Malades des ondes ?

De la même manière que les antennes-relais ne sont, en France, absolument pas dangereuses, il ne saurait exister d’électrohypersensibles ! On se demande alors qui grossit les rangs des réseaux mis en place par les associations !

L’électrohypersensibilité passe souvent pour une lubie. Et les personnes qui en sont atteintes, pour des cas relevant de la psychiatrie. On les taxe sans hésiter de réfractaires au progrès et de socialement inadaptées en brandissant l’étendard de la maladie  psychosomatique. Se savoir voisin d’une antenne suffirait à rendre malade…   Au cours du colloque du 23 mars organisé au sénat, le professeur Johanson a rappelé qu’en Suède le syndrome d’électrohypersensibilité est reconnu comme un trouble fonctionnel depuis 2000. 230 à 290 000 suédois en seraient atteints, relevant des mêmes lois sur l’égalité des chances  que les handicapés et bénéficiant du soutien de l’état pour se protéger des ondes électromagnétiques qu’ils ne supportent pas, en prenant en charge par exemple tous les travaux d’aménagement de l’habitat (peintures isolantes, voilages, etc…! En France, bien sûr, la maladie n’existerait  pas ! Enfin, selon les autorités… Car pour les associations et pour certains médecins, des   cas existent . Ainsi, au Sénat, le professeur Dominique Belpomme (cancérologie, Hôpital Georges Pompidou, Paris) a présenté les premiers résultats de son étude sur le Syndrome d’Intolérance aux Champs Electromagnétiques (SICEM). Chez les 88 malades (24 hommes et 64 femmes), âgés de 47 ans en moyenne, qu’il a suivis, la maladie démarre par des douleurs cervico-cranio-faciales (céphalées), des troubles de la sensibilité superficielle et profonde, ainsi qu’un déficit d’attention ou de concentration. Puis, les personnes manifestent de l’insomnie, de la fatigue et de la dépression. L’évolution de la maladie ? Variable. Elle peut aller vers une régression des symptômes, une atteinte dégénérative du système nerveux central, une surdité de perception, un neurinome, un cancer… Le SICEM est un autre nom pour la maladie que l’on désigne par « Electrohypersensibilité » (EHS). Si le professeur Belpomme tient à la distinction, c’est que la sensibilité suggère quelque chose de génétique , alors que le SICEM s’acquiert, au bout d’un certain « seuil » d’exposition.

Témoignage d’une électrohypersensible

« Je suis rentrée de vacances début septembre 2007 dans mon appartement , et j’ai commencé à avoir des troubles bizarres, des crises de tachycardies, des migraines très dures, un problème sur un oeil (de l’eau qui s’est glissé sous le cristallin), des sensations de brûlures au niveau des mains, surtout la nuit. J’étais extrêmement fatiguée, j’avais des problèmes cognitifs, je ne pouvais plus comprendre ce que je lisais, j’avais des pertes de mémoire, je me suis retrouvée entre autres devant la porte de mon appartement les clefs à la main et à rester comme ça un certain temps sans savoir ce que je venais faire! Au point qu’une semaine après j’ai quitté l’appartement … Mais je ne pouvais plus supporter  de téléphoner avec un portable, lorsque quelqu’un allumait un portable, ça me faisait une vrille dans le cerveau. J’étais devenue réceptive à des choses qui une semaine auparavant ne me faisaient rien!J’ai alors découvert  que l’on venait de mettre en service 6 antennes-relais en face de chez moi! Depuis je me suis isolée dans un appartement que j’ai blindé. J’ai gardé une certaine électrosensibilité, mais elle s’est atténuée, et surtout varie suivant le temps que je suis exposée! Je dois faire attention à mes déplacements. Et me protèger la tête avec une casquette dotée d’un voile protecteur.   Je ne peux plus prendre le TGV, aller dormir ailleurs que chez moi, ou aller dans les parcs ou les bibliothèques équipées en Wi-fi, le pire,  encore plus agressif que le téléphone portable! »
Evelyne, 50 ans

A la recherche de signes biologiques
Les enregistrements de l’activité cérébrale de ces patients ressemblent à ceux des patients atteints de maladie d’alzheimer. Et les analyses d’urine montrent une baisse de la mélatonine. Il y a également une augmentation des protéines de stress cellulaire HSP27 et ou HSP70. Le lien avec la présence de champs électromagnétiques (CEM) ? Établi sur la foi des déclarations des gens (lorsqu’ils sont en présence d’un tel champ, ils disent aller mal, mais mieux lorsqu’ils en sont loin) et de tests de provocation. Hypothèse : la maladie serait liée à la présence de magnétosomes dans les cellules. Les magnétosomes  sont des agrégations de 50 à 100 cristaux de magnétite. Le système nerveux en contient des millions, en particulier les cellules gliales (astrocytes). Le professeur Belpomme a d’ailleurs en projet le dosage de ces magnétosomes afin d’établir une éventuelle corrélation avec les symptômes observés. [Kirschvink JL, Kobayashi-Kirschvink A, Woodford BJ. Magnetite biomineralization in the human brain.Proc Natl Acad Sci U S A. 1992 Aug 15;89(16):7683-7]

Téléphones-portables : un danger certain

Sur la question des effets sur la santé des téléphones portables, aucun scientifique ne prétend aujourd’hui qu’il n’y a aucun danger.

C’était en juin 2008. Une vingtaine de scientifiques est montée au créneau, exigeant une meilleure information du public sur la dangerosité de la téléphonie mobile. Parmi eux, David Servan-Schreiber, mais aussi Joël de Rosnay (par ailleurs membre de l’OPECST), ou Henri Pujol (ancien président de la Ligue nationale contre le cancer). Il a beau s’agir d’une exposition choisie, (tout comme la consommation de tabac distingue les fumeurs des fumeurs passifs), à l’heure où plusieurs études comme Interphone , Reflex  ou Bioinitiative alertent sur les effets de la téléphonie mobile  sur le risque de développer des cancers du cerveau (gliomes) ou des tumeurs du nerf auditif (neurinome), les scientifiques exigent des mesures de protection plus strictes comme l’interdiction de la vente de ces appareils aux enfants de moins de 12 ans. Le rapport Ries adopté par le Parlement Européen demande d’ailleurs qu’une vaste campagne d’information soit lancée sur les bonnes pratiques à connaître quand on a un téléphone portable.  Bien sûr, comme le rappellent les experts « Tout est question de puissance et de durée d’exposition. » Ainsi, 3mn de conversation avec un téléphone portable équivalent à 15 jours d’exposition à une antenne-relais. Dans le même ordre d’idées, un élément radio WIFI posé à 1 mètre de distance a autant d’effet qu’un téléphone portable posé à 3 mètres. Ou encore… une tête d’enfant absorbe deux fois plus que celle d’un adulte !

Les études internationales sur les effets sanitaires de la  téléphonie mobile

Reflex (2000-2004) :  étude financée par l’Union Européenne, la Suisse et la Finlande, menée dans 12 laboratoires et 7 pays européens a montré que les champs électromagnétiques générés par les téléphones mobiles agissaient sur l’ADN des cellules (risque tumoral).

Interphone (1999-2003) :  étude initiée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), regroupant 13 pays (dont la France), révèle des résultats très disparates : pour certains scientifiques , le téléphone mobile est clairement associé à une augmentation du risque de tumeurs cérébrales. Pour d’autres, non. Ce qui explique notamment le retard pris dans la publication des résultats définitifs.

Bioinitiative (2007)
: financée par l’Agence Européenne de l’Environnement, est une compilation des conclusions de 1600 études scientifiques portant sur l’impact des émissions électromagnétiques sur le vivant.

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p style= »text-align: justify; »>12 précautions élémentaires
Les recommandations  suivantes devraient être connues de tous les utilisateurs de portable (les 7 premières émanent du ministère de la Santé lui-même, en 2002, les 5 suivantes sont préconisées par le Criirem)  :
1- Éteignez votre portable dans les hôpitaux et dans les avions. Si vous portez un pace-maker, attention aux interférences possibles.
2- Ne restez pas longtemps au téléphone
3- Ne téléphonez pas lorsque vous êtes dans une zone de mauvaise réception
4- Ne téléphonez pas lorsque vous vous déplacez
5- Attendez quelques secondes que la communication s’établisse
6- Éloignez votre portable des zones particulièrement sensibles que sont les zones génitales (surtout  chez les adolescents), le ventre (femmes enceintes) ou la tête (utilisez un kit mains libres)
7- Ne laissez pas vos enfants jouer avec votre portable
8- Ne téléphonez jamais en voiture , dans un bus ou dans un métro : la « cage métallique » dans laquelle vous vous trouvez amplifie considérablement l’exposition en faisant se répercuter d’autant les ondes. Arrêtez vous, sortez du véhicule ou ouvrez les fenêtres.
9- Limitez  la durée de vos appels (5 à 6 appels par jour maximum de 2 à 3 minutes chacun.
10- Utilisez le kit piéton livré avec votre appareil (le préférer à l’oreillette bluetooth, elle aussi génératrice d’ondes !)
11- Eloignez vous de vos voisins pour téléphoner, vous éviterez de les exposer passivement !
12-  La nuit, faites aussi dormir votre portable. Éteignez-le et placez le loin de vous. Ne l’utilisez surtout pas comme réveil  en le laissant sur votre table de nuit !

