Un monde sans huile de palme est-il possible?

Représentant 25% des huiles utilisées par l’industrie agro-alimentaire, l’huile de palme est l’huile la plus consommée au monde, devant l’huile de soja (24%), de tournesol (7%) et de colza (12%). A l’instar du soja pour lequel on a abattu des hectares et des hectares de forêt amazonienne, le palmier à huile est devenu l’ennemi numéro 1 des forêts indonésiennes et africaines…et de leurs habitants. D’abord, pour planter ce palmier, il faut déforester et donc pour que cela aille très vite déboiser par brûlis, par feux de forêts : Malaisie et Indonésie sont devenues à cette occasion l’un des plus gros pays producteur de CO2 de la planète. Ensuite, pour le cultiver, il faut employer des paysans : ce qui conduit à un appauvrissement général des populations indigènes, devenues employées des multinationales qui détiennent ces palmiers à huile. S’ensuivent des conflits sociaux dramatiques, renforcés par des injustices de traitement : aujourd’hui, si un paysan indonésien s’avise à couper un seul arbre, il risque la prison. Alors que les multinationales ont pour leur part le droit d’abattre l’équivalent d’un terrain de foot toutes les 10 secondes pour installer leurs palmeraies ! Pour clore le tableau, les terres sur lesquelles ces plantations se développent sont condamnées ; on ne pourra plus y cultiver rien d’autre, comme la plupart des terres dédiées à la monoculture intensive. Tandis que les espèces qui vivent sur ces territoires, comme les orangs-outans ou les tigres par exemple, disparaissent peu à peu, menaçant gravement l’équilibre écologique de ces régions. Au point que la Banque Mondiale a annoncé fin 2009 un moratoire sur ses financements à l’huile de palme, peu après la publication du rapport d’évaluation des plantations financées …

De l’huile de palme durable ?
Pour tenter de rendre le commerce de l’huile de palme plus soutenable, le WWF a initié dès 2002 une table ronde pour la production durable d’huile de palme (Roundtable for Sustainable Palm Oil – RSPO)
réunissant les différents acteurs de la filière, et notamment les exploitants de palmeraie. Les associations paysannes comme l’association des paysans indonésiens, membre de la Via Campesina, dénoncent cependant l’hypocrisie de la certification qui en découle, l’huile de palme « durable », CSPO. En cause, les industriels qui poussent les paysans à déboiser contre des propositions d’emploi non tenues… Mais aussi les directives internationales REDD (Reducing Emissions Through Deforestation and Degradation) qui prétendent définir les critères d’une déforestation « durable », mais toujours au profit des multinationales et au détriment des petits exploitants habitués à gérer depuis toujours leurs terres ancestrales. Quant à l’impact de la démarche, il pose question : depuis 2008, le WWF évalue la politique d’achat des utilisateurs européens d’huile de palme. Et selon ce Palm Oil Buyers’ Scorecard, 81% de l’huile de palme CSPO est produite…en pure perte puisqu’elle n’est pas achetée ! Pas vraiment étonnant lorsqu’au final, 49 des 59 entreprises qui s’étaient engagées à recourir à l’huile de palme durable (CSPO) se sont défilés.

Une omniprésence dans les produits industriels
Bien sûr, le scandale de l’huile de palme est connu depuis longtemps. D’autant que l’huile de palme continue d’entrer dans la composition de nombreux produits, de façon plus ou moins explicite. Sur l’étiquette peut figurer en effet « huile de palme » ou « huile de palmite » (dans ce cas elle est extraite des graines) mais aussi de façon plus laconique « huile ou matière grasse végétale »… Comme elle résiste bien à la chaleur, cette huile est fréquemment incorporée aux plats tout préparés en conserve ou surgelés. Sa mauvaise réputation écologique, étayée par les campagnes de sensibilisation choc menées par les ONG de protection de l’environnement, comme Greenpeace ou le WWF, se double d’effets néfastes pour la santé. Car l’huile de palme, extraite par pression à chaud de la pulpe des fruits du palmier à huile, est une graisse naturellement hydrogénée, ce qui témoigne de la présence d’un fort pourcentage d’acides gras saturés (50 % environ), réputés être la cause de maladies cardio-vasculaires. Même si Alain Rival, spécialiste du palmier à huile au Cirad (Centre d’Information et de Recherche Agronomique pour le Développement), modère cette dangerosité en précisant que « de récentes études scientifiques ont établi que les acides gras saturés contenus dans l’huile de palme ne sont pas métabolisés au cours de la digestion » Et la relativise en rappelant que « Le beurre de cacao contient 60 % d’acides gras saturés, il est également naturellement hydrogéné. Mais personne ne dit qu’il est mauvais pour la santé d’en consommer ! »



Impact des palmiers à huile sur les forêts indonésiennes
source WWF_France.  

Des produits sans huile de palme ?
Sous la pression des ONG et de l’opinion publique, les industriels ont commencé à bouger. Fin mars 2010, la marque Casino a officiellement annoncé qu’elle cessait d’inclure l’huile de palme dans ses produits alimentaires, en raison de ses risques pour la santé et de son impact sur l’environnement. De même pour Cadbury. D’autres firmes ont montré leurs préoccupations : Nestlé (que Greenpeace avait peu avant épinglé au travers d’une fausse pub montrant un jeune cadre croquant dans un kitkat et se retrouvant…la bouche pleine du sang d’orang-outans morts pour quelques lopins de palmeraies …) et Unilever se sont ainsi engagées à n’utiliser que de l’huile de palme certifiée durable d’ici 2012 à 2015. D’autres en revanche font la sourde oreille. Comme l’italien Ferrero, qui n’a pris aucune mesure pour modifier la composition de son Nutella mais pourrait se voir dans l’obligation d’apposer sur ses pots l’étiquette « Nuit gravement à la santé », dans le cadre du prochain règlement européen de lutte contre l’obésité !…L’Union Européenne elle-même a dénoncé au début de cet été la composition nutritionnelle de cette pâte à tartiner faite à 60% d’huile de palme et de sucres (sans que l’on puisse d’ailleurs déterminer la part respective de l’un et de l’autre, secret industriel oblige !). Mais on ne touche pas impunément à de tels symboles produits à 235 000 Tonnes chaque année ! Un député du parti de la Ligue du Nord de l’Italie s’est même empressé de fonder un comité « Touche pas à mon Nutella »… Enfin, selon le classement 2008 du Palm Oil Buyers’ Scorecard du WWF, de nombreuses entreprises françaises n’ont toujours pris aucun engagement pour revoir leur politique d’achat : Auchan, Brioche Pasquier, Les Mousquetaires (Intermarché) et Magasin U.


Have a break ?

Bio ? vous avez dit bio ?
Que penser dans ce contexte de l’huile de palme biologique ? Oui vous avez bien lu. Début 2010, l’organisme de certification Ecocert a en effet pu labelliser une huile de palme biologique ! Car, d’après le nouveau règlement européen, la déforestation n’est pas un critère permettant de refuser la certification AB ! Il est vrai qu’ Ecocert, financé par les pouvoirs publics, a dans le même temps saisi la Commission Européenne pour lui demander de se positionner sur la production d’huile de palme biologique : l’article 5 du Règlement CE 834/2007 relatif à la production biologique et à l’étiquetage des produits biologiques (CE) stipule en effet qu’il faut « tenir compte de l’équilibre écologique local ou régional dans le cadre des décisions en matière de production » … Mais même si Ecocert devance déjà toutes les critiques en se dotant d’un référentiel ESR (Equitable Solidaire et Responsable), intègrant des exigences strictes de respect de la biodiversité et de la dignité humaine, laissant espérer une amélioration des conditions de production de cette huile, la certification d’un tel produit peut-elle seulement prétendre suffire à laver notre conscience de consommateur ?

Paru dans Alternative Santé octobre 2010

Stevia : des extraits frelatés ?

paru dans Alternative Santé en octobre 2010

Si la stevia reste une plante interdite sur le territoire français, les extraits de stevia, sous forme de rébaudioside A, sont depuis janvier 2010 autorisés comme édulcorants de table. D’où viennent-ils ? Leur qualité est-elle contrôlée ? Petite enquête…

En août 2010, une association de consommateurs de Santa Cruz (Bolivie) a demandé à 3 laboratoires universitaires boliviens d’analyser les extraits de stevia commercialisés dans les pharmacies et magasins de diététique du pays. Résultats : 4 marques distributrices d’extraits de glycosides de stevia les coupent à 20 % avec de la saccharine et du cyclamate de sodium voire même de l’aspartame ! Ces produits ? E.N.D. Stevia, Dulce-C   Stevia, La Bolivianita et Majota Stevie.  La Chambre Bolivienne de la Stevia nouvellement créée, et la Posta, l’Association des Producteurs biologiques de Stevia, ont alerté aussitôt les consommateurs sur la nocivité de ces édulcorants indésirables. Et la presse bolivienne s’est emparée de l’affaire, parlant depuis l’automne du scandale de la stevia frelatée.

