mais elle suggère que le Täi chi pourrait être associé à une progression plus lente de la maladie, et même conduire à l’administration de doses plus faibles de médicament…

Source :

Li G, Huang P, Cui S, et al Effect of long-term Tai Chi training on Parkinson’s disease: a 3.5-year follow-up cohort study

Apprendre à gérer l’anxiété, c’est possible !

Rencontre avec Frédéric Fanget

Frédéric Fanget est médecin psychiatre et psychothérapeute. Dans ses ouvrages, il popularise les résultats d’une psychologie scientifique et clinique reconnue valide par les meilleurs experts mondiaux. Le dernier en date, coécrit avec Catherine Meyer et illustré par Pauline Aubry, raconte, en bande dessinée, comment on peut apprendre à gérer son anxiété, sans médicament, grâce aux thérapies comportementales et cognitives (TCC)… Un livre salutaire en ces temps de crise sanitaire et environnementale, où les troubles anxieux explosent !

Frédéric Fanget, Catherine Meyer, Pauline Aubry, Le Club des anxieux qui se soignent, éditions Les Arènes, mars 2023

Le « club des anxieux qui se soignent », titre de votre ouvrage, existe-t-il ?

C’est évidemment une invention pour la BD ! Mais je précise que ce type de club existe, c’est d’ailleurs un lieu idéal pour permettre aux anxieux de se retrouver et d’échanger sur le sujet ! Agoraphobes, paniqueurs, grands ou petit anxieux s’y retrouvent. Ils constatent qu’ils ne sont pas tout seuls et se soignent. L’association Mediagora, présente dans plusieurs grandes villes de la métropole, a été fondée par des personnes souffrant ou ayant souffert d’anxiété. Elle s’adresse à tous les patients francophones via un réseau de correspondants. [Note1]

Que sait-on aujourd’hui des mécanismes en jeu dans l’anxiété ?

Dans l’anxiété, il se passe des choses d’un point de vue biologique au niveau du cerveau. On le sait depuis 30 ans, quand les gens sont dans des états anxieux sévères, la transmission de leur sérotonine est perturbée. La sérotonine, c’est l’hormone de l’émotion. C’est le neuromédiateur qui régule la peur, donc l’anxiété, mais aussi l’humeur dépressive, l’impulsivité, les phénomènes de compulsion… C’est un neuromédiateur central : sans lui, le cerveau ne marche pas bien ! En temps normal, comme tout neuromédiateur, la sérotonine migre le long des neurones, se transmettant de l’un à l’autre en franchissant les synapses, qui sont les espaces entre les terminaisons des neurones… Dans le cerveau d’un anxieux, la sérotonine est capturée, avant d’avoir pu franchir les synapses, par les récepteurs à la sérotonine situés au niveau des terminaisons des neurones présynaptiques : elle ne peut pas se diffuser comme elle le devrait. Cependant, on ne sait toujours pas si c’est une cause ou une conséquence de l’anxiété… Et par ailleurs, il n’y a pas que le biologique, il y a aussi le psychologique ! Je l’ai assez longuement détaillé dans la BD, l’anxiété est une maladie de l’anticipation et de la rumination. L’anxieux pathologique anticipe tout, il envisage tout à l’avance parce qu’il a peur de ne pas contrôler ce qui va lui arriver. Donc il rumine, dans sa tête, ça tourne en boucle parce qu’il a peur de ne pas savoir résoudre les problèmes — probablement au cours de sa vie, cela lui est déjà arrivé et il a perdu confiance en lui et dans ses capacités. Et il développe un deuxième facteur psychologique, qui est la surestimation des dangers. Si vous ne savez pas résoudre les problèmes et que vous avez peur de ne pas faire face aux choses, les choses vont vous faire de plus en plus peur…

Mais comme vous l’expliquez dans votre livre, l’anxiété est aussi une émotion normale, que tout un chacun éprouve face aux stresseurs … Quand est-elle considérée comme pathologique  ?