La maison des ondes

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p style= »text-align: justify; »>Nul besoin d’habiter à proximité d’une antenne pour être baigné d’ondes électromagnétiques car de nombreux appareils électriques en produisent ! Et pas que les téléphones, loin de là !  Petite visite guidée de la maison des ondes…
Bienvenue ! Dès l’entrée, l’alarme se présente comme le premier générateur continu d’ondes électromagnétiques. Et pour peu qu’elle fonctionne en wi-fi, en plus, elle est une source de rayonnement non négligeable, d’autant plus lorsqu’elle se double d’une caméra de vidéosurveillance !  Allumons la lumière : tiens, les plafonniers sont équipés d’ampoules fluo-compactes ? (voir encadré).  Passons à la cuisine : bien entendu, le four à micro-ondes est le premier générateur de micro-ondes. Il est étanche, c’est d’ailleurs pour cela que l’on vous précise sur les notices de ne pas rester devant. [Pour en avoir le cœur bien net, vous pouvez d’ailleurs placer à l’intérieur du four votre téléphone portable, fermez….et essayez d’appeler votre téléphone. Si le four est étanche, il ne sonnera pas]. Mais il y a aussi, vos plaques à induction, et peut-être votre réfrigérateur wi-fi (et oui, cela existe maintenant, le réfrigérateur qui vous avertit quand il y a une panne de courant, et  bientôt qui pourra vous alerter par sms qu’il vous manque des légumes.. ou à boire  !). Continuons au salon, votre télévision, votre poste de radio, vos enceintes de haut-parleurs, tous les casques sans fil que vous avez sont autant de sources d’ondes électromagnétiques. Au bureau, votre ordinateur, votre PDA…et votre téléphone DECT  (votre téléphone fixe…sans fil !). Ce téléphone sans fil  fonctionne avec un combiné contenant une pile accumulatrice à base de métaux lourds mais surtout avec une « base » branchée sur le courant, donc source d’un champ électromagnétique important de radiofréquence entre l’antenne de la base et celle du combiné. En conversation, un tel combiné émet ainsi autant qu’un téléphone portable. Et au repos ou en veille, un champ permanent, dix fois moindre, mais non négligeable tout de même. Les DECT sont ainsi reconnus constituer la première source de pollution hyperfréquence du foyer !
Dans  la chambre des enfants, un écoute-bébé peut être aussi puissant  qu’un téléphone portable surtout s’il est posé directement dans le berceau ( !)… et d’autant plus que l’adaptateur secteur se trouve branché non loin de la tête du bébé. Dans votre chambre, peut-être disposez-vous aussi d’un radio-réveil, un émetteur en permanence d’ondes électromagnétiques ? Bref, tous ces appareils électriques produisent bien évidemment des champs électromagnétiques, à l’origine d’une sorte de brouillard permanent. Comme l’a rappelé Joël de Rosnay, membre de l’OPECST (et signataire de l’appel des 20) lors de l’audition publique du 6 avril dernier à l’Assemblée Nationale, cet « l’électrosmog », comme d’autres phénomènes d’environnement, peut influer sur le métabolisme des cellules. Au bout du compte, ne serait-ce pas là, dans cet effet cocktail, que se situerait, à l’instar des polluants chimiques, le danger le  plus grand ?
ENCADRE Ampoules basse-conso … mais haute-émission électromagnétique !
Les résultats de mesures menées par le Criirem démontrent que les ampoules à économie d’énergie une fois allumées émettent des rayonnements radioélectriques importants alors que les ampoules classiques n’en émettent pas. Bien que fonctionnant toutes deux sur 230Volts à 50 Hertz. Selon ces mesures, ces valeurs peuvent atteindre les 300V/m à l’allumage puis 180 à 60 V/m en fonctionnement. Des puissances qui explosent toutes les recommandations du Conseil de l’Europe (1999/519/CE) qui préconisent une valeur limite de 28 V/m. Bien sûr, ces mesures sont prises au voisinage immédiat des ampoules, et dès que l’on s’éloigne un peu, à 1m par exemple, on trouve des mesures de l’ordre du bruit de fond électromagnétique ambiant (0,2V/m) ! Mais il n’empêche que ce rayonnement est suffisamment important pour préconiser ne pas utiliser de telles ampoules pour une lampe  de chevet …ou une lampe de bureau! À moins qu’elles ne soient dotées d’un blindage spécifique du culot, seul à même de réduire le champ rayonné par le circuit électronique de la lampe !

Les « box » wi-fi sont apparues dans les maisons et génèrent un rayonnement électromagnétique continu dans la même gamme de fréquences que les fours à micro-ondes. Le Criirem préconise de désactiver la fonction wi-fi ou …de les débrancher au moins la nuit !

Tous égaux face aux ondes ?

Voir aussi :

La maison des ondes

Téléphones-portables, un danger certain

Antennes-relais, une affaire d’état

Malades des ondes?

De l’avis de la Commission Européenne, les choses semblent loin d’être aussi tranchées qu’elles ne le sont pour l’Académie de Médecine ! Tout comme du côté du Parlement…tout le monde invite à une révision des normes …

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p style= »text-align: justify; »>À Bruxelles, le  rapport de Frédérique Ries (1), une parlementaire belge, a été adopté au Parlement européen à une écrasante majorité (559 voix) le 2 avril dernier. Il réaffirme la nécessité d’appliquer le principe de précaution quant à l’exposition des citoyens aux champs électromagnétiques, faute de données scientifiques suffisantes. Selon le rapport « il faut agir rapidement, sans attendre le résultat des études scientifiques et appliquer le principe de précaution en limitant le champ électrique à trois volts par mètre (V/m) ». Comme l’ont déjà décidé neuf Etats membres. Il préconise également d’éviter d’implanter des antennes-relais ou des lignes haute tension à proximité d’écoles, de crèches, de maisons de retraite ou d’institutions de santé, de rendre public des cartes notifiant les degrés d’exposition aux ondes électromagnétiques. Et donc de réviser les normes limites d’exposition. Bien qu’aucune loi européenne n’oblige les États membres à prendre des mesures particulières en matière d’ondes, des normes limites d’exposition ont été fixées en juillet 1999 sur la base de valeurs préconisées par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) : les antennes-relais GSM, DCS et UMTS doivent être respectivement en dessous de 41,25, 58,33 et 61 V/m… Des valeurs qui restent élevées, permettant juste de garantir l’absence d’effets thermiques sur la santé. Version « soft » du principe de précaution, le principe   « Alara » (as low as reasonably achievable) repose sur le principe que l’exposition aux rayonnements doit être aussi faible que possible « raisonnablement ». À l’instar de certains États membres, qui l’appliquent déjà : la Grèce, la Pologne, ou l’Italie ont adopté des normes plus sévères d’exposition atteignant même 3 V/m en Belgique et au Luxembourg.
Un nouveau « Tchermobile » ?
En France, le dernier avis du SCENIHR , le Comité scientifique sur les risques de santé émergents et nouvellement identifiés  de la Commission européenne , ne semble pas avoir été pris en considération par l’Académie de Médecine, qui s’est arrêté à l’avant dernier, en date de janvier 2009. L’avis de février 2009 (1)  reconnaît la controverse scientifique et invite bien au contraire à la poursuite des études ! Quant à l’avis de l’OMS, rappelons qu’il nous donne rendez-vous en 2015 pour connaître le fin mot de l’histoire… D’ailleurs, quand l’Académie clame l’innocuité des antennes, Bernard Accoyer, en ouverture à l’audition publique du 6 avril dernier admet tout de même que «  Les chiffres font débat, car les effets sanitaires de l’exposition aux champs électro-magnétiques ne sont pas encore aussi complètement connus que nous pourrions le souhaiter. D’ailleurs le seront-ils un jour ? ».

La campagne « Tchermobile » initiée début 2009 par plusieurs associations (Artac, les amis de la terre,   Agir pour l’Environnement et Priartém..) veut alerter l’opinion publique et faire signer une pétition. C’est dans ce cadre qu’un sondage BVA par téléphone auprès d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus a été réalisé les 13 et 14 mars 2009 dernier. Résultats :  80% des sondés sont plutôt (35%) ou tout à fait (45%) favorables à une loi ayant pour objectif de règlementer davantage le développement des antennes relais ! Preuve en est, si besoin était, que les antennes, malgré les discours rassurants, continuent bel et bien d’inquiéter…

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p style= »text-align: justify; »>Polémique autour de l’exposition
Avant même de pouvoir mener une étude sur l’impact sanitaire d’une exposition, il semble logique d’évaluer cette exposition ! Le professeur Jean-François Viel vient de publier une étude consacrée à la simple mesure de l’exposition aux ondes électromagnétiques d’une population. Pour mémoire, cet épidémiologiste de la faculté de médecine de Besançon  avait fait polémique en 1997 en publiant une étude menée sur la population voisine de la Hague évoquant un lien entre exposition aux rayonnements ionisants de l’environnement marin (lié à la fréquentation des plages et à la consommation de coquillages) et genèse des leucémies de l’enfant. Aujourd’hui, il récidive…l’étude a porté sur 184 personnes équipées d’un dosimètre enregistrant pendant 24 heures le champ électrique ambiant pour 12 radiofréquences différentes, toutes les 13 secondes, avec un seuil minimal de détection de 0,05 V/m. Les données (en moyenne 4441 enregistrements par participant !) ont ensuite été corrélées à la distance à laquelle se trouvait le domicile de la personne d’une source émettrice d’ondes électromagnétiques (antenne relais (GSM, DCS, UMTS) mais aussi émetteur de radio FM et de télévision).
Première surprise : ce n’est pas au plus près d’une antenne-relais de téléphonie mobile que l’on est le plus exposé aux ondes de radiofréquences qu’elle émet. L’exposition était en effet maximale à environ 280 m de l’antenne-relais en zone urbaine, et à 1 000 m en zone périurbaine.  Alors que la plupart des études épidémiologiques reposaient jusqu’à présent sur l’idée, apparemment logique, que plus on était proche d’une source électromagnétique, plus on y était exposé ! Par ailleurs, l’étude de Jean-François Viel a souligné que l’exposition aux ondes électromagnétiques était le fait d’antennes-relais, mais aussi et surtout d’émetteurs TV et radio… Deuxième surprise : les mesures d’expositions des personnes étaient extrêmement disparates, même lorsqu’elles se trouvaient dans des conditions d’exposition semblables.   Cette différence qui peut tenir au dosimètre, pourrait aussi, selon les auteurs, être liée à une sensibilité variable selon les organismes humains…
Les associations Agir pour l’environnement et Robin des toits sont aussitôt monté au créneau, publiant une « contre-enquête » contestant les résultats obtenus. Sur le premier point, elles   craignent qu’une telle étude ne soit utilisée pour éviter de légiférer à proximité d’une antenne , du fait que ses effets s’y feraient moins sentir. Elles redoutent aussi une remise en cause des études de corrélation entre antenne relais et troubles de santé, du fait de l’existence de nombreuses autres sources d’exposition, dont la radio ou la télé… (on peut noter de plus que les ondes TV et radio ne sont pas de même nature que celles de la téléphonie mobile, qui reposent sur des hyperfréquences…). On notera cependant la conclusion de  JF Viel: « Les recommandations internationales sont basées sur les effets thermiques observés des radiofréquences. Or il est clair qu’il existe d’autres mécanismes d’action, que nous ne connaissons pas. »