L’affaire semble plus qu’une simple histoire locale, car les extraits de stevia destinés à être exportés dans d’autres pays d’Europe, selon les laboratoires d’analyse, sont également coupés. Les fabricants, contactés par téléphone ou mail, ne répondent pas…

« Cette histoire bolivienne est incompréhensible ! » commente le Dr Joël Perret, fondateur de Stevia Natura, une société française spécialisée dans la commercialisation d’extraits de Stevia. « C’est à croire qu’ils veulent tuer la Stevia ! » 

Nom de code : Rébaudioside A

La stevia est une plante édulcorante utilisée depuis des siècles par les Indiens guaranis au Paraguay qui en font simplement sécher les feuilles (voir l’ article que nous lui avions consacré en 2009). Ses molécules édulcorantes ont été identifiées dès les années 1930, et semblent intéresser depuis longtemps l’industrie agroalimentaire. Mais ce n’est que depuis 2008 aux États unis et 2009 en France  que l’une d’entre elles, le rébaudioside A, est autorisé comme additif alimentaire. Soit 40 ans après les Japonais ! Ce qui explique aussi que le scandale de la stevia frelatée ne devrait pas nous inquiéter outre mesure, car a priori, nous avons peu de chance de trouver des extraits boliviens sur le marché français. En effet, l’intérêt des Japonais pour la Stevia dès les années 1950, leur a fait rapporter des plants d’Amérique du Sud qu’ils ont entrepris de cultiver sur les vastes terres de leurs voisins chinois : à présent, les cultures chinoises de Stevia s’étendent sur plus de 20 000 hectares ! Et approvisionnent en extraits 80 % du marché mondial.

Quelles garanties de pureté et de fabrication ?

Est-ce pour autant que les garanties de qualité sont là ? Questionnée, la DGCCRF (Direction générale de la Consommation et de la Répression des Fraudes) se veut rassurante : « Les édulcorants comme tous les additifs autorisés ne peuvent être commercialisés que s’ils respectent les critères de pureté définis par la réglementation. Ces critères sont fixés par l’arrêté du 26 août 2009 pour le rebaudioside A. Ainsi, seuls les extraits de rebaudioside A purifiés à plus de 97 % sont autorisés. » Mais la même DGCCRF se montre bien plus évasive sur les procédures de contrôle visant à vérifier la qualité de ces extraits… ou la façon dont ils ont été obtenus ! Se contentant de rappeler qu’il existe un processus d’extraction que les laboratoires synthétisant les extraits sont supposés respectés. Ce procédé, fixé par le JECFA [1], le comité mixte FAO/OMS, co-administré par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), chargé de l’évaluation des risques en matière d’additifs alimentaires pour le Codex alimentarius, semble simple sur le papier : « Les feuilles sont placées dans l’eau chaude qui en extrait les molécules sucrantes, la solution est passée au travers d’une résine d’absorption pour piéger et concentrer les glycosides de steviol. La résine est ensuite lavée avec un solvant (alcool) pour libérer les glycosides. Puis le produit est cristallisé avec du méthanol ou une solution d’éthanol et d’eau et enfin, séché. »

Mais en pratique, comment garantir que certains laboratoires, notamment en Indonésie ou en Malaisie, n’utilisent pas des solvants à base d’hydrocarbures, comme le kérosène, meilleur marché que l’éthanol ?   Par ailleurs, les extraits étant autorisés avec un degré de pureté de 97 %, cela signifie que 3 % d’impuretés sont tolérées. En théorie, de simples résidus végétaux… mais quid de résidus éventuels de produits phytosanitaires liés aux pratiques bien connues de l’agriculture intensive chinoise ou de métaux lourds réputés contaminer les sols ? Et que dire des extraits boliviens qui, affichant une pureté de 97 %, s’avèrent n’être purs qu’à 80 %, les 20 % restant étant constitué de saccharine, ou d’autres édulcorants ?

Solution locale

Tant de questions sans réponse relancent l’intérêt de développer des filières locales. Même si pour l’instant, la stevia, reste en tant que plante, interdite de culture en France. Joël Perret, depuis 2004, croit très fort dans son potentiel  sur le marché des édulcorants.  Sa société s’approvisionne en feuilles en Inde et en Amérique du Sud. Et ses extraits, dont il contrôle lui-même la qualité, sont réalisés exclusivement par extraction à l’eau. Ils sont utilisés par exemple par la brasserie  Lancelot qui fabrique  depuis cette année un Breizh Cola à la Stévia. Joël Perret espère beaucoup de la filière française de culture qu’il est en train de mettre en place, avec l’accord de la DGCCRF. Une garantie de qualité et de sécurité pour les consommateurs qui s’inscrit aussi dans la logique du développement durable : « À terme, c’est le seul moyen pour éviter de lourds déplacements en avion d’un bout à l’autre de la planète ! » explique-t-il. Une façon peut-être aussi de lutter contre un autre risque plus insidieux, dénoncé de l’autre côté des Pyrénées, par Josep Pamiès, le « José Bové » espagnol  : « non contents de faire figurer “stevia” sur leurs étiquettes, et donc de profiter de l’image verte de cette plante, les industriels de Coca Cola ou de Pepsi Cola vont pouvoir à loisir procéder à des modifications génétiques des graines de stevia, de sorte de leur faire produire de grandes quantités de rebaudiosideA ».

Pour l’instant, depuis mai  2010, Joël Perret coordonne un essai de culture de la stévia, selon les modalités de l’agriculture biologique, sur quelques dizaines d’ares, qu’il a initié en collaboration avec le Conseil général de l’Hérault et le Centre expérimental horticole de Marsillargues (CEHM), sur deux sites d’expérimentation, à Béziers et à Marsillargues. « Les premiers résultats sont très prometteurs », affirme Charly Fabre, ingénieur agronome de la Chambre d’agriculture de l’Hérault qui veille sur l’expérimentation menée à Marsillargues, « mais doivent encore être confirmés ». S’ils le sont, prochainement, la Stevia sera enfin cultivée en France !

Clara DELPAS

Réglementation 

* En France, seul l’extrait de rébaudioside A est autorisé temporairement, comme additif alimentaire (6 septembre 2009) et comme édulcorant de table (arrêté interministériel du 8 janvier 2010), jusqu’en septembre 2011.

* Un avis favorable de l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments sur les autres molécules édulcorantes de la stevia devrait entraîner d’autres autorisations.

* La plante elle-même reste interdite tant à la culture qu’à la consommation, relevant de la réglementation européenne Novel Food qui exige un dossier toxicologique complet. Les choses pourraient changer en 2011.

En pratique

Guayapi Tropical   commercialise déjà des feuilles séchées de Stevia comme complément alimentaire. Et la maison du stevia ,  des plants sur internet.

Guayapi Tropical 55, rue Traversière 75012 PARIS http://www.guayapi.com

Stevia Natura http://www.stevia-natura.fr

La Maison du Stevia http://www.lamaisondustevia.com


 

Bolivie : la fabrication des vins d’altitude

Paru le 01/10/10 dans Science Actualités

En Bolivie, on cultive la vigne depuis le XVIe siècle. Héritage des colons espagnols et des missionnaires catholiques, le vin bolivien avait jusqu’à peu encore, une réputation de piquette et de vin de messe qui le cantonnait à une production très locale. Désormais, il dispose de bons crus, à l’instar des vins chiliens, argentins ou brésiliens.

 

Les vins les plus hauts du monde

 

 

Comme tous ces vins sud-américains, le vin bolivien est issu de vignobles d’altitude… et non des moindres. Les raisins des vallées de Tarija et de Cintri sont en effet perchés entre 1700 et 3000 mètres d’altitude. Conséquence immédiate : une plus forte exposition aux rayons ultraviolets, à l’origine d’une très forte concentration en arômes et en couleurs.

 

Portrait de François Thorez

Quels sont les effets de l’altitude sur le vin ? (audio malheureusement disparu du site de la csi)

 

Durant le cycle de maturation du raisin, l’action des rayons ultraviolets sur les grappes est plus intense, ce qui pourrait, selon les scientifiques qui tentent de comprendre le phénomène, modifier la photosynthèse habituelle de la plante en favorisant notamment la synthèse d’un grand nombre de molécules odorantes et de précurseurs d’arômes à l’état libre : polyphénols, flavonoïdes, resvératrol et anthocyanines. Car les dosages réalisés sur les raisins révèlent de plus fortes concentrations de ces substances.

Pour que le vin bolivien soit commercialisé, il fallait une volonté politique capable de fédérer la production viticole en une appellation contrôlée nationale, « vinos de Bolivia » (vins de Bolivie) reconnue sur le marché international, ainsi que des moyens financiers pour moderniser la production. Grâce à la FAUTAPO, une fondation soutenue par les Pays-Bas depuis 2006, près de 45 millions de dollars (34 millions d’euros) ont pu être investis dans le développement de la vinification. De quoi équiper les « Bodegas », nom espagnol des domaines viticoles, en matériel dernier-cri (cuves, tonneaux…) et mener quelques études scientifiques.