L’anxiété fait partie de la vie, et c’est aussi un moteur. À condition de pouvoir l’apprivoiser et de pouvoir supporter une petite dose d’angoisse. Lorsque l’anxiété dure au-delà de 50 minutes par jour et qu’elle est intense, il y a un envahissement cognitif, avec des pensées négatives qui vont agir sur notre corps. C’est psychique et somatique. Elle s’accompagne d’une gêne fonctionnelle majeure (vous ne pouvez plus travailler, vous êtes incapable de vous déplacer normalement) … Il y a aussi un retentissement social. Les grands anxieux sont handicapés dans leur quotidien. On considère qu’une anxiété qui s’accompagne d’évitements de situations importantes pour vous (déplacements, rencontres, …) et qui a des répercussions majeures sur votre vie sociale, intime et professionnelle, est pathologique. Si elle n’est pas prise en charge, non seulement elle ne va pas diminuer, mais elle risque de s’accompagner de complications comme des addictions, des dépressions et une association avec un autre trouble anxieux…

Comment traite-t-on ces anxiétés dites sévères ?

La mise au point de molécules ressemblant à la sérotonine et capables de se fixer sur les récepteurs à la sérotonine ou « inhibiteurs de la recapture de la sérotonine » (IRS) a permis de développer un traitement de fond médicamenteux. Les IRS permettent à la sérotonine naturelle d’être transmise de neurone à neurone sans être « court-circuitée » par les récepteurs On ajoute une thérapie comportementale et cognitive afin de donner au patient les moyens de gérer ses angoisses. Le patient va apprendre des méthodes corporelles, comme la relaxation musculaire ou la cohérence cardiaque par exemple, et des méthodes de gestion de la pensée grâce à la thérapie cognitive. Et, à la fin de sa thérapie, quand il sera devenu autonome par rapport à la gestion de ses angoisses, il n’aura pas toujours besoin d’un médicament extérieur, même pas d’une plante d’ailleurs, car il saura adopter des comportements anti-anxieux ! À ce moment il sera temps d’arrêter progressivement le médicament pour les patients pour qui ce sera possible.

Bien sûr tous les cas sont différents, on travaille sur des schémas cognitifs, mais l’idée est d’apprendre à modifier ses comportements, ses pensées négatives et à gérer ses émotions.  Pour beaucoup de patients, cela va être suffisant. Chez certains, des problèmes plus graves, comme des traumatismes infantiles par exemple, nécessiteront une prise en charge plus longue en psychothérapie. Mais dans l’ensemble, les thérapies comportementales et cognitives, qui sont validées par de nombreuses études dans le traitement de l’anxiété, restent des thérapies brèves qui visent à rendre le patient autonome — et non, comme dans la psychanalyse, à le rendre dépendant de la thérapie !

Que penser des « anxiolytiques » ou encore des plantes réputées « apaisantes » ?

Les anxiolytiques n’ont pas de place dans le traitement à long terme de l’anxiété. Ces benzodiazépines n’agissent pas sur la sérotonine, mais sur le GABA, un système freinateur ! Leur effet calmant s’accompagne d’effets indésirables et d’un risque d’accoutumance. Et puis si vous prenez un anxiolytique dès que vous êtes confronté à un événement angoissant, vous alimentez le fonctionnement en « tout ou rien » (« Je n’agis que si je n’ai aucune peur ») dont la thérapie essaie de vous sortir ! Endormir la peur est contre-productif.