Clara DELPAS

Que  disent les études scientifiques sur les antennes- relais?
Comme les études se contredisent souvent, une façon de se rendre compte de l’état de la science est de les recenser , c’est ce que l’on nomme une « méta-analyse ». Ainsi, selon la dernière de ces « méta-analyses » (1), sur 14 études parues dans des revues scientifiques dites « à comité de lecture » (NDLR : les seules à faire « autorité » en science), recensées dans les bases de données de l’OMS et de l’institut américain pour la santé (NIH),  10 constatent une augmentation significative des symptômes étudiés en présence d’antennes-relais!
En France, une étude  « officielle » a été commanditée  par l’Afsset sur la question des antennes-relais. Les résultats devraient en être publiés peu avant que l’OPECST ne rende  ses conclusions définitives, c’est-à-dire probablement pas… avant fin 2009 !
(1) Kundi M, Hutter HP  « Mobile phone base stations-Effects on wellbei and health » Pathophysiology, mars 2009

(1) Rapport sur les préoccupations quant aux effets pour la santé des champs électromagnétiques,  Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité Alimentaire  (Rapporteure: Frédérique Ries), janvier 2009, 11 pages
(2) « Health Effects of Exposure to EMF » Scientific Committee on Emerging and Newly Identified Health Risks (SCENIHR), Commission Européenne, 19 janvier 2009, 84 pages
(3) Le site web de la campagne Tchermobile http://www.tchermobile.org

Article paru dans Alternative santé juin 2009

Antennes-relais, une affaire d’État !

Qui n’a pas son antenne-relais sur le toit ? Le développement spectaculaire de la téléphonie mobile s’est fait nécessairement au-dessus de nos têtes ! Certains scientifiques sonnent l’alarme sur une nouvelle technologie qui serait nocive pour notre santé, tandis que d’autres se veulent plus rassurants…

Après l’arrêt de la cour d’appel de Versailles du 4 février dernier contre Bouygues Télécom, qui relève « qu’aucun élément ne permet d’écarter péremptoirement l’impact sur la santé publique de personnes exposées à des ondes ou des champs électromagnétiques », le mois de mars 2009 a vu fleurir les victoires des riverains portant plainte pour troubles du voisinage au motif qu’une ou plusieurs antennes-relais se trouvaient installées proches de leurs habitations. À chaque fois, même gain de cause : les juges ont condamné les opérateurs à démonter ces dérangeants voisins… En principe indiscutable, la décision de la justice a pourtant été vertement critiquée par l’Académie de Médecine, tout simplement parce qu’elle tenait compte « de la prééminence du « ressenti » du plaignant au détriment de l’expertise scientifique et médicale ! » Les scientifiques se plaindraient-ils de ne plus être écoutés ? Selon l’Académie, les antennes–relais sont sans danger. Dixit toutes les études médicales qu’elle a bien voulu retenir, et les organisations mondiales et européennes de santé ! Le contraire serait étonnant…et d’ailleurs bien embêtant pour le marché de la téléphonie mobile ! Simple coïncidence sans doute, le port-parole de l’Académie, André Aurengo, s’avère être aussi membre (« bénévole (!) » a-t-il cru bon de préciser au cours d’une audition publique organisée à l’Assemblée Nationale le 6 avril dernier…) du conseil scientifique de Bouygues Telecom et du conseil d’administration d’EDF-GDF…

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p style= »text-align: justify; »>Au cœur de la controverse …
En amont du « grenelle des antennes » qui vient de démarrer, les débats ont fait rage  : au Sénat, le 23 mars, un colloque organisé par les sénateurs Marie-Christine Blandin et Jean Desessard à l’initiative des associations Robin des Toits et Ecologie Sans Frontière et du syndicat Supap-FSU a donné la parole aux scientifiques militants pour des réglementations plus strictes. Étaient aussi invités (mais absents…) l’AFOM (Association Française des Opérateurs de Mobile), l’Académie de médecine et l’AFSSET (Agence Française de Sécutité sanitaire et du Travail). Le secrétariat d’état à l’économie numérique,  représenté par  Marie-Claire Daveu, directrice du cabinet de Nathalie Kociusko-Morizet, a salué l’exigence de démonstration scientifique des associations: « seule à pouvoir justifier le principe de précaution ». Les associations n’en attendaient pas moins ! Car pour l’instant, la démonstration scientifique est loin de faire consensus dans la communauté scientifque. Françoise Boudin, présidente de la jeune Fondation Santé et RadioFréquences, a d’ailleurs rappelé qu’il était encore trop tôt pour connaître les résultats des études engagées… Le 6 avril, à l’Assemblée nationale, c’était au tour de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) de rassembler scientifiques, associations, décideurs – français et étrangers – pour une « audition publique sur les antennes relais à l’épreuve des inquiétudes du public et des données scientifiques ». André Aurengo, auteur de l’avis rendu sur le sujet par l’Académie de médecine, n’a pas manqué contester comme on s’y attendait toutes les études montrant des effets nocifs des champs électromagnétiques en les qualifiant de fausses, voire de frauduleuses.

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p style= »text-align: justify; »>Une table ronde pour calmer les esprits
Dans le contexte actuel, la mission du grenelle semble difficile, voire impossible! Comment concilier les opérateurs de téléphonie mobile et les associations, qui restent de fait profondément divisées sur la question de la dangerosité des  antennes-relais ? Initialement tenues à l’écart, puis finalement invitées, les associations actives sur ce sujet (Priartem, Robins des Toits, Agir pour l’environnement…) maintiennent leurs revendications, notamment l’abaissement des normes d’émission des antennes de 41 à 0,6 volt/mètre. Elles sont rejointes par les sénateurs Verts qui, à la suite du colloque du 23 mars au Sénat, ont déposé une proposition de loi exigeant cette nouvelle norme De leur côté, les opérateurs souhaitent poursuivre   l’extension de leur réseau d’antennes… Le professeur Aurengo, à l’Assemblée Nationale, a d’ailleurs affirmé que la norme de 0,6V/m reposait sur du vent. Et l’Etat ? Comme l’a illustré Maître Forget lors du colloque au Sénat le 23 mars dernier « 58 millions de Français veulent pouvoir utiliser leur téléphone sur la quasi-totalité du territoire, et l’État a fixé des obligations de couverture aux opérateurs, avec des sanctions financières pour ceux qui n’y répondraient pas. Il revient donc à l’État de dire clairement si oui ou non les antennes relais ont un impact sur la santé. » Or, pour l’instant, l’état veut éviter la polémique sur les effets sanitaires (pourtant au cœur du débat !). Ainsi que le redoutaient les associations, aucun des scientifiques ayant travaillé sur les effets sanitaires des ondes électromagnétiques n’est invité à ce Grenelle. Pas même la Fondation santé et radiofréquences, pourtant financée à parité par les opérateurs et l’État, qui pilote la plupart des recherches « officielles » menées en France sur la question ! Il est vrai que certains membres de son conseil scientifique se sont risqués à dire qu’il existait une incertitude scientifique quant à l’innocuité absolue des ondes… Enfin, parmi les sociologues invités, on remarque la présence de Michel Setbon, aux positions pro-OGM bien connues. Selon lui, les risques liés aux OGM sont  fantasmés, ce qui exclue bien entendu toute mise en oeuvre du principe de précaution…

Principe de précaution contre précaution de principe
Encore  une fois, pour préserver le marché, les instances officielles préfèrent « Attendre et voir »… Quid du droit des citoyens ? Sur un sujet aussi technique, il leur est difficile de s’y retrouver : le nombre d’études menées sur les ondes électromagnétiques dépasse aujourd’hui le millier ! À quels experts se vouer ? Qui croire ? L’expertise «officielle » est critiquée pour les inévitables conflits d’intérêts qu’elle soulève, alors que l’expertise « indépendante » est qualifiée de « pseudoscience ». (voir article «Encore de nombreuses incertitudes ») Pour autant, on notera, non sans un certain étonnement, que les compagnies d’assurance refusent de couvrir le risque en responsabilité civile concernant les champs électromagnétiques : connaissant la capacité des assureurs à évaluer les risques et à parier sur l’avenir,  cette  précaution   de principe ne révèle-t-elle pas à elle seule l’absence de données scientifiques permettant d’exclure tout danger ?

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p style= »text-align: justify; »>Le Grenelle s’organise…
Réparti comme le grenelle de l’environnement en cinq collèges (État, collectivités, associations, syndicats et organisations patronales), le   « Grenelle  des antennes », lancé le 23 avril, présidé par Jean-François Girard, docteur en médecine et directeur de l’Institut de recherche pour le développement, rassemble quelques cinquante participants issus des agences sanitaires, du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), des associations d’élus locaux, des parlementaires de la majorité et de l’opposition, des opérateurs téléphoniques, des associations de consommateurs et de l’environnement, des sociologues et juristes, des syndicats, des directeurs d’administration centrale …Après une série de réunions, tout au long du mois, une deuxième table ronde devrait intervenir fin mai pour « faire le point » sur les connaissances scientifiques ainsi que sur les réglementations en vigueur concernant la téléphonie mobile et les antennes relais.

La Quinoa , victime de son succès ?

Depuis quelques années, la quinoa séduit les consommateurs du monde entier soucieux de leur santé. Produite traditionnellement selon tous les critères de l’agriculture biologique, elle met pourtant en péril le développement durable des terres de l’altiplano bolivien où elle est cultivée ! 