(DIAPORAMA  … malheureusement disparu du site de la csi)

La cartographie au secours de la viticulture

 

Le fait est empiriquement connu depuis longtemps, ne serait-ce que par les quelque 2 000 familles qui vivent de la culture du raisin dans la région : dans la vallée de Tarija, qui s’étend sur une superficie de 332 521 ha, pour la culture de la vigne, toutes les terres ne se valent pas. Certaines produisent plus de raisin tandis que d’autres sont plus sensibles à certaines maladies de la vigne. Comment les distinguer ?

Dans le cadre du programme étatsunien d’observation planétaire des terres agricoles maintenu par la Nasa depuis 1972, des satellites sont envoyés régulièrement dans l’espace pour quadriller les terres cultivables de la planète. Le dernier en date, LANDSAT 7, a permis le quadrillage de la vallée de Tarija en 84 zones caractérisées ensuite selon leurs données microclimatiques (humidité, température), géomorphologiques (composition et dureté des sols), physicochimiques (pH, teneur des sols en carbonates et oligoéléments) et topologiques (altitude, pente).

 

carte de la vallée de Traija

Carte de la vallée de Tarija

 

« Pour déterminer tous ces critères, près de 700 analyses de sol ont été nécessaires, ainsi que les relevés de température, de pluviométrie et de récoltes (maladies, rendement….) réalisés au cours de ces quarante dernières années », explique Luis Antelo, responsable du développement du marché à la FAUTAPO. La détermination de tous ces critères a permis d’identifier les terres les plus propices à la culture de la vigne.

Ainsi, sur les 332 521 ha étudiés, seulement 11 705 ha présentent une aptitude correcte ou moyenne à la culture de la vigne, 79 770 une aptitude limitée et 241 046 ha une aptitude très limitée voire aucune aptitude. Au-delà de l’intérêt scientifique, les enjeux économiques sont importants : en déterminant avec précision quelles terres sont supposées donner les rendements annuels les plus élevés en raisin, on peut fixer une valeur aux terrains agricoles et au raisin qui y pousse… ou acquérir sans risque de se tromper les meilleures parcelles.

Les mystères des vins d’altitude

Le changement climatique a-t-il aussi un impact sur la culture du vin ? (audio malheureusement disparu du site de la csi)

 

Les vins d’altitude sont dotés de propriétés physicochimiques uniques : ils sont beaucoup plus chargés en alcool que les vins habituels, et surtout, ils vieillissent plus vite. Au point qu’une œnologue espagnole, Isabel Mijales, les qualifie de « jeunes avec des têtes de vieux ». François Thorez, œnologue français qui fait du vin depuis dix-sept ans en Bolivie, précise que ces vins acquièrent en 2-3 ans des familles aromatiques complexes, qui ne se retrouvent habituellement que dans des vins de très haute gamme en Europe que l’on aurait pris soin de laisser vieillir longtemps. « Tout cela est empirique, mais soutenu par quelques 17 ans d’expérience, modère-t-il. En effet, je dirai qu’en 2 ans, nous atteignons l’équivalent d’un « Grand cru » de 8-12 ans ou d’un « Barolo » (italien) de 10-15 ans… ! »

Les mécanismes selon lesquels ces vins d’altitude acquièrent leurs particularités sont loin d’être encore élucidés. Leur teneur élevée en polyphénols est sans doute un élément clé. Mais pour le moment, aucune étude scientifique n’a été réalisée. Les polyphénols font bien l’objet de l’attention des scientifiques du CENAVIT (Centro Nacional vitivinicula), le centre bolivien d’études viticoles, mais c’est surtout parce que ces composés sont réputés bénéfiques pour la santé, ce qui constitue un argument supplémentaire de qualité à mettre sur l’étiquette. Un programme d’analyse comparée entre vins boliviens et vins argentins, chiliens et européens vient d’ailleurs de démarrer avec un premier envoi d’échantillons de vins boliviens à l’Institut national de viticulture (Argentine).

 

La science du vin

 

En attendant, le succès des vins boliviens ne s’est pas fait attendre. Les Trivarietal 2003 et 2004 de la Bodega Campos de Solana ont reçu plusieurs médailles internationales : le Trivariétal 2006 de la Bodega Casa Grande a été primé aux Vinalies Internationales 2009 de Paris ; et le nouveau cru du Château del Inca a obtenu la médaille d’or aux Vinalies 2010 !

Point commun entre ces trois Bodegas : le même œnologue, François Thorez. Et l’art de l’assemblage : en effet, un vin se fabrique en réalisant des assemblages de plusieurs cépages. Le Trivarietal, comme son nom l’indique, est un assemblage de 3 cépages différents (Cabaret-Sauvignon, Malbec et Merlot). Tout comme les crus du Château del Inca, initiés depuis 2004… et les vins français, même si ce n’est pas spécifié sur l’étiquette. À l’instar du Châteauneuf-du-Pape qui est par exemple un assemblage de 13 cépages différents !

Cette opération cruciale qu’est l’assemblage des vins tient-elle plus de l’expérience olfactive et organoleptique de l’œnologue capable de mélanger les bonnes concentrations d’arômes… que de l’analyse chimique ? En y regardant de plus près, un bon cru est un mélange réussi de quelques cépages et de plus de 3 000 molécules aromatiques différentes. Pour le réussir, le nez et le palais semblent encore et toujours être des alliés plus sûrs que les formules chimiques !

 

Des sondes contaminées !

L’échographie est un examen non invasif utilisant les ultrasons générés par une sonde placée sur ou dans le corps selon les organes explorés. Pour les actes d’échographie endocavitaire, qui nécessitent l’introduction d’une sonde dans le vagin ou le rectum, la désinfection semble devoir être un acte particulièrement important. Or qu’il s’agisse des échographies rectales, auxquelles on recourt par exemple pour faire des biopsies de la prostate… ou des échographies vaginales, préconisées dans le suivi de grossesse ou le dépistage de tumeurs de l’ovaire, on peut se demander si les recommandations actuelles sont suffisantes … surtout depuis qu’elles ont été revues à la baisse! Jusqu’alors, les sondes devaient subir une décontamination dite de niveau intermédiaire : elles étaient d’un patient à l’autre soigneusement désinfectées, plongées dans une solution décontaminante, chargée d’éliminer bactéries, virus et champignons… Mais depuis, fin 2008, le Haut Conseil pour la Santé Publique (HSCP) a abaissé ce niveau de décontamination des sondes au niveau le plus bas. Principalement pour des raisons financières. Certains produits utilisés abîment les sondes et en imposent le renouvellement plus fréquent. Quant aux autres systèmes de décontamination (appareils à UV), ils imposent un budget d’équipement supplémentaire aux radiologues. Mais est-ce une raison suffisante pour prendre le risque de transiger sur la sécurité des patients ?

Un risque de contamination élevé

Aujourd’hui, les échographies endocavitaires pourraient bien être une nouvelle façon d’attraper papilloma virus, VIH, chlamydias, hépatite B et C, staphylocoques, etc… C’est pour éviter un nouveau scandale de santé publique, du type de celui du sang contaminé, que le LIEN (association d’information et d’aide aux victimes d’infections nosocomiales, et d’accidents médicaux), avec le CISS (Collectif Interassociatif sur la Santé) et l’association COLISEE (Collectif de Lutte contre les Infections par les Sondes d’Echographie Endocavitaire) tirent depuis quelque temps la sonnette d’alarme auprès des autorités sanitaires françaises… Bien sûr, les recommandations officielles se basent sur le fait que dans le cas des échographies vaginales ou rectales, les sondes sont recouvertes d’une gaine à usage unique et que, partant du principe que l’on change la gaine d’un patient à l’autre, le risque de transmission est a priori limité. A priori seulement. Car comment une telle gaine peut-elle enlever tout risque de contamination ? « D’abord, elle peut se déchirer (dans le cas des sondes vaginales, elle s’avère n’être souvent qu’un préservatif mal adapté), et puis, lorsque le praticien l’enlève pour la remplacer par une neuve, il risque de toutes façons par ces manipulations de disséminer les germes éventuels » explicite Claude Rambaud, présidente du LIEN. L’avis des spécialistes de l’association COLISEE est encore plus tranché : pour le professeur Guy Frija, ancien Secrétaire général de la Société Française de Radiologie « La gaine donne bonne conscience mais elle ne protège pas ». Quant au docteur Guillaume Kac, professeur d’hygiène à l’hôpital Georges Pompidou, il précise  : « les micro-perforations laissent passer les micro-organismes, et en particulier les virus ! » Une étude menée au CHU de Rennes sur le contôle microbiologique de la désinfection de sondes endovaginales a d’ailleurs confirmé en juin 2009 la contamination de nombreux prélèvements réalisés sur de telles sondes, après la prétendue désinfection ! Un résultat qui ne va pas du tout avec l’esprit des recommandations du HCSP  qui n’hésite pas à préconiser très sérieusement… l’examen visuel de la sonde par le praticien ! «  Expliquez-moi comment à l’examen visuel on voit si il y a une bactérie ou pas ! » s’insurge Claude Rambaud. Autre argument avancé par les autorités : le vagin n’étant de toutes façons pas stérile, à quoi cela sert-il de bien désinfecter les sondes ?   Une affirmation qui a le don d’énerver Claude Rambaud : « Qu’est ce que ça veut dire des choses comme ça ? À la limite, c’est sexiste. Ça veut dire que l’ on peut mettre n’importe quoi dans le vagin , que ça n’a pas d’importance ! » Enfin, dernier point mis en avant pour justifier l’absence de procédures plus rigoureuses : la prétendue absence de victimes. Pourtant, outre-Atlantique, des cas existent. Deux experts du CDC (Center of Disease Control, le Centre de Contrôle des Maladies, un organisme international de recensement des maladies, basé à Atlanta, dépendant de l’OMS) ont écrit à Roselyne Bachelot au printemps 2009 : « Il a été démontré que la perforation de la gaine conduisait à la contamination de la sonde. L’utilisation d’une sonde mal désinfectée a  déjà provoqué une transmission infectieuse. Les études soulignent la nécessité d’avoir une désinfection efficace entre chaque examen ». Ils n’ont reçu aucune réponse !