Quant aux plantes, c’est très insuffisant pour soulager les anxiétés sévères que je traite !   Et puis ce qui m’ennuie aussi, c’est que c’est un peu comme avec les anxiolytiques, cela donne l’impression que la solution vient de l’extérieur.  Or ce que nous essayons de faire, c’est d’apprendre aux patients à gérer eux-mêmes leur anxiété, grâce à des solutions comportementales, émotionnelles et cognitives. Au final,dans un certain nombre de cas les gens n’ont plus besoin de rien, ils n’ont plus besoin ni de médicaments, ni de plantes ni d’anxiolytiques ni de boire ni de consommer des drogues ! Il est ici très important de souligner que le corps et l’esprit sont liés !   Plusieurs études montrent d’ailleurs que les thérapies comportementales et cognitives données à des patients qui ont des phobies ou encore des troubles obsessionnels compulsifs modifient leurs flux sanguins cérébraux. On l’observe sur les PET scans, le psychisme modifie le cerveau ! C’est un organe plastique ouvert sur le monde…

Mais au fait, qu’en est-il de l’écoanxiété dont on parle de plus en plus avec l’urgence écologique… et dont vous ne parlez pas du tout dans votre livre ?

Je pense qu’on devrait plutôt parler d’écostress que d’écoanxiété ! Mais c’est un thème un peu délicat, vite sujet à polémique … Les problèmes écologiques, mais aussi la guerre en Ukraine, une maladie grave qui vient de vous être diagnostiquée, ou encore le décès d’un de vos proches, génèrent de l’angoisse chez monsieur et madame tout le monde. Pour autant je refuse de dire que l’écologie peut être à l’origine d’une « écoanxiété » : ce que je vois simplement, c’est qu’il y a des anxieux qui polarisent tout sur l’écologie. L’écologie devient pour eux une obsession et ils ne voient plus les autres facteurs d’anxiété ! Mais l’éco-anxieux risque plutôt de se faire écraser par une voiture parce qu’il n’aura pas fait attention en traversant la rue ou qu’il sera en train de lire ses tweets ou téléphoner à ses amis pour aller à la prochaine manif’! Dès que vous zoomez sur un thème, vous ne voyez plus ce qu’il y a tout autour ! Je pense que, probablement, ceux qu’on qualifie d’« écoanxieux » ont un terrain anxieux préalable. Et que se dire « écoanxieux » est socialement bien plus acceptable que de reconnaître qu’en fait on présente un trouble anxieux …

Certains de mes collègues disent « l’écoanxiété n’est pas une maladie, c’est un phénomène normal, c’est un problème politique. » Mais moi, je suis psy, je ne suis pas politicien, je ne peux pas changer le monde … Je peux en revanche vous aider à changer votre rapport aux problèmes écologiques.  C’est la seule chose que je peux faire en thérapie, aider les gens à s’adapter au monde dans lequel ils vivent mais c’est déjà beaucoup…

 

[Note 1] Plus de précisions sur ce site, qui propose une carte interactive : https://mediagoras.fr]

Sur le terrain…

J’ai eu l’occasion de faire plusieurs reportages à l’étranger, pour Libération, Science Actualités (Cité des Sciences) ou Novethic…

En Bolivie,   les pollutions minières, la culture du quinoa, l’origine de la maladie de Chagas, le développement de la culture de la stevia, l’adaptation des cultures viticoles à l’altitude et au changement climatique, ainsi que la Cumbre, ce contre-sommet pour le climat organisé par Evo Moralès à la suite du Flop de Copenhague, m’ont bien occupé en 2009 et 2010.

En Inde, en 2011, je me suis intéressé  au greenwashing gouvernemental,   notamment à l’exploitation d’une mine de diamant en pleine réserve naturelle…, ainsi qu’à  la pollution du Gange à Vanarasi (Bénarès), ville où tout indien rêve de se faire incinérer …

En Islande, en 2012, j’ai enquêté sur l’exploitation des ressources géothermiques  par les fonderies d’aluminium (et les pollutions environnementales qui en ont découlé) et j’ai cherché des traces de « la crise de 2008 » où les islandais avaient soi-disant mis leurs banquiers en prison, incarnant un modèle de justice sociale allant jusqu’à la réécriture démocratique de leur constitution …

Au Japon, en 2014, il s’agissait évidemment des conséquences de l’accident nucléaire de Fukushima…

Inde

Islande

Japon

 

Les mines de Bolivie