 

Au mois d’avril,  lorsqu’elle est mûre, la quinoa forme des épis qui peuvent atteindre deux mètres de haut. Depuis toujours, on les cueille à la main. Une fois séchés, ils sont fagotés et déposés en ligne sur une grande toile. On les bat pour en faire tomber les grains, qui mesurent 2mm de diamètre environ. Avant de les trier des débris des tiges (que l’on utilisera comme combustibles), et de les ventiler, toujours manuellement,  au moyen d’un récipient en forme d’assiette, que l’on remplit patiemment et que l’on égraine. Enfin, ils sont grillés pour en permettre une cuisson plus rapide, écorcés pour en enlever la petite peau de saponine qui leur donne trop d’amertume et enfin , lavés. Ces méthodes de production, qui restent longues et coûteuses , sont on ne peut plus traditionnelles : c’est ainsi que les agriculteurs andins cultivent la quinoa depuis près de 7000 ans…

 

Un aliment complet

La quinoa (ou plutôt le quinoa, « mère des céréales » en quechua) , de son nom latin  Chenopodium quinoa Wild est une plante cultivée par les indiens Aymaras et Quechuas, dont elle constituait avec la pomme de terre, la nourriture essentielle. Cette céréale traditionnelle hautement nutritive présente  une variété d’espèces considérable. On en connaît surtout trois variétés : la blanche, la rouge et la noire. Sa composition nutritionnelle exceptionnelle, notamment sa grande richesse en protéines, en fait un substitut idéal à la viande. Sa composition équilibrée en acides aminés rendrait même la quinoa comparable en valeur nutritionnelle au lait maternel. De plus, elle contient tous les acides aminés nécessaires à la vie humaine, en quantités mieux équilibrées que dans le riz , le mais ou le soja, ainsi que de nombreuses vitamines telles que la B1, la B2, la C mais aussi des minéraux tels que le calcium, le fer, le phosphore et le magnésium. En outre, elle est riche en fibres et en acides gras insaturés, avec seulement 10% d’acides gras saturés.  On prête aussi à la quinoa un grand nombre de propriétés médicinales. La  mythologie la fait apparaître sur terre comme étant le reste d’un repas des dieux et elle est depuis toujours associée à un aliment d’immortalité. Plusieurs études scientifiques parues en 2007 ont confirmé l’activité anti-oxydante élevée de plusieurs extraits de graines, ainsi que la présence de deux phyto-stéroïdes susceptibles de jouer un rôle dans la prévention du cancer. Bien d’autres propriétés médicinales lui  sont reconnues : on l’utilise traditionnellement contre les infections urinaires ou les angines, les cirrhoses ou  les hépatites, en analgésie dentaire, pour faire tomber la fièvre… Des études scientifiques ont souligné récemment la teneur en phyto-oestrogènes de la quinoa, qui en ferait une plante particulièrement indiquée aux femmes durant la ménopause.  Au moins autant que le soja… risque de cultures transgéniques en moins !  De plus, la quinoa n’a pas de gluten, ce qui en fait un aliment de choix pour toutes les personnes atteintes de maladie cœliaque.

 

 

Un succès mondial

À ces qualités nutritionnelles exceptionnelles, s’ajoute une grande plasticité qui lui permet de pousser dans des conditions difficiles : c’est en effet l’une des rares plantes à pouvoir pousser sur des sols salins et arides , à 4000m d’altitude, sans craindre de basses températures ! Rien d’étonnant qu’une telle plante, de haute valeur nutritionnelle, et capable de pousser dans des conditions aussi extrêmes soit considérée comme une céréale stratégique, dont la culture est vivement encouragée, même par les Nations-Unies. Les américains ont commencé à s’y intéresser dès les années 60 en la cultivant dans les montagnes du Colorado. Depuis, la culture de quinoa se développe dans le monde entier, des alpes autrichiennes  au Mont Sinaï, en passant par les contreforts himalayens ou les immenses étendues du désert de Gobi en Chine. Mais rien ne semble remplacer, tant au niveau des rendements que de la qualité nutritionnelle, la quinoa Real (du mot espagnol qui signifie « réel » , (et non « royal  » !)) , celle de la zone intersalar de l’altiplano bolivien . Une spécificité qui explique le prix d’or auquel se vend aujourd’hui la quinoa au marché de Chayapata ! En l’espace de 3 ans, les cours ont doublé, en partie doppés par l’entrée de la quinoa dans le marché occidental de la grande distribution. La quinoa se négocie aujourd’hui autour de  75 euros le quintal (46kg). (Soit plus que le quintal d’étain, autre richesse du pays ! ) Les premiers  bénéficiaires de cette hausse sont bien sûr les nombreux  boliviens qui se sont lancés dans la culture de quinoa (40 000 familles selon le ministère). Mais ce prix est tellement élevé que la quinoa est devenue un produit de luxe pour la majorité des boliviens, y compris pour les producteurs eux-mêmes, qui préfèrent tout vendre… et acheter des pâtes américaines. La tendance n’est pas prête de s’arrêter : Javier Guisbert, coordinateur de gestion territoriale indigène du ministère de la terre précise que le marché total de la production de quinoa représente aujourd’hui 14 millions de dollars, et qu’il pourrait au moins doubler à l’horizon 2018. Sans compter qu’explosion des cours oblige, la contrebande  fait rage  avec le Pérou voisin : l’an passé, des estimations officielles ont fait état d’une « fuite » de l’ordre de 30 à 40 % de la production, acheminée par camions entiers de l’autre côté de la frontière par de petites entreprises officiellement crées!

 

Mais des problèmes sociaux et environnementaux…

D ’un point de vue politique, cette «  ruée vers le grain d’or », interpelle quant à ses conséquences sur les organisations sociales, confrontées à d’inévitables conflits de territoire. En Bolivie, la gestion des territoires (les ayulls, ou territoires indigènes aymaras) est le fait d’« autorités ancestrales », distinctes des autorités administratives. Officiellement, pas de cadastre : la terre, en Bolivie, est propriété de la communauté qu’elle délimite, même si l’usufruit en revient à celui qui la travaille.  Les communautés des ayulls sont constituées de familles qui comme partout ailleurs dans le monde ont pu cherché un avenir meilleur dans les villes… Le succès de la quinoa leur a rappelé l’existence de leurs terres. Et des familles qui étaient parties des campagnes , sans pour autant  retournées aux travaux agricoles , se sont mises à gérer leurs champs de quinoa par téléphone depuis les villes, en employant des « péons » (ouvriers agricoles). Au sein des ayulls, les terres se répartissent aujourd’hui entre des permanents et de simples «  résidents », qui ne prennent  part que de très loin aux réflexions communes  sur la gestion des territoires. S’ensuivent, on imagine, quelques tensions… Résolument, l’union fait la force et il semble que la solution réside  dans le principe d’une organisation collective des producteurs, partie prenante et acteurs de leurs développements.  Plusieurs coopératives se sont ainsi créées, telles que CECAOT (Centrale de Cooperative Opération Terre), l’AOPEB (Association des Organisations de Producteurs Écologiques de Bolivie), Bolicert ou bien encore l’ANAPQUI (Association Nationale des Producteurs de Quinoa). Cependant, l’explosion récente des cours de la quinoa sur le marché international amène des industriels à « soudoyer » certains petits producteurs membres des coopératives. À première vue, ces industriels semblent respectueux des critères du commerce équitable ,  proposant même un prix d’achat légèrement  supérieur  aux cours du marché , sans autres contraintes. Romain Valleur, d’AVSF-Pérou (Agronomes et Vétérinaires sans frontières ), chargé d’évaluation par la plateforme française du commerce équitable d’une étude d’impact du commerce équitable de la quinoa,  rappelle que le commerce équitable n’est «  pas qu’une question de prix versé aux producteurs », mais  doit « contribuer réellement  au développement économique global de la région de production ».

 

Un développement durable ?

Autre point d’alerte : l’extension de la frontière agricole  depuis  les années 60. Les paysans de l’Altiplano ont augmenté les surfaces de culture. Ils se sont mis à cultiver les plaines, aidés par les tracteurs… et par le réchauffement climatique (la culture en plaines était auparavant limitée par un risque très élevé de fortes gelées). Ils ont peu à peu abandonné l’élevage de lamas et de moutons, dont les excréments étaient jusqu’alors les fertilisants naturels. Ils ont  de plus en plus recouru aux tracteurs pour les  récoltes et pour les labours, avec pour effet une érosion  des sols… Un paradoxe inattendu pour des techniques qui restent néanmoins plus proches des critères l’agriculture biologique que de ceux de l’agriculture conventionnelle ! Depuis quelques temps, des ONG sur le terrain agissent pour instaurer des pratiques plus durables. L’usage du tracteur est découragé, lors de la cueillette, les racines (qui peuvent atteindre jusqu’à 1m80 de profondeur !) sont laissées en terre,  des barrières vives sont plantées, on fait aussi très attention au sens des sillons… à respecter des temps de jachère, avec des cultures tournantes, sans intrants . Et même la  plupart des industriels ont intégré ces exigences dans leurs cahiers des charges.  Cela suffira-t-il ?, Selon Manuela Vieira Pak de l’IRD (Institut Recherche Développement) qui participe avec d’autres spécialistes du développement à étudient le phénomène au projet EQUECO (émergence de la quinoa dans le commerce mondial), «  les indiens ne voient pas l’avenir particulièrement en rose. Bien conscients que tout à une fin, ils envisagent même dans une échéance assez proche la fin de la fertilité de leurs terres. Qui peut dire si le combat des nombreuses ONG pour  mettre en place des méthodes plus durables  inversera la tendance ? Encore faudrait-il que l’on sache quoi faire ! Or les connaissances scientifiques sur les capacités de régénération des sols  sont pour le moins incertaines ». Ainsi, rien ne garantit que  la jachère de 2 ans préconisée soit suffisante pour reconstituer les sols : certains scientifiques disent qu’il faudrait 50 ans ! Que faire ? Il va sans dire qu’une chute des ventes de la quinoa entrainerait une ruine certaine de cette région du monde. Sur les étals, la quinoa continue de trôner, forte d’un succès qui n’est pas près de faillir. En tant que consommateurs bienveillants, à nous de savoir quelle quinoa choisir pour contribuer à soutenir une quinoa réellement labellisée commerce équitable. Sur ce point, faute d’un label univoque, les critères de l’organisation FLO (Fairtrade Labelling Organization) qui incluent les aspects sociaux, économiques et environnementaux liés au commerce des petits producteurs semblent , de l’avis de tous, demeurer seule référence réelle en la  matière.