 

En première ligne, les femmes

 

Pourtant, le problème est de taille et les femmes sont en première ligne : pas moins de 4 millions d’échographies endocavitaires sont pratiquées chaque année en France. Si les échographies rectales lors d’une biopsie s’accompagnent souvent d’une couverture antibiotique pour parer tout risque de contamination, les échographies vaginales (2millions par an), ne sont pas soumises aux normes d’hygiène les plus élémentaires. Elles exposent, dans 30% des cas, à un risque infectieux. Un risque réel mais non reconnu. « Comment différencier une contamination par voie sexuelle d’une contamination par sonde d’échographie ? Ce sont les mêmes bactéries ! » explique Claude Rambaud, qui cite le cas d’une transmission infectieuse chez une veuve… Bien sûr, on ne peut rien prouver et c’est la parole des patients contre celle des autorités, qui faute de victimes « recensables », nient jusqu’à l’éventualité d’une contamination par sonde…

Silence radio du ministère

Depuis le printemps 2009, le Ministère a été saisi par les associations, et deux députés ont déposé deux amendements sur le sujet. Rejetés. La Ministre s’était alors engagée à réaliser une étude sur la pertinence des recommandations publiées par le Haut Conseil de la Santé Publique. L’étude est néanmoins indisponible, alors qu’elle est apparemment terminée puisqu’ annoncée sur le site de l’Académie de Médecine…! Relancer, une fois de plus ? « La ministre ne reçoit pas les associations. Si c’est pour voir un troisième rang qui ne saura pas me répondre… ou qui va encore me faire une réponse de langue de bois, ce n’est pas la peine », explique Claude Rambaud, un brin dépitée ! L’association COLISEE a mis en place une pétition en ligne sur son site internet. Mais une révision officielle des normes à la hausse semblant pour l’instant peu probable, comment se prémunir d’une contamination ? Demander à son gynécologue s’il désinfecte correctement ses sondes est loin d’être diplomatiquement évident ! Reste, pour l’instant, à prendre le premier rendez-vous de la journée, celui où le patient a la garantie que la sonde est parfaitement désinfectée, un rendez-vous, surnommé « rendez-vous du radiologue » par les initiés… Ou à mettre en place une charte à laquelle les praticiens pourraient souscrire pour garantir leurs bonnes pratiques. Reste juste à trouver comment mettre en place un tel système !

 

Des speculum à risque

Parce qu’ils sont aussi introduits dans le vagin, les speculum sont des instruments à risque de transmission infectieuse. «  Je connais des gynéco qui prétendaient qu’il suffisait de les mettre dans un bac dans leur baignoire avec un peu de produit vaisselle et que c’était suffisant, raconte Claude Rambaud.  Inutile de dire que ce traitement est inefficace! D’autant plus …quand on sait que nombre de médecins de ville n’ont pas même pas de lavabos dans leur cabinet !

 

 

Contacts

 

Le LIEN

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Association COLISEES

41 rue de Batignolles

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Site internet : http://colisees.ning.com

Adresse mail : asso.colisee@free.fr

 

 

 

 

 

La mort en ligne

(Paru dans Alternative-Santé L’impatient en août 2010)

 

La scène se déroule dans une cuisine. Un homme vient de recevoir son courrier. Parmi les enveloppes, une pochette kraft, à l’intérieur de laquelle se trouve une boîte de comprimés. L’homme en sort un et l’avale avec une gorgée d’eau. À peine quelques secondes plus tard, le voilà qui semble comme pris de spasmes. Il attrape une sorte de ver qu’il tire de sa bouche, et qui pour finir s’avère être un rat tout entier, que notre homme jette, dégoûté sur le carrelage, mort, en étant lui-même pris de spasmes. Commentaire : « De la mort au rat, c’est tout ce que vous risquez de trouver comme poison dans les médicaments que vous achetez sur internet ». Ce spot, diffusé sur la télévision britannique, a été réalisé en 2009 par des laboratoires pharmaceutiques et des instances officielles afin d’alerter sur un danger réel pour les consommateurs : hors circuits autorisés, les médicaments peuvent être extrêmement dangereux. Notamment parce qu’il est impossible de contrôler leur composition comme dans les circuits de contrôle officiel.

Ou tout simplement parce qu’ils ne contiennent parfois même pas de principes actifs !

En France, l’AFSSAPS(Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) a publié une mise en garde en janvier 2006 contre la vente en ligne de médicaments et les dangers qu’elle représente pour les consommateurs :mauvais usage des médicaments, charlatanisme mais aussi contrefaçon…

Un recensement alarmant

Pour autant, les consommateurs internautes ont du mal à résister à l’attraction des prix qui peuvent être10 fois moins chersqu’en pharmacie… Qui n’a jamais reçu dans sa boîte électronique un spam poussant à acheter du Viagra,ou une pilule amincissante à des prix défiants toute concurrence et cela, en seulement un clic… etsans d’ordonnance ?Exemple : le «Venom Hyperdrive 3.0 »,un produit amaigrissant vendu sur Internet. Fabriqué aux USA, ce produit ne fait l’objet d’aucun contrôle par les autorités sanitaires. Sa commercialisation est même illégale car il contient une substance active, la sibutramine qui n’est même pas mentionnée sur l’étiquette ! Or ce principe actif est soumis à prescription médicale et nécessite un suivi régulier des patients traités, en raison du risque de survenue d’effets indésirables cardiovasculaires, notamment une augmentation de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque. Ce qui circule sur internet étant pour le moins hasardeux,INTERPOL et un Groupe spécial international anti-contrefaçon de produits médicaux (IMPACT) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont lancé du 16 au 20 novembre 2009 dans le monde entier l’Opération Pangea II, une semaine internationale d’action contre la vente de médicaments illicites et de contrefaçon sur Internet.Résultat : une série d’arrestations et la saisie de milliers de produits médicaux potentiellement dangereux . Au final, 751 sites internet vendant des médicaments habituellement délivrés sur ordonnance, 16 000 colis interceptés aux douanes, dont 995 colis avec près de 167000 comprimés de contrefaçon et de médicaments placés sous contrôle ou devant être délivrés uniquement sur ordonnance !

Des faux médicaments

D’après le Forum des droits sur Internet (FDI), un médicament sur cinq (20%) serait contrefait. Cette proportion atteint, selon le dernier rapport de l’EAASM (Alliance européenne pour un accès à des médicaments sûrs), 60 % des médicaments vendus en ligne !On remarquera que les fondateurs de l’EAASM sont (s’en étonnera-t-on !) de grands laboratoirespharmaceutiques, mais il n’en reste pas moins que l’achat de médicaments sur internet est un pari à haut risque.Généralement, les médicaments préférés des contrefacteurs sont bien évidemment ceux soumis à prescription médicale comme les anxiolytiques, antidépresseurs, anti impuissance… Les médicaments les plus contrefaits au monde sont sans doute le Viagra et le Prozac. Sur le web, pas moins de 7 millions de pages d’annonces proposant des faux comprimés de Viagra à la vente ont été recensées sur Internet et 5 millions de pages pour le Prozac ! Le faux médicament ne contient pas de composé actif, peut être sous dosé, contenir des produits périmés ou inadaptés. En France, en ce qui concerne l’achat sur internet, le Code de la santé publique est flou. La vente à distance de « produits de santé » n’est pas interdite mais n’est pas pour autant autorisée. Celle de médicaments est en tous cas uniquement réservée aux pharmaciens. Mais du côté des pharmaciens français, la perspective d’une pharmacie en ligne est illusoire ! Cette année, elle a d’ailleurs fait l’objet du « poisson d’avril » de supergelule.fr, le site internet des jeunes pharmaciens français. Dans l’Union européenne, l’achat de médicaments en ligne est autorisé sur le marché et ne requiert pas forcément de prescription médicale. De même que pour tout dispositif médical marqué CE. Des cyberpharmacies et cliniques en ligne se sont donc développées.Là encore, méfiance ! Le Forum des Droits Internet recommande de vérifier l’identité, la nationalité et la qualité de professionnel de santé du pays d’origine. Vérifiez par exemple que le cybermarchand donne bien son adresse postale et son numéro de téléphone.

DHEA et plantes médicinales

La DHEA,  « hormone de jouvence » , qui n’est pas vraiment un médicament, est l’une des stars de la vente sur internet : il n’y a pour s’en convaincre que de taper DHEA dans un moteur de recherches, on obtient en deuxième position un site qui propose l’hormone à la vente sans parler d’une dizaine de liens publicitaires… Or certains escrocs profitent de ce créneau juteux pour vendre tout simplement de la farine à la place de l’hormone miraculeuse : c’est ce qu’a confirmé le professeur Beaulieu lui-même (le « père de la DHEA »), après avoir analysé le contenu de boîtes de DHEA en provenance des Etats-Unisvendus sur le net.

De même, les plantes médicinales « exotiques » telles que le maca contre l’impuissance ou le hoodia godonil contre l’obésité font l’objet d’un actif commerce en ligne, avec des conditionnements non standardisés et une traçabilité qui ne peut être qui n’est pas toujours garantie. D’autant que ces plantes, n’ayant pas reçu d’autorisation de mise sur le marché (AMM), voire même des avis défavorables de l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments), sont interdites à la vente en France. Ce qui explique d’ailleurs que la plupart des sites internet mettant à disposition ces produits soient situés à l’étranger !

Autre exemple, les herbes ayurvédiques,utilisées dans le cadre de l’Ayurveda, la médecine traditionnelle indienne. Là encore, méfiance, car elles ont fait l’objet d’une étude scientifique publiée dans une revue spécialisée américaine de médecine : le Dr Robert Saper de Boston a acheté 230 échantillons de plantes médicinales sur Internet, aussi bien sur des sites indiens qu’américains. Après analyse, il en ressort que plus d’un sur cinq présente « des concentrations supérieures jusqu’à 10 000 fois aux doses limites admises par les autorités », des trois métaux : arsenic, plomb, mercure. Comment faire confiance aux éditeurs des sites en questions ? Peut-on seulement se fier aux « bonnes pratiques de fabrication »mises en avant, quand on sait…que 75% des sites internet les revendiquent ? Résolument, sur Internet, médicament comme plantes médicinales sont synonymes de danger.

 

Ce que dit la loi : quels sont les produits autorisés à la vente en ligne ?


Selon l’avis du 5 février 2005, du Conseil national de la concurrence, certains produits, « sous réserve de garanties en matière de santé » peuvent être enlevés des monopoles pharmaceutiques, et donc commercialisés légalement dans tous les circuits de distribution, internet y compris donc ! 

-les produits désinfectants, 

-les bains de bouches, 

-les autotests de grossesses, 

-les pansements,

-les vitamines,

-les produits anti-poux, 

-le sérum physiologique

-les produits d’entretien des lentilles de contact. 

La clim’ : quels dangers?

En 2003, le nombre de morts attribués à la canicule a conduit à préconiser l’installation de zones fraîches dans les lieux d’accueil pour les personnes âgées. S’en est suivi bien sûr aussi un fort développement du marché des climatiseurs, en ces temps qui plus est de réchauffement climatique. Ces dispositifs qui consistent à abaisser la température de l’air ont longtemps été réputés associés à divers troubles de santé. Qu’en est-il aujourd’hui, à l’heure des nouvelles normes et réglementations sur l’air intérieur et la climatisation des bureaux ?

Choc thermique

Le premier risque pour la santé reste le choc thermique. Comme l’explique le docteur Fabien Squinazi, « Il faut être attentif à la température de l’air dans les locaux, dans la mesure où lorsque l’on vient de l’extérieur et qu’il fait très chaud, il ne faut pas qu’il y ait une température trop basse à l’intérieur : le « choc thermique », c’est à dire la différence trop importante de température entre l’extérieur et l’intérieur va conduire les personnes à frissonner. C’est ainsi que l’organisme réagit brutalement à cette température plus froide, essayant de compenser, et risque d’attraper froid. » La climatisation est donc accusée à tort apporter des rhumes en colportant virus et bactéries dans les conduits d’air de ses installations : le décalage thermique trop important suffit, en poussant l’organismes à se réchauffer, à « activer » aussi ses propres bactéries ou virus et ainsi à déclencher une infection ! Pour éviter ce choc, il suffit de veiller à régler la climatisation sur un écart maximum de quatre degrés entre la température extérieure et la température intérieure.

Déshydratation

Dans une installation de climatisation collective, l’air en circulant dans les conduits peut s’assécher en cours de route. « C’est pourquoi on a longtemps cherché à humidifier l’air ambiant pour avoir un air plus confortable », rappelle Fabien Squinazi. Cependant, les dispositifs d’humidification comme les tours aéroréfrigérantes se sont avérés dangereux puisqu’ils impliquent la mise en réserve d’eau susceptible d’être contaminée. On se souvient notamment des problèmes posées par les légionnelles, situées précisément dans des tours aéroréfrigérantes : ces bactéries peuvent pénétrer à l’intérieur des conduits de climatisation et s’il y a de l’eau stagnante se déposer dans cette eau et s’y développer, avant de passer au travers des conduits d’air…et contaminer les personnes se trouvant à proximité des bouches de ventilation ! Ces dispositifs sont peu à peu supprimés, du fait de ces dangers…mais aussi du fait que sous nos latitudes tempérées, ils ne sont pas vraiment nécessaires !

Contamination virale

Aux temps forts de la psychose épidémique de la grippe aviaire, un avis de l’Afsset (Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’environnement et du travail) soulignait que « les bâtiments climatisés, dotés d’une centrale de traitement d’air avec recyclage, pourraient, en théorie, présenter un certain risque de diffusion du virus dans toutes les parties du bâtiment alimentées par la centrale. » Une formulation empreinte de précautions sans doute exagérées : selon Fabien Squinazi, qui a participé à l’élaboration de ce rapport remis en juin 2009, « en l’absence de certitudes et d’arguments scientifiques en faveur d’une transmission par le biais des circuits de climatisation du virus de la grippe, la transmission la plus probable d’un tel virus au sein d’un bâtiment demeure… la transmission de proximité ! ».

Exposition à des polluants

« Si l’on demande d’avoir des pièces rafraichies par temps de canicule… il ne faudrait pas que pour avoir un air rafraîchi, on ait un air contaminé par des poussières qui, chez les personnes allergiques ou ayant des problèmes respiratoires , peuvent entrainer des gènes respiratoires ! » alerte Fabien Squinazi. Car un climatiseur individuel, que l’on n’utilise qu’une partie de l’année, et qui reste inactif le reste du temps, a tendance à s’empoussiérer : et, lorsqu’il est remis en activité, commence par souffler dans l’air ambiant toutes les poussières qu’il a accumulées ! Il faut donc veiller à maintenir l’appareil propre et exempt de poussière, en passant par exemple un linge humide sur l’appareil pour le nettoyer.

Les installations collectives, qui fonctionnent toute l’année, puisque servant aussi de ventilation, ne sont pas dispensées de surveillance : fonctionnant avec des filtres, qui ont eux aussi tendance à s’empoussiérer, ces systèmes doivent être soigneusement entretenus pour éviter de relarguer dans l’air ambiant des polluants indésirables.

Gêné par la clim’ ?

Les personnes qui travaillent dans des locaux climatisés peuvent se plaindre de divers maux : gorge irritée, maux de têtes, fatigue… irritations des yeux, des muqueuses ou de la peau…yeux secs chez les porteurs de lentilles…autant de troubles pouvant être imputés au système de climatisation. Dans les années 90, en France, une étude épidémiologique menée avec l’équipe de Fabien Squinazi (sous forme d’un questionnaire distribué par les médecins du travail aux salariés à l’occasion leur visite annuelle) a montré qu’une personne sur deux présentait au moins un symptôme. Pour la symptomatologie ORL, les chiffres atteignaient même 30%. « Les personnes gênées par la climatisation sur leurs lieux de travail peuvent et doivent en parler à leur médecin du travail », précise Fabien Squinazi. Ce dernier peut dès lors demander une étude au responsable de l’entreprise sur l’installation à l’un des nombreux laboratoires ou bureaux d’étude existant. L’audit ainsi engagé (et obligatoire) permettra de vérifier la conformité des installations et de faire des prélèvements d’air pour vérifier l’absence de problèmes de contamination. Aujourd’hui, une étude similaire à celle des années 90 est sur le point d’être lancée par l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur. Mais il faudra attendre la fin de l’enquête, d’ici trois ans, pour vérifier que ces chiffres ont bel et bien évolué !

Et la clim’ en voiture ?

Dans une voiture, l’air de la clim’ est puisé au ras du sol, à proximité du pot d’échappement des véhicules voisins. Dans un embouteillage, mieux vaut couper la clim’ et passer en mode recyclage ! Par ailleurs, le problème des poussières y est d’autant plus crucial que l’on est souvent en contact direct avec l’air de la climatisation, soufflé en pleine face, et confiné dans le petit volume de l’habitacle de la voiture puisque les fenêtres sont maintenues fermées afin d’ éviter que l’air rafraîchi ne s’échappe ! Ne pas oublier de demander la vérification de la climatisation et l’entretien des filtres lors de la révision du véhicule par le garagiste ! Quant au choc thermique, pour l’éviter, il suffit de penser à arrêter la climatisation une demi-heure avant l’arrivée…


(1) Avis de l’Afsset du 9 juin 2009 relatif à l’évaluation du risque sanitaire pour l’homme lié à la présence dans l’air des bâtiments et sa diffusion par les éventuels systèmes de ventilation

Maladie de Chagas : On ne tuera pas toutes les punaises!