 

 

 En savoir plus

 

Fairtrade Labelling Organization FLO

http://www.fairtrade.net/search0

 

AVSF

Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières

58, rue Raulin

69361 LYON Cedex 07

Tél 04 78 69 79 59

http://www.avsf.org/

 

 

 

ENCADRE  – Valeur nutritionnelle de la Quinoa

 

Valeur énergétique            390 Kcal

Hydrates de carbones        72g

Protéines                             22g

Fibres                                      4g

Lipides                                9,5g

Acides gras saturés         11%

acides gras insaturés      89%

 

Acides aminés (g/100g)

Histidines  2,7 g

Isoleucine  6,4 g

Leucine  6,8 g

Lysine  6,6 g

Threonine 4,8 g

Tryptophane 1,1 g

Valine 4,8 g

Arginine 7 g

Phenylalanine 4,6 g

Tyrosine 3,8 g

Méthionine 2,4 g

Cystine-cystéine 2,4 g

 

Vitamines

B1 30mg,

B2 28mg

B3 7 mg

C  3mg

Sels minéraux

P 530mg

Ca 130 mg

Fe 20,5 mG

Mg 260 mg

K 870mg

 

Selon le rapport  2008 de la PROINPA fondation

 

 

Le Quinoa est de la même famille que l’amaranthe, la bettrave sucrière ou l’épinard. C’est une pseudo céréale (les céréales appartiennent habituellement à la famille des Poacea) dont les plants varient de 0,5 à 2 m de haut.


 

 

 

 

 

Pervenche de Madagascar : une culture mexicaine…

La pervenche de Madagascar, bien connue des médecines traditionnelles, intéresse aussi l’industrie pharmaceutique. Foin des histoires de biopiraterie ou de pillages de ressources, elle a su donner vie au village de Los Mangos, en plein cœur du Mexique. Une renaissance durable?

Gonzalo Felipe a longtemps habité une case de feuilles de palmiers et de bambou au village de Los Mangos, à 25km de Catemaco. Aujourd’hui, c’est dans une maison de briques , en dur, qu’il vit avec ses 4 enfants. Sa réussite, il la doit à la culture de la pervenche de Madagascar qu’ici on nomme la ninfa. En effet,  on sait que cette pervenche (Vinca Rosea) contient des substances qui intéressent dpuis longtemps l’industrie pharmaceutique. Dès les années 60,  on a ainsi mis en évidence, dans ses parties aériennes, des alcaloïdes aux effets anti-cancéreux puissants :   la vincaleucoblastine (vinblastine), particulièrement active dans le traitement de la maladie de Hodgkin  et la leucocristine (vincristine), plutôt active dans le traitement des leucémies. En modifiant certains de ses  alcaloïdes, des scientifiques ont même obtenu un nouveau produit : la navelbine (vinorelbine), active dans le traitement du cancer du poumon et du sein. Ses racines ne sont pas en reste, on  a découvert qu’elles contenaient un autre alcaloïde, l’ajmalicine ou raubasine (NDLR que l’on extrait aussi des rauwolfias), particulièrement actif dans l’amélioration de la fonction cérébrale du sujet âgé, en facilitant l’oxygénation cérébrale des patients qui ont des problèmes circulatoires.

Un projet de développement

La pervenche de Madagascar a essaimé au gré des échanges commerciaux, un peu partout dans le monde. Ici, dans l’état de Guerrero et de Véracruz, elle fleurit  bien des balcons. Et c’est une chance ! Car en 1984 , arrive au Mexique un jeune chimiste français d’à peine 30 ans, Michel Bichot,, envoyé par les laboratoires français Servier afin de trouver le meilleur site où cultiver la plante. Or   cette région de Véracruz, au climat chaud et humide, semble parfaitement convenir. Et le village de Los Mangos, particulièrement pauvre, offre des terres et des perspectives de développement particulièrement prometteuses.  Michel Bichot convainc Gonzalo Felipe de semer la ninfa sur sa parcelle de terre et de persuader d’autres paysans. (Précisons que pour produire un médicament, il faut des quantités considérables de plantes,  bien supérieures à une simple culture de plantes d’ornement !  Le rendement s’élève en effet à 5- 6 kg de raubasine  par tonne de racines sèches.) En échange de leur production de ninfa, le laboratoire pharmaceutique donnera à tous les paysans qui se lanceront dans l’aventure, assistance technique, engrais et crédit sans intérêts…tout en soutenant le développement économique de la région , aidant à la construction d’une école par exemple.

Un avenir certain

Ils sont bientôt 250 à se lancer dans l’aventure, et la culture de la ninfa leur rapporte rapidement bien plus que celle du maïs ou du café, sujets aux fluctuations du marché.  Au total, ces agriculteurs  parviendront à produire à l’année environ une demi-tonne de raubasine. Le produit  entre alors dans la composition d’un médicament, le Duxil® des laboratoires Servier. Son retrait du marché en 2005 par l’AFFSAPS (il a été interdit pour cause d’effets neurotoxiques dûs à la présence d’un autre alcaloïde, l’almitrine…) aurait   pu faire tourner assez vite le conte de fées à l’aigre ! Car on voit bien comme une telle culture peut être fragile… lorsqu’elle ne dépend que d’un seul client ! Mais il existe heureusement d’autres débouchés à la Raubasine, qui sert fort heureusement à d’autres médicaments (par exemple à l’Iskedyl® des laboratoires Pierre Fabre), toujours pour les patients souffrant de troubles liés à la neurodégénérescence liée à l’âge…pour le bonheur des habitants du village de Los Mangos !

 Les pousses, cultivées dans les serres afin de les protéger de la pluie ou au soleil, sont replantées en plein air lorsqu’elles atteignent environ 10 cm de haut. Une fois la floraison terminée, les racines  sont séchées au soleil pendant 2 semaines avant d’être réduites en poussière. Elles sont ensuite envoyées à un laboratoire d’où en sera extrait le précieux alcaloïde qu’est la raubasine.

Le Trésor de Los Mangos

« La première fois que j’ai entendu parler de cette histoire, raconte Laurent Sorcelle, c’est au travers de photographies qui montraient des champs de pervenche gardés par des mexicains armés de carabine ! ». Des champs en fleurs précieuses  en quelque sorte!  Le roman raconte l’histoire du développement de la culture de cette pervenche dans cette culture mexicaine ainsi que celle d’une amitié profonde, celle qui unit Michel le « gringo » et Gonzalo le paysan indien ! Deux mondes que tout sépare mais qui finiront par œuvrer en commun pour ce projet agricole d’envergure, se déployant sur l’une des régions les plus pauvres du Mexique.   Laurent Sorcelle  « Le trésor de Los Mangos », 2009, Editions de La Courrière  

© Clara Delpas – Juin 2009

Sources  

Les matières premières pour l’industrie pharmaceutique sont importées en majorité des Etats-Unis et dans une moindre mesure dEurope (Allemagne). Sur ce segment, on trouve la société française NIFAX qui commercialise des matières premières à la fois pour lindustrie chimique et pharmaceutique.

Leur spécialité est la production de principes actifs pharmaceutiques à partir de matières premières naturelles (plantes médicinales) cultivées, sauvages ou de sous-produits de lagriculture, et la société est parmi les leader mondiaux pour la fourniture de principes actifs entrant dans le cadre du traitement des maladies cardio-vasculaires (petronzio)  http://209.85.229.132/search?q=cache:r9qe1cNQEyEJ:www.ccife.org/fileadmin/template/uccife/documents/mp_ccife/mexique/marche_chimie_pharmacie_cosmetique.pdf+nifax+pierre+fabre&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&client=firefox-a

La vie de Michel Bichot est de notoriété publique http://www.lepetitjournal.com/content/view/10525/268/ http://www.lepetitjournal.com/content/view/19989/1844/

Il est même chevalier de l’ordre national du mérite depuis décembre 2006, et sa vie est racontée par l’ambassadeur… http://www.ambafrance-mx.org/spip.php?article162

Aujourd’hui, en France , il n’y a plus de Raubasine que dans l’Iskadyll de Pierre Fabre http://www.vidal.fr/Substance/raubasine-3018.htm

Nifax a des clients étrangers   http://209.85.229.132/search?q=cache:GBjBOeQkkt0J:www.importgenius.com/importers/nifax-sa-de-cv.html+nifax&cd=9&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&client=firefox-a

 

Sur le retrait du Duxil par l’AFSSAPS Duxil® : le 28 septembre 2005, l’Afssaps annoncait le retrait de l’AMM de Duxil® des laboratoires Servier à la suite d’une réévaluation du rapport bénéfice/risque de ce vasodilatateur à base d’almitrine et de raubasine. L’agence précisait que les résultats obtenus montrent que « l’efficacité de Duxil® est devenue insuffisante au regard des critères actuels exigés pour l’évaluation de l’efficacité dans ses trois indications ». Ces dernières étaient le traitement symptomatique du déficit cognitif et neuro-sensoriel du sujet âgé, (à l’exception de la maladie d’Alzheimer et des autres démences), le traitement d’appoint des baisses d’acuité et troubles des champs auditifs et visuels présumés d’origine vasculaire et le traitement de certains syndromes vertigineux et/ou acouphènes présumés d’origine vasculaire. Par ailleurs, l’Afssaps indiquait que la réévaluation avait mis en évidence un risque rare de neuropathie périphérique et d’amaigrissement. Le médicament disposait d’une AMM depuis 1978 et avait fait l’objet, en septembre 2001, d’une baisse de 65 % à 35 % de son taux de remboursement. Cette dernière décision avait été ensuite annulée par le Conseil d’Etat en juin 2003.

Commentaire de la revue prescrire : La spécialité Duxil à base d’almitrine à fait l’objet d’un retrait d’autorisation de mise sur le marché par l’Afssaps en septembre 2005 alors que l’absence d’efficacité est connue de longue date et les effets à type de neuropathies sont rapportés depuis 20 ans. Le comble est que le « retrait » survient alors que Ardix Médical a déjà cessé la commercialisation de Duxil depuis des mois !

http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Catharanthus_roseus_white_CC-BY-SA.jpg

Sur une critique http://www.lepost.fr/article/2009/03/17/1459637_selon-michel-drucker-cancer-considerable-enjeu-economique.html

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c2/Catharanthus_roseus_white_CC-BY-SA.jpg&imgrefurl=http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Catharanthus_roseus_white_CC-BY-SA.jpg&usg=__sAQrGxEoz0-Siq8OsG3K4uaA3Qg=&h=1920&w=2560&sz=3045&hl=fr&start=4&sig2=ScmZmx7XstteUPHl6Ki6Kg&um=1&tbnid=jfZIQnNmsE8HnM:&tbnh=113&tbnw=150&prev=/images%3Fq%3DCatharanthus%2Broseus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le quinoa, un sacré petit grain

Paru dans Biocontact en 2012

 

Star de l’alimentation biologique, le quinoa est aujourd’hui reconnu comme un aliment aux qualités nutritionnelles remarquables. Sans gluten, cette pseudo-céréale a été  promue aliment de l’avenir.