À défaut d’autres moyens d’action contre la maladie de Chagas, les programmes sanitaires en Amérique du Sud ont privilégié les campagnes de désinsectisation visant à éliminer des maisons les vinchucas, punaises qui transmettent la maladie. Une stratégie efficace ? Un reportage multimédia.

Paru sur le site de Science Actualités le 12/08/2010

 

Une zoonose parasitaire ignorée

Prévalence de la maladie de Chagas en Amérique du Sud (chiffres 2006) Dans le Gran Chaco, zone transfrontalière Bolivie-Argentine-Uruguay (zone hachurée), une personne sur seize est atteinte… D’après Outlook «Chagas Disease», Nature, 24 juin 2010. © DR

Avec près de 50 millions de personnes vivant dans des zones à risque et 9 millions de personnes infectées, la maladie de Chagas est bien plus répandue que le paludisme en Amérique latine. Elle reste pourtant ignorée de nombreux guides touristiques… et des programmes de recherche. Cette zoonose parasitaire est due à un protozoaire flagellé Trypanosoma cruzi (T. cruzi) transmis par les excréments de vinchucas (grosses punaises suceuses de sang) contaminées. Logiquement, le contrôle de la maladie de Chagas devrait donc passer par une lutte sans merci contre les vinchucas. Et, de fait, dans les pays concernés par la maladie, c’est-à-dire tous les pays d’Amérique centrale et du Sud, depuis le Mexique jusqu’au nord de l’Argentine, les programmes de lutte contre la maladie consistent en des campagnes de désinsectisation.

Qu’est-ce que la maladie de Chagas ?

La maladie de Chagas ou trypanosomiase américaine est une maladie parasitaire qui se transmet notamment à la suite d’une piqûre de punaise. Après avoir prélevé sa ration de sang chez sa victime, la punaise doit « lâcher du lest » pour espérer s’envoler à nouveau vers d’autres cieux… Or ses déjections sont contaminées par des colonies de Trypanosoma cruzi (T.cruzi), le protozoaire flagellé responsable de la maladie de Chagas. Se gratter au point de piqûre est une opération à haut risque car la victime favorise ainsi la pénétration des déjections contaminées de la punaise dans son sang, ou, plus indirectement, récupère des fécès de vinchucas sous ses ongles risquant alors, rien qu’en se frottant les yeux, d’introduire le parasite dans son organisme par la muqueuse conjonctivale. La maladie peut également se transmettre par d’autres voies : grossesse, transfusion, voie orale…

La primo-infection peut être totalement asymptomatique ou ressembler à un syndrome grippal. Il existe des tests de diagnostic sérologiques permettant de confirmer l’infection et un traitement anti-parasitaire qui donne d’assez bons résultats, pour peu qu’il soit administré suffisamment tôt. Lorsqu’elle n’est pas létale (la maladie est mortelle dans 5% des cas), cette primo-infection passe relativement vite, mais la maladie de Chagas peut aboutir, après des années de silence (jusqu’à trente ans !) au développement d’une forme chronique, affectant principalement les tissus nerveux du cœur (troubles de la conduction) et du système digestif. La forme digestive entraîne, après plusieurs années d’évolution, la constitution de méga-organes, notamment un méga-œsophage et un méga-côlon.

Des vinchucas et des hommes

Triatoma infestans Les populations sauvages de cette punaise bolivienne réinfestent régulièrement les maisons. © Clara Delpas

Les campagnes de désinsectisation sont globalement efficaces, au vu du nombre de personnes malades qui semble avoir diminué de près de moitié au cours de ces vingt dernières années, passant de 17 millions à 9 millions (dernières données épidémiologiques disponibles, OMS 2006 pour l’Amérique du Sud). Avec ses 9,7 millions d’habitants, la Bolivie continue cependant d’être le pays le plus touché : près de 1,5 millions de personnes, soit 15% de la population, sont infectées. Ces chiffres, qui reposent sur les estimations nationales, sont vraisemblablement en dessous de la réalité puisque le seul moyen d’établir précisément combien de personnes sont atteintes serait de procéder à un diagnostic sérologique systématique de l’ensemble de la population, ce qui n’a jamais été réalisé.

La Bolivie reste en 2010 le pays le plus pauvre d’Amérique latine (1). Pourtant, depuis 2003, la maladie est considérée comme une priorité nationale : le Programme National de Chagas (PNCH), mis en place par le ministère de la Santé de Bolivie, repose sur de vastes campagnes gratuites de désinsectisation. Un programme de santé publique salué au départ mais qui, année après année, semble s’épuiser : malgré tous ces efforts, les vinchucas continuent d’envahir les maisons. La raison en est simple : les logements ne sont pas toujours accessibles aux équipes de désinsectisation. Et ce, pour des raisons qui n’ont pas toujours à voir avec les contraintes logistiques. Par exemple, dans la région de Sucre, l’une des régions les plus contaminées de Bolivie, certaines populations indiennes vouent encore à ces punaises une véritable fascination, au point de fermer leurs maisons aux autorités responsables de la désinsectisation ! « À force de cohabiter avec, ils ont appris à aimer ces insectes sélectifs qui se nourrissent de sang avant le chant du coq. Ils les ont fait entrer dans leur vision cosmologique et s’en servent même pour l’élaboration de breuvages fortifiants ! », explique le Dr Alfredo Caballero Zamora, de l’université San Francisco Xavier de Chuquisaca, à Sucre (2).

Il y a aussi certainement un problème d’éducation sanitaire des populations qui ont coutume de laisser traîner autour de leur domicile tas de pierres et autres abris possibles pour les punaises, lesquelles peuvent ainsi échapper aux produits de désinsectisation tout en restant à proximité des maisons. Mais il existe aussi une autre raison, biologique celle-là : en Bolivie, leur terre d’origine, les vinchucas, déjà là du temps des dinosaures, comportent dix-sept espèces différentes. La plus commune et également la plus dangereuse, Triatoma infestans, est domestiquée dans les maisons de pratiquement toute la zone d’endémie. Mais, ce qui incite le plus au pessimisme est que cette vinchuca subsiste encore à l’état sauvage. Les populations sauvages restent tout simplement inaccessibles aux campagnes de désinsectisation, tout en restant un véritable vivier pour des réinfestations futures.

Vinchucas des villes, vinchucas des champs

Migrations modernes Le 15 août, à l’occasion de la fête de la Vierge d’Urkupiña, les pèlerins cassent des rochers qui abritent des vinchucas sauvages… et les rapportent chez eux. © François Noireau / IRD

Le Dr François Noireau, de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), traque l’insecte depuis plus de dix ans en Bolivie, après l’avoir pisté au Brésil. Pour lui, « il ne fait aucun doute que ces vinchucas sauvages participent à la réinfestation des maisons ». Ce que semblent confirmer les témoignages des habitants qui voient, à la nuit tombée, les vinchucas voler depuis les rochers voisins en direction de leurs maisons, attirées par la lumière. Mais, à l’heure de la biologie moléculaire, ces observations pleines de bon sens doivent être confrontées à l’épreuve de la génétique. « Aujourd’hui, constate François Noireau, les relevés de terrain et les analyses génétiques semblent bel et bien prouver que ces populations sauvages existent dans une grande partie de la Bolivie et qu’elles sont susceptibles de réinfester les maisons. »

Ces études sont complétées par des observations d’ordre sociologique, telles que celles réalisées à l’occasion des fêtes religieuses. « Les rites andins qui se déroulent à l’occasion du festival de la vierge d’Urkupiña pourraient permettent d’expliquer en partie la dissémination actuelle des punaises sauvages jusque dans le nord de l’Argentine », affirme François Noireau. Apparue dans les années 1970, cette fête se déroule tous les ans dans les environs de Quillacollo (17°26’S 66°17’W), l’un des sites d’étude de l’IRD. Elle rassemble autour du 15 août près d’un million de pèlerins venus de toute la Bolivie et même du nord de l’Argentine. Avec des rites qui sont autant d’explications à un rapprochement avec les vinchucas sauvages : par exemple, casser à la pioche des rochers et les garder chez soi jusqu’à l’année suivante est certainement l’occasion pour tous ces pèlerins de rapporter quelques vinchucas à la maison.

Une maladie mondialisable ?

Les enfants cibles de la maladie Les enfants des villages envahis de punaises sont très concernés par une maladie qui, parce qu’elle a un temps de latence particulièrement long, risque de se déclencher à un âge bien plus avancé… © Clara Delpas

Heureusement pour le reste du monde, la vinchuca responsable de la maladie de Chagas, version sauvage ou domestique, n’a jamais été retrouvée en dehors du continent américain. Mais il n’en est pas de même du trypanosome, le parasite responsable de la maladie de Chagas. « En effet, il existe d’autres modes de transmission du parasite que le contact avec la vinchuca », constate François Noireau. « Avec le développement de l’immigration sud-américaine, voire du tourisme, la maladie de Chagas peut être amenée à se répandre bien loin de ses terres d’origine. »

Selon l’OMS (3), elle est maintenant présente aux États-Unis, au Canada, dans le Pacifique occidental ainsi qu’en Europe. La transmission mère-enfant explique, par exemple, que des enfants d’émigrées sud-américaines atteintes contractent la maladie pendant la gestation. « Une femme enceinte infectée a de 3 à 5 % de risques de transmettre le parasite à son enfant », précise François Noireau. Il existe aussi une transmission par voie sanguine, invitant à la vigilance quant aux transfusions ou greffes d’organes. Ainsi, en 2005, à la suite de cas de sang contaminé par le parasite à la banque de sang de Cayenne (Guyane française), une procédure de dépistage sérologique de la maladie de Chagas a été mise en place par l’Établissement français du sang (EFS) pour toutes les personnes à risque d’avoir été infectées. (En France, depuis lors, toutes les personnes ayant séjourné en zone d’endémie sont interdites de don de sang dans les quatre mois qui suivent leur retour.)

Enfin, la transmission par voie orale semble plutôt accidentelle – si ce n’est peut être pour quelques Indiens quechuas, avec leurs boissons rituelles à base de vinchucas – mais le risque est réel : en 2005, à Florianopolis (Brésil), une épidémie de maladie de Chagas chez des dizaines de touristes a trouvé son explication dans les pratiques des marchands de jus de canne à sucre : les échoppes ambulantes éclairées étaient placées juste sous des arbres infestés de vinchucas sauvages. Attirés par la lumière, les insectes venaient s’y brûler, tombant directement dans les jus ! En Amazonie, la production artisanale de jus d’açaï, un fruit tropical, a été également citée comme responsable de petites épidémies de la maladie. Au-delà de ces épiphénomènes, un constat inquiétant s’impose : pour l’OPS (l’Organisation Pan-Américaine de la Santé), la maladie de Chagas fait toujours partie des maladies « orphelines ». Et ce n’est pas le grand nombre de cas recensés qui en fera mentir la définition, puisque la maladie touche encore majoritairement des communautés indigènes vivant en zone rurale, en dessous du seuil de pauvreté… Or, « maladie orpheline », il faut le rappeler, signifie maladie délaissée par la recherche faute de débouchés commerciaux suffisants pour les laboratoires pharmaceutiques. Reste l’espoir que, du fait des difficultés à éliminer le vecteur mais surtout de l’extension de la maladie à d’autres populations dans le monde, la recherche pour lutter contre la maladie de Chagas prenne enfin son essor.

(1) Selon les données de l’Agence canadienne de développement international http://www.acdi-cida.gc.ca/acdi-cida/ACDI-CIDA.nsf/fra/JUD-129112821-MB…, un Bolivien sur cinq vit avec moins de 1,25 $ par jour.

(2) Caballero Zamora A – « Actitudes y creencias de los Indios Quechuas de la provincia de Zudanez, Departamento de Chuquisaca, Bolivia, frente al vector de la enfermedad del Chagas ». Travail co-financé par les instituts belges et suisses de recherche sur les maladies tropicales.

(3) OMS – Aide mémoire n°340 – Maladie de Chagas (trypanosomiase américaine), juin 2010. (http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs340/fr/index.html)

             En août 2011, François Noireau est décédé accidentellement à son domicile de Cochabamba. Pensées pour ce scientifique et médecin humain hors-pair.



(1) Selon les données de l’Agence canadienne de développement international http://www.acdi-cida.gc.ca/acdi-cida/ACDI-CIDA.nsf/fra/JUD-129112821-MBV#a1, un Bolivien sur cinq vit avec moins de 1,25 $ par jour.

(2) Caballero Zamora A – « Actitudes y creencias de los Indios Quechuas de la provincia de Zudanez, Departamento de Chuquisaca, Bolivia, frente al vector de la enfermedad del Chagas ». Travail co-financé par les instituts belges et suisses de recherche sur les maladies tropicales.

(3) OMS – Aide mémoire n°340 – Maladie de Chagas (trypanosomiase américaine), juin 2010. (http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs340/fr/index.html)

Peut-on se protéger des champs électromagnétiques?

A chacun de prendre ses dispositions pour éventuellement se protéger de ces ondes ! Est–ce seulement possible ? À en croire les catalogues, d’ingénieuses trouvailles ont été faites ces dernières années  pour se protéger  et il est aujourd’hui possible de s’équiper pour s’isoler parfaitement des ondes électromagnétiques.

Effectivement, il existe des protections dites de « blindage » qui arrêtent purement et simplement ces ondes. Le principe de ces tissus est assez simple :  c’est un blindage, un peu  comme la grille métallique du four à micro-ondes, qui  empêche les ondes de sortir , donc les fuites électromagnétiques. Il suffit que le diamètre des trous de la grille soit inférieur à la longueur d’ondes des ondes électromagnétiques. Ainsi, l’onde est tout simplement arrêtée par la grille, et renvoyée.

Illustration : pour protéger votre cerveau, portez une casquette intégrant un tel treillage de fibres métalliques conductrices.  Pour protéger vos organes reproducteurs des mutations de l’ADN que les ondes des téléphones portables sont présumées y entraîner, équipez vous de sous vêtements de coton et de lycra intégrant du fil d’argent ! La redoutable efficacité de ces dispositifs peut bien sûr être vérifiée, sur le même mode que le test du four à micro-ondes (voir plus haut): il suffit de placer le portable sous la casquette, dans le slip et d’ essayer de l’appeler avec un autre téléphone. Il ne devrait plus sonner.

À une plus grande échelle, vous pouvez même protéger ainsi toute votre habitation ! Il existe des peintures à base de carbone qui arrêtent les ondes des antennes-relais et les tissus anti-ondes se déroulent au mètre, pouvant constituer des voilages à poser aux fenêtres, principal lieu de passage des ondes électromagnétiques. Vous pouvez aussi vous équiper d’un lit  à baldaquins, équipé de ces moustiquaires transparentes  en tissu anti-ondes. Autre dispositif, dont l’efficacité n’est par contre absolument pas prouvée, et dont le principe reste encore inconnu (car il serait issu de la technologie militaire, selon les brochures des fabricants) : les oscillateurs magnétiques de compensation (CMO). Ils fonctionnent sur le principe de la compensation comme leur nom l’indique. Lorsque l’onde arrive, ces dispositifs émetttraient une « contre-onde », censée compenser la perturbation  biologique de l’onde électromagnétique. L’usage du conditionnel est de rigueur, puisque qui dit militaire dit ..secret défense !

D’autres « stop-ondes » fonctionnent sur le principe de champs de torsion ou d’ondes de forme, avec des allégations plus ou moins ésotériques. Il y aurait aussi…la   BIO MUSIC : des CD de musique d’ambiance, incorporant des fréquences rééquilibrantes , basées sur des Champs uniformes d’Ondes Sonores,  qui  aideraient à améliorer le bien-être de tous les êtres vivant (personnes, animaux et plantes) ainsi que la qualité biotique de l’air et de l’eau.

De nombreux dispositifs sont disponibles sur ce marché florissant, certains disposent d’études scientifiques, d’autres de la seule bonne parole de leurs fabricants… alors un peu de méfiance et de discernement ! L’histoire récente du D’Faz,   un autocollant vendu 10  € à appliquer sur le dos du téléphone,  devrait nous inviter à la prudence.  Ses fabricants  n’avaient  pas hésité à utiliser la caution scientifique… de chercheurs ou de centres parfaitement inexistants !

Pour en savoir plus
C’est à lire! Un guide pratique conçu comme un aide mémoire, tous publics, jeunes et moins jeunes, pour répondre à l’essentiel des questions que tout utilisateur de téléphone mobile ou d’internet sans fil est susceptible de se poser. Quels sont les effets du portable ? des antennes ? Comment choisir son téléphone ? Comment limiter son exposition ? Écrit par un  scientifique du Criirem, sa présidente-fondatrice, et un journaliste scientifique, cet ouvrage à 6 mains se décompose , comme le rappelle le sous-titre, en trois parties :  « Comment ça marche ? Quels effets sur le vivant ? Comment s’en protéger ? ». Clair et facile à lire, il donne des solutions concrètes et utiles et fourmille d’explications scientifiques pour mieux comprendre ces (m)ondes qui nous entourent !
Catherine GOUHIER, Michèle RIVASI, Maxence LAYET – « Survivre au téléphone mobile et aux réseaux sans fil » – Ed. Le Courrier du Livre, 350 pages, 2009, 18€

Contacts

Association nationale Robin des Toits  55 rue Popincourt, 75011 Paris  Tél.  01 43 55 96 08 (de préférence le matin entre 08h00 et 08h30 et entre 20h30 et 21h00 http://www.robindestoits.org/

Agir Pour l’Environnement, 2, Rue du Nord 75018 Paris Tél. 01.40.31.02.37 http://www.agirpourlenvironnement.org/

PRIARTéM  5, Cour de la Ferme Saint-Lazare 75010 Paris Tél. 01 42 47 81 54  http://www.priartem.fr/

CRIIREM Centre de Recherches et d’Informations Indépendantes sur les Rayonnements Electromagnétiques
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Les maladies des nouveaux animaux de compagnie

Avoir un chien  ou un chat ? Pas très original ! Certains préfèrent porter un rat sur l’épaule ou un serpent autour du cou ! D’autres adoptent des mygales, des  furets, des singes …de quoi satisfaire les besoins de compagnie les plus exotiques! Depuis les années 1970  les  NAC  ( Nouveaux Animaux de Compagnie) connaissent un vif engouement. Mais au-delà de la mode, on oublie souvent qu’ils sont des vecteurs parfois forts dangereux de maladies !