Que le quinoa soit typique des Andes, en Amérique du Sud, ne fait aucun doute. Depuis quand est-il cultivé ? Au moins depuis l’âge des Incas qui l’appellaient  « Chisya Mama », la mère des céréales. C’est dire l’importance que revêtait pour eux cette graine, qui a tout d’une plante magique : son extraordinaire adaptabilité à des conditions de croissance particulièrement défavorables (telles que les sols les plus salés, le gel ou la sécheresse typiques des hauts plateaux andins) et sa très grande richesse nutritionnelle l’avaient élevée d’emblée au rang de nourriture de la Pachamama, la déesse de la terre. Ceci explique en partie pourquoi le quinoa n’a pas attendu l’avènement de la mondialisation des échanges commerciaux pour se montrer  de l’autre côté de l’Atlantique : bien évidemment, dès que les premiers colons européens ont posé les pieds sur le sol des Amériques, ils les ont remarqués, ces plants si prisés de la cordillère des Andes. Et n’ont pas manqué d’en rapporter des graines chez eux en Europe pour tenter de les y cultiver …avec même quelques succès. Mais sans  marché pour la consommation humaine, le quinoa ne s’est alors pas développé , faute de plus considérations… Aliment des indiens, il était dédaigné des européens et cantonné à servir de grains pour les poules. Quant à ses feuilles , que l’on peut pourtant consommer tout comme des épinards, elles servaient de fourrage pour le bétail…Rapidement tombé dans l’oubli, tout comme le peuple indien dans son ensemble, le quinoa  a connu un renouveau dans les années 1980 : en 1983, une sécheresse importante sur l’Altiplano bolivien a  conduit la communauté européenne à allouer des sommes particulièrement importantes de subvention  aux agriculteurs boliviens pour qu’ils développent la culture du quinoa.

L’effet pervers de la mondialisation

La conséquence immédiate a été le  développement d’une agriculture intensive : la culture qui se pratiquait traditionnellement à flanc de collines est descendue en plaine pour permettre le passage des tracteurs,  entraînant érosion des sols et appauvrissement de la terre . Et surtout une  production  excessive bien difficile à écouler… Heureusement, la sagacité des industriels du bio, qui ont su miser sur les qualités nutritionnelles exceptionnelles du quinoa pour en faire la promotion, a alors ouvert de nouveaux marchés en Occident. Et, depuis une quinzaine d’années, en Amérique du Nord, au Japon et en Europe, les filières d’alimentation diététique et “ bio ” font une promotion efficace du quinoa : sa haute teneur en protéines, sa composition équilibrée en acides aminés, son contenu élevé en minéraux essentiels, lipides, antioxydants et vitamines, et surtout, son absence de gluten, ont tout pour séduire les consommateurs avides de produits bénéfiques pour leur santé.  Aujourd’hui, le quinoa se trouve jusque dans les rayons des supermarchés. Au point que l’offre peine à répondre à la demande : cultivé en Bolivie, mais aussi en Équateur, au Pérou et en Colombie, l’engouement  mondial qu’il suscite aurait pu conduire là encore les terres andines à leur perte,   motivant d’autant plus le développement d’une agriculture intensive destructrice. Sur le terrain, les ONG comme Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) veillent à maintenir la durabilité des cultures : cueillette  des grains sans arrachage des racines, utilisation d’engrais naturels (excréments de lamas), chasses villageoises traditionnelles nocturnes aux papillons (plutôt que recours aux pesticides). Des savoirs-faire connus depuis toujours des paysans indiens, dont  la structure ancestrale, sous forme de mini-communautés (les ayulls), a permis aux indiens de s’organiser pour faire front face aux difficultés et ainsi tirer profit de cette richesse. D’autant que le marché s’étend de plus en plus, avec des débouchés qui vont bien au-delà du marché de l’alimentation : industrie des détergents, des cosmétiques, voire même de la papeterie et des produits phytosanitaires…Seul hic à ce développement idyllique, sa culture n’est destinée qu’à l’exportation :   au sommet de la terre de Cochabamba, en avril 2010, le président bolivien Evo Moralès a beau l’avoir encensé en le décrivant comme seul aliment complet du peuple, fustigeant par ailleurs le poulet aux hormones américain. Dans les faits, les indiens boudent le quinoa, préférant, avec l’argent que leur rapporte son négoce, s’acheter du blé américain, bien plus accessible…

Les différentes formes du quinoa

Actuellement, dans les magasins, on   trouve le quinoa principalement sous forme de grains et de flocons ou de soufflé. Pour être soufflé, le  grain doit être soumis à haute pression dans des conditions de température spécifique. Il devient alors très léger. Et sa forme bien ronde lui permet d’être utilisé  dans de nombreuses préparations. On le cuit comme le riz, un volume pour deux volumes d’eau durant 15 à 20 minutes dans l’eau bouillante. Sous forme de flocons (le grain est  chauffé à la vapeur puis aplati  entre des cylindres), ils sont très rapides à préparer et peuvent être utilisés pour épaissir   le potage ou pour faire   des galettes légères salées ou sucrées. 

 

Un aliment exceptionnellement complet

Le quinoa, quasiment naturellement biologique,  a en tout cas gagné tous ses blasons pour être un mets de choix dans nos assiettes et l’objet des attentions inventives des chefs de la nouvelle cuisine. Réputé pourtant fade au goût, on le met  à toutes les sauces…Et à raison, diététiquement parlant. L’aliment est en effet exceptionnel : un rapport de la FAO, l’Organisation pour l’Agriculture et l’Alimentation des Nations-Unies, le cite comme regroupant tous les éléments nutritifs nécessaires à l’organisme humain. À sa richesse en protéines s’ajoute sa richesse en acides aminés essentiels, dont la lysine, habituellement absente dans les céréales… Au point qu’il pourrait même théoriquement être un substitut au lait maternel ! La valeur nutritionnelle du quinoa est un équilibre exceptionnel : sa teneur en protéines est particulièrement élevée (16%, comme le blé, mais elle peut aller jusqu’à 23%, soit plus de deux fois plus que dans les autres céréales). Sans gluten, il est donc intéressant pour les gens qui souffrent de maladie coeliaque, maladie caractérisée par une intolérance de l’organisme humain à la glutamine, protéine contenue dans le gluten du blé et céréales de la même famille… Le quinoa, riche en acides aminés essentiels, (lysine, méthionine, cystine, arginine, histidine et isoleucine) le rend très complémentaire des autres céréales, habituellement déficientes en lysine, et des légumineuses, déficientes en méthionine et cystine. Il contient en outre de 58 à 68% d’amidon et 5% de sucre. Sa teneur en graisse est de 4 à 9%, dont la moitié en acide linoléique, un acide gras essentiel indispensable au corps humain. Son contenu relativement élevé en huile s’ajoute à ses caractéristiques nutritionnelles importantes. La richesse minérale des terres où il pousse lui donne une teneur exceptionnelle en divers sels minéraux, notamment du calcium, du phosphore et du fer. Et bien sûr du sodium, mais aussi du magnésium et du potassium, autres oligo-éléments nécessaires au bon fonctionnement de toutes les cellules du corps humain. Cette exceptionnelle richesse nutritionnelle explique que l’on tente aujourd’hui de le cultiver dans le monde entier, avec plus ou moins de succès : des contreforts himalayens aux montagnes rocheuses en passant par… les Pyrénées ! Plante multirésistante, le quinoa peut en théorie être cultivée sous tous les climats. Et même en France, où des agriculteurs de la région d’Angers se sont mis à sa culture !  Voire même…dans l’espace ! En effet,  après des années de recherche, la NASA le considère, depuis les années 1990,   comme  CELSS (controlled ecological life support systems ou systèmes de support de vie écologique contrôlée) : sa rapidité de maturation…et sa richesse nutritionnelle en font un candidat de choix pour entrer dans le menu des prochaines missions spatiales…C’est encore de la science-fiction, certes, mais le quinoa se mangera probablement même à l’avenir à des millions de kilomètres de la terre !

 

Clara DELPAS « Vertus et bienfaits du quinoa » , Editions Guy Trédaniel, 184 pages, juin 2011 12€90  – Un livre abondamment illustré pour tout savoir sur le quinoa : histoire, propriétés nutritionnelles et médicales, culture, développement… et recettes de cuisine.

 

 

 

 

Nanotechnologies : un risque professionnel émergent

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p style= »text-align: justify; »>Selon l’Organisation Internationale du Travail, 167 000 travailleurs meurent chaque année dans l’Union Européenne, dont 159 000 d’une maladie directement imputable à leur activité professionnelle. Un bilan qui a conduit l’Agence Européenne de Sécurité et de Santé au Travail à mettre en place un « Observatoire européen du risque » (ERO). Après avoir étudié les risques physiques, biologiques et psychosociaux auxquels pouvaient être exposés les travailleurs, les experts de l’ERO se sont penchés sur les risques chimiques émergents, objet de leur 4ème rapport (1). En tête de liste, viennent les nanoparticules et particules fines qui exposent les travailleurs de nombreuses manières :  lors de la production de ces matériaux, bien sûr, mais aussi, comme le rapport le souligne, surtout lors des opérations de maintenance et de nettoyage de matériaux contenant des nanoparticules.