Surnommés NAC au début des années 80 par le vétérinaire lyonnais, Michel Bellangeon,. des animaux, souvent sauvages, ont commencé à être adoptés comme animaux de compagnie. Aujourd’hui, 5% des français possèderait les quelques 18 millions spécimens estimés. Parmi ces nouveaux compagnons, on recense des animaux exotiques (tels que des perroquets, mainates et autres oiseaux, des reptiles, comme des iguanes ou des serpents…), mais aussi, plus classiques tels ces petits rongeurs que l’on trouve fréquemment jusque dans les salles de classe (cobayes, hamster…) ou plus insolites (mouches, araignées, escargots ou vers à soie). Comme le rappelle François Moutou, épidémiologiste à l’AFSSA et président de  la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères  (SFEPM), « Pour que ces animaux soient vendus, ils doivent être sains. Or les animaux voyagent avec leurs maladies, et surtout, avec les agents de celles-ci, et ce d’autant plus facilement qu’on ne les connaît pas ou bien mal ». Car, pour l’essentiel des espèces,   la durée d’incubation de nombreuses maladies reste inconnue :  ces maladies peuvent donc se déclencher après l’acquisition de l’animal. Et certaines d’entre elles sont transmissibles à l’homme. Ces « zoonoses » (du grec zôon, « animal » et nosos, « maladie ») peuvent être, comme toutes les maladies, apportées par des bactéries, par des virus ou par des parasites. « Il est assez surprenant de réaliser que certains des germes craints par les services de santé et de sécurité de quelques grands pays voyagent plutôt librement à travers les continents grâce au commerce florissant des animaux de compagnie exotiques ! » s’exclame François Moutou.

Le grand retour de la peste et de la rage ?

Maladie bactérienne des rongeurs désertiques, la peste a tenu le rôle principal dans les funestes chroniques de l’Europe du moyen âge. Mais on la trouve toujours  aujourd’hui en Asie, en Afrique ou en Amérique où elle sévit régulièrement, notamment depuis 2000 chez  les chiens de prairie à queue noire (Cynomys luduvicianus). Or ces animaux si mignons ont eu une place belle parmi les NAC.  Capturés dans la nature, ils ont eu l’occasion de donner à quelque uns de leurs (mal)heureux propriétaires quelques   puces infectées vectrices de pestes buboniques! Pas en Europe, heureusement, qui les a  interdit en 2003.  C’était d’ailleurs pour une autre raison, mais pas des moindres ! En effet, les chiens de prairie, à la suite de contacts rapprochés en animalerie avec des rats de Gambie, se sont mis à être atteints d’une forme de variole spécifique à l’Afrique , la variole du singe. L’interdiction a fait suite à une épidémie de Monkeypox qui a eu lieu aux Etats Unis en juin 2003 et fait 72 victimes !

Autre maladie  très étroitement surveillée : la rage.  Alors qu’on la pensait disparue depuis 1998 de notre territoire, des importations d’animaux  l’ont faite ressurgir en 2003. Bien sûr, on pense aux chiens, mais saviez-vous qu’en Belgique, une chauve-souris acquise en animalerie en 1999 s’est avérée être atteinte de rage ? Même si on peut s’étonner d’adopter une chauve-souris comme animal de compagnie,  la prudence s’impose !  Car bien d’autres maladies sont susceptibles d’être données par nombre de ces « nouveaux » animaux de compagnie !

 « Pourquoi acheter des produits alimentaires en détaillant l’étiquette et un animal vivant sans se poser de question ? »  ironise François Moutou. Se demande-t-on seulement par exemple dans quelles eaux voyagent les poissons  exotiques de nos aquariums?

 

Rongeurs : virus, bactéries et dermatoses

On connaît la chanson : « Il court il court le furet ». Au point qu’aujourd’hui tout furet (mustella putorius fero), circulant dans l’union européenne doit être identifié par une puce ou un tatouage et vacciné contre la rage. Normal ,  on le trouve en vente dans les animaleries, prêt à loger dans nos maisons. Certes, il est  domestiqué depuis 5000 ans, étant élevé traditionnellement pour sa fourrure et pour la chasse aux lapins . Mais  ce n’est qu’il y a peu qu’il  a gagné le statut de NAC. Il est d’ailleurs devenu aux Etats-Unis  le troisième animal de compagnie, avec plus 5 millions de congénères !  Il n’y a pas que la rage que pourrait donner le furet.  Risque de tuberculose  … salmonellose … campylobactériose ou de nombreuses parasitoses , cette longue liste impose quand on   choisit un furet comme animal de compagnie de respecter de nombreuses précautions !

La fréquentation de rongeurs plus petits, voire plus classiques (lapins, rats, souris, chinchillas, hamsters, cobayes) n’est pas vraiment plus sûre : on peut par exemple y gagner une belle dermatose comme une acariose des rongeurs ou une teigne à Trichophyton mentagrophytes… Voire une maladie bien plus sérieuse : en 1974, des hamsters  distribués en cadeau de Noel ont ainsi entrainé une épidémie de choryoméningite lymphocytaire faisant des dizaines de victimes en Allemagne !

Reptiles : gare à la salmonelle !

Outre les risques de morsures ou de piqûres,  le contact avec les reptiles se fait ne serait ce que par le nettoyage du terrarium ou de l’aquarium. Les tortues aquatiques (en particulier de Floride) sont souvent agressives et vectrices de salmonelloses. Ainsi, des estimations avancent que 80% des tortues d’eau, 65% des lézards et 50% des serpents, hébergeraient des Salmonelles ! Comme le précise François Moutou «  Très régulièrement, des études épidémiologiques comparent les troubles intestinaux chez les enfants des classes abritant un reptile-le plus souvent une tortue) et chez les enfants des autres classes. Presque toujours la différence est significative ! ». Le problème est tel qu’aux USA,  un marché de tortues “salmonella free » s’est développé après qu’une grande  épidémie de salmonellose se soit déclenchée chez des propriétaires dans les années 1970 … éviter la salmonelle dans l’élevage n’est pas aisé : il faut « zénifier » les conditions d’élevage, puisque l’excrétion de la bactérie semble liée au  stress de l’animal !

Mais de grâce, ne les abandonnez pas !

Le problème est d’autant plus crucial que bon nombre de ces animaux risquent de se retrouver, abandonnés de leurs propriétaires  dans la nature, où ils constituent des réservoirs de maladie pour tout l’environnement : les  marsupiaux australiens (Trichosorus vulpecula),  appelés « possum » ou phalanger renard, sont des réservoirs de   tuberculose bovine… comme les tortues, vecteurs de la cowdriose, transmise par les tiques aux bovins.  Leur libération dans la nature risque donc d’entraîner en plus de graves désastres écologiques, en particulier dans les élevages ! Une raison supplémentaire, à la veille des vacances, pour ne pas abandonner ces « nouveaux animaux de compagnie » !

 Clara DELPAS

 

Pour en savoir plus

François  MOUTOU  La Vengeance de la civette masquée (SRAS, grippe aviaire…d’où viennent les nouvelles épidémies ?), 2007, Editions Le Pommier

ENCADRE

ESPECE MALADIE
Cobaye TeigneGale
Hamster Chorioméningite lymphocytaireTeigne
Furet GrippeRageCampylobacter

Salmonelloses

Tuberculose

Leptospirose

Listériose

Cryptococcose

Toxocarose

Giardiase

Mycoses (Dermatophytes)

Souris, gerbilles, chinchillas TeigneSalmonelloseYersiniose

Haverhilliose

Leptospirose

Chorioméningite lymphocytaire

Streptobacillus moniliformis

Taenia

Giardia

Cryptosporidies

Mycoses (Dermatophytes)

Chiens de prairie (interdits)  Variole du singePeste 
Lapin TeigneEctoparasitesPasteurelloses (morsure, griffure)

Salmonelloses

Yersiniose

Tularémie

Listérose

Rat EctoparasitesLeptospiroseStreptobacillus moniliformis

Peste

Typhus murin

Serpents et Reptiles (Iguane,Geckos)  CampylobacterMycobacterium marinumFièvre Q (serpents importés)

Salmonellose

Zygomycose

Yersinia

Aeromonas

Tortues SalmonellesYersiniaEdwardsiella tarda

Plesiomonas

 

Poissons Mycobactéries atypiquesErysipelothrixMelioidosis