Des risques qui inquiètent

Ces substances ont un diamètre suffisamment petit pour entrer dans les cellules, par ingestion, par inhalation, ou par contact cutané. Après être entrées dans les organes et les tissus, particulièrement dans les poumons, dans le cerveau et dans le foie, elles n’en sortent plus, entraînant dans les cellules des phénomènes inflammatoires, voire même modifiant la structure des protéines cellulaires.
La confédération européenne des syndicats (CES) qui représente 60 millions de travailleurs européens, s’est penchée elle aussi  sur les nouveaux développements liés aux nanotechnologies et aux nanomatériaux.  Elle a organisé début avril une conférence « Travailler et vivre avec les nanotechnologies » au cours de laquelle elle a présenté la résolution (2) qu’elle a adoptée en juin 2008. Tout en confirmant le potentiel de développement d’application considérable des nanotechnologies et des nanomatériaux dans les domaines de la santé, de l’environnement, des médicaments et des énergies renouvelables, elle souligne de nombreuses inquiétudes quant aux risques potentiels pour la santé humaine et pour l’environnement.
No data = No market ?
Pour la CES, il est clair que ce principe fondateur de REACH devrait être appliqué aux substances sous la forme nanométrique, même s’il s’agit de substances déjà inscrites dans REACH à leur état habituel. On sait en effet que la forme nanométrique modifie les propriétés physiques de la matière. Par ailleurs, s’agissant de nouveaux matériaux, la procédure d’enregistrement devrait s’appliquer indépendamment du seuil minimal de production, fixé à une tonne par an (de nombreux nanomatériaux n’atteignant jamais ce seuil !). La CES pointe aussi sur l’insuffisance des études menées sur les aspects santé- environnement et exige qu’au moins 15% (contre 1% aujourd’hui!) des budgets alloués à la recherche servent à l’évaluation de ces aspects.
Experts et syndicats sont parfaitement d’accord : ils concluent rapports et résolutions en recommandant l’application du principe de précaution, seul moyen de parvenir à un développement responsable des nanotechnologies acceptable pour la société. Personne ne veut rejouer l’histoire de l’amiante. Pas plus que celle des OGM ! Bien au-delà de la protection des travailleurs, (même s’ils restent en première ligne d’exposition), tous rappellent aussi que c’est l’ensemble de la société qui est exposée à ce risque émergent et s’interrogent sur le devenir de ces matériaux dans l’environnement. Les expertises se poursuivent sur la question puisque qu’ une prochaine journée d’audition de  scientifiques est prévue à la Commission Européenne, le 10 septembre 2009…
Mais à l’heure où des centaines de produits de grande consommation  contenant des nanomatériaux sont déjà disponibles sur le marché et où  les budgets publics consacrés  à la recherche sur les nanotechnologies ne cessent d’augmenter d’année en année (ils sont évalués à 3,5 milliards d’euros dans l’Union européenne  pour la période 2007 -2013) on peut douter de l’efficacité de tous ces rapports et  travaux! Car avec un marché mondial d’ores et déjà estimé à 1.000 milliards de dollars d’ici à 2015, il est probablement trop tard pour bien faire !

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p style= »text-align: justify; »>(1)    European Agency for Safety and Health at Work «  Expert forecast on emerging chemical risks relaterd to occupational safety and health », 176 pages
(2)    Résolution de la CES adoptée par le Comité Exécutif du 25 juin 2008, 7 pages

La crise du sommeil

La qualité de notre sommeil est une question de santé essentielle, et même une préoccupation de santé publique : notre bien-être dépend de notre repos quotidien et ceux qui souffrent de troubles du sommeil savent qu’il est inconfortable et préoccupant de mal dormir. D’autant plus que l’on sait, depuis peu, que les perturbations de notre sommeil peuvent avoir des répercussions sur l’émergence de certaines maladies !

Le sommeil et ses troubles sont entrés dans les préoccupations de nos hommes politiques. L’affaire est encore neuve, puisque ce n’est qu’en mars 2007 qu’est paru le rapport d’experts sur le thème du sommeil (1), suscitant ce commentaire explicite du ministre de la Santé de l’époque, Xavier Bertrand : « Ce n’est pas normal de mal dormir » !

Que s’est-il donc passé ? Les troubles du sommeil seraient-ils devenus tout d’un coup devenus plus graves ou plus nombreux ? Pas du tout !     « Nous faisions déjà depuis longtemps une travail de communication et d’alerte autour de cette problématique importante en santé publique, mais jusqu’à présent sans être écouté ! » explique le Dr Sylvie Royant-Parola, spécialiste du sommeil et présidente du Réseau Morphée. La  médecine du sommeil est certes encore jeune (à peine un siècle), mais elle commence à disposer de chiffres qui font état de l’étendue du problème…et donnent l’alerte!

Insomnie, manque de sommeil  et autres troubles…

Le rapport constate ainsi que près de 10% des français sont atteints d’insomnie chronique. En 2008, une enquête, réalisée pour le compte de l’Institut National pour l’Education et la Prévention En Santé (INPES) (2) , a établi que parmi les jeunes adultes, âgés de 25 à 45 ans, 12 % déclaraient souffrir d’insomnie et 17 % accumuler une dette chronique de sommeil.

Bien sûr,  nous sommes loin d’être tous égaux devant le sommeil. Nous n’avons pas forcément besoin de la même quantité de sommeil, et nous n’avons pas non plus les mêmes horaires. Les « gros dormeurs »   ont besoin de 9-12 heures de sommeil par nuit , et les « petits dormeurs », plus rares (ils ne seraient que 5-10% de la population), se contentent de 4-6 heures de sommeil. Entre ces 2 extrêmes, la moyenne nationale se situe à 7 heures. Les jeunes adultes , selon le sondage de  l’INPES, ne dorment   pour leur part que 5h48 par nuit en moyenne. Concernant les horaires de coucher, on connaît bien les « couche-tard » (vers 2-3h du matin) qui se distinguent des « couche-tôt » (avant minuit) et là encore nous sommes loin d’être égaux : il a par exemple été démontré qu’un couche tôt qui se couche tard, même en dormant le même nombre d’heures que d’habitude, perd en qualité de sommeil ! Une autre inégalité face au sommeil réside tout simplement…dans l’âge que nous avons ! Nous n’avons pas les mêmes besoins en sommeil tout au long de notre vie. (voir encadré) Il n’en reste pas moins que les études concluent toutes de façon indéniable qu’un français sur trois souffre de troubles du sommeil et plus spécifiquement 45 % des jeunes adultes considèrent  tout simplement ne pas dormir assez.

Les troubles du sommeil ne se limitent pas à de l’insomnie ou à des difficultés d’endormissement. Au cours de ces trente dernières années, deux pathologies associées au sommeil, ont été repérées par les spécialistes: le syndrome d’apnée du sommeil  et le syndrome des jambes sans repos.  « Là encore, cela a mis du temps. Je me souviens que lors des premières réunions avec les caisses d’assurance maladie, on nous suspectait de créer  de fausses pathologies sous l’influence des  laboratoires  pharmaceutiques! »  se souvient Sylvie Royant-Parola.


Le syndrome des jambes sans repos concerne 2,5 % des adultes. Il se caractérise pas deux manifestations principales,  localisées dans  les membres inférieurs : des « impatiences », voire des douleurs et des  mouvements involontaires périodiques. Les impatiences surviennent le soir ou la nuit, favorisées par l’immobilité et soulagées en partie par le mouvement. Les mouvements involontaires se manifestent par une flexion du pied et des orteils  au cours du sommeil, sans que la personne n’en ait   conscience . Le mécanisme  de ce syndrome reste  méconnu , plusieurs pistes sont évoquées : activité insuffisante de certains neurones, carence en fer, insuffisance rénale ou encore diabète…Les traitements sont médicamenteux essentiellement à base de substances qui apportent de la dopamine.

Les apnées du sommeil  affectent environ 4 % des hommes et 2 % des femmes. Elles sont plus fréquentes après 50 ans et sont souvent  associées à de  l’hypertension artérielle et à des  atteintes cardiovasculaires. Elles sont dues à l’obstruction du pharynx   provoquant  un arrêt de la respiration jusqu’à l’éveil du dormeur. Le diagnostic, suspecté notamment en cas de ronflements très bruyants, ou de symptômes divers ( impression de ne pas avoir “récupéré” pendant la nuit, troubles de la mémoire et de l’attention, irritabilité, baisse de la libido…) est confirmé par un enregistrement  du sommeil et différents tests. Différentes solutions existent pour lutter contre cette pathologie : supprimer l’alcool le soir, limiter si possible certains médicaments, perdre du poids, porter un appareil dentaire et surtout appliquer un masque nasal empêchant ainsi le ronflement et la fermeture du pharynx.

 Les troubles du  sommeil des français

Somnolence diurne excessive : 8%

Mauvais sommeil : 20 à 30%

Insomnie modérée : 15-20%

Insomnie sévère : 9-10%

Syndrome des jambes sans repos : 8,4%

Syndrome d’apnées du sommeil : 5-7% (15% des plus de 70 ans)

 

 Le sommeil et ses âges

nourrisson : 16 à 17 heures

3- 5 ans :  12 heures

 6 -11 ans : 10 heures

à partir de 12 ans : 9 heures

adulte : 7 heures

personnes âgées ou personnes inactives : moins de 7 heures

 

Des conséquences majeures pour la santé

Sans même parler de la consommation importante de somnifères que les troubles du sommeil peuvent entraîner, lorsque l’on n’arrive pas à dormir la nuit, ou que l’on ne dort pas assez, ou mal, on rattrape sa fatigue …en dormant la journée ! Cette somnolence diurne  excessive affecte, toujours selon le rapport sur le sommeil des français, 2,5 millions de personnes. Elle est donc une cause importante d’accidents du travail, d’accidents domestiques  et d’accidents de la route. « 30% des accidents mortels sur la route  sont liés à une somnolence au volant! » rappelle le Dr Sylvie Royant-Parola. De plus, sur un plan physiologique, un mauvais sommeil a également bien d’autres répercussions délétères, puisqu’il est établi qu’il perturbe notamment la reconstitution des stocks énergétiques des cellules musculaires et nerveuses, la production de l’hormone  de croissance, la régulation de la glycémie (risque de surpoids et de diabète), l’élimination des toxines, les défenses immunitaires, l’humeur et l’adaptation au  stress, l’apprentissage et la mémorisation ! Enfin, on sait que les troubles de sommeil  sont l’un des éléments contributifs à d’autres problèmes de santé publique bien identifiés maintenant, tels que l’obésité ou les maladies cardiovasculaires !  

Le saviez-vous ? Si personne ne s’était   endormi … le Titanic n’aurait pas heurté l’iceberg qui l’a fait couler, la navette « Challenger » n’aurait pas explosé. Et  la catastrophe de Tchernobyl n’aurait peut-être pas eu lieu !

Travailler plus pour… dormir moins bien ?

Il a été établi  dès les années 90 que « certaines pathologies  peuvent se créer uniquement du fait de  rythmes de travail (rythmes décalés , horaires de travail de nuit ou horaires contraignants) auxquels la personne n’arrive pas à s’adapter, même après longtemps»  rappelle Sylvie Royant-Parola. Soumise à des horaires de travail variables, avec par exemple des alternances d’activités jour/nuit, l’ossature chronobiologique de l’individu se désorganise totalement, alors qu’elle est extrêmement importante pour son équilibre ! Bien sûr on peut penser aux 3×8 ou au travail de nuit. Mais il y a aussi le simple éloignement du lieu de travail qui impose des temps de trajets de plusieurs heures et donc bien souvent une privation de sommeil puisqu’elle impose de se lever plus tôt. Cependant, alors que le mal de dos est reconnu depuis peu comme maladie professionnelle, ce n’est pas le cas pour les troubles du sommeil. Lla médecine du travail a du mal à admettre le lien entre des difficultés d’endormissement ou troubles du sommeil sans autres troubles associés et l’organisation des horaires de travail : il est encore difficile  d’obtenir une incapacité liée à une inadaptation aux horaires de travail !

En dépit de l’éloge actuel qui est fait à l’hyperactivité dans la société, tout le monde continue donc d’avoir besoin de dormir…  et il est faux de considérer que l’organisme est capable de s’habituer à n’importe quel rythme. D’ailleurs, 52,5% des français attribuent leurs problèmes de sommeil au travail. Bien sûr, d’autres raisons que le travail sont aussi incriminées dans les troubles du sommeil : les facteurs psychologiques comme le stress ou l’anxiété (40 %), les enfants (27 %), les loisirs (21 %) et le temps de transport (17 %). Certaines pratiques, encore récentes, semblent être aussi largement associées à l’émergence des troubles du sommeil : selon  l’étude de l’INPES,  près d’un insomniaque sur deux et une personne en dette de sommeil sur deux surfent sur Internet ou jouent à des jeux vidéos !  Encore faut-il reconnaître les vraies causes de nos troubles du sommeil…et admettre  que  bien dormir  est un gage essentiel de bonne santé!

 

 

 

(1) Rapport sur le thème du sommeil, Ministère de la Santé et des Solidarités, décembre 2006

( 2) Enquête sur les  représentations, les attitudes, les connaissances et les pratiques du sommeil des jeunes adultes en France , Institut National du Sommeil et de la Vigilance , mars 2007

 

 

 

Sommeil et modes de vie 

 

Une interview du Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre et neurobiologiste,   présidente du Réseau Morphée.

Le travail peut-il nous empêcher de dormir?

C’est difficile à établir, la question rejoignant toute la notion de stress  et d’interaction liée à une entreprise : on ne peut pas être tout le temps sur un long fleuve tranquille ! Une entreprise qui vit a aussi tout ce qui fait la vie d’un individu : ses moments de bonheur, de grand développement, de crise … Et les individus qui y travaillent   vont aussi vivre en phase ou en décalé ce que va vivre l’entreprise. Pour l’instant, on connaît un élément vraiment délétère au niveau du sommeil : les ruptures de rythme de travail .

Et la crise économique ?

Là encore, c’est difficile à établir, tout simplement parce que le phénomène est trop récent ! Nous ne disposons pas pour l’instant d’éléments suffisants pour établir quoi que ce soit. Ce serait d’ailleurs compliqué : il faudrait que tous les six mois on recommence  le même type d’études. Et encore, ce n’est pas parce qu’ un lien statistique aurait pu être établi que l’on pourrait conclure…  On a tendance à voir plus de gens insomniaques, mais ce n’est pas parce que l’insomnie gagne du terrain : c’est parce que les gens osent probablement plus se plaindre de leur insomnie !

Qu’en est-il des «  ondes  électromagnétiques » ?

Les champs électromagnétiques induits ne semblent pas entraîner d’interférences notables avec le sommeil. Les seules interférences observées  l’ont été avec des champs magnétiques énormes. Il va sans dire que tout le monde ne dort pas dans une « bobine » électromagnétique ! Quant à l’étude européenne sur les lignes à haute tension, elle n’a pas encore été publiée et pour l’instant, les résultats ne montrent pas grand chose.   Quelques études ont également été menées sur l’impact du téléphone portable sur le sommeil , dont une, parue en 2008, qui montre moins de sommeil profond et un retard d’endormissement chez les utilisateurs de téléphone portable  dans un contexte de communication téléphonique très particulier (téléphone contre l’oreille  pendant 3 heures) , ce qui n’est pas le lot commun, sauf peut-être chez certains  adolescents le soir.  On sait aussi que passer trop de temps derrière l’ ordinateur perturbe le sommeil : La lumière forte émise par l’écran arrive directement sur la rétine dont les photorécepteurs, sensibles à l’intensité lumineuse, sont en lien direct avec notre horloge interne. Celle-ci va retarder la production de mélatonine, l’hormone qui nous permet de mesurer le temps, entraînant un retard d’endormissement avec un réveil plus tardif.

 

Existe-t-il d’autres facteurs environnementaux nuisibles pour notre sommeil ?

Il y a deux choses vraiment délétères : la chaleur et le bruit. Dormir à une température ambiante de plus de  30°C est vraiment très difficile, et des troubles du sommeil peuvent apparaître, notamment lorsque l’hygrométrie (le degré d’humidité de l’air ambiant) est insuffisante.   Quant au bruit, en dehors du tapage nocturne et des bruits de voisinage, qui peuvent nous empêcher de nous endormir,  ou des pleurs de nourrissons qui peuvent nous réveiller la nuit, des études ont montré très clairement que les bruits liés au décollage et à l’atterrissage des avions, entraînaient une activation cardiaque au cours du sommeil, c’est-à-dire que le rythme cardiaque du dormeur augmente, même si la personne ne perçoit plus le bruit.

ENCADRE : Se créer un bon environnement pour dormir

 

Les éléments  favorables  au sommeil

 

– une chambre agréable et rangée,

– une literie de qualité,

– le silence,

– l’obscurité,

– une température moyenne de la pièce,

– un état de détente 

Les éléments défavorables  

– présence d’enfants d’âge différent dans la même chambre,

– le bruit

– la lumière de la ville

– le désordre

– les équipements électriques, (télévision, ordinateur ) dans la chambre 

 

Quand faut-il s’inquiéter vraiment de son sommeil ? 

Ne pas dormir pendant 15 jours sur une période donnée, parce que l’on est face à un événement stressant ou que l’on est inquiet  est tout à fait  normal. Cela montre qu’on est préoccupé par une priorité qu’il faut pouvoir régler et qui  demande du temps. On prend ce temps sur le sommeil, ce qui n’est pas d’une efficience absolue, puisque moins on dort moins on est bien le lendemain ! On peut envisager une consultation spécialisée lorsque les troubles, quels qu’ils soient – difficultés d’endormissement, réveils en pleine nuit ou trop précoce le matin, sensation d’un sommeil non réparateur…- se reproduisent plus de trois fois par semaine sur une période qui dure plus de trois mois. Cela n’empêche pas bien entendu de s’occuper de son sommeil sans attendre,  mais si aucune solution n’améliore la situation au bout de trois mois,  on peut envisager une consultation spécialisée afin de chercher une autre cause plus spécifiquement liée au sommeil. L’enregistrement du sommeil n’est pas systémique, sauf en cas de suspicion d’apnées du sommeil, de mouvements pendant la nuit ou de  comportements curieux au cours du sommeil. Bien souvent, l’évaluation se fait au moyen de la tenue d’un agenda du sommeil, avec pour seuls outils du papier, et un crayon !

Peut-on guérir tous les troubles ?

Bien sûr que non ! Dans le sommeil, il existe beaucoup de  choses qui sont de l’ordre de la perception, donc de l’image que l’on se fait de son sommeil et  de la satisfaction  que l’on en a . Certains sont des éternels mécontents,   il s’avère que leur mécontentement s’est focalisé sur leur sommeil, mais cela aurait pu être sur autre chose ! Pour  ceux là , quoi que l’on fasse, rien ne pourra les améliorer!  

 

ENCADRE : Le Réseau Morphée

Le réseau Morphée regroupe différents professionnels de santé impliqués dans la prise en charge des troubles du sommeil. Cette association  à but non lucratif est un réseau de santé, monté voici deux ansqui s’est développé en 2004 dans une démarche , à titre expérimentale encouragée par les pouvoirs publics. Le réseau Morphée vise à aider le grand public à prendre conscience de ce que sont les troubles du sommeil au travers de conférences et d’animation au sein du réseau, des collectivités locales ou des écoles. Il organise aussi des ateliers du sommeil, permettant d’offrir une réponse directe aux gens qui souffrent de problèmes de sommeil. Ces ateliers leur apprennent à gérer leur sommeil différemment, afin d obtenir  une amélioration de l insomnie. Le’objectif est de responsabiliser les gens face à la prise en charge de leurs troubles du sommeil, et de favoriser l’interaction et la synergie entre tous les intervenants de la prise en charge : il propose un travail de coordination des soins, sous l’égide du médecin coordinateur, ainsi que des formations et des conseils aux  médecins, et plus globalement aux professionnels de santé pour les aider à trouver des réponses face aux troubles du sommei.   

Réseau Morphée – 2 grande Rue – 92380 GARCHES- Tél : 09 77 93 12 04 (de 14h à 17h) e-mail : contact@reseau-morphee.org / site web : http://www.reseau-morphee.org

 

 

ENCADRE : La journée du sommeil 2009

Le 18 mars s’est tenu la 9ème journée Nationale du sommeil organisée par l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance avec le soutien de la Société Française de Recherche et de Médecine du Sommeil et du Syndicat de la Médecine du Sommeil et de la Vigilance. Elle avait pour thème : SOMMEIL ET RYTHME DE VIE. À cette occasion, des centres du sommeil, répartis sur la France entière, ont comme chaque année ouvert leurs portes, avec la participation d’associations de malades pour accueillir, informer et sensibiliser le public sur les troubles du sommeil.  

 

Pour en savoir plus

ROYANT-PAROLA Sylvie « Comment retrouver le sommeil par soi-même », Editions Odile Jacob

Le site internet de Sylvie Royant-Parola :  http://www.royant-parola.fr/